LIBRE DISCUSSION DANS LES COULISSES DE DEMAIN

Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
LIBRE DISCUSSION DANS LES COULISSES DE DEMAIN

Débattons en toute liberté, dans le respect de l’autre, sur tous les sujets qui composent notre société : politique, économie, environnement, religion, philosophie, paranormal, sciences, famille, santé, mode, sexualité, loisirs, sports, divertissements…

Derniers sujets

» Ce mercredi 10 avril, le Pacte sur la migration et l’asile est soumis au vote des députés européens : s’ils sont adoptés, ces textes entraineront une forte dégradation des conditions d’accueil des demandeurs d’asile partout en Europe, et particulièrement
par bye Ven 12 Avr - 10:20

» Groupes de « niveaux », groupes de « besoins » : le gouvernement acte le tri social !
par bye Lun 8 Avr - 17:09

» ETUDE « ELIPA 2 »: ENTRE TENDANCES ENCOURAGEANTES ET OBSTACLES PERSISTANTS À L’INTÉGRATION DES ÉTRANGERS EN FRANCE
par bye Lun 25 Mar - 18:01

» 21 mars : Journée internationale pour l'élimination de la discrimination raciale
par bye Sam 23 Mar - 9:50

» Les conséquences des dispositions du décret Piantedosi un an après
par bye Ven 8 Mar - 20:36

» Victoire féministe : L'avortement devient une liberté garantie par la Constitution !
par bye Mar 5 Mar - 16:29

» UN 24 FÉVRIER 2024 PLACÉ SOUS LE SIGNE DU RASSEMBLEMENT ET POUR LA PAIX EN UKRAINE
par bye Ven 23 Fév - 10:09

» tournant du 18 février
par bye Lun 19 Fév - 11:26

» Pétition intersyndicale : Ensemble nous disons « NON » au « Choc des savoirs » !
par bye Mer 14 Fév - 21:27

» ACTUALITÉ SOCIÉTÉ ET POLITIQUE
par gramophone Jeu 18 Jan - 19:27

» l'amour libre
par gramophone Mer 27 Déc - 15:35

» Pacte sur la migration et l’asile : un accord trouvé mais déjà fortement critiqué
par bye Ven 22 Déc - 19:40

» En Argentine, Javier Milei, candidat ultra-libéral, climatosceptique et antiféministe, vient d’être élu Président du pays
par gramophone Dim 10 Déc - 13:14

» Cours criminelles départementales : une justice de seconde classe.
par bye Sam 9 Déc - 11:36

» PISA 2022
par bye Mar 28 Nov - 10:39

» Le 25 novembre 2023, journée internationale contre les violences faites aux femmes, manifestons contre toutes les violences sexistes et sexuelles !
par bye Mer 22 Nov - 15:03

» Narges Mohammadi et Anne L'Huillier ont reçu le prix Nobel de la paix et celui de physique en octobre 2023
par bye Jeu 16 Nov - 12:47

» Pour une pédagogie de la libération et de la solidarité : comment nous résistons à la guerre d’Israël contre les enfants palestiniens
par bye Lun 13 Nov - 17:31

» conflit Israël- Palestine
par bye Ven 3 Nov - 18:51

» pornocriminalité
par bye Ven 29 Sep - 8:54

» Pénalisation des clients prostitueurs
par bye Lun 4 Sep - 12:02

» La loi Rilhac est passée, « enfin » ?
par bye Sam 19 Aoû - 9:06

» Pacte sur la migration et l’asile
par bye Lun 31 Juil - 19:43

» Mobilisation contre l'assistanat sexuel : Le président Macron doit arrêter de faire planer le doute
par bye Ven 21 Juil - 18:17

» Pacte sur la migration et l’asile : accélération des négociations dans un contexte de tensions entre les États membres
par bye Mar 18 Juil - 8:11

» Pourquoi brûle-t-on des bibliothèques ? Entretien avec Denis Merklen
par bye Lun 17 Juil - 17:40

» Droits des femmes en Europe : les Etats membres refusent la criminalisation du viol
par bye Jeu 13 Juil - 18:55

» Comment espérer mettre fin aux violences masculines avec des policiers et des magistrats sexistes et racistes ?
par bye Jeu 15 Juin - 19:33

» MAYOTTE : CE QUI SE JOUE DERRIÈRE L’OPÉRATION WUAMBUSHU
par bye Jeu 15 Juin - 19:28

» https://www.france-terre-asile.org/communiques-presse/communiques-de-presse/empechons-la-violence-communique
par bye Sam 3 Juin - 9:04

» Exposition des mineur·es à la pornographie : les chiffres édifiants de l'ARCOM
par bye Ven 26 Mai - 11:32

» Le SNU hors l’école
par bye Mar 23 Mai - 9:14

» Réforme de l'asile dans l'UE : le Parlement adopte ses positions ; le Conseil entre en terrain inconnu.
par bye Jeu 18 Mai - 9:52

» Festival de Cannes : Pas d'honneur pour les agresseurs !
par bye Mar 16 Mai - 18:55

» Choisissons la solidarité !
par bye Mer 10 Mai - 12:26

» Propagande pro-stérilisations à Mayotte, en pleine pénurie de pilules abortives : une politique française coloniale et misogyne !
par bye Ven 28 Avr - 12:17

» Accueillir les Afghanes : pour un accueil d'urgence des femmes afghanes
par bye Ven 21 Avr - 19:17

» Loi de programmation militaire : la mobilisation des pacifistes doit être à la hauteur des enjeux
par bye Ven 21 Avr - 12:19

