LIBRE DISCUSSION DANS LES COULISSES DE DEMAIN

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    Message par Rabasse du sud Sam 19 Avr - 11:08

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    Message par jeffe Sam 19 Avr - 11:11

    Tu es le roi du collage d'image, cher "Truffe du sud".
    En aurais-tu était privé dans ta tendre enfance ?
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    Message par Rabasse du sud Sam 19 Avr - 11:36

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    Message par jeffe Sam 19 Avr - 13:29

    Sympa, c'est de toi ?
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    Message par Rabasse du sud Sam 19 Avr - 13:39

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    Message par ecotone Lun 21 Avr - 15:10

    bye a écrit:Cacophonie gouvernementale ou tourbillon médiatique
    ...

    ... Lire la suite de cet article inédit de Martine BULARD :

    http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2008-04-18-Social


    Mon cher Bye, presque tu aurais pu mettre aussi ton article derrière celui de Résistance...
    À chaque fois qu'un bruit médiatique se fait entendre, ils font diversion, et quand le calme revient, des éléments ont disparus!!!
    Tout ce tient, ce que dénonce là le monde est en route depuis longtemps, comment les gens ne se rendent-ils toujours pas compte que ce n'est que la continuité...
    Derrière des mots comme "modernité", se trament des changement radicaux, la RÉGRESSION SOCIALE.
    La précarité généralisée, le partage de misère.
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    Message par jeffe Lun 21 Avr - 16:48

    Y aurait-il dans l'air du temps, anniversaire oblige, un mot composé qui pour l'instant ne fleurit nul part mais dès sa première apparition, comme une fleur au printemps qui ferait éclore toutes les autres, remettrait un vieux dicton au gout du jour:
    Au mois de Mai..............
    Spoiler:
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    Message par Rabasse du sud Lun 21 Avr - 16:57

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    Message par Rabasse du sud Lun 21 Avr - 16:59

    Monde Diplo - Page 4 Muguet
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    Message par ecotone Lun 21 Avr - 17:23

    jeffe a écrit:Y aurait-il dans l'air du temps, anniversaire oblige, un mot composé qui pour l'instant ne fleurit nul part mais dès sa première apparition, comme une fleur au printemps qui ferait éclore toutes les autres, remettrait un vieux dicton au gout du jour:
    Au mois de Mai..............
    Spoiler:


    Chutttttt....... T'as un chapeau et des lunette noires????
    Regarde
    Nous ne sommes encore qu'en comité restreint, mais il y a encore des fauteuils, le café coule!!!
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    Message par ecotone Lun 21 Avr - 17:34

    Rabasse du sud a écrit:Monde Diplo - Page 4 Muguet



    Ah! Oui, Rabasse!

    Et bientôt la couleur "secrête"


    jeffe a écrit:Y aurait-il dans l'air du temps, anniversaire oblige,....

    Au mois de Mai..............
    Spoiler:


    On va appeler Bye qu'il nous lise quelques poèmes colorés.... Expert en couleurs.

    Vivement le joyeux anniversaire du Muguet!
    bye
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    Message par bye Lun 21 Avr - 20:05

    On ferme!
    Cri du coeur des gardiens du musée homme usé
    Cri du coeur à greffer
    à rafistoler
    Cri d'un coeur exténué
    On ferme!
    On ferme la Cinémathèque et la Sorbonne avec
    On ferme!
    On verrouille l'espoir
    On cloître les idées
    On ferme!
    ORTF bouclée
    Vérités séquestrées
    jeunesse bâillonnée
    On ferme!
    Et si la jeunesse ouvre la bouche
    par la force des choses
    par les forces de l'ordre
    on la lui fait fermer
    On ferme!
    Mais la jeunesse à terre
    matraquée piétinée
    gazée et aveuglée
    se relève pour forcer les grandes portes ouvertes
    les portes d'un passé mensonger
    périmé
    On ouvre!
    On ouvre sur la vie
    la solidarité
    et sur la liberté de la lucidité.

    Jacques Prévert Mai 1968

    La liberté, c'est ce cours d'eau
    qui vient passer sur ta maison.
    Tous les gens de la rue y puisent à pleins seaux.
    Les filles fatiguées y viennent se baigner
    le soir, quand la sirène ouvre les ateliers.
    Et l'on y lave, aussi, les vestes de travail.

    Je te regarde face à face
    et je vois l'eau du fleuve
    aux hublots de tes yeux.

    Tu t'en vas sur le fleuve,
    avec le fleuve, vers la mer.
    Je viens, nous venons tous, nous nageons près de toi,
    écume du sillage ou feuilles emportées
    frôlés de poissons d'or, survolés d'éperviers.

    C'est un fleuve sans rive et notre foule s'y perdra,
    se fondra, fraternelle, à celles de partout.

    Demain, ceux qui vivront trouveront naturel
    d'être au large, au soleil, sur la mer Liberté.

    Madeleine Riffaud. A Paul Eluard



    Le whisky avait dénoué ses cheveux sales
    et flottait sur la force des fusils
    la carapace des tanks
    et les jurons du juge

    O jour non lagunaire
    plus têtu que le boeuf du pays Baoulé
    qui a dit que l'Afrique dort
    que notre Afrique se cure la gorge
    mâche du kola boit de la bière de mil et se
    rendort

    la TSF du gouverneur avait colporté ses mensonges
    amassé le fiel dans sa poche à fiel des journaux
    c'était l'an 1950 au mois de février
    qui dans le vocabulaire des gens d'ici s'appellera
    la saison du soleil rouge

    Cavally Sassandra Bandama
    petits fleuves au mauvais nez qui à travers vase et pluie
    d'un museau incertain cherchez
    petits fleuves au ventre gros de cadavres
    qui a dit que l'Afrique se terre frissonne
    à l'harmattan a peur et se rendort

    Histoire je conte l'Afrique qui s'éveille
    les hommes
    quand sous la mémoire hétéroclite des chicotes
    ils entassèrent le noir feu noué
    dont la colère traversa comme un ange
    l'épaisse nuit verte de la forêt

    Histoire je conte
    l'Afrique qui a pour armes
    ses poings nus son antique sagesse sa raison toute nouvelle
    Afrique tu n'as pas peur du combat tu sais
    mieux que tu n'as jamais su tu regardes
    les yeux dans les yeux des gouverneurs de proie
    des banquiers périssables

    belle sous l'insulte Afrique et grande de ta haute conscience
    et si certain le jour
    quand au souffle des hommes les meilleurs aura disparu
    la tsé-tsé colonialiste

    Aimé césaire le temps de la liberté

    Princes, qui tenez les tresgrans Estatz
    Sans regarder la façon et maniere,
    Vous courroucez tant de gens en ung tas
    Que par vous va ce que devant derrière.
    Pource maintenez par raison droicturiere.

    Car en ce printemps et nouvelle saison
    Les vers manteaulx en feront la raison.
    Que pensés vous? Prenés vous voz esbatz
    A mettre sus une telle matière?

    Par ce moyen vous forgez grans debatz
    Qui dureront au moins l'année entiere.
    Et vous dis bien, se ce temps dure guere
    Et Dieu recoipt de chascun l'oraison,
    Les vers manteaulx en feront la raison.

    Vous faites tant de gens crier helas,
    En haulte voix faisant a Dieu priere,
    Qu'ensemble vous puissiez descendre en bas
    Au puis d'enfer, la teste la première!
    Car aussi bien, s'on met aux champs baniere
    Ce temps d'iver, vous verrés qu'a saison
    Les vers manteaulx en feront la raison.

    Prince, regarde a qui baillié tu as
    Toute la charge de ta noble maison,
    En pense bien comment garder te pourras;
    Les vers manteaulx en feront la raison.

    Guillaume Coquillart ( 1421-1490 ) Balade contre les princes
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    Message par Rabasse du sud Lun 21 Avr - 22:45

    merci bye, vraiment super!
    c'est du prévert
    c'est du césaire
    à tomber, par terre !?
    à monter en l'air !?
    et coquillart c'est bonnard !?



    Journaliste,féministe, Iranienne...conséquences...


    TEHERAN, 21 avr 2008 (AFP) - Une journaliste et militante féministe iranienne, Nasrin Afzali, a été condamnée à une peine de six mois de prison et 10 coups de fouet avec sursis pour "trouble à l'ordre public", a rapporté lundi le quotidien Etemad Melli.
    Nasrin Afzali a été reconnue coupable de "trouble à l'ordre public pour avoir participé à un rassemblement en mars 2007 devant le tribunal révolutionnaire de Téhéran", qui devait juger d'autres féministes, a déclaré son avocat Mohammad Mostaphaie, cité par le quotidien.
    "Cette peine a été prononcée alors que ma cliente a affirmé qu'elle se trouvait devant le tribunal révolutionnaire en tant que journaliste pour couvrir le procès de cinq féministes qui avaient participé à un rassemblement en juin 2006", a ajouté son avocat.
    Cette peine est assortie d'un sursis de deux ans.
    Les autorités iraniennes ont arrêté ces derniers temps plusieurs militantes féministes, dont certaines sont toujours en prison.
    Mme Afzali est aussi membre du Bureau de consolidation de l'unité, une organisation réformiste étudiante.
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    Message par bye Mar 3 Juin - 9:42

    37 pays sont menacés de crise alimentaire, selon l'Organisation des nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture ( FAO ), qui organise un sommet spécial en juin à Rome. Les instances internationales s'attendent au pire: multiplication des émeutes ( qui ont fait déjà plusieurs morts dans le Sud ) et pénurie touchant des millions de personnes. Des secours financiers sont annoncés, dérisoires au regard des besoins. Et la question du role de l'agriculture dans le développement est posée.

    par Dominique Baillard, journaliste à RFI.

    Emeutes contre "la vie chère" au Burkina Faso et au Cameroun, manifestations contre la hausse du prix du pain à Dakar ( Sénégal ),..Les populations africaines subissent les conséquences de la hausse des prix mondiaux des céréales. Le cours du prix importé d'Asie enfle dangereusement, alors que ceux des autres grains battent tous les records sur les marchés américains.

    En ce début de millénaire, la sécurité alimentaire redevient un sujet de préoccupation, y compris dans les pays industrialisés. Des observateurs, tels Jean Ziegler, jusqu'à récemment rapporteur spécial des nations Unies pour le droit à l'alimentation, évoquent la crainte de famines dans l'ouest du continent noir ( lire "réfugiés de la faim", www.monde-diplomatique.fr/2008/03/ZIEGLER/15658 ).Même au royaume-uni, où l'agriculture fut sacrifiée sur l'autel de la révolution industrielle ( entre 1770 et 1870, la part de ce secteur dans le revenu national est passée de 45 % à 14 % ), le département chargé des affaires rurales, de l'alimentation et de l'environnement s'est ému des dangers pesant sur la sécurité alimentaire dans une étude parue en décembre 2006 ( http://statistics.defra.gov.uk/reports/foodsecurity/default.asp.avec la flambée des matières premières agricoles, la sécurité alimentaire devient un thème récurrent dans les interventions des responsables politiques britanniques. Jenny Wiggins et Javier Blas, "expensive tastes: Rising costs force food up the political agenda", Financial times, Londres, 24 octobre 2007).

    A peine 1 an plus tard, la rue s'enflamme contre la vie chère, non pas à Londres, mais dans les villes de l'hémisphère Sud, où l'on dépend aussi des importations pour se nourrir. mais avec un revenu sans commune mesure avec celui des Britanniques. entre-temps, les prix - lait, huile, riz ou blé - ont explosé. Et c'est sur le marché des céréales que la flambée se révèle la plus spectaculaire.
    Durant l'été 2007, au moment où les agriculteurs de l'hémisphère Nord moissonnent, les cours font la culbute: à la chambre de commerce de Chicago, la référence pour le commerce mondial des graines, le cours du blé passe de 200 dollars ( 126 euros ) à 400 dollars ( 252 euros ) la tonne entre mai et septembre. Même scénario à Paris, où le blé meunier atteint un sommet au début du mois de septembre: 300 euros la tonne. A la mi-mars 2008, lorsque les Etats-Unis ont quasiment épuisé leurs capacités d'exportation, les prix montent encore. Le boisseau ( 27 kilos ) dépasse le niveau symbolique des 13 dollars. Un record historique. En 1 an, le blé a augmenté de 130 % sur le marché à terme américain.
    Pris au dépourvu, minotiers, fabricants de pâtes ou d'aliments destinés au bétail protestent vivement dans els pays développés; depuis plusieurs années, on observe un décalage entre l'offre et la demande. Les stocks finaux - ce qui reste dans les silos des apys prodicteurs avant le début des moissons - se contractent tandis que la demande s'accroît; le marché ne se régule plus par l'accroissement de l'offre mais par le recours aux réserves accumulées dans les grands payx exportateurs.

    Des bénéfices astronomiques

    Cet équilibre précaire se rompt en 2007 sous l'effet de 2 évènements: d'une part, la hausse de la demande générée par le boom des agrocarburants; d'autre part, de mauvaises récoltes dûes aux aléas climatiques. 2 phénomènes qui portent à leur paroxysme, les tensions causées par la demande croissante des pays émergents comme la Chine. Le 1° phénomène absorbe 10 % de la production mondiale de maïs. mais il n'est que partiellement responsable de la hausse spectaculaire des prix des céréales car les Américains, les principaux fabricants d'agrocarburants concernés, ont dopé leur production de maïs pour répondre à cette nouvelle demande.

