Je suis actuellement serveuse en restauration traditionnelle. J’aime le contact avec la clientèle, prendre quelques minutes pour plaisanter avec eux, parler, échanger, tisser des liens avec les habitués… mais la partie cachée de l’iceberg est tellement moins reluisante.
Les heures supplémentaires sont légion, on termine à deux heures du matin parce qu’il faut redresser toutes les tables, laver le restaurant, préparer la mise en place pour le lendemain midi parce que tu renquilles évidemment le lendemain midi (l’amplitude horaire légale ? bah, on s’assoit dessus). Elles ne sont pas toutes déclarées. Je faisais beaucoup de black jusqu’à ce que j’ai l’outrecuidance, à l’approche de Noël, d’en réclamer le paiement. Mon patron devait plus de 30 heures à ma collègue, 90 heures au seul cuistot du resto, une 15aine pour moi. S’est-on mal compris? Aurais-je dû me taire et me contenter de l’absence totale d’assurance d’être payée en gardant le silence ? Le fait est que suite à cette réclamation, je me suis pris une volée de bois vert en pleine figure avec des phrases pas charmantes en pleine face, tout ça dans un style assez familier et vulgaire pour quelque chose qui au final m’était dû.
En restauration, on a pas le droit d’être crevée / malade.
Tu bosses tout le week-end en disant adieu à ta vie sociale / familiale… et ça, à mes yeux, c’est le plus dur… ne plus voir ses amis parce que tu n’as pas le droit d’être en congé le week-end (les jours où le chiffre d’affaire explose), ne pas pouvoir sortir avec son môme et son conjoint parce que t’es de service à 18H30, ne pas pouvoir prévoir ses vacances parce que c’est ton patron qui décide quand tu poses tes congés (même si lui, se prend serein des week-end, abandonne son équipe en plein service du week-end pour aller à une soirée ou papote avec ses potes au bar en nous laissant galérer en salle).
Je ne parle pas du pauvre cuistot qui est seul aux fourneaux et, dans mon cas, bosse tous les jours, fait tous les services sans pause même lorsqu’il y en a deux (matin/soir) et a toujours un statut de « second de cuisine ».
Je ne parle pas des remarques acides de mon patron quand je décline un service supplémentaire parce que j’ai malheureusement d’autres obligations « vous ne voulez pas travailler, c’est ça, hein ? » et de ses discussions avec son épouse que je surprends (bien que j’estime être une bonne serveuse, ils peuvent pas m’encaisser et se lâchent à voix basse… pas de bol, je ne suis pas la seule serveuse et tout se sait).
Je ne parle pas du raciste crade dont il fait preuve à l’égard de clients musulmans… allant jusqu’à planquer des lardons dans les plats ou en leur vendant des cannelés en assurant qu’il n’y a pas d’alcool dedans en ricanant sous cape ou du mépris qu’il affiche pour certains clients (les petits vieux qui ont besoin de parler aux serveuses parce que peut-être ils vivent seuls, les couples de jeunes qui ne dépensent pas beaucoup, les gens qui ont une apparence différente ou un look excentrique).
Mon patron ne paie plus le RSI et s’en vante. Il blacke certaines tables payées en espèces et se met tout dans la poche. Je l’ai surpris à vider la tirelire à pourboires de ses euros (en ne laissant que les centimes) pour pouvoir partir en soirée en nous abandonnant en plein service. Je ne l’ai jamais entendu nous féliciter une seule fois après un service gras, velu et épuisant où on a assuré malgré tout. Parce que oui, il a une putain d’équipe efficace mais ne semble pas mesurer sa chance.
Il part en week-end, en vacances, laissant le resto tourner sans sa présence. C’est fréquent que les serveuses soient les dernières à partir… à 2H du matin… n’importe quel taré qui a envie de se faire une caisse peut remarquer ceci et on aurait l’air bien malignes ma collègue et moi. Bon sang… même les équipiers chargés des closes du McDo ne se retrouvent jamais seuls en fin de service.
Je sais qu’il a broyé un serveur avant mon embauche, un pauvre gars qui en chialait dans les toilettes. Je l’ai vu broyer une serveuse qui était en essai. Je peux comprendre qu’en plein rush on n’ai pas le temps d’être diplomate mais rassurer son employée en lui présentant non pas des excuses (il est trop fier pour ça) mais juste une explication après le service, ça ne coûte rien et ça fait du bien.
Tout le monde est en CDI pour qu’il n’ait pas à payer la prime de précarité de fin de CDD… Je devrais m’en réjouir, un CDI çaylebien mais en réalité, je me retrouve piégée / coincée dans un boulot qui commence à me ronger le moral avec l’incapacité de démissionner parce que je perdrais tout, j’ai une famille à nourrir et des frais à gérer.
Je suis fatiguée quand j’arrive au restau, j’en ai déjà ras le bol avant même l’arrivée des clients, je bousille une paire de chaussures par mois parce que j’ai des cors aux pieds monstrueux que je ne veux pas soigner par crainte d’un arrêt de travail et des conséquences. Je flippe à l’idée de voir la femme de mon patron débarquer au début du service parce que, bien qu’elle ne fasse pas partie du personnel, elle se comporte comme si c’était le cas (allant jusqu’à faire des remarques sur nos tenues vestimentaires). Le restau devient mon seul sujet de conversation plombant mon couple (mon conjoint en a ras le cul de m’entendre parler que de mon boulot). J’ai les nerfs à fleur de peau, je pleure pour des broutilles quand je suis chez moi. J’ai un petit garçon surdoué qui a soif de découvertes que je ne peux malheureusement pas toujours assouvir puisque tous mes week-ends sont consacrés au restau.