» Le 13 avril, la justice doit ordonner le blocage des sites pornocriminels qui exposent les mineur.es à des contenus pornographiques, violents et traumatiques.
par bye Jeu 13 Avr - 9:47

» SOMMET FRANCO-BRITANNIQUE : LA FRANCE NE PEUT PLUS RESTER COMPLICE DES POLITIQUES INDIGNES DU ROYAUME-UNI
par bye Ven 7 Avr - 8:45

» Royaume-Uni : un nouveau projet de loi piétine le droit d’asile
par bye Dim 2 Avr - 9:56

» PROJET DE LOI ASILE ET IMMIGRATION
par bye Mar 7 Fév - 19:11

» Présidence suédoise du Conseil de l’Union européenne : plus de sécurité, moins de solidarité ?
par bye Mer 1 Fév - 10:33

» Les femmes grandes perdantes de la réforme des retraites : Appel à la manifestation !
par bye Mer 18 Jan - 17:58

» L’école est inégalitaire… …encore et encore
par bye Sam 31 Déc - 16:13

» Réinstallation au sein de l’Union en 2023 : des engagements en-deçà des besoins
par bye Jeu 22 Déc - 7:07

» Pour le 25 novembre, journée internationale de lutte pour l’élimination des violences masculines à l’égard des femmes, nous appelons à une contre-offensive féministe qui combat à la racine le continuum des violences patriarcales.
par bye Sam 26 Nov - 8:56

» Méditerranée centrale : l’UE présente un plan d’action axé sur le renforcement de la coopération avec les pays tiers
par bye Ven 25 Nov - 9:19

» Journée mondiale pour la protection des enfants contre la pédocriminalité
par bye Ven 18 Nov - 13:24

» Cartographier les inégalités sociales entre écoles
par bye Lun 14 Nov - 9:03

» La Grande Cause définitivement classée sans suite ?
par bye Ven 11 Nov - 11:34

» Brésil – Quand l’extrême droite fait école
par bye Ven 4 Nov - 17:25

» Les Européens face au gouffre de la précarité
par bye Ven 4 Nov - 17:17

» COP27, ou comment répondre aux impacts du changement climatique ?
par bye Jeu 3 Nov - 18:37

» Le Lycée pro, personne ne le connait. Personne de ceux qui décident de notre vie. Le lycée pro, c’est cette institution qui n’a aucun ancien élève au gouvernement ou à l’Assemblée.
par bye Dim 30 Oct - 12:25

» Régularisation des déboutés en Allemagne, un modèle à suivre ?
par bye Mar 25 Oct - 8:39

» Mobilisons-nous contre la casse des lycées pro !
par bye Sam 22 Oct - 8:03

» Répression au lycée Joliot-Curie de Nanterre : libération immédiate et sans poursuite des 14 lycéens gardés à vue !
par bye Mar 18 Oct - 8:57

» Déclaration commune : un accord sur le règlement relatif à l'instrumentalisation porterait un coup de grâce au Régime d'asile européen commun
par bye Jeu 13 Oct - 12:45

» "Porno, l'enfer du décor" 40 associations saluent la portée historique du rapport du Sénat sur l'industrie pornocriminelle et appellent aux actes
par bye Lun 10 Oct - 13:46

» LYCÉE PROFESSIONNEL : EN GRÈVE LE 18 OCTOBRE POUR LE RETRAIT DU PROJET MACRON
par bye Sam 8 Oct - 19:09

» Evaluations, bonjour l’angoisse ?
par bye Ven 30 Sep - 9:43

» Élections en Italie : le droit d’asile menacé par l’ascension de l’extrême droite
par bye Sam 24 Sep - 8:55

» MERCREDI 28 SEPTEMBRE : MOBILISATION NATIONALE EN FAVEUR DU DROIT A L'AVORTEMENT !
par bye Jeu 22 Sep - 18:41

» Pénuries de postes, inflation, recrutements et formations bidons… Coup de chaud sur la rentrée 2022 !!
par bye Ven 16 Sep - 8:38

» La liberté au temps du capital (des individus et des écoles)
par bye Mer 7 Sep - 9:14

» Le 21 septembre 2022 marchons ensemble pour la Paix !
par bye Mar 23 Aoû - 14:18

» Moi, Nestor Makhno (épisode 9) – Il y a 100 ans, l’autre guerre d’Ukraine – Feuilleton
par bye Jeu 21 Juil - 20:17

» AVORTEMENT AUX USA, NOUS NE VOULONS PAS PERDRE DE DROITS, NOUS VOULONS EN GAGNER !
par bye Mar 28 Juin - 12:51

» Michel Piron en garde à vue. Derrière Jacquie et Michel : un système organisé de proxénétisme et de viols.
par bye Jeu 16 Juin - 15:33

» EuroSatory : Visioconférence et Rassemblements contre le commerce des armes
par bye Lun 6 Juin - 17:32

» Entretien avec Yamina Saheb (GIEC) : “Il y a eu quelques réticences pour mettre le terme de sobriété dans le dernier rapport”.
par bye Mer 1 Juin - 8:37

» Retour sur l’accueil des déplacés d’Ukraine dans les Hautes-Alpes
par bye Mar 31 Mai - 16:17

» L’industrie pornocriminelle cible les enfants et la justice abdique !
par bye Mer 25 Mai - 16:23

» Le Royaume-Uni renforce son arsenal juridique contre les personnes en besoin de protection
par bye Jeu 19 Mai - 10:42

» Recrutement enseignant : une crise des plus inquiétantes pour l’avenir de l’école
par bye Jeu 19 Mai - 10:36

» Moi, Nestor Makhno (épisode 7) – Il y a 100 ans, l’autre guerre d’Ukraine – Feuilleton
par bye Mer 11 Mai - 11:53

