Je voulais vous parler du cas d’un ami collègue, mais il refuse pour des raisons qui lui sont propres que je témoigne ou fasse témoigner sur son cas. Par respect je m’abstiendrais donc de mentionner son histoire.
Par contre, j’aimerais vous parler d’un fait que, sans l’intuition de ma tendre et douce compagne, nous ne nous serions pas méfiés.
Élaine (31 ans) française (vivant dans le Nord de la France) a rencontré (en novembre 2006) un jeune homme (29 ans) Nourdine (dans le Sud) Tunisien, lors de vacances, et l’un et l’autre sont tombés amoureux avec le temps.
Au début, il s’agissait d’une relation purement charnel et puis, cela s’est transformé en véritable amour. Mais à épisode, vivant éloigné géographiquement.
Nourdine est venu légalement en Espagne et, grâce à l’espace Schengen, il s’est rendu en France où il a de la famille : tante, oncle, cousin (Sud de la France).
Nourdine vient d’une branche d’une famille pauvre, campagnarde, en Tunisie, celle habitant en France vient d’une branche de la famille plutôt aisée financièrement qui dénigre beaucoup la famille pauvre…
Nourdine travail, au noir, dans le secteur du bâtiment. Ce dernier voudrait se rendre dans le Nord pour la rejoindre. Et ils envisagent de se marier, cela permettrait au couple de vivre ensemble mais en plus, cela permettrait à Nourdine de rester en France.
En septembre dernier, Élaine fait la démarche auprès de la mairie de sa commune pour savoir quels documents administratifs ils doivent fournir afin de se marier au plus tôt.
Élaine demande à ma moitié et moi-même d’être témoins de son mariage et Nourdine qui ne s’entend pas avec sa famille française a choisi parmi deux amis à lui des témoins. Nous avons tous les quatre acceptés d’être témoin.
Puis, Madame A explique à Élaine qu’il lui faut la liste des témoins, avec nom, prénom, coordonnées complètes, photocopie de la carte d’identité, qu’il faut des papiers administratifs, en outre pour Nourdine un extrait de son casier judiciaire, des papiers pour Nourdine qu’il lui faut chercher en Tunisie.
Pas méfiants (les mecs, nous n’avons pas assuré !) les trois témoins dont moi-même, nous nous exécutons ; mais c’est ma femme nous dit : « Mais c’est n’importe quoi, je ne comprends pas. Pourquoi ils ont besoin à l’avance comme ça de notre identité. Ce n’est pas normal. Je refuse. Et puis quoi encore, je ne veux pas être fichée… » Éliane insiste, prend ça contre elle se dispute avec ma compagne qui reste convaincue qu’il y a anguille sous roche.
Nourdine et Élaine obtiennent finalement leurs papiers administratifs. Elle se rend de nouveau à la mairie où on lui explique que le mariage ne pourra pas avoir lieu avant six mois de vie commune et où l’on met en garde Élaine contre le mariage blanc, que cet amour est suspect, que Nourdine se sert d’elle, et ainsi de suite.
Élaine nous prévient donc que le mariage n’aura pas lieu avant six mois et nous explique les raisons administratives. Personnellement, ne mettant jamais intéressé aux lois sur le mariage vis-à-vis de l’immigration, je ne percute pas plus que ça.
