la religion catholique est dotée d'un sens stratégique, mixture de politique et de machiavélisme: la théolologie de la libération avait pensé la lutte contre le progressisme et mise en pratique par " la mise aux feux de plusieurs fers" de manière à prendre le maximum d'âmes dans ses filets, et ne pas les laisser dans les mains des rouges.
L'aile la plus progressiste se chargeant de faire tomber dans son panier les pauvres, démunis,..par un discours approprié et la plus réac près des dictateurs.
C'est ce calcul qui a prévalu à la naissance du Sillon en France, animé par Marc Sangnier, et mis en musique par les prêtres-ouvriers, mais ce n'est qu'une musique.
Jorge, un Pape, des Pauvres, une Dictature...
HORACIO VERBITSKY - PAUL PARANT - CLAUDE MARY | RUE89.COM - TETU.COM - COURRIERINTERNATIONAL.COM - LORIENTLEJOUR.COM - RADIO-CANADA.CA | JEUDI 14 MARS 2013
jeudi 14 mars 2013
sur cet page
Jorge Bergoglio n’est pas le pape des pauvres
Horacio Verbitsky | pagina12.com.ar - courrierinternational.com | jeudi 14 mars 2013
Eglise catholique : élection de François, un pape contre l’égalité
Paul Parant | tetu.com | jeudi 14 mars 2013
Bergoglio/François : pape des pauvres ou ami de la dictature ?
Claude Mary | rue89.com | jeudi 14 mars 2013
Le monde musulman espère des relations moins tendues avec le pape François
OLJ/AFP | lorientlejour.com | jeudi 14 mars 2013
Quelle était la position du cardinal Bergoglio durant la dictature argentine ?
Hae | radio-canada.ca | mercredi 13 mars 2013
sur le net
Le pape François, un saint au passé polémique pour la presse internationale
Charlotte Chabas | lemonde.fr | jeudi 14 mars 2013
Le cardinal Jorge Mario Bergoglio est le pape François
Nicolas Senèze | la-croix.com | mercredi 13 mars 2013
Bergoglio, vedette américaine
Bernadette Sauvaget | liberation.fr | mercredi 13 mars 2013
Qui est Jorge Mario Bergoglio ?
Radio-Canada avec Agence France-Presse, Associated Press, Le Monde et La Presse Canadienne | radio-canada.ca | mercredi 13 mars 2013
Jorge Mario Bergoglio est le premier pape à prendre le nom de François. Il est aussi le premier pape jésuite et le premier pape des Amériques. Avec sa discrétion et son refus du luxe et de l’ostentation, le nouveau pape François incarne son principal cheval de bataille : la défense des pauvres.
Bergoglio, les pauvres et la dictature
lepoint.fr | mercredi 13 mars 2013
La dictature argentine a fait près de 30 000 disparus, 15 000 fusillés, 9 000 prisonniers politiques, et 1,5 million exilés pour 30 millions d’habitants.
Sept choses à savoir sur le pape François
francetvinfo.fr | jeudi 14 mars 2013
Jorge Bergoglio n’est pas le pape des pauvres
Horacio Verbitsky | pagina12.com.ar - courrierinternational.com | jeudi 14 mars 2013
Le nouveau pape a l’image d’un homme proche des pauvres et tiers-mondiste. C’est une illusion pour ce journaliste de Página 12, qui revient sur son rôle trouble dans l’affaire des enfants volés.
Jorge Bergoglio célébrant la messe du mercredi des Cendres dans la cathédrale métropolitaine de Buenos Aires, le 13 février 2013
Parmi les centaines de courriels que j’ai reçus, j’en ai retenu un : "Je n’en crois pas mes yeux. Je suis si angoissée et furieuse que les bras m’en tombent. Il est arrivé à ses fins. C’est la personne idéale pour cacher la corruption morale, un expert ès cachotteries." Le message est signé de Graciela Yorio, la sœur du prêtre Orlando Yorio, qui a dénoncé Jorge Mario Bergoglio comme le responsable de son enlèvement et des actes de torture qu’il a subis pendant cinq mois en 1976. Orlando est décédé en 2000 en imaginant le cauchemar qui s’est réalisé le 13 mars.
Il n’a jamais eu connaissance de la déclaration de Jorge Mario Bergoglio devant le tribunal oral fédéral n°5, où il a affirmé n’avoir appris que récemment l’existence de jeunes enfants kidnappés, après la fin de la dictature. [Un plan systématique de vols de bébés d’opposants politiques avait été mis en place entre 1976 et 1983. Les mères étaient assassinées et les enfants adoptés sous une fausse identité.] Pourtant, le tribunal oral fédéral n°6 a reçu des documents qui révèlent que dès 1979, Jorge Mario Bergoglio était au courant et qu’il est intervenu dans au moins un cas.
