Envahissement de l’Espace Insertion 15ème : le contrôle est déjà une sanction, notre défense sera l’attaquelundi 9 février 2009, par Reseau Solidaire
d’AllocatairesCe mercredi [4 février 2009], des solidaires et des révoltés ont
envahi à une quinzaine, les locaux de l’espace Insertion du 15ème
arrondissement.
Deuxième semaine de ballade offensive dans les lieux où se gère la misère Rmistienne parisienne.Beaucoup identifient l’injustice avec la privation de revenu, et le contrôle est une habitude que l’on prend vite, sans y trouver rien de choquant, tant qu’il ne se traduit pas par sa conséquence ultime, la radiation.
« Mais , nous n’avons rien fait de mal » , nous disait une encadrante de la CAPI 1 la semaine dernière, ébahie de nous voir
débarquer en groupe avec un allocataire qui n’avait même pas encore eu son premier rendez-vous.
Nous non plus. Et dans ces conditions,
pourquoi accepterions nous l’ordinaire du flicage, l’orientation dans des services d’insertion sans même nous demander notre avis, la menace de suspension ajoutée au bas de chacune des convocations ?Au nom de quoi devrions nous supporter une insertion qui se résume à la contrainte, à la suspicion permanente, à la critique de nos projets, jamais assez précis, jamais assez réalistes ?
Pour les 397 euros que nous percevons chaque mois ? Ce n’est pas
sérieux, même le plus vil des patrons paye au SMIC horaire le droit de harceler ses salariEes.
Donc, si nous prenons possession de l’espace insertion ce
mercredi, c’est pour commencer à établir le rapport de forces pour que cela cesse.A commencer par le jeu sordide des faux rendez-vous manqués, et
des convocations qui n’arrivent jamais.
Nous sommes venus avec une allocataire qui a volontairement manqué son dernier rendez –vous : en effet celui-ci lui a été notifié par recommandé , avec avertissement solennel et menace de suspension, suite à un autre rendez vous qui aurait été manqué précédemment.
Or il n’y a jamais eu de rendez-vous manqué. Episode banal de la
vie du Rmiste parisien, coupable désigné d’avance, à qui des courriers de ce type arrivent fréquemment, et qui n’aura jamais d’excuses lorsqu’il s’agit d’une erreur. De la même manière, le Rmiste qui arrive dix minutes en retard à un rendez-vous doit faire son auto critique, mais à l’espace insertion 15ème, il n’est pas rare d’attendre une demi heure sans qu’on n’aie jamais d’explications.
Il n’y pas de quoi en faire un drame,
aucune procédure de suspension n’est enclenchée, nous dit une travailleuse sociale qui passe par là.
Comment le sait-elle ?
Et bien, c’est très simple, elle le voit sur l’ordinateur de l’accueil comme le reste du dossier d’ailleurs, puisque le fichier des précaires
au RMI est accessible à tout le personnel de l’Espace d’un simple click.
Ca aussi, c’est quelque chose que nous devrions accepter ,
puisqu’après tout , ça ne suspend pas nos allocations : notre vie, nos projets, nos problèmes de santé, nos misères soigneusement recensées sans jamais être résolues, qui passent de mains en mains.
«
Ça ne sort pas de l’Espace Insertion » nous dit-on : nous voilà rassurées, seules quelques dizaines de personnes peuvent
potentiellement accéder à des informations que nous avons cru donner à un référent , dans le cadre du fameux secret professionnel, désormais collectif !
Le terme « envahissement » à propos des actions de précaires et
d’exploités en tous genre a d’abord été utilisé par les policiers et les
politiques, et ces deux termes deviennent peu à peu synonymes, au même rythme que l’invasion sémantique et pratique de la répression et du contrôle dans le champ du social.
Envahir signifie littéralement s’étendre et occuper totalement un
espace. C’est bien ce dont il s’agit pour nous, pour tous les précaires, et tous les pauvres en lutte :
qu’ils prennent la rue par millions, qu’ils reprennent le contrôle du temps par la grève et les blocages d’usines et d’entreprises par milliers, qu’ils occupent ANPE, services d’insertion, ou CAF à
quelques uns.Mardi dernier, le plan départemental d’insertion était voté par la
majorité parisienne de Bertrand Delanoe : il ne prévoit aucune mesure qui pourrait permettre aux précaires parisiens de sortir de la misère mais étend à plusieurs milliers d’entre eux l’obligation d’un suivi psychologique, et à tous la contrainte à l’insertion professionnelle. (Voir aussi le tract diffusé plus bas)
Notre quotidien va être envahi, encore plus, de menaces, de
courriers méprisants, d’interrogatoires , de fichage et de catégorisation, de convocations, de suspensions, et de radiations.
