Mahmoud Darwich nous a quittés
( Samedi, 09 août 2008 )
Le poète palestinien Mahmoud Darwich est décédé samedi dans un hôpital du Texas (sud des Etats-Unis), a annoncé une porte-parole de l'établissement.
Le poète palestinien Mahmoud Darwich, gravement malade, a subi une opération à coeur ouvert mercredi dans un hôpital de Houston, au Texas, a-t-on appris samedi auprès de ses proches.
Mahmoud Darwich se trouvait sous assistance respiratoire suite à des complications survenues après l'opération, selon ces sources.
Le poète avait déjà subi deux opérations du coeur en 1984 et 1998. Après sa seconde opération, il avait écrit un poème intitulé : "Mort, je t'ai vaincue".
Considéré comme l'un des principaux poètes arabes de sa génération, Mahmoud Darwich est né en 1941 à Al-Birweh, en Galilée, alors en Palestine sous mandat britannique et aujourd'hui dans l'Etat d'Israël.
Il a grandi en Israël puis a choisi l'exil en 1970. Après des années passées à l'étranger, notamment à Paris, le poète s'est rendu en 1995 dans la bande de Gaza après l'avènement de l'Autorité palestinienne avant de s'installer à Ramallah, en Cisjordanie.
En mai 1996, il avait été autorisé à fouler le sol d'Israël pour la première fois depuis son exil afin d'assister aux funérailles de l'écrivain arabe Emile Habibi.
En 2004, Mahmoud Darwich avait reçu à La Haye le prestigieux prix Prince Claus pour "son oeuvre impressionnante".
http://www.aloufok.net/article.php3?id_article=4881
Contrepoint
New York. Novembre. 5° Avenue.
Le soleil est une soucoupe éclatée.
A l'ombre, j'ai dit à mon âme étrangère :
cette ville est-elle Babylone ou Sodome ?
Là-bas, il y a tente ans, j'ai rencontré Edward
au seuil d'un abîme électrique haut comme le ciel.
Les temps étaient moins contraires.
L'un et l'autre nous avons dit :
Si ton passé est expérience,
que le lendemain soit sens et vision !
Partons,
allons à notre lendemain, assurés
de la sincérité de l'imagination et du miracle dans l'herbe.
Ce soir-là, je ne sais plus si nous avons été au cinéma
mais j'ai entendu des Indiens
ni l'Occident, Occident.
Car l'identité est plurielle,
elle n'est pas citadelle ou tranchées.
(...)
- Pourrais-tu revenir à quoi que ce soit ?
- Ce qui me précède tire ce qui me suit et se presse...
Pas le temps à mon horloge pour tracer des traits
sur le sable. Mais je peux visiter la veille
comme le font les étrangers
s'ils écoutent au soir
le poète pastoral :
A la fontaine, une jeune fille emplit sa jarre
de lait des nuages
et elle pleur et se rit d'une abeille
qui a piqué son coeur du côté de l'absence.
L'amour est-il douleur de l'eau
ou maladie dans la brume..
( Et ainsi de suite jusqu'à la fin de la chanson ).
- Tu pourrais dont être atteint du mal de la nostalgie ?
- Une nostalgie du lendemain. Plus lointaine, plus élevée et encore plus lointaine. Mon rêve guide mes pas et ma vision pose mon rêve sur mes genoux, chat familier.
C'est le réalisme imaginaire, le fils de la volonté :
Nous pouvons
inverser
la fatalité du gouffre !
- Et la nostalgie d'un hier ?
- le penseur ne s'y intéresse que pour comprendre
l'aspiration de l'étranger aux outils de l'absence.
Quant à moi, ma nostalgie est un conflit sur un présent
qui saisit le lendemain aux couilles.
- T'es-tu infiltré dans hier, le jour où
tu t'es rendu à la maison, ta maison dans le quartier de Tâlibiya ?
- je me suis préparé à m'étendre dans
le lit de ma mère tel l'enfant quand il a peur
de son père. J'ai essayé de revivre ma naissance,
de suivre le chemin du lait
sur le toit de ma vieille maison, essayé de
palper la peau de l'absence et le parfum de l'été
dans le jasmin du jardin. Mais le monstre de la vérité
m'a éloigné d'une nostalgie sur le qui-vive derrière moi, telle
une voleuse.
- As-tu eu peur et de quoi ?
- Je ne peux rencontrer la perte de face.
Tel le mendiant, je me suis tenu à la porte.
Demanderai-je à des inconnus qui dorment
dans mon lit...la permission d'une visite de cinq minutes à
moi-même ?