    Le second facteur a joué un rôle déterminant en 2007; la sècheresse en Australie, le manque de soleil et le trop-plein d'eau en Europe, enfin le gel en Argentine ont anémié la production. On est loin de la pénurie, mais dans les salles de marché où la ligne des stocks finaux constitue le principal horizon des décisions de vente ou d'achat, leur baisse substantielle a favorisé la baisse des cours tout au long de la campagne.

    Le blé est consommé à peu près partout. Ses propriétés physiques en font l'unique céréale panifiable: elle est irremplaçable pour fabriquer du pain, des pâtes ou de la semoule. C'est de loin la céréale la plus échangée - 1/5 de la production mondiale circule d'un continent à l'autre - mais sa production à destination du marché mondial est l'apanage d'une poignée de pays, les Etats-Unis, certains pays de l'Union Européenne, l'Australie, le Canada et l'Argentine étant les plus grands exportateurs.

    La croissance économique des pays émergents, couplée à leur urbanisation, a modifié en profondeur la comportement alimentaire de l'humanité: on mange plus, et surtout plus de vainde. Les chinois, par exemple, en consomment 5 fois plus en 2005 qu'en 1980. Or, il faut 3 kilos de grain pour produire 1 kilo de volaille, et plus du double pour obtenir 1 kilo de boeuf. Les céréales fourragères tout comme les oléagineux font partie du menu quotidien du bétail.

    Avec l'augmentation de la population mondiale te l'élévation du niveau de vie dans les pays émergents, la demande solvable en céréales croît inexorablement. Les exportations mondiales de blé ont été multipliées par 3 entre 1960 et le début des années 2000. L'Egypte, ancien grenier à blé de la Rome antique, en est à présent le 1° importateur. Sur le pourtour méditerranéen, comme en Afrique subsaharienne, l'accroissement des importations à bon marché pendant des décennies d'abondance a asphyxié l'agriculture locale. la facture alimentaire de ces pays est devenue exorbitante. dans le rapport de l'organisation des nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture FAO ), publié en juin 2007, l'économiste Adam Prakash estime que le panier d'importations alimentaires coûtera en moyenne 90 % de plus qu'en 2000 pour les pays les moins avancés. Quelques mois plus tard, le 9 novembre 2007, les experts de l'agence des Nations Unies enfoncent le clou: dans une conférence de presse tenue à Dakar, M.Henri Josserand, chef du service mondial d'informations et d'alertes rapides à la FAO, considère qu'entre 2006 et 2007, la facture alimentaire a crû d'1/3 pour les pays africains, voire de 50 % pour les plus dépendants.
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    Message par bye Mar 3 Juin - 9:43

    Comment le marché mondial des céréales s'est emballé ( suite )

    Les grands pays exportateurs sont les premiers bénéficiaires de la situation. Les Etats-Unis en tête, enregistrent un revenu agricole record à l'exportation: 85 milliards de dollars ( 53 milliards d'euros ) en 2007. Selon les estimations du département américain à l'agriculture, le cru 2008 paraît encore plus prometteur. En France, les céréaliers ont doublé leur revenu. Plus discrètes, les granndes maisons de négoce enregistrent des bénéfices astronomiques.

    A l'autre bout de la chaîne, dans les pays en voie de développement importateurs nets, la colère gronde. Des émeutes ont éclaté au mexique, au Sénégal, au Maroc, en Mauritanie. dans ces pays, l'agriculture locale ne couvre aps les besoins. Or, si la hausse du panier de la ménagère est supportable dans les économies développées, où l'alimentation ne représente plus que 14 % des dépenses, elle devient ingérable dans les pays d'Afrique subsaharienne, où l'on y consacre 60 % du revenu.

    Affectés par l'inflation de l'alimentation, les pays émergents et traditionnellement exportateurs ont érigé des barrières pour maintenir les pays locaux à un niveau abordable. L'Argentine ( En argentine, à mi-mars, le gouvernement de Mme Cristina Fernandez de Kirchner a annoncé l'augmentation de près de 9 % de l'impôt sur les exportations de soja, de tournesol , de maïs et de blé. Estimant que l'augmentation des prix du soja ( 70 % en 2007 ), justifie cette hausse, il entend l'utiliser pour redistribuer les richesses envers les secteurs les plus pauvres. La mesure a provoqué 2 semaines de grève des grands propriétaires et des agriculteurs, entraînant une pénurie organisée d'aliments dans les villes ) et la Russie ont imposé des taxes à l'exportation ainsi qu'un encadrement des volumes expédiés. Une fois répercutées sur le marché mondial, ces mesures ont encore accru les tensions.

    Les pays les plus exposés, les importateurs nets, ont recours aux subventions lorsque les finances le permettent. En septembre dernier, au maroc, l'augmentation du prix du pain décidée par le syndicat des boulangers a provoqué de violentes manifestations dans plusieurs villes. Craignant que la colère de la rue ne vire à l'émeute, le gouvernement a préféré annuler l'augmentation et suspendre plusieurs taxes sur l'importation du blé pour soulager les minotiers. le gouvernement tunisien a même demandé aux boulangers de réduire le poids du pain pour éviter d'en augmenter le prix.

    D'après l'économe Marc Dufumier, une famine peut éclater au moindre incident climatique.Elle sera d'autant plus difficile à juguler que les stocks de l'aide alimentaire mondiale s'amenuisent dangereusement. " Lorsque les prix du blé montent, l'aide alimentaire s'estompe, fait remarquer cet expert en agriculture comparée. La générosité des pays du Nord s'exprime quand ils disposent de surplus. L'aide fait baisser les stocks et contribue à soutenir les prix chez eux. mais dès que les prix s'envolent, ils vendent à qui exprime une demande solvable". Les chiffres publiés par le Conseil Internationbal des céréales le confirment: au cours de l'exercice 2005-2006, 8,3 millions de tonnes de graines ont été expédiées au titre de l'aide alimentaire; 7,4 millions seulement en 2006-2007. L'aide devrait tomber à 6 millions de tonnes pour la campagne qui s'achève.

    Les "émeutes de la faim " ne sont pas près de s'éteindre; tant que l'offre ne satisfera pas la demande, les prix continueront à grimper. Pour inverser la tendance, les gouvernements pourraient en appeler à " l'impératif de la consommation citoyenne ", comme le suggère un éditorialiste tunisien ( Larbi Chennaoui, La Presse de Tunisie, Tunis, novembre 2007 ), et demander à la population de manger moins de couscous, moins de pain et surtout moins de viande.L'injonction a peu de chances de recueillir un écho favorable dans les pays où le menu quotidien commence à s'améliorer. Sans parler de ceux, qui, jusque-là, n'y ont pas accès.

    En Chine par exemple, le ministère de la Santé encourage les femmes à consommer des produits lactés pour absorber plus de calcium. Or, qui dit lait, dit bétail..et cargos de tourteaux de céréales pour nourrir le cheptel. La demande va selon toutes probabilités s'amplifier dans les années à venir.

    Il faut aussi compter avec le phénomène spéculatif. " Soyez un acteur de la volatilité des marchés agricoles. Ne restez pas spectateur, informez-vous", lançait, à l'automne 2007, Financeagri, une société française d'informations spécialisées en matières premières agricoles, dans un courriel adressé à tous les intervenants de la filière. Cette offre commerciale illustre la révolution en cours sur les marchés à termes agricoles: initialement créés pour couvrir le risque de variation de prix, ils sont devenus des terrains de chasse, appréciés par tous les spéculateurs, qu'ils soient réguliers comme les investisseurs et les négociants ou occasionnels , comme les agriculteurs. L'arrivée des premiers a bouleversé les cotations en alimentant la volatilité des cours.

    Les indices agricoles, qui répercutent l'évolution des cours, font un tabac auprès des fonds d'investissements. Entre la fin du 1° trimestre et la fin du 4° trimestre 2007, c'est-à-dire du moment où les marchés de céréales se sont en volés, le volume des capitaux gérés par les fonds d'investissements côtés ( ETF dans le jargon de la finance ) sur les produits agricoles européens a quintuplé. Il est passé de 156 millions de dollars ( 99 millions d'euros ) à 911 millions ( 583 millions d'euros ) selon la Barcap ( filiale de la banque britannique Barclays spécialisée dans l'investissement . selon la même source, l'encours des fonds placés sur les marchés agricoles américains a fait un bond encore plsu grand: il a été multiplié par 7 entre le 1° et le dernier trimestre de l'année 2007.

    L'accroissement d'une population de plus en plus gourmande et carnassière et la sous-évaluation des produits agricoles par rapport aux autres matières premières pourraient installer la flambée des produits agricoles dans la durée. Si les marchés des métaux et de l'énergie sont en effervescence depuis 5 ans, pour les produits agricoles ce n'est que le début. Un autre facteur a séduit les investisseurs: la convergence entre le prix des produits énergétiques et celui des céréales destinées à l'industrie des agrocarbuants. Dans cette atmosphère euphorique, le productuer cherche lui aussi à maximiser ses profits. " Les prix élevés ont conduit à renforcer l'individualisme des opérateurs ", constate l'analyste d'une grande maison de négoce. En France, beaucoup de contrats n'ont pas été honorés, notamment pour la livraison de blé meunier et d'orge brassicole. Estiamant qu'ils tireraient un meilleur parti d'une vente directe aux industriels, les producteurs ont dû rembourser les coopératives lésées.

    Cette attitude est une réaction bien compréhensible, reconnaît M.Philippe Mangin, président de Coop de France : " les paysans n'ont jamais été confrontés à autant de volatilité. Les cours ont été multipliés par 3 en 15 mois.Il y a de quoi faire tourner la tête, surtout après 3 ans de vaches maigres". Néanmoins, il déplore cette évolution. Face à al concentration de la demande industrielle et au désengagement des pouvoirs publics, la solidarité des producteurs , garantie par le mouvement coopératif, serait très utile.

    Selon les estimations du CIC, les agriculteurs commencent à réagir; la surface plantée en blé devrait augmenter en blé de 4 % en 2008. Une progression comparable observée lors du dernier coup de chauffe sur le marché des céréales, en 1995-1996. Mais, si l'on tient compte de l'ensemble des céréales, peu de pays disposent des moyens techniques et surtout des terres disponibles. " la terre est un placement d'avenir", assure l'investisseur britannique Jim Slater. Après avoir fait fortune sur le marché des métaux, il s'oriente vers l'agriculture en privilégiant les placements dans les programmes d'irrigation.

    Avarice des pays donateurs

    La Russie, avec ses vastes steppes de Sibérie orientale , et l'Ukraine, avec ses fameuses terres noires, ont vocation à développer leur agriculture. Mais le climat continental rend l'entreprise aléatoire, le gel pouvant, d'une année à l'autre, faire brutalement chuter les rendements. En revanche, l'Argentine et le Brésil peuvent convertir pampa et forêts en terres cultivables. " Il y a encore des gains de productivité que les gens ne soupçonnent pas ", estime Dufumier. Davantage qu'en Europe, où le rendement à l'hectare est le plus élevé du monde, l'avenir de l'agriculture d'exportation se trouve sans doute dans ces pays neufs où les coûts de prodiction sont les plus bas et les rendements encore faibles. Un avenir qui implique la généralisation des OGM, déjà omniprésents en Argentine, et un cortège de conséquences néfastes pour l'environnement, comme la déforestation au Brésil. Quant aux pays les plus affectés par le choc céréalier, leur salut passe par la renaissance de leur agriculture. Parce qu'il a su renforcer la sienne, le mali se trouve relativement épargné, grâce aux investissements dans la production agricole du delta du Niger, et grâce au bon sens des cotonculteurs. Déçus par la détérioration du prix offert par les les sociétés cotonnières pour un kilo de coton graine, ils ont utilisé les intrants accordés pour cette culture pour leurs semis de sorgho ou de maïs. Au Burkina Faso voisin, les champs de soja ont avantageusement remplacé l'arbre à laine. Confronté à l'avarice des pays donateurs dont il dépend, le programme alimentaire mondial s'emploie à soutenir la production intérieure en intensifiant ses achats locaux. En Afrique de l'Ouest, leur part a crû, de 13 % en 2005 à 30 % en 2007.

    La flambée du prix des céréales pose à nouveau la question du rôle de l'agriculture dans le développement. Celle-ci devrait se situer au coeur de la réforme de la politique agricole commune ( PAC ) en Europe ainsi que des négociations de Doha. Ironie de l'histoire, la Banque mondiale, qui a contribué à affaiblir les agricultures des pays en imposant la libéralisation de l'économie, place ce secteur au centre des efforts de lutte contre la pauvreté dans son rapport 2008 sur le développement.
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    Message par jeffe Mar 3 Juin - 11:41

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    Message par bye Mar 3 Juin - 19:44

    2 petits articles joints dans cette livraison du Diplo de mai 2008, consacrés à l'emballement du marché des céréales:

    L'éthanol, nouvel euphorisant des responsables américains

    Plaisanterie, cet automne, aux Etats-Unis, du républicain John Mac Cain: " Chaque matin, je bois un verre d'éthanol au réveil". Ces propos de campagne présidentielle sont tenus par un sénateur qui a été, jusqu'en 2006, un féroce opposant aux agrocarburants et surtout aux subventions qui soutiennent l'essor de cette industrie naissante reposant sur le maïs. Mais pour gagner l'investiture de son parti, défendre la cause de l'éthanol est indispensable dans les Etats ruraux du Middlewest où a commencé le processus des caucus. Mme Hillary Clinton s'est également convertie, son rival du parti démocrate, M.Barak Obama, élu de l'Illinois, se montrant le plus ambitieux en la matière.