Et ce fichage envahit au même rythme le travail des personnels,
assujettis à l’obligation de rendre compte au logiciel central du contenu de leurs entretiens, astreints à adapter leur conception du travail social aux cases d’un fichier qui ne comporte que le choix entre les actions de contrôle et celle de contrainte.
Ce mercredi, la solidarité a envahi la totalité de l’espace insertion : nous avons refusé de faire porter le chapeau aux personnels, et c’est la directrice des espaces insertion parisiens qui a dû quitter une réunion pour rendre des comptes.
Ce n’est que le début de l’invasionRencontrons-nous, informons, résistons, créons nos solidarités face à leurs précarités Permanence de lutte, pour et par des précaires tous les mercredis
de 13h à 14h devant la CAF Jaurès,métro Laumière ou Jaurès.
Et ensuite, diffusion ou rédactions de tracts, envahissements ,
actions de solidarité , accompagnements collectifs dans les institutions, …
Tract diffusé TOUS FAINEANTS ?Le revenu de Solidarité Active entre en vigueur en juillet à Paris Mais le Conseil Général met déjà en place sa propre expérimentation, aussi anti sociale que celle du gouvernement
Au printemps dernier, un mouvement de grève massif et sans précédent a secoué les services sociaux : précarisEs, sous payés, les assistantes sociales comme les référents RMI acceptent de moins en moins le rôle de contrôle que la hiérarchie veut leur faire jouer.
Résultat : les sanctions à l’encontre des précaires au RMI sont de
plus en plus automatisées. Au second rendez-vous manqué, le logiciel de traitement informatique enclenche immédiatement la procédure de suspension.
Quant on survit avec 397 euros par mois, entre petits boulots, hébergements précaires et problèmes de santé, on a bien des raisons de ne pas répondre à des convocations parfois hebdomadaires. Les suspensions augmentent.
Le département a également lancé une vaste opération de contrôles confiée à la CAF : les victimes sont principalement les « chanceux » qui ont encore un logement mais ne peuvent payer le loyer qu’avec l’aide de leur proches.Celle-ci est automatiquement assimilée à de la dissimulation de revenus, et entraîne également des suspensions ou des suppressions d’allocation.
Quant à l’ "insertion", elle se résume désormais elle aussi aux
sanctions : vouloir mener à bien son projet professionnel, refuser de changer de secteur d’emploi , refuser les voies de garage des stages de « remobilisation », des ateliers bidon, vouloir un autre avenir qu’une succession de boulots mal payés et non choisis, c’est risquer la suspension.
TOUS DEVIANTS ?Quant un chômeur sur deux n’a pas le droit à l’indemnisation
ASSEDIC, quand le nombre de licenciements explose, quand même les boites à précaires de l’intérim n’ont plus rien à proposer, faut-il chercher ailleurs les raisons du nombre de Rmistes ?
Pour le Conseil Général, oui : le Rmiste est un sociopathe en
puissance, la crise, c’est dans sa tête, les problèmes de logement et d’insertion sociale aussi.
Ainsi, plus de 2000 allocataires devraient être désormais suivis dans des structures dont l’axe principal est le « suivi psychologique », et les travailleurs sociaux subissent une pression sans relâche de leur hiérarchie pour y transférer des dossiers suivis jusque là dans le
circuit classique.
Et ce sont en grande partie ces mêmes associations à qui le Conseil Général a confié le « lot » des Rmistes qui ont plus de trois ans
d’ancienneté dans le dispositif : 4700 allocataires vont ainsi être d’offices « sous traités » dans des associations privées , dont le financement dépend d’obligations de résultat chiffrées, en terme de sortie du dispositif.
CA VA PAS LA TETE MONSIEUR LE MAIRE ?400 000 personnes au moins se débrouillent pour survivre en
dessous du seuil de pauvreté. Sans nous, nos contrats précaires par milliers dans les crèches, les écoles, les piscines, les bibliothèques, les associations, notre investissement gratuit dans la vie sociale et culturelle, Paris n’aurait pas le même visage.
En huit ans de mandat, Bertrand Delanoe et ses élus n’ont pas
augmenté les minima sociaux, n’ont pas titularisé tous ceux qui bossent en contrat aidé ou en vacation d’un jour, n’ont pas résorbé le manque de logements sociaux, n’ont pas permis aux jeunes et aux étrangers d’accéder à un quelconque revenu. Bref ils ont laissé les précaires jongler avec la précarité.
Et aujourd’hui, la solidarité active ce serait harceler le petit
quart de tous ces précaires qui accès à ce misérable minimum qu’est le RMI ?TOUS PRECAIRES, ON VA PAS SE LAISSER FAIRE !RESEAU SOLIDAIRE D’ALLOCATAIRESPermanences de lutte pour et par des précaires, tous les mercredis
de 13H à 14H devant la CAF Jaurès , 67 avenue Jean Jaurès, puis diffusions de tracts, actions solidaires et collectives