e devait être un 1er Mai centré sur les retraites et le pouvoir d’achat. Mais à Paris, ce sont les sans-papiers qui ont tenu la vedette du principal défilé de la fête du Travail, celui organisé par la CGT, la FSU, l’Unsa, Solidaires, et pour la première fois, depuis 2003, la CFDT.
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Trois salariés régularisés
Le 15 avril, dans une quinzaine d’entreprises d’Ile-de-France, quelque 300 salariés sans papiers ont lancé un mouvement de grève coordonné par la CGT, pour obtenir leur régularisation. Le mouvement reçoit le soutien d’organisations patronales de la restauration, dans un secteur où les employeurs ont du mal à recruter et estiment ne pas avoir à se transformer en auxiliaire de police en vérifiant l’authenticité des titres de séjour.
Petits malins. Hier, la CGT avait bien fait les choses pour que le défilé parisien apparaisse comme une manifestation de soutien à ce mouvement qui embarrasse le gouvernement. Des grévistes sans-papiers ont ainsi été placés derrière la banderole de tête, aux côtés de Bernard Thibault (CGT), François Chérèque (CFDT), Gérard Aschieri (FSU), Annick Coupé (Solidaires) et Jean Grosset (Unsa). Ils figuraient aussi en tête de chacune des délégations départementales de la CGT, et furent chaleureusement applaudis au fil du parcours. Au total, selon la CGT, plus d’un millier de travailleurs ayant un emploi mais pas de titre de séjour ont participé à la manifestation.
Les autres thèmes n’en ont pas pour autant été absents du défilé. «Les dividendes s’envolent, les retraites s’étiolent», résumait une pancarte. Un peu plus loin, une vingtaine de petits malins, confortablement installés sur des chaises longues, célébraient la fête du Travail en tenant des panneaux où figuraient des formules comme «travailler plus pour gagner plus, ça ne passera pas par moi !» Sous la menace de129 suppressions de postes, des salariés du journal le Monde, arborant des masques, ont aussi participé au défilé.
Au total, le cortège parisien a rassemblé plus de 20 000 personnes (30 000 selon la CGT, 15 000 selon la police), soit nettement plus que l’an dernier. «Quand les syndicats français arrivent à travailler en commun, on est toujours plus efficace» , soulignait François Chérèque. Pour Bernard Thibault, qui est venu saluer longuement son homologue de la CFDT, cela «laisse à penser que les prochains rendez-vous revendicatifs prévus en mai vont être très importants».
Enseignants. Quatre journées d’actions nationales sont d’ores et déjà inscrites au programme. Le 15 mai, les enseignants qui protestent contre les suppressions de postes, seront rejoints par cinq fédérations de fonctionnaires, inquiètes pour le pouvoir d’achat. Trois jours plus tard, le 18, la FSU a prévu une grande manifestation nationale pour la défense de l’Education nationale. La date du 22 mai a été retenue par les cinq confédérations (CGT, CFDT, FO, CFTC, CFE-CGC) pour la journée d’action sur les retraites. Enfin le samedi 24 mai, parents d’élèves et enseignants doivent se retrouver pour «des rencontres et des manifestations» dans tous les départements.
Outre Paris, les principaux cortèges ont eu lieu hier à Grenoble (6 000 manifestants), Marseille (5 000), Lyon (4 000) Toulouse (4 000), Bordeaux (3 000), Nantes (3 000), Le Havre (3 000) et Strasbourg (2 500). Comme chaque année, la CFTC et FO ne participaient pas au cortège unitaire. La première a rassemblé le matin à Paris environ 4 000 personnes. Au même moment, un millier de militants de Force ouvrière défilaient dans le XIIIe arrondissement. Une tradition de manifestations séparées qui soulignait a contrario les retrouvailles CGT-CFDT.