    L'engouement de l'ensemble de la classe politique américaine pour l'agrocarburant va de soi dans un pays qui a fait de cette industrie un élément-clé de sa souveraineté énergétique. Si la loi sur l'énergie votée par le Congrès à la fin de l'année 2007 est appliquée, il faudra injecter 100 à 110 millions de tonnes de maïs dans les distilleries en 2008, contre 81 millions de tonnes en 2007. Sachant que les Etats-Unis produisent 40 % du maïs mondial et près de la moitié du volume exporté, toute variation de leur récolte a une incidence sur le marché mondial.

    Afin que la part dévolue au commerce international reste stable, il faudrait que les agriculteurs rééditent l'exploit de la campagne qui s'achève.Au cours de celle-ci, ils ont augmenté la production d'un quart pour satisfaire la nouvelle demande. Les cours du maïs ont, jusqu'à maintenant, surtout réagi aux effets d'annonce. Ils ont ainsi bondi en 2006 quand les compagnies pétrolières ont abandonné le carburant MTBE ( Le MTBE ou éther de méthyle et de butyle tertiaire, est un additif issu des produits pétroliers qui était ajouté à l'essence dans les raffineries américaines. Jugé trop nocif pour l'environnement et la santé, il a été remplacé par l'éthanol), trop polluant, pour passer à l'éthanol, puis en décembre 2007 après le vote de la loi sur l'énergie.

    En 2008, les cours pourraient bien s'envoler. Entre nourrir les porcs élevés aux Etats-Unis ou en Chine et remplir le réservoir des conducteurs américains, il va falloir arbitrer. Par ailleurs, en amont, l'évolution des prix va alimenter la concurrence entre le soja et le maïs au moment des semis. A terme, les surfaces plantées en céréales à vocation alimentaire risquent d'être grignotées par les graines destinées aux agrocarburants. D'après l'Institut international de recherche sur les politiques alimentaires 5 ifpri ), basé à Washington, l'industrie de l'éthanol pourrait augmenter le prix du maïs d'un quart selon l'hypothèse la plus basse et de 72 % selon la plus alarmiste à l'horizon 2020.
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    Message par bye Mar 3 Juin - 20:37

    " Rares sont les agriculteurs qui cultivent le blé "

    " Nous sommes fatigués. Nous avons faim. Tout est devenu cher. Je demande à toutes les femmes de renverser leurs marmites et de faire, tous les soirs, des concerts de marmites ", exhorte une mère de famille sénégalaise. Ce 31 mars 2008, elle participe à une marche contre la cherté des denrées de 1° nécessité. " Pas plus tard qu'hier, s'exclame M.Momar Ndao, président de l'association des consommateurs sénégalais, à l'initiative du mouvement, le prix du sac de riz( 50 kilos ) est passé de 14 000 à 17 000 francs CFA ( 21,3 à 26 € ). Cela montre que les autorités ne veulent rien faire".


    Interdite par le préfet de Dakar, la manifestation a été durement réprimée par la police, à qui il a fallu plusieurs heures pour disperser les marcheurs. Déjà, en 2007, la hausse du prix du pain avait provoqué des tensions sociales. La fédération des boulangers s'était mise en grève à l'automne, provoquant une pénurie. Elle demandait le soutien dse autorités face à l'augmentation du coût du sac de farine, alors que le prix mondial du blé s'envolait de 49 %.

    Les "émeutes de la faim " sont devenues récurrentes en Afrique et occupent l'actualité de nombreux pays: Sénégal, Mali, Cameroun, Burkina Faso, Nigéria, Côte d'Ivoire,..A l'augmentation du prix du blé s'ajoute l'explosion des coûts du frêt liée à la hausse du pétrole. En outre, la sècheresse puis les inondations de l'année 2007 ont diminué les productions locales et fragilisé le monde rural. Début 2008, la tonne de blé est passée de 120 à 130 €.

    Face à la colère des populations, les Etats tentent de contenir les prix. Ainsi, le 1° avril, les autorités ivoiriennes ont annoncé la suspension, pour 3 mois, des taxes à l'importation pour le riz, l'huile de table, le lait, la farine, le blé, ou encore le sucre. Le président Laurent Gbagbo a aussi décidé une réduction de la taxe sur la valeur ajoutée ( TVA ) sur ces mêmes produits, de 18 à 9 %.Mais ces mesures grèvent les budgets de l'Etat, déjà limités. Plus hardi, le gouvernement sénégalais a brièvement bloqué le prix du pain en octobre 2007. mais une telle décision est contraire à la sacro-sainte loi de l'offre et de la demande.

    En visite en Afrique de l'Ouest en février 2008, le directeur du Fonds Monétaire International ( FMI ), M.Dominique Strauss-Kahn, a mis en garde: " Le blocage des prix ne fonctionne jamais bien et ne peur être utilisé que de manière temporaire. cela favorise le marché noir et entraîne de "faux choix économiques". c'est la même chose pour les subventions. " Il préconise , sans plus de précisions, des "réformes de long terme" destinées à "satisfaire les besoins" des populations.

    Au Caire, où les files d'attente se prolongent devant les boulangeries, l'opposition politique - plus ou moins bien intentionnée - s'engouffre dans la brèche. Ainsi, un député, membre des Frères Musulmans, M. Humdi Hassan, accuse: " La décision du gouvernement, il y a 2 ans, de ne plus acheter aux agriculteurs égyptiens sous prétexte que l'importation est bien moins chère , est à la base de la crise. Ainsi la production locale de blé a-t-elle beaucoup diminué. rares sont les agriculteurs qui culitvent le blé. Ils préfèrent cultiver les fruits pour les exporter".

    Afin de répondre à la demande sociale sans mécontenter les bailleurs de fonds, certains gouvernements ont recours à des expédients. Au mali, par exemple, on expérimente le pain burunafama - farine de blé mélangée avec dse céréales locales comme le sorgho, le maïs et le mil. Il s'agit, à la fois , dée réduire la part de blé et de mettre à profit les céréales produites sur place. selon le président du cadre de concertation des acteurs de la filière pain, M.Mamadou Lamine Haïdara, ce pain reviendra à 250 francs CFA ( 0,38 € ) la miche ( contre 300 francs CFA, 0,45 € ). Mais la qualité est-elle au rendez-vous ? Adama, membre d'une association de défense des consommateurs , se montre réticent: " Le pain mixé ne donne même pas envie de le manger, il est vilain à voir, lourd, il a un mauvais goût".

    En Egypte, le gouvernement subventionne le pain et en fait distribuer par l'armée. Mais, parfois, les quantités disponibles ne sont pas suffisantes et les habitants se retrouvent démunis, malgré leurs tickets de rationnement, devant les boutiques fermées.

    Toutefois, la crise qui frappe l'Afrique pourrait avoir un "avantage collatéral": remettre l'agriculture locale et la sécurité alimentaire au coeur des politiques économiques. Depuis 25 ans, le libre-échange sert de politique de développement à des puissances publiques désarmées. Ce que le sociologue ivoirien Théophile Kouamouo résume par: " La première chose à faire, c'est de doter nos états de gouvernements".

    Le continent noir n'est pas seul concerné par la hausse des cours mondiaux des céréales. En Haïti, depuis début avril, les manifestations et pillages des " émeutiers de la faim" - 5 morts et 200 blessés - menacent la précaire stabilité du pays et ont provoqué la destitution du 1° ministre Edouard Alexis. Base de l'alimentation des plus pauvres, le sac de riz de 50 kilos est passé en 1 semaine de 35 à 70 dollars. Les violences se déroulent au cri de " Nou grangou" ( en créole, " nous avons faim".

    Plusieurs pays asiatiques, en particulier l'Indonésie et les Philippines, redoutent également des troubles sociaux en raison de l'augmentation des prix du soja, de la viande,..et, là aussi, surtout du riz. Des manifestations rassemblant plus de 10 000 personnes ont eu lieu à Djakarta au début de l'année 2008 à cause de la hausse du prix du tofu.

    Mais le coeur du problème reste le riz: le prix de la variété "thaïe", qui sert de référence, a dépassé 500 dollars ( 320 € ) la tonne pour la 1° fois depuis 1989, selon l'Organisation des nations Unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO ). l'offre globale de riz ( 420 millions de tonnes ) se trouve en dessous de la demande ( au moins 430 ), et certains pays, telles les philippines, premier importateur mondial, se retrouvent dans des situation très difficiles. Les stocks mondiaux sont au plus bas depuis 25 ans ( 70 millions de tonnes, moitié moins qu'en 2000 ). Or, certains pays producteurs tels le Vietnam, l'Inde et l'Egypte, diminuent leurs exportations pour assurer l'approvisionnement de leur marché local et contenir les prix..

    " 33 pays sont en proie à des troubles sociaux du fait de la forte hausse des prix alimentaires et du pétrole ", reconnaît M. Robert Zoellick, président du groupe Banque mondiale, qui annonce une augmentation des crédits annuels pour la production agricole en Afrique ( de 288 millions à 512 millions d'euros ). Cependant , le " new deal pour la politique alimentaire mondiale " qu'il propose se résume à la conclusion d'un nouvel accord commercial dans le cadre de l'Organisation mondiale du commerce ( OMC ). Perseverare diabolicum..
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    Message par bye Jeu 11 Sep - 8:31

    Pauvres et" étrangers " à l'intérieur de leur propre ville

    Bien que refusée par le Roi, la démission, à la mi-juillet, du 1° ministre Yves Leterme a relancé la crise entre Flamands et Wallons. Les premiers exigent que la fédération belge se transforme en confédération, ce qui diminuerait leur contribution aux dépenses communes.Mais les négociations se heurtent à la question de la région constituée par la capitale, enclavée en Flandre mais à 85 % francophone.Bruxelles connaît toutefois d'autres barrières - bien plus ethnico-sociales que linguistiques..

    Par Olivier Bailly, Madeleine Guyot, Almos Mihaly et Ahmed Ouamara. ( respectivement journaliste indépendant, directrice de l’association Samarcande, rédacteur en chef de Bruxelles en mouvement, éducateur à SOS-Jeunes Bruxelles )

    Gare du Midi, à Bruxelles. Des voyageurs cosmopolites transitent par la capitale de l’Union Européenne. Destination : Paris, Londres, Berlin, Amsterdam. A 500 mètres de cette agitation, Karim, Mohamed et Saïd « tiennent les murs ». Pour eux, rejoindre la Grand-Place, boire un verre dans la quartier branché des Halles Saint-Géry, c’est un périple plus lointain que les destinations affichées sur le tableau électronique de la gare internationale de Bruxelles.
    Ces jeunes vivent avec leurs parents dans ce centre-ville qui, depuis les années 1 950, accueille les populations ouvrières et immigrées, les classes aisées préférant la périphérie avec ses belles maisons à 4 façades.Un « croissant de pauvreté » s’est ainsi étendu dans la capitale, des communautés de Saint-Josse à Anderlecht en passant par Molenbeek-Saint-Jean. Ces quartiers sont notamment caractérisés par leur jeunesse. Une génération qui profite des offres culturelles, sportives, associatives d’une capitale ? Qui découvre la diversité, s’ouvre, grandit dans le cosmopolitisme, s’y émancipe ? Une récente enquête tend à démontrer le contraire ( Lire « Jeunes en ville, Bruxelles à dos ? L’appropriation de l’espace urbain bruxellois par des jeunes de différents quartiers » Bruxelles en mouvement, mai 2008.Cette enquête a été menée auprès de 31 jeunes par les signataires de cet article, avec la collaboration de Julie Cailliez, sociologue à l’Université libre de Bruxelles .)

    A travers cette étude, 3 groupes d’adolescents de communes différentes évoquent leur mobilité dans la ville. Pour les 2 groupes issus d’un quartier aisé ( Woluwe-Saint-Lambert ) ou d’un quartier intermédiaire ( Etterbeek ), elle est assez étendue. Courts de tennis, de musique ou jeux de rôle obligent.Pour autant, cette capacité à bouger n’est pas synonyme d’autonomie. A Woluwe-Saint-Lambert, des formes d’accompagnement se mettent en place, comme les « parents-taxis », notamment pour éviter les transports en commun. « Ma mère a très peur de ce qui se passe dans le métro, donc elle préfère venir me chercher une fois qu’il est tard », explique Anne, 17 ans.