» Le "Tous capables" l'Education Nouvelle Le Groupe Français d'Education Nouvelle
par bye Ven 6 Mai - 12:42

» Menaces sur le droit à l’avortement aux Etats-Unis : le collectif Avortement Europe dénonce une énième tentative de restreindre le droit des femmes à disposer de leur corps !
par bye Ven 6 Mai - 12:30

» Biélorussie : la plus grande attaque anti-syndicale du siècle en Europe
par bye Ven 29 Avr - 12:15

» Les associations dénoncent la différence de traitement envers les ressortissants non-Ukrainiens
par bye Ven 22 Avr - 6:21

» SUD éducation gagne l’indemnité REP/REP+ pour les AED !
par bye Jeu 21 Avr - 17:21

» Guerre en Ukraine : que contient la directive sur la protection temporaire de 2001 ?
par bye Dim 17 Avr - 9:50

» Mutations-sanctions à l'école Pasteur (93) : dans « l'intérêt du service public », nous devons faire front !
par bye Jeu 14 Avr - 8:42

» 6e rapport du GIEC : quelles solutions face au changement climatique ?
par bye Ven 8 Avr - 12:34

» Cabinets de conseil : quand le Sénat fustige le gouvernement
par bye Mer 6 Avr - 16:36

» Les fresques carabines : une institutionnalisation des violences sexistes à l’hôpital
par bye Dim 13 Mar - 12:35

» L’Ukraine au coeur… de la classe, l’école au coeur du monde
par bye Ven 4 Mar - 17:34

» 8 Mars 2022 : Grève féministe Déferlante pour l'égalité !
par bye Mar 1 Mar - 11:08

» Une guerre “culturelle”
par bye Jeu 24 Fév - 19:27

» Nouveau camp fermé de Samos : « Barbelés, clôtures, couvre-feu […] le camp ressemble à une prison. »
par bye Jeu 17 Fév - 18:07

» Exterminez toutes ces brutes
par bye Ven 4 Fév - 10:22

» Entretien avec Laurence Scialom : « Ne pas mettre la lutte contre la dégradation de notre biosphère au cœur de la gouvernance européenne serait une erreur historique »
par bye Mer 26 Jan - 15:55

» Osez le féminisme ! fait 200 signalements de vidéos illégales sur des sites pornographiquesOsez le féminisme ! fait 200 signalements de vidéos illégales sur des sites pornographiques
par bye Lun 24 Jan - 11:46

LE SITE

Dans Les Coulisses de Demain

FORUMS & SITES AMIS

FORUM EST INSCRIT SUR

Le Deal du moment : -45%
WHIRLPOOL OWFC3C26X – Lave-vaisselle pose libre ...
Voir le deal
339 €

    émeutes

    bye
    bye
    Administratrice


    Masculin
    Nombre de messages : 9059
    Localisation : souvent nuages
    Emploi/loisirs : décalé
    Humeur : main tendue
    Date d'inscription : 19/12/2007

