Le chèque vert de Borloo : une idée défendue par
James Hansen
Le 06 juillet 2009
La suggestion, pas encore adoptée, de Jean-Louis Borloo sur une taxe
carbone redistribuée aux citoyens et aux entreprises, est également sur
la table de Barack Obama. Un plaidoyer de James Hansen
Taxe carbone sur les produits polluants, ou bien système de droits à
émettre pour les entreprises, ou les deux. Et quoi faire des revenus
provenant de ces augmentations du prix de l'énergie ? Laisser s'alourdir
la charge fiscale ? Les redistribuer ? Supprimer d'autres taxes assises
sur l'emploi et l'activité ? Le débat est lancé.
Dans ce texte, que la chaîne Energie avait publié en mars, le
climatologue américain James Hansen se prononce pour une taxe
redistribuée à 100% aux citoyens. Et il essaie d'en persuader Barack
Obama. Avec tout son poids : il y a plus de vingt ans, Hansen,
pratiquement seul de toute la communauté scientifique, avait dit être
sûr "à 99%" que la terre était entrée dans une période de rechauffement
provoquée par l'activité humaine.
Voici, traduit par l'association Sauvons le Climat un résumé du texte de
son intervention le 25 février devant la puissante Commission des Voies
et Moyens du Congrès américain.
James Hansen est Directeur du NASA Goddard Institute for Space Studies
et Professeur Associé à l’Université Columbia de New York.
James Hansen (lire le texte complet en anglais )
Notre planète est en péril. Le Président le reconnaît. La situation est
claire. Les preuves, issues de l'histoire de la Terre et des changements
climatiques actuels, démontrent que le niveau de dangerosité de dioxyde
de carbone est beaucoup plus bas qu’on ne le croyait. Le niveau de
sécurité n’est pas supérieur à 350 parties par million, probablement
moins, alors que nous venons de dépasser 385 ppm.
(…)Nous ne pouvons pas brûler tout le charbon disponible, et encore
moins les combustibles fossiles non conventionnels, tels que le pétrole
issu des schistes, à moins que les produits de combustion soient
capturés et éliminés ; ce qui n’est pas réalisable.
L'administration Obama a pris des mesures qui devraient conduire à
l'amélioration de l'efficacité énergétique des véhicules, à la
diminution de leur nombre et et à la réduction de l'utilisation du
charbon. Ces actions sont nécessaires et importantes. Mais elles ne
seront efficaces que si nous nous attaquons aux racines du problème.
La cause profonde est notre incapacité à rendre l'énergie fossile,
polluante, plus chère que les énergies propres. Les émissions de carbone
doivent avoir un prix, et il doit augmenter. Il y a deux façons
d'atteindre ce prix :
Le premier est une Taxe carbone avec redistribution à 100%. Il s’agit
d’une taxe sur les émissions de carbone, capable d’influer sur les
décisions d’achat, et d’une restitution aux citoyens de cette taxe, sur
une base égale par personne.
Par exemple, une taxe sur le carbone qui augmente de 40% le prix de
l’essence. Ce qui correspondrait à un prix du carbone d'environ 115 $
par tonne de CO2. Ce taux d'imposition rapporterait 670 milliards de
dollars par an. Ce prélèvement serait restitué à 100% au public. Chaque
citoyen et résident légal recevrait sur son compte bancaire 3000 $ par
an, soit 250 $ par mois. Plus une demi-part pour chaque enfant jusqu'à
un maximum de deux enfants par famille. Ainsi, un taux d'impôt de 115 $
par tonne conduirait à un dividende de 9.000 $ par année pour une
famille avec deux enfants, soit 750 $ par mois.
Une famille émettant moins que la moyenne recevrait un dividende
supérieur à la taxe carbone additionnelle. Cet impôt est fortement
incitateur à remplacer des infrastructures inefficaces. Il stimulerait
l'économie et l’innovation.
Le taux de la taxe devra probablement augmenter dans le temps, mais si
le pétrole augmente à nouveau, cette augmentation restera aux
États-Unis, sous forme de dividendes. Nos véhicules n’auront pas besoin
d'autant de carburant. Nous serons bien sur la voie de l'indépendance
énergétique.
