Obama dévoile un plan de 447 milliards de dollars pour l'emploi
LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 08.09.11 | 06h40 • Mis à jour le 09.09.11 | 08h12
S'adressant aux deux chambres du Congrès, dans un discours télévisé, le président américain a mis les élus du Capitole, dont ceux de la Chambre des représentants majoritairement républicaine, au défi d'approuver son train de mesures pour endiguer un taux de chômage à plus de 9 %.AP/KEVIN LAMARQUE
Barack Obama a dévoilé, jeudi 8 septembre, un plan de 447 milliards de dollars (322 milliards d'euros) pour soutenir l'emploi aux Etats-Unis – point noir de son bilan à quatorze mois de la présidentielle de 2012 – avec des baisses d'impôts et de nouvelles dépenses fédérales.
S'adressant aux deux chambres du Congrès, dans un discours télévisé, le président a mis les élus du Capitole, dont ceux de la Chambre des représentants majoritairement républicaine, au défi d'approuver son train de mesures pour endiguer un taux de chômage à plus de 9 %.
"DONNER DE LA CONFIANCE AUX ENTREPRISES"
Le principal axe de ce plan consiste en un abaissement des charges salariales et patronales pour un montant de 240 milliards de dollars. Obama propose également d'étendre l'assurance chômage, pour un coût chiffré à 49 milliards, de moderniser les écoles pour 30 milliards et d'investir dans les infrastructures de transports pour 50 milliards de dollars.
"Cela portera secours à une économie qui a marqué le pas et donnera de la confiance aux entreprises qui, si elles investissent, trouveront des clients pour leurs produits et leurs services". Très pugnace, M. Obama a à plusieurs reprises ponctué son discours de l'exclamation : "vous devez l'adopter immédiatement !".
Le président américain a également proposé de refinancer des prêts immobiliers avec les géants du crédit immobilier Fannie Mae et Freddie Mac et plaidé pour l'adoption rapide d'accords de libre-échange avec le Panama, la Colombie et la Corée du Sud. Barack Obama a promis un plan "ambitieux" de réduction des déficits qui, a-t-il toutefois assuré, n'entraînera que des "ajustements modestes" aux programmes d'assurance santé Medicaid et Medicare, auxquels les Américains sont très attachés.
Le président, qui a ferraillé avec acharnement avec les élus républicains au début de l'été pour obtenir un accord sur le relèvement du plafond de la dette et la réduction du déficit, a juré que ce nouveau plan serait "totalement financé".
CRAINTES D'UNE RÉCESSION
Le montant évoqué est à mettre en rapport avec les 787 milliards de dollars du plan de relance initial adopté au tout début de la présidence de M. Obama, en février 2009. Il s'agissait alors de tenter de surmonter les effets de la crise des crédits "subprimes" ayant éclaté à l'automne 2008, et qui s'était propagée à l'économie réelle et à l'emploi. Mais deux ans et demi plus tard, la situation sur le front du chômage, même stabilisée, reste préoccupante.
L'économie américaine a détruit autant d'emplois qu'elle en a créé en août, mettant fin à dix mois consécutifs d'embauches nettes, et le taux de chômage officiel du pays s'est maintenu à 9,1 %. Les Etats-Unis sont encore très loin d'avoir regagné les huit millions d'emplois perdus lors de la récession. Ce chiffre, conjugué à d'autres indicateurs économiques à l'orange, alimente les craintes d'une replongée dans la récession trois ans après l'éclatement de la crise du crédit, et pèsent sur les marchés.
ENTRE CRITIQUE...
Avant même le discours, les républicains se sont montrés méfiants voire hostiles aux propositions du président. Après l'allocution, ils ont redoublé de critiques. "Nous devons savoir comment cela sera payé", s'est inquiété sur la chaîne de télévision CNN le sénateur John McCain "Malheureusement la rhétorique ne remettra pas au travail une seule personne", a dit à la presse le représentant Steve Chabot. M. Chabot a indiqué que les élus examineraient le projet de loi du président, mais que "la réalité est que très peu (du projet) deviendra loi".
La représentante Michele Bachmann, candidate ultra-conservatrice à l'investiture républicaine pour l'élection présidentielle de 2012, a répondu au président dans une conférence de presse : "Le Congrès ne devrait pas seulement rejeter ce plan. Je dis : 'M. le président, arrêtez. Votre dernier plan n'a pas marché et cela fait souffrir l'économie américaine'".
... ET SCEPTICISME
Le plan présenté par le président américain a été accueilli par des critiques de certaines organisations patronales et des encouragements mêlés de scepticisme par certains syndicats d'employés. "Nous sommes déçus que le président n'ait présenté aucune idée nouvelle", a réagi un syndicat patronal de la construction, Associated Builders and Contractors dans un communiqué.
Un son de cloche semblable est venu d'une des principales organisations d'industriels, la NAM, pour qui "le président a malheureusement faux sur toute la ligne ce soir". Pour la NAM, ce que M. Obama aurait de mieux à faire pour soutenir l'emploi serait de forcer le Congrès à ratifier les accords de libre-échange.
Les réactions ont été plus positives du côté du syndicat des employés de la métallurgie (USW) pour qui le plan de M. Obama est un "outil prometteur pour ramener les gens à avoir confiance dans la volonté d'action du gouvernement pour accélérer la croissance". L'USW a appelé "les républicains à se joindre aux démocrates" et à "mettre fin à leur tactique d'obstruction et d'affrontement".
Lançant un appel similaire en des termes plus feutrés, l'America's Building Trade Unions, alliance de syndicats d'employés de la construction, a quant à elle indiqué se sentir "encouragée" par le plan de M. Obama.