    Pédro, musicien du même âge, qui se dit « citoyen du monde », n’hésite pas à traverser la ville pour jouer du ska, du punk, du rock. Mais, pour aller dans la Bruxelles moins aisée, son père le conduit. Il s’explique : « J’ai mon ampli et ma guitare. J’aime pas trop prendre le métro dans ce coin-là. Il y a un problème de criminalité qui est très présent à Bruxelles, surtout dans les transports en commun. »Le métro passe pour un des plus sûrs du monde, mais qu’importe : l’adolescent a peur. « C’est une ville où il faut faire gaffe. Il y a de la racaille dans la rue qui fout mal à l’aise. » Et de préciser : « C’est vrai que la criminalité, pour moi, en fait, c’est quand je sors et que je vois les Arabes. »

    Que Pédro se rassure : la « racaille » est engluée dans son quartier. A Cureghem, dans la commune d’Anderlecht, à 1 kilomètre de la Grand-Place, les jeunes regardent la capitale cosmopolite de ( très ) loin. Le quotidien d’Abdel, 16 ans, s’écrase sur les murs du quartier. « Je vais à l’école, je reviens. A 8 heures, je pars et je finis à 16 heures. Je rentre direct, je mange et je ressors et mes copains sont dehors. Je les vois et voilà. » Et le reste de Bruxelles ? Découvrir de beaux coins, le grand parc de la Cambre ? « C’est rare. On reste à Anderlecht, c’est comme ça pour tous ceux du quartier. »

    Ahmed, 17 ans, résume sa connaissance spatiale de la ville : « Ce que je connais bien, c’est là où j’ai grandi. Ce que je ne connais pas, c’est…toutes les autres communes. » A quoi bon bouger ? Pour Ahmed, ce n’est pas la peine : « Cela me fait ni chaud ni froid de connaître un autre quartier. » Pourtant, selon le sociologue Zygmunt Bauman, la mobilité est revenue un facteur essentiel de stratification sociale : « La liberté globale de mouvement est synonyme de promotion sociale, de progrès et de succès, alors que l’immobilité distille la puanteur de la défaite, de la vie ratée, de l’abandon à un triste sort. » Rude constat..

    Ce qui caractérise ces milieux moins favorisés ? Saïd, 17 ans, revendique le côté « très familial » de son quartier : « Tout le monde se connaît. » . De fait, dans ces espaces urbains délaissés, le réseau social contrôle la sphère publique. Les jeunes peuvent y évoluer sous le regard des « grands frères ». Hicham se sent « libre dans son quartier. Les grands, c’est comme nos frères, ils nous apprennent des choses, comme par exemple que ne pas fumer, c’est mieux pour notre santé ».

    A l’autre extrémité de la ville, on déclare aussi son attachement au coin et on souligne la proximité entre les habitants. « Ma mère est fort amie avec les voisins, précise Elisabeth, 16 ans. Je jouais avec beaucoup d’enfants, et donc, de ce fait, ma mère connaissait les parents des autres enfants. Elle a en plus travaillé dans une épicerie du quartier, donc elle connaissait des gens. » Quant à Guillaume, 18 ans, il affirme ne pas souvent se rendre dans les « communes opposées » car il a un monde assez « ouvert à Woluwe.. »

    Au cloisonnement physique des Anderlechtois, vient s’ajouter un cloisonnement de leurs activités. Les adolescents du quartier aisé de Woluwe-Saint-Lambert citent 41 hobbies, dont 22 culturels. Théâtre et musique en tête de liste. A Anderlecht, la liste ne comprend que 26 activités, dont..2 culturelles. Piscine, foot ou encore pause au snack se taillent la part du lion. Et c’est dans la rue ou au parc qu’on joue au ballon rond, pas en club. L’activité préférée, c’est celle qui se trouve à portée de la main.

    L’orientation scolaire est, elle aussi, conditionnée par la quête de la proximité. Les chercheurs Andréa Rea et Dirk Jacobs remettent en cause la liberté de choix de l’école : « En professionnel et technique, les élites ont tendance à choisir leur formation en fonction non pas de leur envie, mais des offres de l’école proche de chez eux. La mobilité est plus grande dans les sections « générales ». Donc, même dans des choix ouverts, il existe de fortes clôtures sociales de l’utilisation spatiale. »

    Ces mobilités différentes se reproduisent dans l’imaginaire. Se projetant dans l’avenir, 3 ados de la commune aisée de Woluwe se verraient bien rester dans leur quartier, une fois adultes. Mais d’autres s’imaginent « à Londres, à New-York ou au Pérou ». Comme le souligne Jean, 19 ans : « Si je restais à Bruxelles, j’aurais l’impression de ne pas avoir évolué. » Vivre dans une ville importante, lui donne l’impression « d’être quelque part et donc d’être quelqu’un « .

    Si les jeunes Anderlechtois valorisent leur quartier, ils ne veulent pas y rester une fois devenus parents. Ils se voient alors bouger. Certes pas loin, mais tout de même en quittant la zone. Ils citent une campagne difficilement localisable ou Bruxelles. Mais ils mentionnent surtout les lieux où ils ne veulent pas vivre : « Chez les Flamands ».

    Dans les quartiers « délaissés », la vie en communauté semble plus imposée que choisie. Grandir auprès des siens et s’y sentir bien n’est évidemment pas négatif. Mais, poussée à l’extrême, cette logique fournit aux jeunes une palette d’identités extrêmement réduite, et les rend incapables de rencontrer un milieu autre que le leur.


    Reda est sorti de son quartier via son boulot. La 1° fois qu’il est allé boire un verre dans un endroit branché de Bruxelles, il a eu l’impression de « trahir son quartier »…d’autant qu’il lui fallait laisser son accent au vestiaire. Quant à Marouane, 19 ans, il n’a pas encore franchi ce cap. « Je vais parfois avenue Louise ou en ville quand je dois acheter quelque chose. J’y suis un peu intimidé parce qu’il n’y a que des magasins chics. » Abdel avoue se sentir mal quand il quitte son quartier. « Si j’y reste, je me dis que je peux faire ce que je veux. Mais si je suis dans un autre quartier, je fais un truc, je suis mort. Je peux pas savoir comment faire. » Dans la rue commerçante par excellence de Bruxelles, Abdel devient rouge et transpire. S’y rendre seul ? Impossible. »

    Cette difficulté à vivre dans d’autres lieux que « le leur » s’expliquerait par un déficit de capital social et culturel, bien plus qu’économique. « Tous les espaces d’une société sont hiérarchisés, précise la sociologue Julie Cailliez, en se référant à Pierre Bourdieu. Ils sont le reflet d’une distance sociale et des inégalités entre les groupes sociaux qui composent la ville. L’espace urbain fréquenté, approprié, remplit une fonction de distinction sociale. Arpenter certains espaces plutôt que d’autres équivaut à marquer la distance, la différence entre son propre groupe social et els autres. »

    Or, les jeunes Anderlechtois ne disposent pas de manières d’être, suffisamment variées pour fréquenter « l’autre ». Leur référentiel se limite à un seul univers géographique, mais aussi et surtout à un seul univers d’alimentation, d’activités extrascolaires, de musique etc.Non seulement ce manque d’identités cloisonne les individus mais il peut également participer à la construction de fantasmes et de rumeurs sur « l’autre ».

    Créateur d’un projet de tutorat entre élèves de l’Université libre de Bruxelles et jeunes en difficulté scolaire, le sociologue Ahmed Medhoune témoigne de l’importance des rencontres dans son propre parcours, avec notamment des cours artistiques à l’Académie Royale des Beaux-Arts. « Ce lieu et ces moments après les cours m’ont permis d e vivre des expériences très fortes avec des gens que je ne côtoyais pas ordinairement – ni mon milieu ni mon école ne me le permettaient. Un mélange des âges, un mélange des milieux sociaux, et aussi, bien entendu, l’accès au cœur de la culture la plus valorisée de la société francophone. »

    Pour faire face à une Bruxelles de plus en plus ségréguée, des politiques sociales ont été mises en place. Mais leurs mesures se fondent notamment sur un financement « par communes fragilisées ». C’est d’ailleurs encore le cas avec la politique de cohésion s’inscrivant dans une dynamique de quartiers « sélectionnés sur la base des difficultés sociales rencontrées par leur population ». Dans les années 1990 déjà, les politiques sécuritaires optaient pour une approche territoriale. Avec cette lecture sociale, les habitants des quartiers ciblés se retrouvent encore plus stigmatisés, et les enjeux de société réduits à une question géographique.

    Autre pièce à charge contre ce mode de financement : les jeunes de la commune aisée de Woluwe n’auraient donc pas à se soucier de cohésion sociale, avant tout affaire de pauvres. « Cette demande d’ouverture et d’adaptation s’adresse rarement à la « culture dominante ». Or, les associations estiment le plus souvent que l’effort est à faire des 2 côtés, dans un objectif de dialogue .. » Non seulement le repli adolescent concerne tous les jeunes, amis la « fuite des riches » participe à l’élargissement du fossé social.

    Ce constat ne dispense cependant pas de tout tenter pour décloisonner els univers et les imaginaires des jeunes. Les ados d’origine arabe ne sont pas condamnés au « mini-foot », et les jeunes de Woluwe ne s’adonnent pas inévitablement au scoutisme. Le sociologue Eric Maurin identifie un autre remède simple : « La principale limite des politiques ciblées sur des territoires particuliers ne tient pas au principe du ciblage, mais au fait même d’avoir des territoires pour cibles. Cela ne condamne en rien l’idée qu’il faille « donner plus à ceux qui ont moins », mais oblige à la déplacer. La déplacer à quel niveau ? La réponse la plus simple reste la plus prometteuse : au niveau des individus. »

    Comme la plupart des jeunes le soulignent spontanément dans l’étude en faisant écho à l’expérience du professeur Medhoune, la rencontre entre habitants de tous quartiers peut enrayer les replis sociaux et territoriaux. Déconstruisant l’imaginaire, elle démystifie, confronte chacun à ses stéréotypes. En attendant, comme le jeune Ahmed le constate amèrement : « En tout cas, on ne vit pas là-bas, on vit ici. »
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    Message par bye Mar 23 Sep - 16:53

    Sous l'oeil myope des caméras
    par Noé Le Blanc ( journaliste )

    Au Royaume-Uni, un individu peut être filmé par les caméras de vidéosurveillance jusqu'à 300 fois par jour. Partout célébré, souvent imité, ce "modèle" de lutte contre la délinquance bat néanmoins de l'aile. De l'aveu même de ses promoteurs, il serait un "échec complet".

    Pour améliorer de façon significative la sécurité quotidienne, l'efficacité de la vidéosurveillance n'est plus à démonter. " Des expériences étrangères l'ont largement prouvé, notamment au Royaume-Uni". C'est ainsi que Mme Alliot-Marie, ministre français de de l'Intérieur, justifiait son intention de faire passer le nombre de caméras de surveillance sur la voie publique d'un peu plus de 20 OOO à 60 000 ( En 2006, il existait 346 000 caméras recensées par le ministère: 74 % dans les lieux ou les établissements ouverts au public, 18 % dans les transports en commun et 8 % sur la voie publique stricto sensus ).

    Avec plus de 4 000 000 de caméras, le Royaume-Uni constitue la référence obligée des responsables politiques prêts à bondir sur le tremplin de l'insécurité. Mais il offre également un terrain d'enquête privilégiée aux chercheurs, dont les travaux s'acharnent à montrer l'inefficacité de la vidéosurveillance pour lutter contre la criminalité. Publié en février 2005 par le ministère de l'intérieur britannique ( Home Office ), " Assessing the impact of CCTV", le plus exhaustif des rapports consacrés à la question, porte à la vidéosurveillance un coup mortel ( CCTV, ou closed-circuit télévision, est un système de télévision en circuit fermé : appellation anglo-saxonne de la vidéosurveillance ).
    Selon cette étude, la faiblesse du dispositif tient à 3 éléments: sa mise en oeuvre technique, la démesure des objectifs assignés à cette technologie et...le facteur humain.

    Trop confiantes en cette nouvelle technologie et soucieuses de profiter des larges subventions du gouvernement, les municipalités ont souvent leurs schémas d'installation dans la précipitation. Quand la répartition des caméras n'est pas abandonnée aux soins des techniciens de l'entreprise qui les fournit, elle se fonde sur des statistiques sur la criminalité incomplètes ou trop générales; d'où le positionnement de certaines caméras dans des zones où elles se révèlent à peu près inutiles.

    D'autres voient leur champ de vision obstrué par les feuilles des arbres, ou par du mobilier urbain; et, pour une moitié des systèmes étudiés, les images enregistrées de nuit sont inutilisables, soit parce qu'elles sont trop sombres, soi au contraire parce que les caméras sont éblouies.

    Au-delà des questions techniques, les objectifs des réseaux de surveillance sont à la fois mal définis ( "réduire la criminalité" ) et trop ambitieux, ce qui empêche de réfléchir aux actes spécifiques que les caméras sont censées prévenir. Le criminologue Jason Ditton commentait ainsi l'inefficacité du dispositif installé dans le centre-ville de Glasgow: "A mon avis, il y avait eu avant leur installation un tel battage autour des caméras, présentées comme un remède-miracle avant même d'avoir été branchées, que leurs chances de succès véritables étaient nulles". On attend en effet de la vidéosurveillance qu'elle mette fin aux vols, aux cambriolages, aux violences contre les personnes, aux délits contre les véhicules , au vandalisme, au trafic de stupéfiants, aux jets d'ordures ou aux troubles de l'ordre public. Mais ces délits ne sont ni commis par les mêmes personnes, ni pour les mêmes raisons, ni dans les mêmes circonstances, ce qui interdit l'adoption d'une solution unique, fût-elle présentée comme "tout en un".