    émeutes Empty émeutes

    Message par bye Dim 7 Nov - 12:05

    Emeutes : entretien d'Alain Bertho à Alternative Libertaire

    Alain Bertho : « L’émeute de 2005 ne s’est jamais arrêtée »
    4 novembre 2010
    Alain Bertho est professeur d’anthropologie à l’Institut d’études
    européennes et directeur de l’Ecole doctorale de sciences sociales de l’université
    Paris-VIII Saint-Denis. Ses recherches s’articulent depuis vingt ans autour
    de la crise du politique et de l’Etat, et ont comme principale problématique
    la question de la banlieue. Il anime un site internet, Anthropologie du
    présent [1], où il relaie et analyse les émeutes dans le monde entier. Il a
    accepté de répondre à nos questions.
    Alternative libertaire : Quelle interprétation faites-vous des révoltes qui
    ont eu lieu dans les banlieues en novembre 2005 ?
    Alain Bertho : Les émeutes de 2005 inaugurent un nouveau cycle d’émeutes en
    France et dans le monde. Dans ce nouveau cycle, la question de la place de
    la jeunesse populaire et de la valeur de la vie des jeunes est posée avec
    force. Les émeutes déclenchées par la mort d’un jeune dans laquelle la
    responsabilité des autorités est engagée se multiplient depuis dans le
    monde, sur tous les continents.
    En 2008, elles ont duré trois semaines en Grèce après l’assassinat du jeune
    Alexis. Durant l’année 2008, on en compte 13 dans 10 pays différents. En
    2009, on en compte 27 dans 17 pays et autant depuis le 1er janvier 2010.
    Sont aujourd’hui concernés des pays aussi divers que l’Argentine, le
    Bangladesh, la Chine, la Colombie, la Côte d’Ivoire, l’Equateur, l’Espagne,
    Haïti, le Honduras, l’Inde, l’Indonésie, l’Italie, le Kenya, le Mexique, le
    Venezuela ou le Burkina Faso ! La seconde question qui est posée avec force
    est celle de la rupture entre la jeunesse – mais pas seulement la jeunesse –
    et l’Etat.
    Dans l’Etat, j’inclue la politique institutionnelle. Il n’y a plus de
    langage commun. Il n’y en a peut-être même plus le souhait. Les mots
    deviennent des champs de bataille et à l’inverse ce sont les batailles de
    rue qui disent le mieux la colère et la souffrance.
    A quoi est due selon vous cette révolte qui eut lieu dans toute la France, à
    la différence des révoltes de 2007, par exemple, qui restèrent localisées à
    Villiers-le-Bel ?
    Alain Bertho : L’événement inaugural est général. Il montre la communauté de
    colère et de souffrance d’un bout à l’autre du pays, entre des gens qui ne
    se connaissent pas. Cette communauté n’a pas besoin de se manifester de
    nouveau de cette façon. De l’affrontement général, on est passé à l’affrontement
    latent, permanent ou toujours possible. D’une certaine façon, l’émeute de
    2005 ne s’est jamais arrêtée. Elle se poursuit sous d’autres formes. Ce qu’on
    a perdu en extension, on le gagne en intensité.
    En 2005, les affrontements directs avec la police ont été rares. Ils sont de
    plus en plus fréquents et de plus en plus violents. Méfions-nous : la
    localisation de l’affrontement ne signifie en aucun cas qu’il n’y a pas des
    centaines de milliers de personnes qui se sentent concernées, voire
    solidaires.
    Dans Le Temps des émeutes [2], vous analysez le phénomène émeutier aujourd’hui
    dans le monde. Qu’en est-il ?
    Alain Bertho : Depuis la sortie du livre, le phénomène a pris une ampleur
    qui m’a moi-même surpris. J’ai alors travaillé sur environ 300 situations d’émeutes.
    Depuis plusieurs années, je me tiens quotidiennement à jour de ce qui se
    passe dans le monde et j’ai compté près de 550 situations d’ampleur variée
    dans 96 pays en 2009. Depuis le 1er janvier 2010, je crois qu’on a dépassé
    les 700.
    La quasi-invisibilité du phénomène dans les grands médias est suffocante. On
    ne commence à parler des émeutes quotidiennes au Cachemire qu’en septembre
    2010 alors qu’elles ont commencé le 17 juin (à cause de la mort d’un jeune
    !) et qu’elles ont déjà fait une centaine de morts. Les émeutes ouvrières du
    Bangladesh, qui étaient des émeutes d’enfants ouvriers, ont été passées sous
    silence.
    Le phénomène émeutier marque son unité à travers ce que j’appelle le
    répertoire, c’est-à-dire les actes par lesquels on affronte les pouvoirs.
    Ces actes sont différents de ceux des révoltes antérieures et les images se
    ressemblent étonnamment d’un continent à un autre. Il n’est pas toujours
    simple de distinguer un jeune étudiant vénézuélien d’un jeune Palestinien
    sur l’esplanade des Mosquées, un jeune Kurde d’un émeutier d’Hambourg.
    Quelques grandes causes de colère s’affirment et se renforcent : émeutes du
    logement, émeutes de l’électricité, émeutes contre la vie chère. D’autres
    apparaissent. Une des caractéristiques fortes de l’année qui vient de s’écouler
    est l’extension nouvelle des émeutes ouvrières.
    Peut-on dire que ce phénomène est en extension car la lutte des classes ne
    peut plus se mener prioritairement sur le lieu de travail ?
    Alain Bertho : Ce n’est pas tout à fait cela. Il y a en fait trois processus
    qui convergent. Le premier est l’effondrement, partout, de l’espace de
    représentation politique et le face-à-face direct des gens et de l’Etat sans
    médiation politique. C’est sans doute la première leçon des émeutes. Le
    second processus pourrait être caractérisé comme « l’extension du domaine de
    la lutte » : ce face-à-face des gens et des pouvoirs, celui de l’Etat comme
    celui du Capital, touche tous les domaines de la vie.
    De ce point de vue, c’est vrai, l’ancien combat de classe déborde les murs
    de l’usine et prend la ville dans son ensemble parce que l’exploitation
    elle-même déborde les murs de l’usine. Enfin, il faut compter ce qu’on
    appelait la « conscience de classe » comme un dispositif subjectif de
    représentation politique. Celui-ci, dans ses formes anciennes, s’est
    effondré comme les autres. Privés de cette subjectivité politique, les
    ouvriers se retrouvent en quelque sorte logés à la même enseigne que les
    autres. Et du coup l’émeute rentre à l’usine !
    Selon vous, quelle solution permettrait de passer de ce phénomène émeutier à
    un mouvement social des quartiers populaires offrant des perspectives d’émancipation
    sociale ?
    Alain Bertho : Ma question est moins précise et peut-être plus ambitieuse :
    comment passer de l’émeute à la politique ? Je ne pense pas qu’elle puisse
    être posée – et résolue – de l’extérieur de la révolte qui s’exprime là. Car
    il s’agit ni plus ni moins que de fonder une nouvelle figure de la
    politique, de ses objectifs, de ses formes d’action, de son rapport à l’Etat.
    Je ne sais pas combien de temps, ni quelle forme cela prendra. Ce que je
    pense en tout cas c’est que, contrairement à ce qu’a été la politique qui a
    dominé le XXe siècle, la politique d’émancipation à venir, si elle émerge,
    ne s’organisera pas autour de la conquête du pouvoir d’Etat.
    Propos recueillis par Nico P. (AL Paris Nord-Est)
    Contact : www.mediapart.fr/club/blog/alain-bertho
    [1] Voir : berthoalain.wordpress.com
    [2] Alain Bertho, Le temps des émeutes, Bayard Centurion, 2009, 271 pages,
    19 euros.
    bye
    bye
    Administratrice


    Masculin
    Nombre de messages : 9059
    Localisation : souvent nuages
    Emploi/loisirs : décalé
    Humeur : main tendue
    Date d'inscription : 19/12/2007

    émeutes Empty Re: émeutes

    Message par bye Mar 9 Nov - 5:00

    « La tentation de l'émeute » : un autre regard sur les « jeunes de
    banlieue »
    La banlieue n'est-elle que désolation, violence, machisme, incendies,
    caillassage de voitures de police ?
    On pourrait le croire vu la façon dont la télévision traite la question, à
    la fois « à chaud et à distance ».

