Lundi 9 février 2009
virilisme et évaluation
ce texte peut circuler...
Virilisme des évaluateurs et de leur chef…
http://daniel.welzer-lang.over-blog.fr/
Le 8 janvier 2009, Jean-François Dhainaut,, Président de l'AERES* a déclaré :
« Le pouvoir est une affaire masculine » d’une part et, d’autre part : « les
femmes en plus de leur métier doivent s’occuper de la maison, des enfants.
Elles n’ont donc pas de temps à consacrer à l’Aeres. »"
Le virilisme est une forme particulière de sexisme qui interdit de
fait aux personnes désignées comme femmes d’endosser les postes de
responsabilité sous prétexte que, même savantes, elles sont et restent des
femmes. Le virilisme est l’exacerbation des pseudos qualités naturelles des
femmes, et en creux l’hypervalorisation des qualités dites masculines. Le
virilisme est une forme particulière de sexisme qui condamne les personnes
désignées comme hommes à rester enfermés dans les corsets de la virilité
traditionnelle. Leur interdisant de s’occuper de leurs intérieurs, des enfants,
de vivre comme des personnes entières.
Le virilisme qui peut prendre des formes diverses (violences physiques, dénégations, refus d’écouter et d’entendre les femmes et leurs alliés masculins ou transgenres…), est une réaction qui s’est forgée dans les résistances masculines aux changements.
Le virilisme est une résistance :
— aux mouvements sociaux qui réclament la fin de la domination masculine et ses effets délétères…
— au féminisme qui affirme depuis longtemps le droit des femmes de vivre, y compris dans le domaine scientifique, dans l’égalité avec les hommes…
— aux critiques de l’androcentrisme des sciences sociales qui démontrent la manière asymétrique dont sont traité-e-s hommes et femmes dans les écrits dits scientifiques…
— à cette déferlante de désirs d’hommes, de femmes ou d’autres, de toutes
générations, d’inventer un autre monde où le sexe, le genre, la couleur de la
peau, l’âge, l’origine, les histoires coloniales, la nature des amours et des
désirs ne détermineront plus les avenirs individuels et
collectifs…
Aujourd’hui, quelques hommes se figent encore dans les replis virilistes. Autistes face aux évolutions sociétales, ils rêvent d’un retour patriarcal des femmes derrières les fourneaux. Ils rêvent de l’époque où les hommes, construits en « vrais » hommes utilisaient leur pouvoir pour régenter le monde et l’intérieur des maisons. Ils rêvent d’un monde passé.
Ce sont des hommes du passé, nostalgiques des uniformes masculins et de l’ordre militaire (et viril) qui régentait le monde.
Tout cela, nous, les spécialistes des études genre, celles ceux qui depuis plusieurs décennies déconstruisons pas à pas les évidences de sens commun qui légitiment l’oppression des femmes et l’aliénation des hommes…, celles et ceux qui ont mis en exergue les liens entre sexisme, homophobie et hétérosexisme…, nous le savons.
Mais ce qui est aujourd’hui surprenant est que le Président d’une instance chargée d’évaluer nos travaux (y compris les travaux déconstruisant sexisme et domination masculine) puisse tranquillement, comme n’importe quel homme sûr du bon droit des hommes, des dominants, puisse l’évoquer en public et en faire une position
officielle.
Quelle validité scientifique vont avoir ces « évaluations » chargées d’après Valérie Pécresse et son projet de décret (très largement contesté par toute la communauté universitaire) de faire évoluer nos carrières ?
Pourquoi s’étonner que les revues dans lesquelles nous publions nos travaux
scientifiques n’appartiennent pas aux revues classées parmi les plus prestigieuses, celles qui comptent dans l’évaluation de nos carrières ?
Non seulement, comme le demande déjà de nombreux et nombreuses collègues, Valérie Pecresse doit dénoncer de tels propos sexistes, rétablir des règles égalitaires et paritaires dans la composition des jurys.
Mais il est aussi temps que les hommes, scientifiques ou non, s’interrogent sur leurs places et leurs réactions face aux transformations de société que nous
vivons.
Daniel Welzer-Lang, dwl@univ-tlse2.fr
Homme,
Enseignant-chercheur,
Professeur de sociologie,
Université Toulouse Le-Mirail
Co-responsable du
séminaire de l’Ecole Doctorale : les hommes et le masculin
*
AERES : L’Agence d’évaluation de la recherche et de
l’enseignement supérieur, créée par la loi de programme pour la recherche est
régie par différents textes officiels. Elle a été installée par le ministre
délégué à l’enseignement supérieur et à la recherche le 21 mars 2007.
http://www.aeres-evaluation.fr/
virilisme et évaluation
ce texte peut circuler...