Ma compagne ne dit rien pendant notre conversation à table, elle écoute passivement, la main sur sa joue (je revois encore la scène, comme si c’était hier). Et puis, tout d’un coup elle dit : « C’est du n’importe quoi ! »
On lui demande de nous expliquer ce qu’elle veut dire par-là. Et elle s’explique : « cette loi là n’est pas en commun avec les Droits de l’homme, ce n’est pas possible que ce soit une loi française : aucune loi ne peut nous obliger à vivre avec quelqu’un sans être mariée. C’est inconcevable. »
Alors on lui dit : « mais ça c’est ta morale, la loi c’est autre chose. »
Elle insiste : « je vous assure, on est dans un pays de droit, il y a quelque chose de fondamentalement irrespectueux vis-à-vis des droits humains, je n’arrive pas à cerner quoi, ou à vous dire c’est quoi exactement, mais ça ne va pas. Je n’y crois pas. Ce n’est pas possible. Élaine prend un avocat, il y a des avocats spécialisés dans le droit des étrangers. Méfies-toi, comme par hasard, dans six mois les papiers administratifs de Nourdine ne seront plus valables. En plus, la France a des conventions, j’en suis sûre, avec la Tunisie, c’est une ancienne colonie, y’a un lien. Ce n’est pas comme s’il venait d’Irak. Non, je suis sûre que ça ne marche pas comme ça pour les papiers. Je te dis consulte un avocat, défends-toi. Vous avez des droits, les droits humains ne peuvent pas être moins importants que le droit pénal. Y’a quelque chose qui n’est pas clair. Je ne capte pas quoi, mais je le sens : ça ne va pas. »
Je ne sais pas trop si elle a raison, à ce moment-là, mais, comme toujours, je soutiens ma compagne dans ses intuitions, en plus, par conviction, je me méfie d’un maire UMP, et dis à Élaine qu’un avocat ça ne coute pas si cher, et que payer jusqu’à 50 € si cela peut lui permettre d’assurer ses droits, ça vaut le coût.
Elle s’obstine et pense qu’il s’agit simplement d’un durcissement de la loi depuis l’ère Sarkozy en tant que ministre de l’intérieur. Elle connait bien le maire et son adjoint, elle n’a pas de raison de se méfier de quoique ce soit, et puis elle est de droite aussi. La droite ce n’est pas ça. Croit-elle.
Au mois de novembre, nous recevons, les témoins, un appel du Maire et de son adjoint, qui nous menaces à demi-mot de vouloir couvrir un mariage blanc et nous font part des risques que nous encourront. Bien sûr, ces deux appels sont très bien formulés de sorte qu’il ne s’agit pas de pression, mais d’une simple mise en garde bienveillante.
Suffisamment bien tournée de toute manière pour que les deux témoins de Nourdine se rétractent et refuse d’assister au mariage…
Cet appel me chamboule, il a lieu sur mon lieu de travail où j’ai déjà quelques soucis ! Je suis outré, et quand je rentre chez moi, j’apprends que ma compagne a eu le même appel parce qu’elle me dit tout de go, sans me permette de placer un mot : « Alors, là si Élaine ne fait rien moi je vais faire appel à la cour européenne des droits de l’homme. C’est quoi cette nation qui m’interdit à moi d’être témoin dans un mariage ? D’où ils sortent ces gens-là ? Quoi, on ne m’a pas avertir qu’on était chez des vichystes ? Hamed et Mario m’ont téléphonée, ils se retirent et nous conseillent de faire de même. C’est quoi ça ? Je refuse de céder à l’intimidation ! Tu ne cèdes pas toi non plus ! Je t’interdis t’as pas le droit de me faire ça ! On ne cède pas devant les fascistes. Pas question ! » Un petit silence se fait ensuite, elle me regarde, puis elle me demande doucement, calmement : « au fait, t’as reçu un appel de la mairie d’Élaine toi aussi ? … Bonjour chéri.» Pour réponse j’éclate de rire : Je suis mort de rire devant sa colère, pourtant justifiée, mais elle est tellement marrante quand elle se met en colère…
Je vous épargne les autres détails.
Nous téléphonons alors à Élaine, qui vient d’apprendre la désaffection des amis de Nourdine, pour lui faire part de l’appel et surtout parce que ma compagne exige d’Élaine qu’elle prenne un avocat ! Elle ne lâche pas le morceau au téléphone, jusqu’à ce qu’Élaine lui promette de prendre un avocat…
Dimanche, nous avons un appel d’Élaine qui vient remercier et s’épancher en excuse devant ma compagne : « oh S. si j’avais su, depuis le début je t’aurais écoutée. Tu avais raison sur toute la ligne. J’ai vu un avocat, tu as raison, Nourdine n’a pas à se rendre en Tunisie cherché ses papiers, oui, tu as parfaitement raison : la France a des accords avec la Tunisie, il peut les obtenir ici. Tu avais raison. T’avais aussi raison : la loi n’oblige pas de vivre six mois avec la personne avant de se marier…. »
En fait, le maire et l’adjoint voulaient tout simplement faire en sorte de retarder se mariage afin que Nourdine soit en situation d’être expulsé.
