Les partis de Sharif et Bhutto gouverneront ensemble
Les deux principaux partis d'opposition du Pakistan, sortis vainqueurs des élections législatives de lundi 18 février 2008, formeront un gouvernement de coalition, a annoncé le 21.02.08 l'ancien Premier ministre Nawaz Sharif, chef de file de la Ligue musulmane pakistanaise (PML-N). "Nous travaillerons ensemble pour former un gouvernement fédéral et aussi dans les provinces", a annoncé Nawaz Sharif aux côtés de Asif Ali Zardari au cours d'une conférence de presse. Ils n'ont pas précisé le sort qu'ils entendaient réserver au président Pervez Musharraf, qui a annoncé son intention de se maintenir à son poste alors que Nawaz Sharif a exigé à plusieurs reprises sa démission.
"Nous ferons en sorte que vous puissiez accomplir un mandat complet de cinq ans", a ajouté M. Sharif à l'adresse de M. Zardari, dont le Parti du Peuple Pakistanais (PPP) est arrivé en tête du scrutin et auquel revient donc le poste de Premier ministre. Les partis des anciens ennemis des années 1990, Benazir Bhutto et Nawaz Sharif, qui ont alterné au pouvoir dans les années 1990, ont surmonté "en principe" leurs divergences en ce qui concerne le rétablissement immédiat des juges de la Cour suprême évincés par le président Musharraf début novembre parce qu'ils menaçaient d'invalider sa réélection du 6 octobre, au suffrage indirect du Parlement sortant. Cette mesure pourrait en théorie ouvrir la porte à une procédure d'invalidation de cette élection.
Le PPP n'avait pas réclamé aussi ouvertement le départ de M. Musharraf que la Ligue Musulmane du Pakistan - aile Nawaz (PML-N) de M. Sharif. M. Zardari s'accommoderait d'une cohabitation avec le chef de l'Etat dépouillé d'une partie de ses prérogatives, faisait-on savoir dans son entourage avant les négociations de jeudi soir entre les deux partis. "En principe, il n'y a pas de désaccord sur le rétablissement de l'ordre judiciaire, nous en établirons les modalités au Parlement", a expliqué M. Sharif. M. Zardari a ajouté qu'il y avait "encore beaucoup de chemin à parcourir" entre les deux partis. "Mais Inch' Allah (si Dieu le veut), nous nous rencontrerons encore, mais sur le principe, nous sommes d'accord pour rester ensemble", a-t-il conclu.