Me courberai-je avec respect devant les habitants de mon rêve
d'enfant ? Demanderont-ils: Qui est ce visiteur étranger
indiscret . Pourrai-je parler
de paix et de guerre entre victimes et victimes
des victimes, sans une seule incise ?
Me diront-ils : pas de place pour deux rêves
dans la même alcôve ?
( ... )
Il dit : Le poème pourrait accueillir la perte,
filet de lumière luisant au coeur d'une guitare,
ou messie monté sur une jument ensanglanté de belles
métaphores. Qu'est le beau, sinon la présence
du véridique dans la forme ?
Dans un monde sans ciel, le terre se change
en gouffre. Et le poème est l'un des présents de la consolation,
l'une qualités des vents, qu'ils soient de sud ou de nord.
Ne décris pas ce que la caméra discerne de tes blessures.
Crie pour t'entendre et crie pour savoir
que tu es encore vivant, que la vie
sur cette terre est encore possible. Invente un espoir
pour les mots, crée un point cardinal ou un mirage
qui prolonge l'espérance
et chante, car le beau est liberté.
Je dis: La vie définie comme
le contraire de la mort...n'est pas une vie !
Il dit : Nous vivrons, même si la vie nous abandonnait
à nous-mêmes. Soyons les seigneurs des mots
qui rendront leurs lecteurs éternels,
pour parler comme ton génial ami Ritsos...
Et il dit : Si je mourais avant toi,
je te confie l'impossible !
Je demande : Est-il lointain ?
Il répond : A portée d'une génération.
Je dis : Et si je mourais avant toi ?
Il répond : Je consolerais les monts de Galilée
et j'écrirais : le beau, c'est parvenir
à l'adéquat. Bon ! N'oublie pas :
Si je meurs avant toi, je te confie l'impossible !
je lui ai rendu visite à la nouvelle Sodome,
en l'an deux mille deux.
Il résistait à la guerre de Sodome contre Babylone
et au cancer.
tel le dernier héros épique,
il défendait le droit de Troie
à sa part du récit.
Aigle, faisant ses adieux à sa cime là-haut,
tout là-haut,
car la résidence au-dessus de l'Olympe
et sur les sommets
peut générer l'ennui.
Adieu
adieu, poésie de la douleur !
Comme des fleurs d'amandier au plus loin, septembre 2007.
Traduit par Elias Sanhar
( Samedi, 09 août 2008 )
Le poète palestinien Mahmoud Darwich est décédé samedi dans un hôpital du Texas (sud des Etats-Unis), a annoncé une porte-parole de l'établissement.
Le poète palestinien Mahmoud Darwich, gravement malade, a subi une opération à coeur ouvert mercredi dans un hôpital de Houston, au Texas, a-t-on appris samedi auprès de ses proches.
Mahmoud Darwich se trouvait sous assistance respiratoire suite à des complications survenues après l'opération, selon ces sources.
Le poète avait déjà subi deux opérations du coeur en 1984 et 1998. Après sa seconde opération, il avait écrit un poème intitulé : "Mort, je t'ai vaincue".
Considéré comme l'un des principaux poètes arabes de sa génération, Mahmoud Darwich est né en 1941 à Al-Birweh, en Galilée, alors en Palestine sous mandat britannique et aujourd'hui dans l'Etat d'Israël.
Il a grandi en Israël puis a choisi l'exil en 1970. Après des années passées à l'étranger, notamment à Paris, le poète s'est rendu en 1995 dans la bande de Gaza après l'avènement de l'Autorité palestinienne avant de s'installer à Ramallah, en Cisjordanie.
En mai 1996, il avait été autorisé à fouler le sol d'Israël pour la première fois depuis son exil afin d'assister aux funérailles de l'écrivain arabe Emile Habibi.
En 2004, Mahmoud Darwich avait reçu à La Haye le prestigieux prix Prince Claus pour "son oeuvre impressionnante".
http://www.aloufok.net/article.php3?id_article=4881
Contrepoint
New York. Novembre. 5° Avenue.
Le soleil est une soucoupe éclatée.
A l'ombre, j'ai dit à mon âme étrangère :
cette ville est-elle Babylone ou Sodome ?
Là-bas, il y a tente ans, j'ai rencontré Edward
au seuil d'un abîme électrique haut comme le ciel.
Les temps étaient moins contraires.
L'un et l'autre nous avons dit :
Si ton passé est expérience,
que le lendemain soit sens et vision !
Partons,
allons à notre lendemain, assurés
de la sincérité de l'imagination et du miracle dans l'herbe.
Ce soir-là, je ne sais plus si nous avons été au cinéma
mais j'ai entendu des Indiens
ni l'Occident, Occident.