J’embrasse tendrement ma compagne.
Maintenant, je vais m’intéresser plus à ce genre de choses.
Par contre, j’aimerais vous parler d’un fait que, sans l’intuition de ma tendre et douce compagne, nous ne nous serions pas méfiés.
Élaine (31 ans) française (vivant dans le Nord de la France) a rencontré (en novembre 2006) un jeune homme (29 ans) Nourdine (dans le Sud) Tunisien, lors de vacances, et l’un et l’autre sont tombés amoureux avec le temps.
Au début, il s’agissait d’une relation purement charnel et puis, cela s’est transformé en véritable amour. Mais à épisode, vivant éloigné géographiquement.
Nourdine est venu légalement en Espagne et, grâce à l’espace Schengen, il s’est rendu en France où il a de la famille : tante, oncle, cousin (Sud de la France).
Nourdine vient d’une branche d’une famille pauvre, campagnarde, en Tunisie, celle habitant en France vient d’une branche de la famille plutôt aisée financièrement qui dénigre beaucoup la famille pauvre…
Nourdine travail, au noir, dans le secteur du bâtiment. Ce dernier voudrait se rendre dans le Nord pour la rejoindre. Et ils envisagent de se marier, cela permettrait au couple de vivre ensemble mais en plus, cela permettrait à Nourdine de rester en France.
En septembre dernier, Élaine fait la démarche auprès de la mairie de sa commune pour savoir quels documents administratifs ils doivent fournir afin de se marier au plus tôt.
Élaine demande à ma moitié et moi-même d’être témoins de son mariage et Nourdine qui ne s’entend pas avec sa famille française a choisi parmi deux amis à lui des témoins. Nous avons tous les quatre acceptés d’être témoin.
Puis, Madame A explique à Élaine qu’il lui faut la liste des témoins, avec nom, prénom, coordonnées complètes, photocopie de la carte d’identité, qu’il faut des papiers administratifs, en outre pour Nourdine un extrait de son casier judiciaire, des papiers pour Nourdine qu’il lui faut chercher en Tunisie.
Pas méfiants (les mecs, nous n’avons pas assuré !) les trois témoins dont moi-même, nous nous exécutons ; mais c’est ma femme nous dit : « Mais c’est n’importe quoi, je ne comprends pas. Pourquoi ils ont besoin à l’avance comme ça de notre identité. Ce n’est pas normal. Je refuse. Et puis quoi encore, je ne veux pas être fichée… » Éliane insiste, prend ça contre elle se dispute avec ma compagne qui reste convaincue qu’il y a anguille sous roche.
Nourdine et Élaine obtiennent finalement leurs papiers administratifs. Elle se rend de nouveau à la mairie où on lui explique que le mariage ne pourra pas avoir lieu avant six mois de vie commune et où l’on met en garde Élaine contre le mariage blanc, que cet amour est suspect, que Nourdine se sert d’elle, et ainsi de suite.
Élaine nous prévient donc que le mariage n’aura pas lieu avant six mois et nous explique les raisons administratives. Personnellement, ne mettant jamais intéressé aux lois sur le mariage vis-à-vis de l’immigration, je ne percute pas plus que ça.
Ma compagne ne dit rien pendant notre conversation à table, elle écoute passivement, la main sur sa joue (je revois encore la scène, comme si c’était hier). Et puis, tout d’un coup elle dit : « C’est du n’importe quoi ! »
On lui demande de nous expliquer ce qu’elle veut dire par-là. Et elle s’explique : « cette loi là n’est pas en commun avec les Droits de l’homme, ce n’est pas possible que ce soit une loi française : aucune loi ne peut nous obliger à vivre avec quelqu’un sans être mariée. C’est inconcevable. »
Alors on lui dit : « mais ça c’est ta morale, la loi c’est autre chose. »
Elle insiste : « je vous assure, on est dans un pays de droit, il y a quelque chose de fondamentalement irrespectueux vis-à-vis des droits humains, je n’arrive pas à cerner quoi, ou à vous dire c’est quoi exactement, mais ça ne va pas. Je n’y crois pas. Ce n’est pas possible. Élaine prend un avocat, il y a des avocats spécialisés dans le droit des étrangers. Méfies-toi, comme par hasard, dans six mois les papiers administratifs de Nourdine ne seront plus valables. En plus, la France a des conventions, j’en suis sûre, avec la Tunisie, c’est une ancienne colonie, y’a un lien. Ce n’est pas comme s’il venait d’Irak. Non, je suis sûre que ça ne marche pas comme ça pour les papiers. Je te dis consulte un avocat, défends-toi. Vous avez des droits, les droits humains ne peuvent pas être moins importants que le droit pénal. Y’a quelque chose qui n’est pas clair. Je ne capte pas quoi, mais je le sens : ça ne va pas. »
Je ne sais pas trop si elle a raison, à ce moment-là, mais, comme toujours, je soutiens ma compagne dans ses intuitions, en plus, par conviction, je me méfie d’un maire UMP, et dis à Élaine qu’un avocat ça ne coute pas si cher, et que payer jusqu’à 50 € si cela peut lui permettre d’assurer ses droits, ça vaut le coût.