Lors du procès de l’ESMA [le plus grand centre de torture de la dictature], Jorge Bergoglio [alors président de la conférence épiscopale de Buenos Aires] a déclaré par écrit, concernant l’enlèvement d’Orlando Yorio et de Francisco Jalics, que ses archives ne renfermaient aucun document sur les enlèvements et disparitions. Cependant, son successeur a envoyé à la juge une copie d’un texte attestant de la réunion entre le dictateur Jorge Videla et les évêques Raúl Primatesta, Juan Aramburu et Vicente Zazpe, lors de laquelle ils se sont demandé s’il fallait ou non avouer l’assassinat des disparus. Dans son ouvrage Iglesia y dictadura [Eglise et dictature], Emilio Mignone l’a cité comme le parangon des "bergers qui ont livré leurs brebis à l’ennemi sans les défendre ni les sauver".
Un jésuite qui se fera appeler François
Je ne suis pas certain que Jorge Mario Bergoglio ait été élu pour cacher la corruption morale qui a rendu Joseph Ratzinger impuissant. Ce qui est certain, toutefois, c’est que le nouvel évêque de Rome sera un ersatz : un succédané de mauvaise qualité, comme l’eau mêlée de farine que les mères nécessiteuses donnent à leurs enfants pour tromper la faim. Le théologien brésilien de la libération Leonardo Boff avait l’espoir que serait élu Sean O’Malley, franciscain aux origines irlandaises à la tête du diocèse de Boston. "Il s’agit d’une personne très proche des pauvres car il a longtemps travaillé en Amérique latine et dans les Caraïbes, toujours avec les pauvres. Cela montre qu’il peut être un pape différent, annonciateur d’une nouvelle tradition", avait écrit l’ancien prêtre.
Finalement, le souverain pontife ne sera pas un véritable franciscain, mais un jésuite qui se fera appeler François, comme le pauvre d’Assise. Effrayée, une amie argentine m’écrit de Berlin que pour les Allemands qui ne connaissent pas son histoire, le nouveau pape est tiers-mondiste. Légère erreur.
Sa biographie est celle d’un populiste conservateur, comme l’ont été Pie XII et Jean-Paul II : inflexibles sur les questions doctrinaires, mais ouverts sur le monde et en particulier les populations défavorisées. Lorsqu’il célébrera sa première messe dans une rue du quartier Trastevere ou dans la gare Termini à Rome et qu’il évoquera les personnes exploitées et prostituées par les puissants de ce monde qui ferment leur cœur au Christ ; lorsque les journalistes qui sont ses amis raconteront qu’il a pris le métro ou le bus ; lorsque les fidèles écouteront ses homélies récitées avec des gestes dignes d’un acteur et dans lesquelles il mêlera paraboles bibliques et parler simple du peuple, alors certains exalteront le renouveau tant espéré de l’Eglise.
Apostropher les profiteurs et prêcher la docilité aux opprimés
Au cours des 15 années passées à la tête de l’archevêché de Buenos Aires, il a fait tout cela et bien plus. Pourtant, dans le même temps, il a aussi tenté d’unir l’opposition contre le premier gouvernement qui ait - depuis longtemps - adopté une politique favorable aux couches populaires, un gouvernement qu’il a accusé d’être crispé et belliqueux car pour y parvenir, il a fallu lutter avec lesdits puissants mentionnés dans son discours.
Maintenant, il va pouvoir continuer sa mission, mais à une toute autre échelle, ce qui ne signifie pas qu’il oubliera l’Argentine.
Si Eugenio Pacelli (Pie XII) a reçu des fonds des services de renseignement américains pour soutenir la démocratie chrétienne et faire obstacle à la victoire des communistes pendant les années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, et si Karol Wojtyła (Jean-Paul II) a été le premier à lutter pour la chute du mur de Berlin, le pape argentin pourra en faire autant à l’échelle latino-américaine. Son passé de militant au sein de la Garde de fer [une organisation de la jeunesse péroniste], ainsi que le discours populiste qu’il n’a pas oublié, tout cela le rend apte à discuter l’orientation de cette politique, pour apostropher les profiteurs et prêcher la docilité aux opprimés.
* Horacio Verbitsky a consacré en 2005 un livre aux liens entre l’Eglise et le centre de torture de la ESMA : El Silencio : de Paulo VI a Bergoglio : las relaciones secretas de la Iglesia con la ESMA [Le Silence : de Paul VI à Bergoglio : les relations secrètes de l’Eglise avec l’ESMA].