Pour en savoir plus :
infographie du Wall Street Journal sur l'évolution du taux de chômage aux Etats-Unis
LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 08.09.11 | 06h40 • Mis à jour le 09.09.11 | 08h12
S'adressant aux deux chambres du Congrès, dans un discours télévisé, le président américain a mis les élus du Capitole, dont ceux de la Chambre des représentants majoritairement républicaine, au défi d'approuver son train de mesures pour endiguer un taux de chômage à plus de 9 %.AP/KEVIN LAMARQUE
Barack Obama a dévoilé, jeudi 8 septembre, un plan de 447 milliards de dollars (322 milliards d'euros) pour soutenir l'emploi aux Etats-Unis – point noir de son bilan à quatorze mois de la présidentielle de 2012 – avec des baisses d'impôts et de nouvelles dépenses fédérales.
S'adressant aux deux chambres du Congrès, dans un discours télévisé, le président a mis les élus du Capitole, dont ceux de la Chambre des représentants majoritairement républicaine, au défi d'approuver son train de mesures pour endiguer un taux de chômage à plus de 9 %.
"DONNER DE LA CONFIANCE AUX ENTREPRISES"
Le principal axe de ce plan consiste en un abaissement des charges salariales et patronales pour un montant de 240 milliards de dollars. Obama propose également d'étendre l'assurance chômage, pour un coût chiffré à 49 milliards, de moderniser les écoles pour 30 milliards et d'investir dans les infrastructures de transports pour 50 milliards de dollars.
"Cela portera secours à une économie qui a marqué le pas et donnera de la confiance aux entreprises qui, si elles investissent, trouveront des clients pour leurs produits et leurs services". Très pugnace, M. Obama a à plusieurs reprises ponctué son discours de l'exclamation : "vous devez l'adopter immédiatement !".
Le président américain a également proposé de refinancer des prêts immobiliers avec les géants du crédit immobilier Fannie Mae et Freddie Mac et plaidé pour l'adoption rapide d'accords de libre-échange avec le Panama, la Colombie et la Corée du Sud. Barack Obama a promis un plan "ambitieux" de réduction des déficits qui, a-t-il toutefois assuré, n'entraînera que des "ajustements modestes" aux programmes d'assurance santé Medicaid et Medicare, auxquels les Américains sont très attachés.
Le président, qui a ferraillé avec acharnement avec les élus républicains au début de l'été pour obtenir un accord sur le relèvement du plafond de la dette et la réduction du déficit, a juré que ce nouveau plan serait "totalement financé".
CRAINTES D'UNE RÉCESSION
Le montant évoqué est à mettre en rapport avec les 787 milliards de dollars du plan de relance initial adopté au tout début de la présidence de M. Obama, en février 2009. Il s'agissait alors de tenter de surmonter les effets de la crise des crédits "subprimes" ayant éclaté à l'automne 2008, et qui s'était propagée à l'économie réelle et à l'emploi. Mais deux ans et demi plus tard, la situation sur le front du chômage, même stabilisée, reste préoccupante.
L'économie américaine a détruit autant d'emplois qu'elle en a créé en août, mettant fin à dix mois consécutifs d'embauches nettes, et le taux de chômage officiel du pays s'est maintenu à 9,1 %. Les Etats-Unis sont encore très loin d'avoir regagné les huit millions d'emplois perdus lors de la récession. Ce chiffre, conjugué à d'autres indicateurs économiques à l'orange, alimente les craintes d'une replongée dans la récession trois ans après l'éclatement de la crise du crédit, et pèsent sur les marchés.
ENTRE CRITIQUE...
Avant même le discours, les républicains se sont montrés méfiants voire hostiles aux propositions du président. Après l'allocution, ils ont redoublé de critiques. "Nous devons savoir comment cela sera payé", s'est inquiété sur la chaîne de télévision CNN le sénateur John McCain "Malheureusement la rhétorique ne remettra pas au travail une seule personne", a dit à la presse le représentant Steve Chabot. M. Chabot a indiqué que les élus examineraient le projet de loi du président, mais que "la réalité est que très peu (du projet) deviendra loi".
La représentante Michele Bachmann, candidate ultra-conservatrice à l'investiture républicaine pour l'élection présidentielle de 2012, a répondu au président dans une conférence de presse : "Le Congrès ne devrait pas seulement rejeter ce plan. Je dis : 'M. le président, arrêtez. Votre dernier plan n'a pas marché et cela fait souffrir l'économie américaine'".
... ET SCEPTICISME
Le plan présenté par le président américain a été accueilli par des critiques de certaines organisations patronales et des encouragements mêlés de scepticisme par certains syndicats d'employés. "Nous sommes déçus que le président n'ait présenté aucune idée nouvelle", a réagi un syndicat patronal de la construction, Associated Builders and Contractors dans un communiqué.
Un son de cloche semblable est venu d'une des principales organisations d'industriels, la NAM, pour qui "le président a malheureusement faux sur toute la ligne ce soir". Pour la NAM, ce que M. Obama aurait de mieux à faire pour soutenir l'emploi serait de forcer le Congrès à ratifier les accords de libre-échange.
Les réactions ont été plus positives du côté du syndicat des employés de la métallurgie (USW) pour qui le plan de M. Obama est un "outil prometteur pour ramener les gens à avoir confiance dans la volonté d'action du gouvernement pour accélérer la croissance". L'USW a appelé "les républicains à se joindre aux démocrates" et à "mettre fin à leur tactique d'obstruction et d'affrontement".
Lançant un appel similaire en des termes plus feutrés, l'America's Building Trade Unions, alliance de syndicats d'employés de la construction, a quant à elle indiqué se sentir "encouragée" par le plan de M. Obama.
Pour en savoir plus :
infographie du Wall Street Journal sur l'évolution du taux de chômage aux Etats-Unis