Virilisme des évaluateurs et de leur chef…
http://daniel.welzer-lang.over-blog.fr/
Le 8 janvier 2009, Jean-François Dhainaut,, Président de l'AERES* a déclaré :
« Le pouvoir est une affaire masculine » d’une part et, d’autre part : « les
femmes en plus de leur métier doivent s’occuper de la maison, des enfants.
Elles n’ont donc pas de temps à consacrer à l’Aeres. »"
Le virilisme est une forme particulière de sexisme qui interdit de
fait aux personnes désignées comme femmes d’endosser les postes de
responsabilité sous prétexte que, même savantes, elles sont et restent des
femmes. Le virilisme est l’exacerbation des pseudos qualités naturelles des
femmes, et en creux l’hypervalorisation des qualités dites masculines. Le
virilisme est une forme particulière de sexisme qui condamne les personnes
désignées comme hommes à rester enfermés dans les corsets de la virilité
traditionnelle. Leur interdisant de s’occuper de leurs intérieurs, des enfants,
de vivre comme des personnes entières.
Le virilisme qui peut prendre des formes diverses (violences physiques, dénégations, refus d’écouter et d’entendre les femmes et leurs alliés masculins ou transgenres…), est une réaction qui s’est forgée dans les résistances masculines aux changements.
Le virilisme est une résistance :
— aux mouvements sociaux qui réclament la fin de la domination masculine et ses effets délétères…
— au féminisme qui affirme depuis longtemps le droit des femmes de vivre, y compris dans le domaine scientifique, dans l’égalité avec les hommes…
— aux critiques de l’androcentrisme des sciences sociales qui démontrent la manière asymétrique dont sont traité-e-s hommes et femmes dans les écrits dits scientifiques…
— à cette déferlante de désirs d’hommes, de femmes ou d’autres, de toutes
générations, d’inventer un autre monde où le sexe, le genre, la couleur de la
peau, l’âge, l’origine, les histoires coloniales, la nature des amours et des
désirs ne détermineront plus les avenirs individuels et
collectifs…
Aujourd’hui, quelques hommes se figent encore dans les replis virilistes. Autistes face aux évolutions sociétales, ils rêvent d’un retour patriarcal des femmes derrières les fourneaux. Ils rêvent de l’époque où les hommes, construits en « vrais » hommes utilisaient leur pouvoir pour régenter le monde et l’intérieur des maisons. Ils rêvent d’un monde passé.
Ce sont des hommes du passé, nostalgiques des uniformes masculins et de l’ordre militaire (et viril) qui régentait le monde.
Tout cela, nous, les spécialistes des études genre, celles ceux qui depuis plusieurs décennies déconstruisons pas à pas les évidences de sens commun qui légitiment l’oppression des femmes et l’aliénation des hommes…, celles et ceux qui ont mis en exergue les liens entre sexisme, homophobie et hétérosexisme…, nous le savons.
Mais ce qui est aujourd’hui surprenant est que le Président d’une instance chargée d’évaluer nos travaux (y compris les travaux déconstruisant sexisme et domination masculine) puisse tranquillement, comme n’importe quel homme sûr du bon droit des hommes, des dominants, puisse l’évoquer en public et en faire une position
officielle.
Quelle validité scientifique vont avoir ces « évaluations » chargées d’après Valérie Pécresse et son projet de décret (très largement contesté par toute la communauté universitaire) de faire évoluer nos carrières ?
Pourquoi s’étonner que les revues dans lesquelles nous publions nos travaux
scientifiques n’appartiennent pas aux revues classées parmi les plus prestigieuses, celles qui comptent dans l’évaluation de nos carrières ?
Non seulement, comme le demande déjà de nombreux et nombreuses collègues, Valérie Pecresse doit dénoncer de tels propos sexistes, rétablir des règles égalitaires et paritaires dans la composition des jurys.
Mais il est aussi temps que les hommes, scientifiques ou non, s’interrogent sur leurs places et leurs réactions face aux transformations de société que nous
vivons.
Daniel Welzer-Lang, dwl@univ-tlse2.fr
Homme,
Enseignant-chercheur,
Professeur de sociologie,
Université Toulouse Le-Mirail
Co-responsable du
séminaire de l’Ecole Doctorale : les hommes et le masculin
*
AERES : L’Agence d’évaluation de la recherche et de
l’enseignement supérieur, créée par la loi de programme pour la recherche est
régie par différents textes officiels. Elle a été installée par le ministre
délégué à l’enseignement supérieur et à la recherche le 21 mars 2007.
http://www.aeres-evaluation.fr/