Entretien avec Audrey de Nazelle, docteur et chercheuse au Centre d’études sur les Politiques Environnementales à l’Imperial College, à Londres.
Audrey de Nazelle est docteur et chercheuse au Centre d’études sur les Politiques Environnementales à l’Imperial College, Londres. Ses travaux portent sur l’articulation entre les problématiques de santé publique et les politiques de transports et d’urbanisme. Elle fait également partie du programme de recherche européen TAPAS (Transportation, Air pollution and Physical Activities)[1] auquel elle a apporté des analyses sur les politiques de mobilité active (vélo, piétonisation…) efficaces.
Quel diagnostic faites-vous de notre santé en milieu urbain ?
La sédentarité et la pollution de l’air sont les deux grands défis actuels de la santé urbaine. La pollution de l’air provoque dans le monde, selon les sources, entre trois et sept millions de morts par an. La sédentarité, elle, est à l’origine d’un peu plus de trois millions de morts par an. Avec un total pouvant se chiffrer jusqu’à dix millions de morts par an, ces deux challenges sont inscrits au rang des dix premières préoccupations mondiales de l’OMS. A la pollution de l’air et la sédentarité s’ajoutent d’autres problématiques environnementales et sanitaires propre au milieu urbain : risque d’accident de la circulation, nuisances sonores…
Quel est le rôle des politiques de transports pour relever ces défis ?
Très concrètement, le fait est que chacun ne trouve ni le temps, ni l’argent et ni l’énergie pour faire de l’exercice. Pourtant avec 30 minutes d’exercice modéré au quotidien on constate déjà les bénéfices sur la santé. Privilégier des modes de déplacements actifs (vélo ou marche à pied) permettrait donc d’atteindre le niveau minimum d’activité physique recommandé par l’OMS.
L’impact des politiques de transports sur l’environnement et la santé ont d’ailleurs fait l’objet de recherches dont celle, par exemple, menée par James Woodcock. En comparant deux scénarios de politiques de transports dans une étude[2], il a pu mettre en avant les co-bénéfices engendrés par une approche comportementale. Le scénario sectoriel, purement technologique, misait sur l‘évolution de la technologie des voitures pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. L’autre scénario passait par le changement de comportement (encourager les modes actifs type vélo ou marche à pied). Résultat, pour un niveau égal d’émissions de gaz à effet de serre, le scénario de changement des comportements présentait trente fois plus de co-bénéfices sur la santé que celui technologique.
Concrètement, par où commencer ?
Il faudrait créer plus d’espaces dédiés et sécurisés pour la pratique de ces modes actifs : espaces verts pour la marche à pied ou pistes cyclables. Pour le vélo, l’aménagement de ces itinéraires constitue le moyen le plus rudimentaire d’encourager le changement de comportement. Cela a été d’ailleurs montré dans plusieurs villes européennes servant de cadre à une étude réalisée par le programme de recherche TAPAS. L’extension des pistes cyclables encourage la pratique du vélo et améliore, par ricochet, la santé de ses pratiquants. Par exemple, si on dotait chaque rue d’une piste cyclable, on pourrait, même en incluant les risques d’accidents, éviter 1200 morts à Londres, près de 500 à Rome et environ 300 à Barcelone.
[1] http://www.tapas-program.org/
[2] https://bit.ly/2lutnvE
https://reseauactionclimat.org/sedentarite-pollution-climat-urgence/
Audrey de Nazelle est docteur et chercheuse au Centre d’études sur les Politiques Environnementales à l’Imperial College, Londres. Ses travaux portent sur l’articulation entre les problématiques de santé publique et les politiques de transports et d’urbanisme. Elle fait également partie du programme de recherche européen TAPAS (Transportation, Air pollution and Physical Activities)[1] auquel elle a apporté des analyses sur les politiques de mobilité active (vélo, piétonisation…) efficaces.
Quel diagnostic faites-vous de notre santé en milieu urbain ?
La sédentarité et la pollution de l’air sont les deux grands défis actuels de la santé urbaine. La pollution de l’air provoque dans le monde, selon les sources, entre trois et sept millions de morts par an. La sédentarité, elle, est à l’origine d’un peu plus de trois millions de morts par an. Avec un total pouvant se chiffrer jusqu’à dix millions de morts par an, ces deux challenges sont inscrits au rang des dix premières préoccupations mondiales de l’OMS. A la pollution de l’air et la sédentarité s’ajoutent d’autres problématiques environnementales et sanitaires propre au milieu urbain : risque d’accident de la circulation, nuisances sonores…
Quel est le rôle des politiques de transports pour relever ces défis ?
Très concrètement, le fait est que chacun ne trouve ni le temps, ni l’argent et ni l’énergie pour faire de l’exercice. Pourtant avec 30 minutes d’exercice modéré au quotidien on constate déjà les bénéfices sur la santé. Privilégier des modes de déplacements actifs (vélo ou marche à pied) permettrait donc d’atteindre le niveau minimum d’activité physique recommandé par l’OMS.
L’impact des politiques de transports sur l’environnement et la santé ont d’ailleurs fait l’objet de recherches dont celle, par exemple, menée par James Woodcock. En comparant deux scénarios de politiques de transports dans une étude[2], il a pu mettre en avant les co-bénéfices engendrés par une approche comportementale. Le scénario sectoriel, purement technologique, misait sur l‘évolution de la technologie des voitures pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. L’autre scénario passait par le changement de comportement (encourager les modes actifs type vélo ou marche à pied). Résultat, pour un niveau égal d’émissions de gaz à effet de serre, le scénario de changement des comportements présentait trente fois plus de co-bénéfices sur la santé que celui technologique.
Concrètement, par où commencer ?
Il faudrait créer plus d’espaces dédiés et sécurisés pour la pratique de ces modes actifs : espaces verts pour la marche à pied ou pistes cyclables. Pour le vélo, l’aménagement de ces itinéraires constitue le moyen le plus rudimentaire d’encourager le changement de comportement. Cela a été d’ailleurs montré dans plusieurs villes européennes servant de cadre à une étude réalisée par le programme de recherche TAPAS. L’extension des pistes cyclables encourage la pratique du vélo et améliore, par ricochet, la santé de ses pratiquants. Par exemple, si on dotait chaque rue d’une piste cyclable, on pourrait, même en incluant les risques d’accidents, éviter 1200 morts à Londres, près de 500 à Rome et environ 300 à Barcelone.
[1] http://www.tapas-program.org/
[2] https://bit.ly/2lutnvE
https://reseauactionclimat.org/sedentarite-pollution-climat-urgence/