    Les caméras ont d'autant plus de mal à remplir leur mission que l'aspect humain des systèmes de vidéosurveillance est sans doute le plus négligé. C'est pourtant dans les salles de contrôle que se joue véritablement leur fonctionnement. Or non seulement le nombre d'écrans ne correspond pas au nombre de caméras en opération ( certains de ces systèmes présentaient un ratio de 17 caméras pour un écran. Pour la plupart, il était de 2 à 5 pour 1.), ce qui revient à dire qu'à tout moment, les images d'une majorité des caméras ne sont jamais affichées, mais il est également illusoire de croire que les opérateurs puissent surveiller correctement plus d'1 écran à la fois. En conséquence, la plupart des délits échappent tout simplement à leur vigilance, comme en témoigne l'un d'eux: " je ne peux pas vous dire combien de choses on a ratées pendant qu'on ne regardait pas les autres écrans. Des effractions, des vols de voitures, des agressions se sont passés pendant qu'on visionnait les autres caméras... C'est vraiment énervant. "

    D'autre part, les opérateurs ne sont pas des professionnels du maintien de l'ordre. Alors même que les codes de conduite précisent que seules doivent faire l'objet d'un suivi particulier les personnes qui manifestent une " attitude suspecte", cette identification reste la part la plus déficiente de la formation. dnas ces conditions, il n'est guère surprenant que le visionnage des images se fasse très largement en fonction des préjugés sur le caractère a priori criminel de certaines attitudes ou de certaines populations. L'une des rares études sur le sujet révèle ainsi que 86 % des individus surveillés ont moins de 30 ans, que 93 % sont de sexe masculin, et que les individus noirs ont 2 fois plus de chances de faire l'objet d'une attention particulière que les individus blancs.

    Le manque de formation des opérateurs pèse également sur leurs relations avec la police , qui met souvent en doute leur professionnalisme et l'exactitude de leurs récits: à peine 1/4 des salles de contrôle examinées par les auteurs de " Assessing the impact of CCTV" entretenaient des relations cordiales avec les forces de l'ordre. Les opérateurs se voient parfois sévèrement reprocher leur utilisation des lignes directes, et conseiller d'appeler les numéros publics d'urgence ( comme le 17 ).

    Enfin, regarder les écrans de contrôle se révèle extrêmement ennuyeux et répétitif.Dans les zones résidentielles, Martin Gill et Angela Spriggs ont dénombré une moyenne de 6 incidents toutes les 48 heures de surveillance. résultat, les opérateurs luttent d'abord contre l'ennui: pauses café/toilettes fréquentes, lecture de magazines, mots croisés, somnolence, et même...voyeurisme, qui représente 15 % du temps de visionnage consacré à surveiller des femmes...

    Tous ces facteurs amènent à une rentabilité extrêmement faible dse réseaux de vidéosurveillance en termes d'arrestations par caméra. Après avoir passé 592 heures en compagnie d'opérateurs qui surveillaient 3 centre-villes, les sociologues Gary Armstrong et Clive Norris ont ainsi constaté que, sur 900 opérations de surveillance ciblées, les services de police n'étaient intervenus que 45 fois, pour un total de 12 arrestations.

    Ja mes Ditton et Emma Short indiquent quant à eux qu'en 1995, seules 290 arrestations furent liées de près ou de loin aux 32 caméras installés à Glasgow. Rien ne permet d'établir précisément si ces arrestations auraient eu lieu ou non en l'absence de caméras mais, même en ce cas, le ratio serait d'une arrestation par caméra toutes les 967 heures de surveillance, soit une arrestation tous les 40 jours. Autrement dit, durant leur 1° année de fonctionnement, les caméras ont "vu" moins de 5 % des incidents ayant débouché sur une arrestation dans la zone qu'elles surveillaient.

    Souvent présentée comme la panacée en matière de lutte contre la délinquance, la vidéosurveillance est un système dont le mode opératoire reste très problématique. " Une difficulté majeure est qu'il existe une confusion, voire une contradiction, concernant ce qu'on attend de la vidéosurveillance en ville. D'un côté, la capacité des caméras d'être les témoins d'incidents criminels devrait logiquement augmenter le nombre de crimes et délits ainsi enregistrés. De l'autre, la simple présence dse caméras devrait dissuader les contrevenants d'agir, et donc diminuer le nombre de crimes et délits enregistrés."

    La preuve du "succès" de la vidéosurveillance peut ainsi être une baisse des chiffres de la délinquance..ou une hausse de ces chiffres, selon que l'on retient le critère de la dissuasion ou celui de la détection. la contradiction entre ces 2 logiques pose de réels problèmes de mise en place des systèmes.

    Privilégier la dissuasion suppose de signaler au maximum la présence des caméras dans les villes où elles sont installées ( ce qui constitue souvent une obligation légale). Or cela permet aux contrevenants potentiels d'adapter leurs méfaits en conséquence, notamment par des déplacements géographiques, tactiques ou temporels. De surcroît, en l'absence d'une poursuite effective des délits, le pouvoir d'intimidation des caméras diminue rapidement.

    A l'inverse, l'utilisation de la vidéosurveillance comme instrument de détection ou d'enregistrement suppose que les délits aient lieu pour opérer, et donc que les contrevenants ignorent la présence des caméras. Ce qui ouvre la porte à des critiques résumées ici par ce courrier d'un lecteur du Daily Telegraph ( 17 janvier 2008): " Comment peu-ton se sentir rassurés par la présence de caméras. Tout ce qu'elle veut dire, c'est q ue quelqu'un pourra vous regarder en train de vous faire agresser, tabasser, violer ou assassiner."

    la lutte contre le flagrant délit implique en effet un visionnage maximal des images en temps réel; une communication fluide entre les opérateurs et la police; et une excellente réactivité dse services de police. Mais, en pratique, la détection des délits en temps réel est rare pour des raisons techniques et de formation des opérateurs; les relations entre opérateurs et policiers dépendent d'éléments parfaitement subjectifs, vu le flou institutionnel qui les entoure; et la réactivité des forces de l'ordre est fonction de leurs priorités et de leur budget, que la vidéosurveillance...ampute ( De 1996 à 1998, les 3/4 des dépenses du Home office pour la prévention des délits ont été ainsi consacrés à l'extension du réseau de vidéosurveillance.)

    Si on vise une utilisation rétrospective des images enregistrées, se pose alors le problème du stockage. Faute d e place, la plupart des systèmes conservent moins de 5 % des images filmées, ce qui rend difficile d'obtenir des clichés judiciairement exploitables.

    L'ensemble d e ces facteurs explique peut-être que les études menées au Royaume-Uni ne trouvent aucune corrélation entre le taux d'élucidation des délits et le nombre des caméras installées. une conclusion intéressante dans un pays qui compte une caméra pour 14 habitants.

    Pour autant, la société ne menace pas encore. Comme le soulignent Gary Armstrong et Clive Norris " ceux qui promeuvent la vidéosurveillance comme la panacée qui résoudra tous les problèmes de délinquance et de troubles à l'ordre public, comme ceux qui voient se profiler le spectre d'une société de surveillance cauchemardesque ( dystopian surveillance state), partagent une croyance ingénue dans le pouvoir de la technologie, que celui-ci soit bénéfique ou maléfique". Au-delà des questions éthiques que soulève ce débat, il existe une certitude: année après année, la vidéosurveillance provoque, en terme de lutte contre la criminalité, un vaste gaspillage d'argent public. Ou, pour reprendre les termes de M.Mick Neville, responsable du bureau des images, identifications et détections visuelles ( Viido ) de la police métropolitaine de Londres ( Scotland Yard ): " Un fiasco complet ( The gardian, Londres, 6 mai 2008 ) ".
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    Monde Diplo - Page 4 Empty Climat tendu en Nouvelle-Calédonie :social, environnement, statut,..

    Message par bye Dim 9 Nov - 13:14

    Le 6 novembre 1988, et avec 79,9 % des voix, les Français se déclarent en faveur de l'autodétermination de la Nouvelle-Calédonie. Depuis, le scrutin sur l'indépendance de l'île , prévu pour 1998 par les accords de Matignon, a été reporté à 2014. La France traîne des pieds pour transférer ses compétences, "loyalistes" et indépendantistes s'affrontent sur le Caillou. Quant à la situation sociale, elle reste calamiteuse, tandis que les syndicalistes sont réprimés.

    par Christian Darceaux, journaliste.

    Il y a, à Nouméa la Blanche, une opulence qui s'affiche. La Nouvelle-Calédonie est, dit-on, l'endroit du monde où l'on compte le plus de Porsche Cayenne par habitant, et la liste d'attente chez les concessionnaires est longue. Les boutiques de luxe abondent, les bateaux de plaisance se disputent les places de stationnement dans les ports, et il existe une crise du logement même pour l'achat d'un appartement de luxe.
    Si le coût de la vie est élevé, c'est peut-être parce que ce territoire reste une destination privilégiée pour nombre de hauts fonctionnaires retraités métropolitains. S'établissant en outre-mer, ils pouvaient en effet bénéficier, au moins jusqu'en octobre 2008, de l'indemnité temporaire de retraite ( ITR ), une mesure leur permettant de multiplier leur pension par 1,75. On dit ainsi que c'est l'endroit de France où il y a le plus d'anciens généraux et colonels par habitant, même s'ils n'y passent que 3 ou 4 mois de l'année. L'administration fiscale s'est récemment émue de cette situation; mais il n'est pas sûr que des mesures soient prises.
    Autour de Nouméa, dont la population se situe un peu en dessous de 100 000 habitants, on trouve ce que l'on appelle ici les "squats", des habitations de fortune construites en brousse, sans eau ni électricité, et où vivent une dizaine de milliers de personnes: Kanaks, Wallisiens,..Ceux-là, lorsqu'ils ont un emploi, sont souvent ouvriers dans les entreprises de la ville ou, pour les femmes, employées de maison dans les familles aisées.
    Mais tous les Blancs de Nouméa ne sont pas riches. Il y a ces "petits" Blancs, arrivés depuis plus ou moins longtemps, qui occupent de nombreux emplois intermédiaires ou de service, ou qui cultivent la terre. Certains descendent de bagnards - y compris des kabyles déportés après leur révolte de 1871 ( surnommée la " commune kabyle ", cette révolte, la plus importante depuis la colonisation de l'Algérie, s'étendit aux 3/4 du pays et suscita une répression meurtrière de l'armée française ). Nombreux sont aussi ceux qui ont débarqué depuis peu, attirés par le soleil et les promesses d'aventures exotiques. le plus souvent jeunes, assez diplômés, ils forment à leur arrivée une main-d'oeuvre " captive ", par nécessité peu exigeante sur les salaires, cantonnée au travail précaire, voire non déclaré. Ces nouveaux arrivés tirent vers le bas dse salaires déjà peu élevés - le salaire minimum interprofessionnel de croissance ( Smic ) est ici inférieur au Smic métropolitain.