    Pour une fois, voici un documentaire qui donne la parole aux jeunes, non pas
    pour leur faire jouer les figurants dans des rôles de voyous écrits d'avance
    pour eux, mais pour qu'ils réfléchissent et témoignent sur leur vie et celle
    de leur quartier.

    Ce film sera diffusé par ARTE le mardi 9 novembre à 22h30.

    bye
    bye
    Administratrice


    Masculin
    Nombre de messages : 9059
    Localisation : souvent nuages
    Emploi/loisirs : décalé
    Humeur : main tendue
    Date d'inscription : 19/12/2007

    émeutes Empty Re: émeutes

    Message par bye Mer 10 Nov - 5:15

    Villiers-le-Bel : condamnations sur dénonciations rétribuées





    La mort, fin novembre 2007, de deux adolescents dans la collision de leur moto avec un véhicule de police avait entraîné deux jours de violences entre jeunes et forces de l’ordre à Villiers-le-Bel (Val d’Oise). La cour d’assises de Pontoise vient de condamner à des peines lourdes – de 3 à 15 ans de prison ferme – mais inférieures aux demandes du ministère public, cinq jeunes accusés d’y avoir pris part, fut-ce indirectement, accusation qui ne s’appuyait que sur un seul témoignage “sous X” [1]. Un appel dénonçant « l’inacceptable verdict du 4 juillet 2010, condamnant sans preuves cinq jeunes de Villiers-le-Bel à des peines d’emprisonnement ferme » peut être signé : appel contre une condamnation pour l’exemple.

    Il y a quelques années, Laurent Mucchielli, co-auteur de l’ouvrage Quand les banlieues brûlent, avait déclaré « tant que l’on refusera de traiter les questions de fond, on aura des émeutes » [2]. Il avait identifié « quatre problèmes cruciaux pour les banlieues » :

    les relations catastrophiques avec la police,
    le niveau de l’échec scolaire et le ressentiment envers l’école,
    le niveau du chômage des jeunes, y compris lorsqu’ils sont qualifiés et
    le statut global de la population dite “issue de l’immigration” dans la société française.
    Il poursuivait : « Ils sont toujours là, et ils nourrissent toujours en permanence dans ces quartiers des sentiments de colère, d’injustice, d’exclusion, d’humiliation et de ce que j’appelle la “victimation collective” ».

    L’article d’Oernella Guyet que nous reprenons ci-dessous sous contrat Creative Commons – il a été initialement publié sur le site BastaMag – montre que la situation ne s’est pas améliorée depuis lors.



    Villiers-le-Bel : un procès stalinien contre les jeunes de banlieue
    par Ornella Guyet, BastaMag, le 8 juillet 2010



    Les cinq jeunes accusés de Villiers-le-Bel ont écopé de trois à quinze ans de prison après deux semaines d’un procès hallucinant. Présomption d’innocence piétinée, droits de la défense battus en brèche, preuves objectives inexistantes, verdict rendu à la sauvette… Récit d’un procès joué d’avance, qui marque un sombre et inquiétant tournant de ce qui reste de l’Etat de droit.

    Le 25 novembre 2007, deux adolescents de quinze et seize ans, Lakhami et Moushin, trouvent la mort dans une collision entre leur mini-moto et une voiture de police. S’en suivent trois jours d’émeutes à Villiers-le-Bel, expression de la colère des habitants contre ce qui apparaît alors comme un énième et dramatique abus policier dans un quartier quotidiennement confronté aux contrôles au faciès, aux humiliations et aux arrestations arbitraires. Au cours de ces trois jours, une centaine de policiers sont blessés, notamment par des tirs de chevrotine. C’est la première fois depuis longtemps qu’autant de policiers sont blessés.

    Procès équitable ou injonction présidentielle ?

    « Ce qui s’est passé à Villiers-le-Bel n’a rien à voir avec une crise sociale, ça a tout à voir avec la voyoucratie, estime Nicolas Sarkozy, le 29 novembre (à peine quatre jours après la mort des deux jeunes), devant un auditoire de 2000 policiers. Tout sera mis en oeuvre pour retrouver [les tireurs]. Je réfute toute forme d’angélisme qui vise à trouver en chaque délinquant une victime de la société, en chaque émeute un problème social. Mettez les moyens que vous voulez [...], ça ne peut pas rester impuni, c’est une priorité absolue. Nous retrouverons les tireurs un par un et pour eux ce sera la cour d’assises. » Le Président de la République précise qu’il a fixé « un objectif de résultat » pour punir les émeutiers qu’il qualifie de « voyous déstructurés, prêts à tout » et de « trafiquants ».

    Le chef de l’Etat lui-même appelle à passer outre toute logique judiciaire qui « subordonne la punition à l’existence d’un coupable avéré, qui encadre la recherche de ce coupable de certaines règles de procédure, et qui consent donc à l’impunité si l’enquête dans les règles n’aboutit pas », rappelle le philosophe Pierre Tévanian. « Le président a d’emblée substitué une logique de catharsis, faisant de la punition un impératif à ce point catégorique qu’il autorise les enquêteurs à utiliser "les moyens qu’ils veulent". » [3]

    Dénonciations anonymes

    Deux ans et demi après ce discours présidentiel, tandis que les policiers responsables de l’accident sont toujours en fonction, les coupables des tirs sont tout trouvés. Ils sont cinq, jeunes, arrêtés dans des conditions rocambolesques lors d’une vaste rafle, le 18 novembre 2008. Quatre sont mis en examen pour « tentative de meurtre sur fonctionnaires de police dans l’exercice de leurs fonctions en bande organisée », et un pour complicité. Problème : aucun élément matériel ne pèse contre eux. Reste d’éventuels témoignages. Des trésors d’imagination vont être nécessaires pour convaincre des témoins de les accuser.

