CHARPAL a écrit:Yunolo : sans me prendre pour un petit génie - je ne suis qu'un citoyen parmi d'autres dépourvu de toute ambition ou prétention - je ne suis pas assez sot pour croire qu'il n'y a que des innocents en prison.
Ca n'est d'ailleurs pas du tout le sujet de ce débat. "Trollumax" a lancé une discussion très précise sur la surpopulation des prisons. C 'est de cela qu'il s'agit, de rien d'autre et ça n'est pas constructif de "dévier la trajectoire" du sujet à traiter. Traitons d'abord la question, qui n'est pas simple, avant de s' égarer sur des sentiers d 'école buissonnière.
Ce qui est prioritaire sur ce genre de forum, à mon sens, c'est de mettre au jour les causes des phénomènes et de réfléchir à leurs éventuels remèdes pour l' avenir, même si celui-ci est lointain (" dans les coulisses de...demain" ).
C 'est, sans prétention aucune, ce que j'ai essayé de faire dans mon intervention. Que chaque forumeur que le sujet intéresse traite la question ou au moins essaie, avant de porter des jugements sur l'art et la manière de répondre à une autre question qui n'est pas posée ...
Parfaitement d'accord avec toi et je te remercie de la qualité de tes interventions. C'est un plaisir toujours renouvelé de te lire.
Au sujet des prisons : toute sanction doit être non seulement punitive par rapport à l’acte commis, dissuasive pour ne pas que la personne réédite cet acte répréhensible, mais aussi pour ceux qui seraient tentés de suivre un tel (mauvais) modèle, sans oublier qu’elle doit être pédagogique et aider à la réhabilitation.
Etant moi-même père de famille, je vais prendre un exemple à cette échelle, mais qui bien sûr n’est pas tout à fait comparable avec la société et la justice face à la réponse qu’elles donnent envers la délinquance et la criminalité. Mais je pense, que le principe devrait être sensiblement le même.
Nous éduquons tous (parents) au mieux nos enfants, leurs inculquons des valeurs, des principes pour qu’ils puissent devenir un jour des adultes responsables et vivre dans la société en respectant les autres et en vivant en bonne intelligence avec eux. Pour autant, dans une même famille, 3 enfants élevés de la même manière n’auront pas les mêmes réactions et n’auront pas la même sensibilité. Lorsqu’on met une règle, il faut pouvoir expliquer cette règle : en quoi elle est nécessaire, qu’est-ce qu’on risque à l’enfreindre. Pour cette compréhension et de l’explication à donner, il faut tenir compte de l’âge de chaque enfant, de leur capacité propre à la compréhension… On n’explique pas une règle à un enfant de deux ans, comme on peut l’expliquer à un enfant de douze ans, et comme on l’expliquera à un enfant de seize ans. Pas plus qu’on ne devrait expliquer une règle à un adolescent de dix-huit ans de la même façon qu’à un adulte de cinquante ans. Quand la règle est enfreinte, il faut non seulement tenir compte de ce qui a poussé un enfant à l’enfreindre, mais aussi de sa personnalité propre pour pouvoir lui apporter une sanction appropriée. Pour certains enfants, un simple rappel à la règle, leur dire qu’ils ont déçus leur parent en faisant cela, suffira pour que ces enfants ne recommencent pas. Pour d’autres, il s’agira d’une incompréhension de la règle, il suffira donc de leur réexpliquer la règle en question. Pour d’autres encore, un rappel à la règle accompagnée d’une sanction légère, suffira. Pour d’autres enfin, un rappel à la règle et une sanction plus lourde sera nécessaire. Mais quelque soit la nature de cette sanction, elle doit être dissuasive, mais aussi pédagogique. Et ne pas enlever sa dignité à l’enfant ni ses droits intrinsèques d’enfant. C’est le meilleur moyen de ne pas que l’enfant refasse la même faute, pour qu’il comprenne pourquoi cette faute est répréhensible, qu’il sache que c’est autant pour le bien des autres mais aussi pour le sien qu’il est repris. Et qu’il ne doute pas qu’il est toujours aimé de sa famille et que la punition finit, il est quitte de sa faute, on n’y reviendra plus et on lui fera à nouveau confiance…
Pour en revenir à la réponse donner aux délinquants et aux criminels, je crois que le principe énoncé ci-dessus reste le même donc. La Justice doit sanctionner l’acte par un rappel à la loi, démontrer la nécessité de cette loi pour la vie en commun (d’où aussi que les lois ne doivent pas être abusives ou immorales, ce qu’elles sont parfois), tenir compte (réellement) de l’individu ayant commis l’acte délictueux (âge, personnalité, environnement, capacité intellectuelle, circonstance…) et lui apporter une réponse adéquate et personnalisée. Si la réponse est l’enfermement, cette période ne doit pas être une période où la société l’oublie, mais une période où on l’aide à réaliser la mesure de la gravité de son acte et on l’aide à se réadapter. Parce que, quelque soit le temps que cela prendra, une personne condamnée à une peine de prison, en France, est voué à en être libérée. Il faut donc que, lorsqu’elle est libérée, elle puisse être véritablement quitte de sa faute (ayant exécuté sa peine, elle a payé sa dette à la société), et qu’elle puisse se reconstruire une vie dans la société.
Il faut aussi que cette sanction ne lui enlève pas sa dignité ni ses droits intrinsèques d’humain, ce qui suppose, d’après moi, que l’on détruise toutes les prisons actuelles et qu’on en reconstruit à taille humaine respectant la dignité des hommes (et des femmes) : une personne par cellule, qu’ils ou elles puissent uriner (et autres), se laver, dormir, en étant respecter dans leur dignité et leur pudeur. Ce n’est pas en traitant une personne encore moins bien qu’un animal qu’on fera de cette personne autre chose qu’un monstre.
Qui plus est l’enfermement doit-être le dernier, l’ultime, recours et non la généralité. Ce qui suppose qu’on réfléchisse aux diverses autres possibilités de recours que la société et la justice peuvent mettre en place.
Je suis aussi d’avis qu’on ne doit pas mélanger les criminels avec les délinquants. Il n’est pas normal, pour moi, qu’une personne roulant sans permis puisse côtoyer en cellule un tueur en série. Pas plus qu’il est normal qu’une personne ayant volée une voiture puisse se retrouver dans la même cellule qu’un violeur ou un pédophile.
Jadis, les objecteurs de conscience (ceux qui refusaient de faire leur service militaire pour des causes politiques, généralement par idéologie pacifiste, ou des croyances religieuses) se retrouvaient à côtoyer des criminels. C’est abject !
De même il n’est pas normal qu’un jeune de 18-19 ans (et j’irais même jusqu’à 25 ans) se retrouvent dans la même cellule qu’un adulte de 40-50 ans.
Evidemment, ce que je propose suppose de se donner des moyens (financièrement et humainement), mais il faut savoir ce que l’on veut vraiment : lutter contre la délinquance et la criminalité, et empêcher (au mieux) les risques de récidive, ou si l’on veut simplement, comme nous le faisons depuis toujours, faire du sensationnel et du chiffre.