Car l'identité est plurielle,
elle n'est pas citadelle ou tranchées.
(...)
- Pourrais-tu revenir à quoi que ce soit ?
- Ce qui me précède tire ce qui me suit et se presse...
Pas le temps à mon horloge pour tracer des traits
sur le sable. Mais je peux visiter la veille
comme le font les étrangers
s'ils écoutent au soir
le poète pastoral :
A la fontaine, une jeune fille emplit sa jarre
de lait des nuages
et elle pleur et se rit d'une abeille
qui a piqué son coeur du côté de l'absence.
L'amour est-il douleur de l'eau
ou maladie dans la brume..
( Et ainsi de suite jusqu'à la fin de la chanson ).
- Tu pourrais dont être atteint du mal de la nostalgie ?
- Une nostalgie du lendemain. Plus lointaine, plus élevée et encore plus lointaine. Mon rêve guide mes pas et ma vision pose mon rêve sur mes genoux, chat familier.
C'est le réalisme imaginaire, le fils de la volonté :
Nous pouvons
inverser
la fatalité du gouffre !
- Et la nostalgie d'un hier ?
- le penseur ne s'y intéresse que pour comprendre
l'aspiration de l'étranger aux outils de l'absence.
Quant à moi, ma nostalgie est un conflit sur un présent
qui saisit le lendemain aux couilles.
- T'es-tu infiltré dans hier, le jour où
tu t'es rendu à la maison, ta maison dans le quartier de Tâlibiya ?
- je me suis préparé à m'étendre dans
le lit de ma mère tel l'enfant quand il a peur
de son père. J'ai essayé de revivre ma naissance,
de suivre le chemin du lait
sur le toit de ma vieille maison, essayé de
palper la peau de l'absence et le parfum de l'été
dans le jasmin du jardin. Mais le monstre de la vérité
m'a éloigné d'une nostalgie sur le qui-vive derrière moi, telle
une voleuse.
- As-tu eu peur et de quoi ?
- Je ne peux rencontrer la perte de face.
Tel le mendiant, je me suis tenu à la porte.
Demanderai-je à des inconnus qui dorment
dans mon lit...la permission d'une visite de cinq minutes à
moi-même ?
Me courberai-je avec respect devant les habitants de mon rêve
d'enfant ? Demanderont-ils: Qui est ce visiteur étranger
indiscret . Pourrai-je parler
de paix et de guerre entre victimes et victimes
des victimes, sans une seule incise ?
Me diront-ils : pas de place pour deux rêves
dans la même alcôve ?
( ... )
Il dit : Le poème pourrait accueillir la perte,
filet de lumière luisant au coeur d'une guitare,
ou messie monté sur une jument ensanglanté de belles
métaphores. Qu'est le beau, sinon la présence
du véridique dans la forme ?
Dans un monde sans ciel, le terre se change
en gouffre. Et le poème est l'un des présents de la consolation,
l'une qualités des vents, qu'ils soient de sud ou de nord.
Ne décris pas ce que la caméra discerne de tes blessures.
Crie pour t'entendre et crie pour savoir
que tu es encore vivant, que la vie
sur cette terre est encore possible. Invente un espoir
pour les mots, crée un point cardinal ou un mirage
qui prolonge l'espérance
et chante, car le beau est liberté.
Je dis: La vie définie comme
le contraire de la mort...n'est pas une vie !
Il dit : Nous vivrons, même si la vie nous abandonnait
à nous-mêmes. Soyons les seigneurs des mots
qui rendront leurs lecteurs éternels,
pour parler comme ton génial ami Ritsos...
Et il dit : Si je mourais avant toi,
je te confie l'impossible !
Je demande : Est-il lointain ?
Il répond : A portée d'une génération.
Je dis : Et si je mourais avant toi ?
Il répond : Je consolerais les monts de Galilée
et j'écrirais : le beau, c'est parvenir
à l'adéquat. Bon ! N'oublie pas :
Si je meurs avant toi, je te confie l'impossible !
je lui ai rendu visite à la nouvelle Sodome,
en l'an deux mille deux.
Il résistait à la guerre de Sodome contre Babylone
et au cancer.
tel le dernier héros épique,
il défendait le droit de Troie
à sa part du récit.
Aigle, faisant ses adieux à sa cime là-haut,
tout là-haut,
car la résidence au-dessus de l'Olympe
et sur les sommets
peut générer l'ennui.
Adieu
adieu, poésie de la douleur !
Comme des fleurs d'amandier au plus loin, septembre 2007.
Traduit par Elias Sanhar