    C’est donc uniquement sur la base de ces témoignages, dont plusieurs anonymes, qu’Abderhamane Kamara (29 ans), Adama Kamara (29 ans), Ibrahima Sow (26 ans), Maka Kanté (23 ans) et Samuel Lambalamba (24 ans) sont condamnés à l’issue d’un procès qui s’est déroulé dans une atmosphère très tendue et d’une instruction menée par la juge qui, en octobre dernier, a prononcé un non-lieu contre les policiers responsables de l’accident dans lequel sont morts les deux jeunes habitants de Villiers. Le non-lieu a, depuis, été annulé en appel. Les cinq jeunes ont, eux, écopé de respectivement, quinze, douze, neuf et deux fois trois ans de prison.

    Dès le premier jour, le décor est planté. Après avoir subi les contrôles des sacs aux rayons X, on se heurte à deux cordons de policiers et CRS qui filtrent l’accès de la salle d’audience, censée être publique. Si les parties civiles, dont plusieurs sont en uniforme d’apparat, ne rencontrent aucune difficulté pour entrer, les familles des accusés et certains témoins n’ont pas cette chance. Très vite, les avocats de la défense protestent face à ce « quasi huis-clos », menaçant de quitter le prétoire si les portes ne sont pas ouvertes. En vain. Les barrages filtrants demeureront pendant les deux semaines d’audience. Les familles doivent s’organiser pour y assister à tour de rôle, alors que les journalistes occupent deux des cinq bancs côté soutiens, et aucun côté parties civiles.

    Des accusés issus des classes populaires

    Les accusés sont invités à se présenter. Tous sont fils d’immigrés africains et issus de milieux très populaires. Les frères Kamara – qui vont être les plus « chargés » – sont décrits comme des « leaders » dans la cité. Adama Kamara a suivi le parcours typique du jeune soucieux d’« intégration » : après avoir commis quelques bêtises de jeunesse, il est désormais père au foyer, a tenté de monter une entreprise de sécurité et s’est un temps lancé en politique aux côtés du PS puis de l’UMP. Il est l’un des organisateurs des marches silencieuses qui ont suivi l’accident de novembre 2007. Ali Soumaré (élu PS au Conseil régional) a témoigné en sa faveur, de même que Jean-Marc Lafaye, un policier qui a créé la police de proximité sur Villiers-le-Bel et monté un club de foot avec l’aide d’Adama et d’autres jeunes. Le policier assure ne pas croire en la culpabilité d’Adama.

    Maka Kanté arrive au tribunal en chemise blanche. Avant son incarcération, il avait entamé une prometteuse carrière footballistique. Il s’exprime dès le premier jour d’une voix claire sur les raisons de sa présence dans le box : « Je suis Noir, je suis musulman et sans diplôme. Cela ne fait pas de moi un tueur ni un chef de gang ». Ce jeune homme, très fier, n’hésite pas à citer Nelson Mandela au moment de demander son acquittement : « Toute personne qui condamne un être humain fait preuve d’une certaine étroitesse d’esprit. » Incarcéré pendant deux ans et demi, dont onze mois en isolement, sans raison, il en a profité pour lire, beaucoup. La prison s’est soldée par une improbable rencontre : celle de Benjamin Rosoux, l’un des inculpés de Tarnac, avec qui Maka a cosigné une tribune dans Le Monde le 23 novembre 2009. « Il s’agira de faire un exemple pour toute la jeunesse révoltée de ce pays : "N’espérez même pas pouvoir vous défendre ! Nous jouissons de l’impunité totale, vous risquez des peines énormes. Vous êtes pieds et poings liés", semblent hurler tous les pouvoirs réunis en une seule et même chorale infernale », écrit-il alors. Prémonitoire.

    Aucun élément matériel

    Alors qu’aucune preuve matérielle n’existe contre lui et ses amis, les voilà pris dans un engrenage dont l’issue ne peut être que leur condamnation. A la sortie d’une audience, Mathieu Rigouste, auteur de L’ennemi intérieur [4], livre son sentiment sur ce à quoi il vient d’assister : « Ce qui est en jeu, c’est le maintien de la cohésion dans l’appareil de pouvoir. Il y a une contradiction interne dans les appareils répressifs – la police et l’armée – qui oblige le pouvoir à leur fabriquer une légitimité pour ne pas que leurs agents le lâchent et se retournent contre lui. Le pouvoir travaille donc en permanence à ce que la police soit dissociée du peuple, à ce qu’elle ait l’impression que le peuple est forcément contre elle et que le seul moyen pour elle d’être protégée c’est de rester groupée autour du bloc de pouvoir. C’est ce qui se joue là. On veut s’assurer qu’il n’y aura pas de rupture de rang dans la police, donc on met en place une sorte de sacrifice, on sert sur un plateau un bouc émissaire qu’on purge publiquement pour célébrer le règne et la cohésion de l’appareil de répression. » Il fallait donc tout mettre en œuvre pour maintenir cette cohésion, surtout en période de profonde crise. Quitte à piétiner toute idée de justice impartiale.

    L’accusation ne repose que sur des témoignages anonymes, obtenus contre promesse de rémunération, et sur des témoignages douteux de co-détenus - dont l’un a cherché un contact direct avec le cabinet de Sarkozy pour être « protégé » - et de co-accusés, à qui on a promis des inculpations pour des faits moins lourds en échange de noms. Ces derniers témoignages sont tous contradictoires ou relatent des « on dit » et des « rumeurs », selon le mot même des témoins. Mais les accusés ne se nomment ni Eric, ni Liliane : pour eux, rumeurs et ragots se muent en pièces à conviction.