    La grande question reste l'indépendance

    Dans un territoire où les Conseils de prud'hommes n'existent pas - le code du travail français ne s'applique pas en Nouvelle-Calédonie -, le MEDEF local appelle les entreprises à sanctionner les travailleurs qui se mettent en grève pour défendre le droit syndical, occasionnant ainsi de nouveaux conflits. Le blocage de l'entreprise de transport Carsud ( groupe Véolia ) commencé début 2008, et sa répression brutale sont les dernières illustrations d'un climat social tendu. Alors que le comportement de la police dans les affrontements qui se sont déroulés le 17 janvier dans les locaux de la compagnie a fait l'objet d'une enquête de l'inspection générale de la police nationale ( IGPN ), où des vidéos montrent les attitudes insultantes, voire racistes, des policiers envers les travailleurs kanaks, les tirs tendus de grenades lacrymogènes, les menotages à des poteaux, l'empilement des prisonniers les uns sur les autres, ce sont pourtant les manifestants qui se sont retrouvés sur le banc des accusés.
    En avril, le président de l'Union syndicale des travailleurs kanaks et des exploités ( USTKE, indépendantiste, majoritaire dans l'île ), M. Gérard Jodar, a été condamné à 1 an de prison, dont 6 mois fermes; l'un de ses adhérents, à 18 mois, dont 1 an ferme; et une vingtaine de ses membres, entre 3 et 6 mois, ainsi qu'à la privation de droits civiques pour 3 ans. Jamais, en France, des condamnations aussi lourdes n'ont été prononcées pour des faits similaires. Lors du jugement en appel, en septembre, les peines de prison ont été revues à la baisse: 3 mois pour M.Jodar; entre 1 4 pour ses camarades. la privation de droits civiques a également été annulée, mais les 22 militants ont été condamnés à verser à l'Etat 16 millions de Francs Pacifique ( CFP ), soit 134 000 €.
    Autre domaine sensible: l'exploitation des richesses minières et ses répercussions sur l'environnement. par un tour de passe-passe politico-juridique, le protocole de Kyoto ne s'applique pas en Nouvelle-Calédonie, ce qui permet à l'île de s'enorgueillir d'un triste record: elle dépasse les Etats-Unis en matière d'émission de CO 2 par habitant . En cause: l'industrie du nickel, dont elle détient 30 % des réserves mondiales. Les conflits qui y sont liés se multiplient. Ainsi, la petite association écologiste Méé Rhaari se bat contre le groupe extracteur Ballande, d'origine bordelaise, arrivé dans l'archipel il y a 70 ans.
    Résultat d'une exploitation pour le moins négligente : le 3 janvier, dans la province Nord, près de Houaïlou, 21 000 tonnes de terre chargée en nickel, en cobalt et en chrome s'abattaient dans le lagon, avec les conséquences que l'on imagine sur la faune et la flore coraliennes. La construction du " tuyau de Goro ", du nom de l'entreprise Goro Nickel, qui doit servir à déverser quotidiennement des milliers de litres d'eau utilisés pour le traitement du nickel près d'un récif classé depuis peu au patrimoine mondial de l'humanité, est également restée bloquée de longs mois. Le projet a mobilisé contre lui les associations écologistes, le sénat coutumier, l'USTKE et les populations kanakes riveraines. Fin septembre, un accord a été signé avec ces dernières, permettant aux travaux de reprendre. Certaines associations écologistes, qui n'ont pas été consultées, ont toutefois manifesté leur insatisfaction.
    Mais, au-delà de ces confrontations, la grande question reste l'indépendance de l'île. La Nouvelle-Calédonie a en effet le statut de " collectivité sui generis ", rattachée à la France. Une consultation de la population sur son statut définitif est prévu à partir de 2014. L'échéance est dans toutes les têtes. En mai 2008, riche en anniversaires, la Nouvelle-Calédonie a reçu , à quelques jours d'intervalles, 2 visites: celle de l'ancien 1° ministre socialiste Michel Rocard, et celle du secrétaire d'Etat chargé de l'outre-mer Yves Jégo, tout juste nommé à ce poste.
    Le premier, qui ne manque jamais de rappeler qu'il a beaucoup contribué à mettre fin à la situation conflictuelle de 1988 aprsè la tenue d'Ouvéa, a tenu, devant les jeunes réunis au centre culturel Jean-marie Tjibaou de Nouméa, dse propos qui ont eu un certain retentissement. Il a d'abord établi une sorte de palmarès des colonisateurs: " La France a fait des choses dont j'ai honte...Mais la France a aussi construit des routes, dse écoles et des hôpitaux. Les Anglais, eux, n'ont fait que du commerce, et sont partis en laissant la misère derrière eux. Les Belges ont sans doute été les pires. Voyez le Rwanda et l'ex-Congo aujourd'hui."
    Il a aussi tenté de relativiser les charmes de l'indépendance: " la Calédonie est déjà indépendante. Le concept ancien n'a plus de sens. Depuis Clovis, l'indépendance , c'était la monnaie, l'armée, la justice. Voyez la France. Elle est devenue plus forte en intégrant une monnaie commune à plusieurs pays, en alliant son armée à d'autres. La France a gagné en force en perdant en indépendance." Il s'est attiré une réponse cinglante de M. Jacques Nyiteij, membre du directoire du parti travailliste - parti indépendantiste radical, fondé à l'initiative de l'USTKE : " Le monde que vosu défendez, Monsieur Rocard, n'est plus en crise. Il est moribond. Que nosu proposez-vous de ses enjeux actuels ? Le progrès ? la croissance? La production matérielle et la consommation de masse ? L'Occident en profitera. mais nous, que nous restera-t-il ? Les cancers de Mururoa et des guerres claniques pour des multinationales se partagent le nickel de Goro et l'exploitation halieutique...Ne pensez plus pour nous. Laissez-nous venir à notre façon dans l'histoire du monde. Avec notre propre conscience de la terre, notre conception de la vie et du bonheur, de la place de l'homme parmi ses frères et du mode de satisfaction de ses véritables besoins."
    Bien plsu consensuels et prévisibles que ceux de Rocard, les propos de M.Jégo risquaient moins d'occasionner des incidents ( Bien que la visite de son prédécesseur, M.Christian Estrosi, en octobre 2007, ait laissé dans l'île un mauvais souvenir. Ce dernier était notamment arrivé en retard aux réunions avce dse élus locaux pour cause de...plongée sous-marine). M.Jégo a disserté sur les progrès obtenus et à venir grâce au " consensus existant" en opposant les gens "raisonnables" du Front de libération nationale kanak et socialiste ( FLNKS ) ou de certains syndicats aux "ultras", irresponsables à ses yeux, de l'USTKE et du Parti travailliste. Il a également vanté les mérites de la défiscalisation pour résoudre la crise du logement - une aubaine pour ceux qui ne trouvaient pas déjà assez d'occasions de bénéficier de ce genre de cadeaux dans les domaines d'outre-mer. Tout comme M.Rocard, il s'est félicité des accords de Matignon de 1988 à Nouméa , et il a a marqué sa préférence pour une autonomie dans le cadre de la république française.

    Propriétaires et squatters

    Les conceptions de ceux qui se proclament " loyalistes " et des indépendantistes s'affrontent. les premiers affirment qu'il y a 2 légitimités: celle des kanaks et celle de ceux qui se sont installés ici depuis de longues années. C'est la position d'un grand nombre de socialistes français ( M. Rocard, en particulier ) et de dirigeants du FLNKS - qui ont laissé figuré une formule analogue dans le préambule de l'accord de Nouméa. Elle est majoritaire dans le corps électoral issu de l'immigration blanche, polynésienne ou asiatique. A l'inverse, un indépendantiste fait valoir que la situation calédonienne est " comme la squat d'un appartement par des mal-logés: les 2 parties ont des droits, c'est évident.Mais les seuls à avoir une légitimité, sont les propriétaires. En Kanaky, les propriétaires depuis 4 000 ans sont les Kanaks, même si leurs squatters sont arrivés depuis 150 ans, - et, pour certains, contraints et forcés. C'est d'ailleurs, pour cette raison que l'Assemblée générale des nations Unies a inscrit la Nouvelle-Calédonie dans les territoire à décoloniser depuis 1986. "
    Le transfert de compétences prévu par l'accord de Nouméa tarde à se mettre en place. Manière de montrer qu'on ne peut pas se passer de la France ? Celle-ci, d'ailleurs, ne semble pas disposée à abandonner le territoire et à respecter la résolution de l'ONU: le ministre de la défense Hervé Morin vient de signer avec l'Australie , un accord pour l'utilisation des ports de la Nouvelle-Calédonie par les forces navales de ce pays. Autre signe: la réduction des crédits militaires épargne en grande partie le Caillou, où sera installé le commandement des forces armées françaises dans le Pacifique ( actuellement en Polynésie ). D'importants investissements sont programmés.
    Les prochaines échéances électorales, à commencer par les élections provinciales, début 2009, permettront sans doute, d'éclairer un avenir incertain. Tous, la droite comme els indépendantistes "institutionnels", voient d'un mauvais oeil l'influence grandissante de l'USTKE et du parti travailliste. Ce dernier a fait connaître sa décision de partir seul aux élections provinciales pour la province Nord et pour les îles. Pour la province Sud, il n'est pas opposé à une alliance avec le FLNKS. Il pose la question du projet de société et du modèle de développement que l'archipel entend mettre en place; des questions que el Caillou ne pourra éluder indéfiniment.

    Quelques dates:

    4 septembre 1774: " Découverte " de la Nouvelle-Calédonie par l'explorateur anglais james Cook.

    24 septembre 1853: Le contre-amiral Febvrier Despointes prend possession de l'île au nom de la France.

    1863: La Nouvelle-Calédonie est désignée comme colonie pénitentiaire pour les condamnés aux travaux forcés. On y déportera notamment des insurgés de la Commune de Paris de 1871.

    1878-1879: " Grande révolte " de chefs kanaks qui durera 1 an mais se soldera par un échec.

    1917: révolte de tribus kanakes contre l'obligation de rejoindre le front de la Grande Guerre.

    1945: le statut de l'indigénat est supprimé. les habitants de Nouvelle-Calédonie deviennent citoyens français.

    1946: la Nouvelle-Calédonie passe du statut de colonie à celui de territoire d'outre-mer ( TOM ).

    1956: La loi Deferre accorde une large autonomie.

    2 décembre 1986: L'assemblée générale de l'ONU reconnaît le droit de la Nouvelle-Calédonie à l'auto-détermination.

    Avril-mai 1988: Sur l'île d'Ouvéa, des indépendantistes investissent une gendarmerie. 4 gendarmes sont tués, les autres sont pris en otages. Le 5 mai, le gouvernement de M.Jacques Chirac ordonne l'assaut de la grotte où ils sont retenus. 19 preneurs d'ôtage et 2 militaires sont tués.

    26 juin 1988: Les accords de Matignon instaurent un statut provisoire de 10 ans devant se solder en Nouvelle-Calédonie par un référendum sur la question de l'indépendance.

    6 novembre 1988: Les accords de Matignon sont approuvés par un référendum national.

    5 mai 1998: L'accord de Nouméa reporte le référendum et met en place un processus prévoyant le remplacement graduel de l'autonomie de l'île.

    21 mai 1999: Mise en place du 1° congrès de la Nouvelle-Calédonie, qui élabore les lois et élit le gouvernement de l'île. Il est dominé par le Rassemblement pour la Calédonie dans la république ( RPCR ) de M. Jacques Lafleur.

    9 ami 2004: Elections provinciales et du congrès. Les listes anti-indépendantistes recueillent 56,6 % des voix ( dont 24,4 % pour le RPCR ) et celles favorables à l'indépendance 41,2 % ( dont 16,4 % pour l'Union nationale pour l'indépendance - Front de libération nationale kanak et socialiste ( UNI-FLNKS ) et 11,9 % pour l'Union Calédonienne )
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    Message par bye Sam 10 Jan - 14:31

    un petit conseil de lectures proposé par le Monde Diplo

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    Message par bye Dim 29 Mar - 17:49

    La religion des quinze pour cent





    Par Isabelle Pivert ( essayiste, auteure de Soleil capitaliste, Entretiens au cœur des multinationales, éditions du Sextant, et de Plan Social, Entretiens avec un licencieur, éditions du Sextant, 2004 ). Cet article est étayé par des extraits d’entretiens avec des cadres dirigeants de multinationales, des financiers, des
    consultants, effectués entre 2003 et 2008, et dont certains ont été publiés dans ces deux ouvrages. )






    Les suppressions d’emplois se multiplient et les actionnaires
    des 40 plus grandes entreprises françaises cotées en Bourse ( CAC 40 ) ont reçu 54,2 milliards d’euros de dividendes en 2008. Devant un tel étalage de richesses distribuées en pleine crise, le président de la République française fait miroiter un éventuel partage des bénéfices. Ces derniers seront d’autant plus abondants que les salaires seront comprimés et les emplois rayés de la carte.





    C’est vers la fin des années 1980 qu’a commencé à s’imposer
    le diktat de la création de valeur pour l’actionnaire, ou shareholder value ( initialement shareholder cration ). Ce concept a non seulement bouleversé l’organisation et le fonctionnement traditionnel des entreprises , mais aussi la cohésion sociale de la quasi-totalité des pays industrialisés. Issue des départements
    « fusions et acquisitions » des banques d’affaires anglo-saxonnes, la shareholder value visait initialement à déterminer le gain pour l’actionnaire d’une opération de fusion ou de rachat entre deux entreprises. Elle est peu à peu devenue l’étalon des performances financières de l’entreprise, au détriment de toute logique économique et industrielle.





    Les entreprises , jusqu’alors sommées de grossir, fusionner,
    s’avaler ou disparaître au nom des économies d’échelles et de la course à la taille critique, ne le furent plus désormais qu’en vue de servir une rémunération maximale à leurs actionnaires. Laquelle d’ailleurs ne dépendait plus uniquement d’une distribution de dividendes ( généralement calculés à partir du bénéfice ) mais de plus en plus de la hausse du cours de l’action de la société.