Le deuxième système est de type "Tax & Trade", présenté au public sous
le nom de "Cap & Trade".
Le système, qui est celui en vigueur en Europe, consiste à fixer une
limite (“cap”) aux quantités de carbone qui peuvent être émises. Les
entreprises industrielles disposent de droits à emettre inférieurs à la
limite. Celles qui doivent, pour leur activité, émettre davantage
peuvent acheter des droits laissés disponibles par ceux qui émettent
moins, via un système de vente/achat ("trade") , une bourse par exemple
(ndlr).
Un plafonnement augmente le prix de l'énergie, comme le fait une taxe.
Il est faux et malhonnête de tenter de cacher que le plafonnement est
une taxe.
Autres caractéristiques du plafonnement :
(1) la volatilité des prix est imprévisible,
(2) le plafonnement fait des millionnaires à Wall Street et dans les
bourses d’échange, aux frais du public,
(3) c’est une invitation au chantage par les producteurs d’électricité,
qui menaceront de risques de pannes pour obtenir une augmentation des
permis d'émissions
(4) c’est un mécanisme complexe aux frais de gestion élevés, pain béni
pour les groupes de pression et prétexte à retarder la mise en œuvre.
Le plus gros problème avec une approche «Cap & Trade», c'est qu'elle ne
résoudra pas le problème. Les citoyens réaliseront bientôt qu'il s'agit
d'une taxe. Et parce qu'il n'y a pas de retour financier vers eux , ils
la rejetteront avant que le plafonnement soit suffisant pour transformer
le système énergétique. Un mécanisme de plafonnement ne permettra pas de
revenir à 350 ppm de CO2.
Nous avons besoin d'une taxe Carbone avec redistribution à 100% pour
transformer notre système énergétique et sortir de l’ère des
combustibles fossiles.
Pour l’avenir de nos enfants et petits-enfants, nous ne pouvons pas
laisser des intérêts particuliers gagner cette bataille.
Source: http://energie.lexpansion.com/screens/blogPage/viewBlog/sw_viewBlog.php?idTheme=35&idContribution=1471
James Hansen
Le 06 juillet 2009
La suggestion, pas encore adoptée, de Jean-Louis Borloo sur une taxe
carbone redistribuée aux citoyens et aux entreprises, est également sur
la table de Barack Obama. Un plaidoyer de James Hansen
Taxe carbone sur les produits polluants, ou bien système de droits à
émettre pour les entreprises, ou les deux. Et quoi faire des revenus
provenant de ces augmentations du prix de l'énergie ? Laisser s'alourdir
la charge fiscale ? Les redistribuer ? Supprimer d'autres taxes assises
sur l'emploi et l'activité ? Le débat est lancé.
Dans ce texte, que la chaîne Energie avait publié en mars, le
climatologue américain James Hansen se prononce pour une taxe
redistribuée à 100% aux citoyens. Et il essaie d'en persuader Barack
Obama. Avec tout son poids : il y a plus de vingt ans, Hansen,
pratiquement seul de toute la communauté scientifique, avait dit être
sûr "à 99%" que la terre était entrée dans une période de rechauffement
provoquée par l'activité humaine.
Voici, traduit par l'association Sauvons le Climat un résumé du texte de
son intervention le 25 février devant la puissante Commission des Voies
et Moyens du Congrès américain.
James Hansen est Directeur du NASA Goddard Institute for Space Studies
et Professeur Associé à l’Université Columbia de New York.
James Hansen (lire le texte complet en anglais )
Notre planète est en péril. Le Président le reconnaît. La situation est
claire. Les preuves, issues de l'histoire de la Terre et des changements
climatiques actuels, démontrent que le niveau de dangerosité de dioxyde
de carbone est beaucoup plus bas qu’on ne le croyait. Le niveau de
sécurité n’est pas supérieur à 350 parties par million, probablement
moins, alors que nous venons de dépasser 385 ppm.
(…)Nous ne pouvons pas brûler tout le charbon disponible, et encore
moins les combustibles fossiles non conventionnels, tels que le pétrole
issu des schistes, à moins que les produits de combustion soient
capturés et éliminés ; ce qui n’est pas réalisable.