    Les témoignages sous X : une aberration judiciaire

    Reste le témoignage anonyme, « sous X ». Introduit dans le Code de procédure pénale en 2002, il ne peut être le seul ressort d’une condamnation. Pourtant, force est de constater qu’ici, les témoins sous X auront probablement joué un rôle crucial dans l’intime conviction des jurés. Un rôle critiqué par le Syndicat de la magistrature : « Quand on sait qu’un témoignage est fragile par définition (subjectivité, mémoire, intérêt à dire une chose plutôt qu’une autre...), quand on sait que le témoignage "sous X" l’est plus encore (déclarations plus floues - et donc plus difficilement vérifiables - pour éviter l’identification du témoin, effet de déresponsabilisation de l’anonymat), on peut penser que le témoignage anonyme rémunéré - objectivement intéressé, donc - est une aberration judiciaire. Il n’est pas anodin qu’une telle aberration ait surgi dans cette affaire où, parce qu’il était question de policiers d’une part et de "jeunes de cité" d’autre part, tout était permis : "Mettez les moyens que vous voulez..." Au fondement du droit, de la justice et de la démocratie, il y a pourtant cette idée forte : la fin ne justifie pas les moyens. » [5]

    Le lundi 28 juin, les fameux témoins anonymes sont donc très attendus. De nombreux journalistes parcourent la salle des pas perdus. Les cameramen se battent pour photographier les écrans. Pourtant, sur quatre témoins prévus, un seul viendra. Leur absence contribue à faire monter d’un cran le climat de psychose qui entoure le procès. Depuis le début, l’accusation ne cesse de rappeler « l’intention meurtrière » des émeutiers, qui « ont mis en place un mouvement tactique » contre une compagnie de CRS, transposant à Villiers-le-Bel pendant deux jours des scènes de « guerre ». Celles-ci ont été comparées par certains policiers avec les combats entre Hutus et Tutsis (les Hutus étant les émeutiers, bien entendu). Voilà le « terrorisme que vivent les habitants de Villiers-le-Bel », selon maître Liénart, avocat des parties civiles policières.

    Et le policier à la barre d’expliquer que le témoin sous X qu’il a interrogé refuse de se présenter, mu par « un sentiment de peur indépassable », suite notamment à un meurtre par balles (deux jours plus tôt, dans la commune) pourtant sans rapport avec le procès. Le seul qui accepte de témoigner ce jour-là est un indic de la brigade des stups. La défense, qui demande si les refus de comparaître ne seraient pas liés au fait que les témoins n’ont pas été payés, n’obtient pas de réponse [6].

    Un procès expéditif

    Le procès aurait dû s’étendre sur trois semaines pour se donner le temps d’entendre tous les témoins. Il n’en durera que deux, comme initialement prévu. La défense est en permanence pressée par la présidente du tribunal de faire vite, rappelée à l’ordre quand elle insiste trop pour obtenir des réponses de témoins parfois peu coopératifs. « L’accusation était reine », soupire un avocat de la défense, dans l’attente du verdict. Pendant son réquisitoire, l’avocat général balaie les éventuelles réticences des jurés : « Bien sûr vous allez commettre une erreur judiciaire. Parce que les tireurs n’étaient pas cinq, ils étaient plus nombreux. Ils ne sont pas tous dans le box. Elle est là l’erreur judiciaire. » Et de requérir de sept à vingt ans de prison. Plaidant avec beaucoup de poigne, maître Michel Konitz pointe du doigt l’avocat général : « Je n’ai pas obtenu de réponse », répète-t-il au sujet des diverses charges censées peser sur les accusés. Quant à son client, Adama Kamara : « On ne lui laisse aucune chance, car tant qu’il n’aura pas prouvé de façon certaine qu’il n’est pas coupable il sera là dans ce box. » Les accusés n’étaient pas présumés innocents, mais coupables.

    « Personne n’est capable de dire qui aurait tiré contre qui, à quel endroit et quand. Pour éviter de devoir se poser ces questions, on nous emballe tout en nous disant que c’est normal, il y a la loi du silence, il y a la peur et – argument suprême – il y a la bande organisée. C’est vachement pratique, la bande organisée, car ça permet, justement, de ne pas se poser de questions. Il y a eu deux soirs d’émeutes, des tirs, c’est indéniable, et tout ça c’est une seule scène de crime. Alors si vous pensez que l’un ou l’autre est impliqué, voilà. Il est coupable et il encourt vingt ans, quinze ans, ou sept ans », réagit Julien Pignon, un avocat stagiaire, qui mène sa première plaidoirie.

    En dépit des dénégations de l’avocate générale, les avocats de la défense et les familles sont persuadés qu’on a organisé le « procès de la banlieue ». Côté policier, on exprime sa satisfaction. Maître Liénart, avocat des parties civiles, exulte : « Les victimes avaient peur de ne pas être reconnues dans leur qualité de victimes et de voir leurs agresseurs ressortir avec le sourire. Ça aurait été très très pénible. » Brice Hortefeux, le ministre de l’Intérieur, y voit « un signal fort adressé aux délinquants. » Quant à Ludovic Collignon, du syndicat de policiers Alliance, il en résume la substance : « Ces peines ont un sens symbolique. Elles permettent de redonner confiance à nos collègues ». Peu importe le prix payé par des accusés auxquels le doute n’aura pas bénéficié.