    Avec l’essor de la mondialisation, grâce au développement
    des nouvelles technologies de l’information et de la communication, à une mobilité toujours plus grande des capitaux et à une standardisation généralisée des systèmes d’information, les cabinets internationaux de conseil en stratégie ont sorti la shareholder value de son berceau originel – la banque d’affaires –
    pour la propager, via les directions générales, à tous les niveaux de décision des sociétés cotées en Bourse ( des cabinets tels que Mc Kinsey, Boston Consulting Group ( BCG ), Arthur D. Little ainsi que le défunt Andersen Consulting ont contribué à propager les outils ( logiciels, grilles d’analyse stratégique.. ) au sein des entreprises. )





    « Désormais, vous travaillez uniquement pour l’actionnaire ! ». Cette cadre commerciale d’une multinationale de l’industrie pharmaceutique se souvient ainsi de la présentation par ses
    dirigeants du concept de création de valeur à l’ensemble des salariés réunis pour l’occasion : « Cela m’a fait un choc ! Puis on nous a expliqué que nous aussi on allait en profiter puisque, si on enrichissait l’actionnaire, on aurait des primes, des augmentations.. ». De son côté, Charles C., vice-président d’un des cabinets de conseil qui ont contribué à diffuser l’idée, se souvient : « J’avais envie de continuer à travailler sur le lien entre stratégie et nouvelle théorie financière, ce qu’on appelait à l’époque la valeur actionnariale de l’entreprise. Il s’agissait d’une approche très micro-économique et financière de la stratégie d’une entreprise ; il convenait de choisir des stratégies en fonction de leur
    potentiel de création de valeur pour l’actionnaire. »





    A partir du milieu des années 1990, la shareholder value va
    donc servir de principe unificateur, voire « rationalisateur »,
    puisqu’elle s’applique désormais à tous les secteurs ou presque. Une entreprise cotée se doit de servir au mieux ses actionnaires avec des rendements, c’est-à-dire des retours sur investissements, qui peuvent atteindre- et parfois dépasser – les 15 % par an. En l’espace d’une décennie, le concept est devenu opérationnel et même central pour les sociétés inscrites en Bourse.
    « L’entrée de l’équipementier automobile français Valéo dans l’indice CAC 40 en 1997-1998, a créé un nouveau rythme : avertissements sur résultats ( profit warning ), reporting, on sentait une plus grande tension sur les résultats trimestriels », se rappelle Didier C., directeur général d’une société de sous-traitance automobile rachetée en 2005 par un groupe japonais.





    Une passoire avec de l’eau dedans.





    L’obligation de servir l’intérêt de l’actionnaire se trouve
    alors codifiée par l’expression corporate governance, la ( bonne ) gouvernance d’entreprise, dont le principe naturel et implicite est de répondre à une seule et même question, avant chaque décision : est-ce que cela va créer de la richesse pour l’actionnaire ? Pour Didier C., l’entreprise cotée « se doit de réaliser des performances boursières, mais l’innovation, dont le retour sur investissement n’intervient qu’à moyen ou long terme, est desservie par cette approche. On n’est plus du tout dans la stratégie industrielle :
    l’entreprise est là pour cracher des résultats au service des institutions financières ». Car, parallèlement, « en 20 ans, l’intermédiation financière a explosé ».


    Les cadres dirigeants, dont la rémunération en stock-options
    ( dépendant donc du cours d e l’action ) a aligné les intérêts sur ceux des actionnaires, n’ont pas d’autre choix que de sélectionner le scénario dont ils pensent qu’il sera le plus susceptible de faire monter, le plus vite et le plus haut, le cours d e Bourse. Telle activité existante supposée ne générer « que » 6 %, 7 ou 8 % annuels de retours sur capitaux investis – donc a priori rentable – sera abandonnée ou bradée au profit de celle générant un
    taux supérieur à 10 %, voire à 15 %. Pour prendre l’exemple de l’industrie pharmaceutique – où les cycles de recherche sont très longs - , cette logique financière a pour conséquence l’identification préalable des clients les plus prometteurs dans touts décision d’investissement concernant la recherche appliquée à partir d’une nouvelle molécule. Entre le paludisme, touchant des
    millions de personnes dans des pays pauvres, et l’obésité, touchant des pays riches, le choix de recherche se fera pour la seconde, jugée la plus favorable à l’évolution du cours de Bourse.


    Selon Didier C., la nécessité de dégager des profits à court
    terme, beaucoup plus pressante qu’avant, crée un rythme extrêmement difficile pour les entreprises. La mondialisation et la délocalisation en découlent. Pour les équipementiers automobiles, l’obligation d’être toujours plus profitables à court terme se traduit par une réduction du coût du travail. « Dans notre secteur, si on m’impose d’augmenter mes résultats de 10 ou 15 %, je licencie
    encore du personnel et j’en embauche dans mes usines en Chine ou en Inde. Mais en faisant cela, je tue l’entreprise, parce que mon savoir-faire est encore ici ( en France ) ; et il faut se battre pour le maintenir. » Pour Gérard S., gestionnaire de fonds de pensions après avoir été analyste puis conseiller en stratégie dans une grande banque, « dans 9 cas sur 10, une entreprise qui annonce qu’elle transfère 10 % de ses centres de production de France vers
    l’Asie verra son cours de Bourse monter sur la journée ».





    De là naît la contradiction, pour ne pas dire la perversité,
    de la création de valeur : reposant sur le court terme, elle s’oppose à la notion même d’entreprise, qui est un pari dynamique et mesuré sur l’avenir.
    Cette contradiction est aggravée par la croyance, savamment entretenue, que la bataille sur le court terme va de pair avec une concurrence effrénée et permanente. « Il faut se sentir en danger, s’adapter, investir », estime Jean-Marc P., capital-risqueur. De son côté, le conseiller Charles C. concède ce surprenant aveu : « Je travaille à la déshumanisation de l’organisation et du management, dans le sens de supprimer tout ce qui est interne à l’homme. » Quant à Jean-Michel L., recruteur, il estime que les managers ont détourné de façon singulière un célèbre propos de l’économiste Keynes : « ‘A long terme, on est tous morts’ donc seul le quotidien compte ».


    Une autre des aliénations provoquées par la création de valeur est qu’elle profite d’abord à des actionnaires qui ne ressemblent pas à
    l’actionnaire traditionnel. En effet, la société cotée est avant tout redevable à des investisseurs institutionnels ( fonds de pension, banques, assurances ) ou à des fonds privés. Comme l’explique Didier C. : « Cette intermédiation, où l’actionnaire est un fonds qui est lui-même le produit de milliers de personnes, crée un écran entre la réalité économique d’une entreprise et l’actionnaire de base. On n’est plus dans un capitalisme de proximité, où les gens savent où ils mettent leur argent ; on est dans une intermédiation qui crée des attentes parce que ces fonds ont eux-mêmes un
    produit à vendre. On est loin du schéma capitaliste où un individu ayant une idée peut faire appel à des actionnaires pour monter un projet. » Charles C. assure de son côté : » Je ne vois pas comment on peut retenir la valeur en France quand elle se crée ailleurs. C’est comme une passoire avec de l’eau dedans. »





    Du coup, l’effondrement des emplois durables dans les sociétés « riches » génère pour les classes moyennes et populaires une insécurité sociale et économique permanente. Selon Aline T., analyste financière dans une société de Bouse, « c’est l’organisation globale du système capitaliste via la Bourse qui crée le chômage ». Cela vaut aussi quand l’entreprise n’est pas cotée et qu’une partie de son capital est entre els mains de fonds
    d’investissements privés ( private equity ). « Ces fonds rachètent des grandes entreprises dans le but de les revendre au bout de 3 ou 4 ans, prévient Gérard S. Leur but est de réaliser les plus-values les plus élevées possibles.
    Il faut faire cracher l’entreprise. Dans le pire des cas, ils vont arrêter la recherche, renvoyer el plus de gens possible pour faire en sorte que les profits soient à court terme les plus élevés et pour revendre ensuite. »





    L’obligation de création de valeur a donc abouti à une prise
    de pouvoir et de contrôle des actionnaires et des cadres dirigeants de l’entreprise – rémunérés en stock-options – sur les salariés de base, mais le processus est loin d’être achevé. Face à la pression des premiers, les seconds ont développé des stratégies individuelles de « survie » qui incluent des pratiques nouvelles de détournement de matériel ou de marchandises, de rétention d’information, d’ententes officieuses qui vont à l’encontre de la stratégie du premier groupe et de la rémunération maximale de l’actionnaire. De
    manière symétrique et préalable, la propagande, l’omission, le mensonge sont devenus des modes courants de management opérationnel ; on parle même de « management par la terreur ».





    Des métiers porteurs de germes autoritaires





    Quand on baigne dans un milieu de concurrence volontairement
    exacerbée, celui qui n’intègre pas assez vite la norme, est exclu. Selon Didier C., « le syndicat jouait, avant, un rôle intermédiaire entre les sorts individuels et la politique de l’entreprise, mais là on sent que, même si ça n’a jamais été un critère de garder ou de ne pas garder les gens, ceux qui restent sont ceux dont les aspirations individuelles rejoignent finalement les besoins de l’entreprise, sans besoin d ‘intermédiation de qui que ce soit ». Dans le même temps, l’intégration de la norme entraîne des ajustements par anticipation ou par mimétisme, comme le soulignent les analystes de l’agence de notation Fitch : »Transférer la production vers des pays à bas coûts salariaux ne donne pas forcément un avantage concurrentiel, mais c’est probablement une nouvelle norme. » Historien de formation, consultant pour le cabinet Syndex – qui travaille pour les comités d’entreprise - , M. Rémi Skoutelski constate une évolution dans les licenciements collectifs : « C’est un chapitre comme un autre, une pratique récurrente des boîtes du CAC 40. Pour soutenir le cours d e l’action, il faut montrer qu’on restructure. »


    Et c’est dans cette dérive que réside le danger pour les démocraties, qui voient se développer 2 types d’emplois porteurs de germes autoritaires. Le premier concerne la communication-propagande, qu’elle soit pratiquée à l’intérieur ou à l’extérieur de l’entreprise. Le second, quant à lui, relève du contrôle et de la sécurité au sein de l’entreprise mais aussi en dehors. Contraire aux libertés publiques, la croissance de ces métiers participe du même déni de réalité, basé sur l’incapacité pour la plupart des
    responsables politiques actuels de remettre en cause une croyance massive en un capitalisme fondamentalement bon ( les néolibéraux ) ou finalement bon ( les sociaux-démocrates ). Même si le capitalisme financier est aujourd’hui concrètement et spectaculairement touché au cœur, combien sont ceux qui en appellent pieusement ( et au fond piteusement ) à sa « moralisation » ?
    bye
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    Message par bye Lun 13 Avr - 8:37

    Pourquoi l’état français a déréglementé la Bourse





    « Nous avons eu le pouvoir, maintenant il nous faut l’argent »


    par Pierre Rimbert





    Quand les dirigeants des pays représentant les quatre cinquièmes de la production mondiale – le G20 – se réunissent à Londres pour
    réformer le système financier surgit une impression de déjà-vu : en
    1 999, après la tornade monétaire asiatique ; en 2 002, après
    l’éclatement de la bulle Internet. On tâche de réguler la dérégulation. Cette fois, des mesures « structurelles » contre les paradis fiscaux sont annoncées. Mais l’essentiel paraît soustrait à la discussion : l’utilité sociale de la finance.





    Au moment où les Etats réunis à Londres tentent de reprendre
    aux marchés la direction de l’économie mondiale , se pose une question à mille milliards d’euros : pourquoi diable la leur avaient-ils confiée ?


    Le cas français est éclairant. Depuis la fin de la seconde
    guerre mondiale, le financement de l’économie s’est joué en 3 actes dominés par 3 acteurs : l’Etat, les banques, les marchés financiers. Pendant la reconstruction, l’Etat collecte de l’argent auprès d’institutions publiques ( Poste, Caisse des dépôts ), puis l’alloue en fonction des priorités du Plan.
    C’est le « circuit du Trésor », emblème d’un capitalisme dirigé où la
    Bourse ne joue qu’un rôle marginal : en 1 961, la part des
    investissements financés par les marchés est 3 fois moindre qu’en
    1 913 !





    De l’or coulait rue Quincampoix





    Ces 2 phases ont un point commun : de manière forte ou indirecte, l’Etat oriente les capitaux conformément à sa volonté politique. Une rupture intervient au milieu des années 1 980 quand la puissance publique décide d’organiser son propre retrait et, simultanément, de favoriser l’essor des marchés financiers. Les entreprises seront incitées à trouver des capitaux à la Bourse, les prêts subventionnés seront supprimés, et les banques s’ébroueront dans les eaux
    glacées de la concurrence. Ce troisième acte, sur lequel la crise ouverte en 2 007 fait tomber un rideau ( final ? ), présente une particularité : il a été écrit par un gouvernement de gauche.





    Des socialistes qui ancrent la Bourse au cœur du moteur économique ? Nul ou presque s’imagine un tel scénario au soir du 10 mai 1 981. Après les nationalisations de 1 982, l’Etat tient seul la barre. Il contrôle le crédit, les prix, les salaires, les changes. Les marchés financiers sont réglementés, cloisonnés, réservés à certains agents et peu concurrentiels. « Cette organisation des marchés répondait à un souci de sécurité absolue qui a longtemps prévalu sur toute autre considération », explique M. Jean-Charles Naouri, alors directeur de cabinet du ministre de l’économie et des finances Pierre Bérégovoy.





    La sécurité ? Une valeur assez vite dépassée. 4 ans plus tard, la place de Paris dispose d’un marché de capitaux déréglementé, unifié, ouvert à tous, cavalant après Londres et Chicago sur le terrain des produits dérivés les plus sophistiqués. « La Bourse est
    en pleine effervescence ; les capitaux viennent à flots, triomphe
    l’essayiste Alain Minc. Le marché, en un mot, est enfin roi. » (
    l’Express, 18 avril 1 986) Plusieurs raisons ont incité le gouvernement socialiste à pousser dans le même sens que Mme Margareth Thatcher au Royaume-Uni et Ronald Reagan aux Etats-Unis le balancier de l’économie politique qui oscille depuis deux siècles entre l’Etat et le marché.