L'administration Obama a pris des mesures qui devraient conduire à
l'amélioration de l'efficacité énergétique des véhicules, à la
diminution de leur nombre et et à la réduction de l'utilisation du
charbon. Ces actions sont nécessaires et importantes. Mais elles ne
seront efficaces que si nous nous attaquons aux racines du problème.
La cause profonde est notre incapacité à rendre l'énergie fossile,
polluante, plus chère que les énergies propres. Les émissions de carbone
doivent avoir un prix, et il doit augmenter. Il y a deux façons
d'atteindre ce prix :
Le premier est une Taxe carbone avec redistribution à 100%. Il s’agit
d’une taxe sur les émissions de carbone, capable d’influer sur les
décisions d’achat, et d’une restitution aux citoyens de cette taxe, sur
une base égale par personne.
Par exemple, une taxe sur le carbone qui augmente de 40% le prix de
l’essence. Ce qui correspondrait à un prix du carbone d'environ 115 $
par tonne de CO2. Ce taux d'imposition rapporterait 670 milliards de
dollars par an. Ce prélèvement serait restitué à 100% au public. Chaque
citoyen et résident légal recevrait sur son compte bancaire 3000 $ par
an, soit 250 $ par mois. Plus une demi-part pour chaque enfant jusqu'à
un maximum de deux enfants par famille. Ainsi, un taux d'impôt de 115 $
par tonne conduirait à un dividende de 9.000 $ par année pour une
famille avec deux enfants, soit 750 $ par mois.
Une famille émettant moins que la moyenne recevrait un dividende
supérieur à la taxe carbone additionnelle. Cet impôt est fortement
incitateur à remplacer des infrastructures inefficaces. Il stimulerait
l'économie et l’innovation.
Le taux de la taxe devra probablement augmenter dans le temps, mais si
le pétrole augmente à nouveau, cette augmentation restera aux
États-Unis, sous forme de dividendes. Nos véhicules n’auront pas besoin
d'autant de carburant. Nous serons bien sur la voie de l'indépendance
énergétique.
Le deuxième système est de type "Tax & Trade", présenté au public sous
le nom de "Cap & Trade".
Le système, qui est celui en vigueur en Europe, consiste à fixer une
limite (“cap”) aux quantités de carbone qui peuvent être émises. Les
entreprises industrielles disposent de droits à emettre inférieurs à la
limite. Celles qui doivent, pour leur activité, émettre davantage
peuvent acheter des droits laissés disponibles par ceux qui émettent
moins, via un système de vente/achat ("trade") , une bourse par exemple
(ndlr).
Un plafonnement augmente le prix de l'énergie, comme le fait une taxe.
Il est faux et malhonnête de tenter de cacher que le plafonnement est
une taxe.
Autres caractéristiques du plafonnement :
(1) la volatilité des prix est imprévisible,
(2) le plafonnement fait des millionnaires à Wall Street et dans les
bourses d’échange, aux frais du public,
(3) c’est une invitation au chantage par les producteurs d’électricité,
qui menaceront de risques de pannes pour obtenir une augmentation des
permis d'émissions
(4) c’est un mécanisme complexe aux frais de gestion élevés, pain béni
pour les groupes de pression et prétexte à retarder la mise en œuvre.
Le plus gros problème avec une approche «Cap & Trade», c'est qu'elle ne
résoudra pas le problème. Les citoyens réaliseront bientôt qu'il s'agit
d'une taxe. Et parce qu'il n'y a pas de retour financier vers eux , ils
la rejetteront avant que le plafonnement soit suffisant pour transformer
le système énergétique. Un mécanisme de plafonnement ne permettra pas de
revenir à 350 ppm de CO2.
Nous avons besoin d'une taxe Carbone avec redistribution à 100% pour
transformer notre système énergétique et sortir de l’ère des
combustibles fossiles.
Pour l’avenir de nos enfants et petits-enfants, nous ne pouvons pas
laisser des intérêts particuliers gagner cette bataille.
Source: http://energie.lexpansion.com/screens/blogPage/viewBlog/sw_viewBlog.php?idTheme=35&idContribution=1471