http://www.onvautmieux.fr/2016/03/29/serveuse-en-restauration-traditionnelle
Les heures supplémentaires sont légion, on termine à deux heures du matin parce qu’il faut redresser toutes les tables, laver le restaurant, préparer la mise en place pour le lendemain midi parce que tu renquilles évidemment le lendemain midi (l’amplitude horaire légale ? bah, on s’assoit dessus). Elles ne sont pas toutes déclarées. Je faisais beaucoup de black jusqu’à ce que j’ai l’outrecuidance, à l’approche de Noël, d’en réclamer le paiement. Mon patron devait plus de 30 heures à ma collègue, 90 heures au seul cuistot du resto, une 15aine pour moi. S’est-on mal compris? Aurais-je dû me taire et me contenter de l’absence totale d’assurance d’être payée en gardant le silence ? Le fait est que suite à cette réclamation, je me suis pris une volée de bois vert en pleine figure avec des phrases pas charmantes en pleine face, tout ça dans un style assez familier et vulgaire pour quelque chose qui au final m’était dû.
En restauration, on a pas le droit d’être crevée / malade.
Tu bosses tout le week-end en disant adieu à ta vie sociale / familiale… et ça, à mes yeux, c’est le plus dur… ne plus voir ses amis parce que tu n’as pas le droit d’être en congé le week-end (les jours où le chiffre d’affaire explose), ne pas pouvoir sortir avec son môme et son conjoint parce que t’es de service à 18H30, ne pas pouvoir prévoir ses vacances parce que c’est ton patron qui décide quand tu poses tes congés (même si lui, se prend serein des week-end, abandonne son équipe en plein service du week-end pour aller à une soirée ou papote avec ses potes au bar en nous laissant galérer en salle).
Je ne parle pas du pauvre cuistot qui est seul aux fourneaux et, dans mon cas, bosse tous les jours, fait tous les services sans pause même lorsqu’il y en a deux (matin/soir) et a toujours un statut de « second de cuisine ».
Je ne parle pas des remarques acides de mon patron quand je décline un service supplémentaire parce que j’ai malheureusement d’autres obligations « vous ne voulez pas travailler, c’est ça, hein ? » et de ses discussions avec son épouse que je surprends (bien que j’estime être une bonne serveuse, ils peuvent pas m’encaisser et se lâchent à voix basse… pas de bol, je ne suis pas la seule serveuse et tout se sait).
Je ne parle pas du raciste crade dont il fait preuve à l’égard de clients musulmans… allant jusqu’à planquer des lardons dans les plats ou en leur vendant des cannelés en assurant qu’il n’y a pas d’alcool dedans en ricanant sous cape ou du mépris qu’il affiche pour certains clients (les petits vieux qui ont besoin de parler aux serveuses parce que peut-être ils vivent seuls, les couples de jeunes qui ne dépensent pas beaucoup, les gens qui ont une apparence différente ou un look excentrique).
Mon patron ne paie plus le RSI et s’en vante. Il blacke certaines tables payées en espèces et se met tout dans la poche. Je l’ai surpris à vider la tirelire à pourboires de ses euros (en ne laissant que les centimes) pour pouvoir partir en soirée en nous abandonnant en plein service. Je ne l’ai jamais entendu nous féliciter une seule fois après un service gras, velu et épuisant où on a assuré malgré tout. Parce que oui, il a une putain d’équipe efficace mais ne semble pas mesurer sa chance.
Il part en week-end, en vacances, laissant le resto tourner sans sa présence. C’est fréquent que les serveuses soient les dernières à partir… à 2H du matin… n’importe quel taré qui a envie de se faire une caisse peut remarquer ceci et on aurait l’air bien malignes ma collègue et moi. Bon sang… même les équipiers chargés des closes du McDo ne se retrouvent jamais seuls en fin de service.
Je sais qu’il a broyé un serveur avant mon embauche, un pauvre gars qui en chialait dans les toilettes. Je l’ai vu broyer une serveuse qui était en essai. Je peux comprendre qu’en plein rush on n’ai pas le temps d’être diplomate mais rassurer son employée en lui présentant non pas des excuses (il est trop fier pour ça) mais juste une explication après le service, ça ne coûte rien et ça fait du bien.
Tout le monde est en CDI pour qu’il n’ait pas à payer la prime de précarité de fin de CDD… Je devrais m’en réjouir, un CDI çaylebien mais en réalité, je me retrouve piégée / coincée dans un boulot qui commence à me ronger le moral avec l’incapacité de démissionner parce que je perdrais tout, j’ai une famille à nourrir et des frais à gérer.
Je suis fatiguée quand j’arrive au restau, j’en ai déjà ras le bol avant même l’arrivée des clients, je bousille une paire de chaussures par mois parce que j’ai des cors aux pieds monstrueux que je ne veux pas soigner par crainte d’un arrêt de travail et des conséquences. Je flippe à l’idée de voir la femme de mon patron débarquer au début du service parce que, bien qu’elle ne fasse pas partie du personnel, elle se comporte comme si c’était le cas (allant jusqu’à faire des remarques sur nos tenues vestimentaires). Le restau devient mon seul sujet de conversation plombant mon couple (mon conjoint en a ras le cul de m’entendre parler que de mon boulot). J’ai les nerfs à fleur de peau, je pleure pour des broutilles quand je suis chez moi. J’ai un petit garçon surdoué qui a soif de découvertes que je ne peux malheureusement pas toujours assouvir puisque tous mes week-ends sont consacrés au restau.
http://www.onvautmieux.fr/2016/03/29/serveuse-en-restauration-traditionnelle