    La première tient à la dislocation , dans les années 1 970, de l’architecture monétaire mondiale conçue à la fin de la seconde guerre mondiale à Bretton Woods : un système de changes fixes où les Etats arriment leurs devises au dollar, dont la valeur est elle-même gagée sur l’or. La stabilité de l’édifice implique un contrôle de la circulation transnationale des capitaux, tant pour les touristes que pour les banques et investisseurs. Mais, peu après la décision du président américain Richard Nixon de suspendre la convertibilité du dollar en or, le 15 août 1 971, les taux de change commencent à flotter et de nouveaux périls apparaissent : une entreprise qui, par exemple, achète des fournitures en dollars et vend des produits finis en francs, perd ses plumes si le franc chute
    par rapport au billet vert. D’où la création, dès 1 972, d’instruments
    financiers permettant de se prémunir contre ces fluctuations. Contrats à terme, options et autres produits dérivés prolifèrent, dopés par les mathématiques financières. Jusqu’au point où leur développement se heurte aux entraves réglementaires en vigueur dans chaque pays. Le pouvoir politique, pressé par celui de l’argent, les brisera. Au Royaume-Uni, le « big bang » du
    London Stock Exchange s’opère entre 1 983 et 1 986.





    En France, la réforme sera étalée dans le temps et portera sur le front de la banque comme sur celui de la Bourse. Le statut des établissements de crédit est unifié en janvier 1 984 pour valoriser la concurrence ; la libéralisation des Bourses intervient entre 1 985 et 1 986. « On ne voulait pas donner l’idée qu’il y avait un grand mouvement , parce qu’on aurait fait peur, admet M. Naouri. Au
    contraire, on a fait cela très éparpillé, très morcelé, pour qu’il ne se
    constitue pas une opposition unie contre nous. » En effet, les oppositions ne manquent pas. Celle des militants socialistes, plus sensibles à la « rupture avec le capitalisme » qu’à l’agiotage. Celle aussi de la Compagnie des agents de change, maîtresse de la Bourse depuis près de 3 siècles.





    La banqueroute de la Compagnie des Indes ( juillet 1 720 ), dirigée par John Law, a marqué les esprits ; des centaines de milliers d’épargnants y avaient investi. Nul ne souhaite raviver la fièvre de la rue Quincampoix, siège de la société, où aventuriers, commerçants, intrigants, écclésiastiques, aristocrates, soldats,
    filles de joie et virtuoses de la carambouille font monter les cours en flèche dans une ambiance décadente, bien restituée par les adaptations cinématographiques du roman de Paul Féval, Le Bossu.





    L’arrêt du Conseil d’Etat du roi en date du 27 septembre 1 724 rétablit l’ordre : il institue la Bourse de Paris et confère le monopole de la négociation des titres aux agents de change. Sur chaque action, ils prélèvent une commission à taux fixe. Eux seuls accèdent au palais Brognart, où les prix des actions se forment à la
    criée. Soupçonnées de déchaîner l’ivresse spéculative et de négocier leurs dettes contre leurs charmes, les femmes n’y accèderont qu’en..1 967. Les agents de change jouissent du titre d’officiers ministériels, un statut ambivalent qui reflète l’ « alliance objective entre els Bourses et l’Etat » instaurée sous l’Ancien Régime : pour financer son déficit public sur les marchés, le pouvoir doit en organiser le fonctionnement.





    Le choix dont tout dépend





    Telle n’est pas la priorité du gouvernement qui s’installe à Matignon en mai 1 981.
    Cependant, dès le mois de septembre, le ministre de l’économie et des finances Jacques Delors et son ministre délégué au budget Laurent Fabius envisagent une réforme de la Bourse. L’objectif, expliquent-ils aux membres de la commission chargée d’en dresser les plans, est de « faire face sans création monétaire à des besoins de financement qui s’accroissent ou qui doivent s’accroître pour que la politique économique réussisse ». Sans création monétaire, c’est-à-dire en s’appuyant sur l’épargne financière plutôt que sur
    les crédits bancaires potentiellement inflationnistes.


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    Message par bye Lun 13 Avr - 8:39

    Pourquoi l'Etat français a déréglementé la Bourse ( suite et fin )

    Le Parlement vote en janvier 1 983 des incitations fiscales pour les placements boursiers et fonde le second marché, où seront cotées des entreprises moyennes ( TF1, Canal +). Et le Financial Times ( 8 septembre 1 982 ) d’ironiser : « Le gouvernement , au milieu de ses tribulations pour diriger l’économie, adopte une attitude toute « capitaliste » en ce qui concerne le développement nécessaire de la Bourse. » mais celui-ci demeure encore un moyen parmi d’autres.





    Après le tournant libéral ( 1 983- 1 984 ), il devient une fin ensoi. Le nouveau premier ministre Fabius et son ministre de l’économie Bérégovoy ont redéfini les priorités : réduction de l’inflation, austérité salariale, limitation des dépenses publiques, rétablissement des marges des entreprises.
    C’est la « désinflation compétitive ». De ce choix, tout découle. Et
    tout s’enchaîne. La politique de désinflation joue à la fois comme cause et comme effet : elle pousse l’Etat et les entreprises à se financer sans créer de monnaie ; elle porte les taux d’intérêt au-dessus de l’inflation , ce qui favorise les patrimoines en général et la Bourse en particulier.Négatifs à la fin des années 1 970, les taux réels à long terme dépassent 6 % en 1 986. La dette et son service coûtent donc de plus en plus à l’Etat. Pour les financer, le gouvernement a besoin d’un marché de l’argent où les capitaux circulent sans entrave. Les entreprise y puiseront également leurs
    ressources.





    D’une traditionnelle « économie d’endettement », selon la terminologie alors en vogue à la Banque de France, on passerait à une rutilante « économie de marchés financiers ». Celle où les excédents des ménages, des fonds de pension et des assurances comblent les besoins de l’Etat et des entreprises sans redouter les effets corrosifs de l’inflation. Encore faut-il démanteler le contrôle des changes, supprimé au Royaume-Uni dès 1 979. Sa levée progressive entre 1 985 et 1 989 ouvre les écluses du capital. Le flot d’argent qui déferle sur les places européennes exerce une pression à la baisse sur les commissions prélevées par les courtiers. Opposés depuis toujours au monopole de la Compagnie des agents de change, les investisseurs institutionnels ( banques, assurances ) réclament leur part du gâteau. Et pressent le gouvernement d’ébranler les colonnes du palais Brongniart , arguant notamment de la concurrence de Londres, dont la capitalisation boursière est en
    1 982 six fois plus volumineuse que celle de Paris.





    Les dés sont jetés. Ils ont été vigoureusement secoués par la direction du Trésor, qui brandit le spectre d’une France discréditée par les dévaluations de sa monnaie et l’ampleur de ses dettes. Une escouade de jeunes fonctionnaires, menée par MM. Jacques Attali, Jean-Louis Bianco ( secrétaire général de l’Elysée ), François-Xavier Stasse ( conseiller technique ), achève de convaincre François
    Mitterrand de déréglementer els marchés. « La gauche devait le faire, parce que ce n’est pas la droite qui l’aurait fait », dira plus tard M.Pascal Lamy, conseiller du premier ministre Pierre Mauroy. La mission échut à Bérégovoy et à son directeur de cabinet, M.Naouri.





    Le dossier est technique, mal compris du grand public ? Tant mieux, on n’en médiatisera qu’une part avantageuse. Dans sa préface au Livre blanc sur la réforme du financement de l’économie publié en 1 986, le ministre des finances Bérégovoy oppose « les situations de monopole , les privilèges de réseaux et les procédures
    dérogatoires » à « une plus grande mobilité du marché financier et
    une concurrence plus vive ». La libéralisation marquerait la victoire de la gauche sur le mur de l’argent incarné par la Compagnie des agents de change.
    Mais c’est une définition presque parfaite du néo-libéralisme que prodigue Bérégovoy aux lecteurs de l’Agefi : « La France a une longue tradition de dirigisme et d’interventionnisme étatique. Les entreprises s’en plaignent ; elles y trouvent souvent des protections qui les abritent d’une forte concurrence. Socialiste, l’idée que je me fais de la liberté s’accorde mal avec cette tradition. L’Etat doit édicter la règle générale qui organise – et permet – le fonctionnement des marchés. » Lesquels imposeront leur rigueur aux autres acteurs, politiques compris.





    Inspiré par le « modèle américain », Bérégovoy bouleverse le paysage boursier français en moins de deux ans. En 1 985, une nouvelle palette de produits financiers unifie les marchés monétaires ( à court et long terme ) et en ouvre l’accès à l’ensemble des acteurs économiques ( ménages, entreprises, banques ).
    Ce décloisonnement permet par exemple aux entreprises de lever directement des capitaux sur les marchés en émettant des billets de trésorerie. « Les emprunteurs auront désormais le choix pour se financer entre le crédit bancaire sous toutes ses formes et l’émission de titres sur la quasi-totalité des échéances », s’enthousiasme M. Naouri dans le Livre blanc. Simultanément, le gouvernement crée les obligations assimilables au Trésor ( OAT ), support d’une dette publique facilement négociable et appréciée des investisseurs internationaux.





    Avec la loi du 11 juillet 1985 qui institue le marché à terme des instruments financiers ( Matif ), premier de son genre en Europe Continentale, et le marché des options négociables de Paris ( Monep ), la France entre de plain-pied dans l’ère de la finance spéculative ( Sur un marché à terme, le règlement des transactions s’effectue à une échéance ultérieure selon un prix fixé à l’avance. Sur le marché des options, l’opérateur paie le droit d’acheter ou de vendre un actif dans des conditions définies à l’avance. S’ils
    peuvent servir à couvrir des risques, ces produits dérivés sont devenus le support d’une spéculation qui cherche le gain dans la fluctuation des cours plutôt que dans l’échange proprement dit. ) M. Xavier Dupont, syndic de la Compagnie des agents de change à partir de 1984, raconte ses échanges avec l’entourage de Bérégovoy : « Nous quittions ces réunions bousculés, interloqués. Nous croyions depuis longtemps en l’économie de marché et dans les vertus du capitalisme. Et voici que les représentants de notre
    tutelle, au plus haut niveau, font leurs ces idées et nous mettent au défi d’accomplir les valeurs qui sont les nôtres. »





    Une oligarchie chasse l’autre





    Le monopole des agents de change chancelle. L’informatisation de la Bourse entraîne la baisse des coûts de négociation et permet une circulation planétaire de l’information. Naguère fixée à la criée, la cote s’établit désormais en temps réel. Lancée en juin 1986, la cotation assistée en continu 5 CAC ), dont le sigle recoupe celui de
    la Compagnie des agents de change, donne son nom au fameux indice CAC 40.
    Celui-ci est inauguré en juin 1988 – en même temps qu’est adoptée la directive européenne portant libération totale des mouvements de capitaux ( La France s’était engagée à libérer totalement les mouvements de capitaux avant le 1° juillet 1990. Pour montrer sa bonne volonté européenne, le ministre de l’économie Bérégovoy applique la mesure dès le 29 décembre 1989.) Equivalente à 5 % du
    produit intérieur brut en 1982, la capitalisation de la Bourse française en représente 20 % quatre ans plus tard.





    Quand la droite revient au pouvoir en mars 1986, elle utilise le « grand marché des capitaux » construit par la gauche pour légitimer les privatisations au nom de l’actionnariat populaire. « Tellement de choses sont en train de bouger , s’exalte Bernard Tapie, alors présentateur de l’émission « Ambitions » ( TF1, 28 février 1987 ). Vous êtes déjà des millions à avoir investi à la Bourse » . Le krach d’octobre 1987 douche leur enthousiasme, offrant un avant-goût des dangers inhérents à une économie financiarisée – dont chacun mesure à présent les effets.





    Certes les marchés déréglementés ont fluidifié la circulation des capitaux ; ils ont aussi favorisé la dissémination du risque. Et fait peser leur logique sur les pouvoirs publics comme sur les entreprises. Un gouvernement qui cesse de choyer les Bourses
    suscite la défiance de ses créanciers et s’expose au renchérissement du coût de ses futurs emprunts. D’où le souci de « crédibilité gestionnaire » devenu synonyme, à gauche comme à droite, d’excellence politique.





    Si l’ « Etat stratège » manquait parfois de discernement, il n’exigeait qu’un retour qualitatif sur ses subventions à l’industrie ( aménagement du territoire, maintien de certains emplois ). Les investissements institutionnels, eux, réclament une hausse de valeur des titres et incitent les entreprises qu’ils financent à
    rogner la part des salaires. De 1983 à 1987, le taux des marges des sociétés françaises passe de 26 % à 32 %.

    Dans le sillage des réformes socialistes, le gouvernement de M. Jacques Chirac dissout la Compagnie des agents de change le 22 janvier 1988. Une oligarchie en chassait une autre.
    « Dans la vie, il y a deux choses : le pouvoir et l’argent. Nous
    avons eu le pouvoir, il nous faut l’argent » aurait expliqué M. Naouri
    lors de son départ du ministère de l’économie en 1986. Quelques mois plus tard, il créait un fonds d’investissement. En 2008, il devenait la 38° fortune de France.

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