Elle s’obstine et pense qu’il s’agit simplement d’un durcissement de la loi depuis l’ère Sarkozy en tant que ministre de l’intérieur. Elle connait bien le maire et son adjoint, elle n’a pas de raison de se méfier de quoique ce soit, et puis elle est de droite aussi. La droite ce n’est pas ça. Croit-elle.
Au mois de novembre, nous recevons, les témoins, un appel du Maire et de son adjoint, qui nous menaces à demi-mot de vouloir couvrir un mariage blanc et nous font part des risques que nous encourront. Bien sûr, ces deux appels sont très bien formulés de sorte qu’il ne s’agit pas de pression, mais d’une simple mise en garde bienveillante.
Suffisamment bien tournée de toute manière pour que les deux témoins de Nourdine se rétractent et refuse d’assister au mariage…
Cet appel me chamboule, il a lieu sur mon lieu de travail où j’ai déjà quelques soucis ! Je suis outré, et quand je rentre chez moi, j’apprends que ma compagne a eu le même appel parce qu’elle me dit tout de go, sans me permette de placer un mot : « Alors, là si Élaine ne fait rien moi je vais faire appel à la cour européenne des droits de l’homme. C’est quoi cette nation qui m’interdit à moi d’être témoin dans un mariage ? D’où ils sortent ces gens-là ? Quoi, on ne m’a pas avertir qu’on était chez des vichystes ? Hamed et Mario m’ont téléphonée, ils se retirent et nous conseillent de faire de même. C’est quoi ça ? Je refuse de céder à l’intimidation ! Tu ne cèdes pas toi non plus ! Je t’interdis t’as pas le droit de me faire ça ! On ne cède pas devant les fascistes. Pas question ! » Un petit silence se fait ensuite, elle me regarde, puis elle me demande doucement, calmement : « au fait, t’as reçu un appel de la mairie d’Élaine toi aussi ? … Bonjour chéri.» Pour réponse j’éclate de rire : Je suis mort de rire devant sa colère, pourtant justifiée, mais elle est tellement marrante quand elle se met en colère…
Je vous épargne les autres détails.
Nous téléphonons alors à Élaine, qui vient d’apprendre la désaffection des amis de Nourdine, pour lui faire part de l’appel et surtout parce que ma compagne exige d’Élaine qu’elle prenne un avocat ! Elle ne lâche pas le morceau au téléphone, jusqu’à ce qu’Élaine lui promette de prendre un avocat…
Dimanche, nous avons un appel d’Élaine qui vient remercier et s’épancher en excuse devant ma compagne : « oh S. si j’avais su, depuis le début je t’aurais écoutée. Tu avais raison sur toute la ligne. J’ai vu un avocat, tu as raison, Nourdine n’a pas à se rendre en Tunisie cherché ses papiers, oui, tu as parfaitement raison : la France a des accords avec la Tunisie, il peut les obtenir ici. Tu avais raison. T’avais aussi raison : la loi n’oblige pas de vivre six mois avec la personne avant de se marier…. »
En fait, le maire et l’adjoint voulaient tout simplement faire en sorte de retarder se mariage afin que Nourdine soit en situation d’être expulsé.
J’embrasse tendrement ma compagne.
Maintenant, je vais m’intéresser plus à ce genre de choses.