On apprend dès les premières classes
“Le masculin l’emporte sur le féminin”. S’il s’agit d’une règle de grammaire basique, c’est la première fois que nous nous sommes insurgées à l’école (il n’est jamais trop tôt). Elle sous-entend que le masculin est la définition et le féminin l’exception. Elle nie aussi la présence de personnes qui ne s’identifieraient pas dans l’une ou l’autre des deux catégories. Si on fait le calcul, c’est plus de la moitié de la population qui se voit invisibilisée par le langage.Ecrire n’est pas anodin, et nous en sommes conscientes.
QUAND ECRIRE DEVIENT UN ACTE MILITANT
L’écriture inclusive est une règle d’écriture qui vise à rendre neutre le langage du point de vue du genre. Outil militant, il permet d’utiliser le langage comme processus d’inclusion. Pour reprendre les mots de Michel Foucault : « Le discours n’est pas simplement ce qui traduit les luttes ou les systèmes de domination, mais ce pour quoi, ce par quoi on lutte, le pouvoir dont on cherche à s’emparer ».
GO HUBERTINE
Les questionnements sur le langage inclusif ne datent pas d’hier. Dès 1898, Hubertine Auclert demandait si, pour faire pendant à l’Académie Française, « une élite féminine ne pourrait pas […] constituer une Assemblée pour féminiser les mots de notre langue, rectifier et compléter le dictionnaire, faire enfin que le genre masculin ne soit plus regardé, dans la grammaire, comme le genre le plus noble. […] L’omission du féminin dans le dictionnaire contribue, plus qu’on ne croit, à l’omission du féminin dans le code (côté des droits) » (Le Radical, 18 avril 1898).
Le gouvernement s’est exprimé en 1984 en faveur de « la féminisation des titres et fonctions et, d’une manière générale, le vocabulaire concernant les activités des femmes ». Pas mal, hein ? Mais c’était sans compter sur l’Académie française. Cette institution jeune et vaillante s’oppose à cette tendance en 1984 puis en 2002 : “L’instauration progressive d’une réelle égalité entre les hommes et les femmes dans la vie politique et économique rend indispensable la préservation de dénominations collectives et neutres, donc le maintien du genre non marqué chaque fois que l’usage le permet. Le choix systématique et irréfléchi de formes féminisées établit au contraire, à l’intérieur même de la langue, une ségrégation qui va à l’encontre du but recherché.”
Donc pour l’Académie le masculin est neutre. Retour à la case départ.
MAIS CA NE SONNE PAS BIEN !
La pratique du langage non sexiste est souvent critiquée. Pour son illisibilité d’abord et sa “mocheté”. Plus profondément, le langage épicène est aussi critiqué parce qu’il insisterait sur les inégalités et aurait un effet victimisant. Et si ce n’était qu’une question d’habitude ?
ET EN PRATIQUE ?
Il y a plusieurs méthodes pour l’écriture inclusive et la plupart sont beaucoup plus simples à mettre en oeuvre que l’on peut croire :
La plus simple et celle que nous appliquons dans Les Glorieuses : l’emploi de termes épicènes, c’est-à-dire prenant la même forme aux deux genres ou pouvant désigner aussi bien des femmes que des hommes : parler d’« élèves du lycée » plutôt que de « lycéens », de « personnalité politique » plutôt que d’« homme politique ».
La typographie incluante, avec le point médian (et pour tout·es cell·eux qui se demandent, pour le faire sur un clavier c’est : “Alt + Maj + . ”)
Accorder en genre les noms de fonctions, grades, métiers et titres : “La docteure, l’auteure, etc.”
Utiliser les nouvelles morphologies linguistiques (comme nous l’avons fait dans cette newsletter).
http://lesglorieuses.fr/masculin-ne-lemportait-pas-feminin/
“Le masculin l’emporte sur le féminin”. S’il s’agit d’une règle de grammaire basique, c’est la première fois que nous nous sommes insurgées à l’école (il n’est jamais trop tôt). Elle sous-entend que le masculin est la définition et le féminin l’exception. Elle nie aussi la présence de personnes qui ne s’identifieraient pas dans l’une ou l’autre des deux catégories. Si on fait le calcul, c’est plus de la moitié de la population qui se voit invisibilisée par le langage.Ecrire n’est pas anodin, et nous en sommes conscientes.
QUAND ECRIRE DEVIENT UN ACTE MILITANT
L’écriture inclusive est une règle d’écriture qui vise à rendre neutre le langage du point de vue du genre. Outil militant, il permet d’utiliser le langage comme processus d’inclusion. Pour reprendre les mots de Michel Foucault : « Le discours n’est pas simplement ce qui traduit les luttes ou les systèmes de domination, mais ce pour quoi, ce par quoi on lutte, le pouvoir dont on cherche à s’emparer ».
GO HUBERTINE
Les questionnements sur le langage inclusif ne datent pas d’hier. Dès 1898, Hubertine Auclert demandait si, pour faire pendant à l’Académie Française, « une élite féminine ne pourrait pas […] constituer une Assemblée pour féminiser les mots de notre langue, rectifier et compléter le dictionnaire, faire enfin que le genre masculin ne soit plus regardé, dans la grammaire, comme le genre le plus noble. […] L’omission du féminin dans le dictionnaire contribue, plus qu’on ne croit, à l’omission du féminin dans le code (côté des droits) » (Le Radical, 18 avril 1898).
Le gouvernement s’est exprimé en 1984 en faveur de « la féminisation des titres et fonctions et, d’une manière générale, le vocabulaire concernant les activités des femmes ». Pas mal, hein ? Mais c’était sans compter sur l’Académie française. Cette institution jeune et vaillante s’oppose à cette tendance en 1984 puis en 2002 : “L’instauration progressive d’une réelle égalité entre les hommes et les femmes dans la vie politique et économique rend indispensable la préservation de dénominations collectives et neutres, donc le maintien du genre non marqué chaque fois que l’usage le permet. Le choix systématique et irréfléchi de formes féminisées établit au contraire, à l’intérieur même de la langue, une ségrégation qui va à l’encontre du but recherché.”
Donc pour l’Académie le masculin est neutre. Retour à la case départ.
MAIS CA NE SONNE PAS BIEN !
La pratique du langage non sexiste est souvent critiquée. Pour son illisibilité d’abord et sa “mocheté”. Plus profondément, le langage épicène est aussi critiqué parce qu’il insisterait sur les inégalités et aurait un effet victimisant. Et si ce n’était qu’une question d’habitude ?
ET EN PRATIQUE ?
Il y a plusieurs méthodes pour l’écriture inclusive et la plupart sont beaucoup plus simples à mettre en oeuvre que l’on peut croire :
La plus simple et celle que nous appliquons dans Les Glorieuses : l’emploi de termes épicènes, c’est-à-dire prenant la même forme aux deux genres ou pouvant désigner aussi bien des femmes que des hommes : parler d’« élèves du lycée » plutôt que de « lycéens », de « personnalité politique » plutôt que d’« homme politique ».
La typographie incluante, avec le point médian (et pour tout·es cell·eux qui se demandent, pour le faire sur un clavier c’est : “Alt + Maj + . ”)
Accorder en genre les noms de fonctions, grades, métiers et titres : “La docteure, l’auteure, etc.”
Utiliser les nouvelles morphologies linguistiques (comme nous l’avons fait dans cette newsletter).
http://lesglorieuses.fr/masculin-ne-lemportait-pas-feminin/