    Vengeance de la police

    Eric Hazan, qui avait signé avec d’autres intellectuels une tribune de soutien aux inculpés dans Libération le jour de l’ouverture du procès [7], nous livre son analyse : « L’appareil répressif n’avait pas subi une défaite provisoire depuis très longtemps. Ce qui s’est passé à ce procès finalement c’est une vengeance. Ceux qui avaient assassiné Pierre Goldman avaient signé leur meurtre "Honneur de la police", et je pense que ce procès pourrait être signé "Vengeance de la police". C’est un procès qui a été mené à charge d’un bout à l’autre. Ces jeunes gens ont été condamnés à des peines de prison extrêmement dures en l’absence de preuves. D’ailleurs le verdict a été rendu à la sauvette. Qu’un procès d’assises ait un verdict qui tombe dans la nuit du dimanche, c’est une première. On n’a jamais vu ça. C’est vraiment une manière de faire en sorte que personne n’en parle. A cet égard c’est bien joué : plus personne n’en parle. Et c’est très grave que plus personne ne parle d’un déni de justice aussi évident. C’est un scandale, même si ce n’est pas étonnant. » Et désormais, chaque citoyen est prévenu : il peut se retrouver en prison sur simple dénonciation anonyme.

    Pendant ce temps-là, à Villiers-le-Bel, où le taux de chômage frôle les 20%, les conversations des habitants dépités ne tournent qu’autour du verdict et de la présence policière. La ville est en effet quadrillée par des dizaines de cars de CRS, afin d’empêcher une nouvelle explosion de colère.

    Ornella Guyet


    En savoir plus

    A lire également sur le Net : « Les raisons d’une colère », par Laurent Bonelli, Le Monde diplomatique, décembre 2005. Ce texte qui analyse les raisons de la révolte des banlieues de 2005 et ses suites pourrait sans problème s’appliquer à Villiers-le-Bel, et il conserve encore aujourd’hui toute son actualité.
    A écouter, sur « Sons en lutte », plusieurs émissions consacrées au procès par l’équipe de « L’actualité des luttes » sur Fréquence Paris Plurielle, sans l’aide de qui ce reportage n’aurait pas été possible.
    Lire aussi :

    Le dialogue entre jeunes et police, selon Brice Hortefeux
    Interdits de RSA, les jeunes de moins de 25 ans font l’objet d’une discrimination unique en Europe
    Mort d’un jeune dans un fourgon de police : trois longues années d’impunité

    Notes
    [1] Tous seront rejugés : les trois plus lourdement condamnés ont interjeté appel, et le parquet général de Versailles a fait appel pour les deux autres.

    [2] Référence Laurent Mucchielli : “tant que l’on refusera de traiter les questions de fond, on aura des émeutes”.

    [3] « Chronique d’un lynchage annoncé », par Pierre Tévanian, 25 juin 2010, Les mots sont importants.

    [4] Paru en 2009 aux éditions La Découverte.

    [5] « Le témoignage anonyme rémunéré est une dérive », par Matthieu Bonduelle (porte-parole du Syndicat de la magistrature), Le Monde, 5 juillet 2010, repris dans « Prodiges et vertiges de l’anonymat payant ».

    [6] Des extraits des dialogues qui ont eu lieu ce jour-là ont été publiés sur le site du collectif « Les mots sont importants » : « Les mots de Pontoise », par Pierre Tévanian, 5 juillet 2010.

    [7] « Pour les cinq de Villiers-le-Bel » par un collectif de soutien, Libération, 25 juin 2010.




    bye
    bye
    Administratrice


    Masculin
    Nombre de messages : 9059
    Localisation : souvent nuages
    Emploi/loisirs : décalé
    Humeur : main tendue
    Date d'inscription : 19/12/2007

    émeutes Empty Re: émeutes

    Message par bye Lun 15 Nov - 21:38

    Les raisons de la colère
    http://videos.arte.tv/fr/videos/les_raisons_de_la_colere-3515288.html#
    La tentation de l'émeute
    http://videos.arte.tv/fr/videos/la_tentation_de_l_emeute-3515282.html

    bye
    bye
    Administratrice


    Masculin
    Nombre de messages : 9059
    Localisation : souvent nuages
    Emploi/loisirs : décalé
    Humeur : main tendue
    Date d'inscription : 19/12/2007

    émeutes Empty Re: émeutes

    Message par bye Ven 26 Nov - 19:42

    à découvrir... à faire circuler librement...

    sur http://blog.collectifitem.com

    LA FRANCE, LA RÉVOLTE... ET APRÈS ?

    Une chronique en six actes pour un retour en images, en sons et en textes
    sur le mouvement social contre la réforme des retraites :

    1/ Une chronologie médiatique de la lutte contre la réforme des retraites
    Montage vidéo: Christina Firmino
    Son : Julien Brygo
    Texte : Julien Brygo

    2/ Les manifestants sont des "irresponsables"
    Son : Christina Firmino
    Texte : Julien Brygo
    Images : Bertrand Gaudillère
    3/ Les jeunes sont des "casseurs"
    Images : Bertrand Gaudillère
    Texte : Bertrand Gaudillère

    4/ Les grévistes sont des "bloqueurs"
    Montage vidéo : Christina Firmino
    Texte : Bertrand Gaudillère

    5/ Face aux "bloqueurs", l'armée...
    Images : Julien Brygo
    Texte : Julien Brygo

    6/ Face à la lutte, des médias qui n'ont pas de "partis pris"
    Son : Christina Firmino
    Texte : Julien Brygo
    Images : Bertrand Gaudillère

    à bientôt!!


    Contenu sponsorisé


    émeutes Empty Re: émeutes

    Message par Contenu sponsorisé


      La date/heure actuelle est Ven 19 Avr - 19:42