Eglise catholique : élection de François, un pape contre l’égalité
Paul Parant | tetu.com | jeudi 14 mars 2013
« Un nouveau pape, mais rien de nouveau pour les droits des personnes LGBT » : le Jorge Bergoglio avait déjà combattu très vivement la légalisation du mariage pour tous dans son pays, l’Argentine, et les droits des transgenres.
Premier pape venu du continent américain, l’Argentin Jorge Mario Bergoglio a été élu hier soir pour succéder à Benoît 16. L’archevêque de Buenos Aires a choisi le nom de François, qui sera porté, également pour la première fois, par un souverain pontife. Agé de 76 ans, il est le premier jésuite à monter sur le trône de saint Pierre.
Mais ceux qui avaient espéré une position plus tolérante de l’Eglise après la démission historique de Benoît 16 le 28 février (lire notre article) en seront pour leurs frais. Opposé à l’avortement, Bergoglio avait vivement combattu la légalisation du mariage des couples homosexuels en Argentine en 2010.
« Démon infiltré »
Dans une lettre aux monastères argentins, tandis que le projet de loi sur l’ouverture du mariage était dans les tuyaux, il avait en effet écrit : « Ne soyons pas naïfs, on ne parle pas ici d’une simple bataille politique. (Le mariage des couples homos est) un tentative de destruction de la volonté de Dieu. Nous ne parlons pas d’une simple loi mais d’une machination du père des mensonges qui vise à perturber et tromper les enfants de Dieu. » Quand la loi a été votée, il n’a pas hésité à parler de « pas en arrière au niveau anthropologique » et même de « démon infiltré dans les âmes »…
Sans surprise, il était également opposé à l’adoption par les couples homosexuels, parlant de « menace pour l’identité et la survie de la famille » et déclarant que c’est une « discrimination dès le départ » pour les enfants qui seront « privés des apprentissages humains apportés par un père, une mère, et voulus par Dieu ».
Contre les transgenres
Et ce n’est pas que sur ce point que le cardinal Bergoglio s’était frontalement opposé à la présidente argentine Cristina Kirchner. Il s’était également opposé à la loi favorable aux transgenres leur permettant de choisir le genre inscrit sur leur état-civil.
Philippe Clanché, chargé des questions religieuses dans l’hebdomadaire progressiste Témoignage chrétien, analyse ainsi l’élection du pape : il « vient d’un pays qui est en forte sécularisation avec des débats importants, notamment autour du mariage homosexuel. Il a eu à s’affronter à ces questions là. Il a pleinement défendu la ligne catholique mais il sait ce que sont des sociétés laïques et en cours de sécularisation. Politiquement, il était proche des gouvernements péronistes. Il n’était pas dans les courants progressistes », explique-t-il.
Pas un allié des LGBT
« Un nouveau pape, mais rien de nouveau pour les droits des personnes LGBT », écrivent Gloria Careaga et Renato Sabbadini, co-secrétaires généraux de l’ILGA. « Le mouvement LGBT était bien sûr conscient depuis le début du conclave qu’aucun des papabili pouvant être considéré comme futur pape ne ferait un dirigeant progressiste de l’Eglise catholique romaine. Toutefois, si le nouveau pape est effectivement engagé dans la lutte contre l’injustice de la pauvreté, alors peut-être réalisera-t-il que les personnes marginalisées en raison de leur orientation sexuelle ou leur identité de genre se retrouvent dans le même cercle de pauvreté et d’exclusion sociale que les autres. »
« Comme beaucoup d’autres catholiques dans le monde, j’espèrais que l’Eglise envoie le signal qu’elle cesserait d’attaquer nos familles », déclare aujourd’hui Joe Mirabella, le directeur des campagnes de All Out. « Hélas, l’élection de Jorge Bergoglio montre que les LGBT et leurs amis ne trouveront pas d’allié en la personne du pape François, qui est contre l’égalité. Il va nous falloir travailler encore plus dur pour la réforme et la modernisation de l’Eglise. »
Avec AFP. Photo : AFP.
Bergoglio/François : pape des pauvres ou ami de la dictature ?
Claude Mary | rue89.com | jeudi 14 mars 2013
De Buenos Aires) A Buenos Aires, ni mouvement de foule, ni manifestation de liesse après l’élection du cardinal Bergoglio, premier pape latino-américain, premier jésuite... Tout juste une messe dans la cathédrale métropolitaine, à deux pas de la Casa Rosada, le palais du gouvernement, dans un pays où les trois quarts des habitants se considèrent catholiques, et seulement 23% pratiquants.
Né le 17 décembre 1936, issu d’une famille d’immigrants italiens, Jorge Mario fait des études techniques de chimie puis, à 22 ans, entre dans l’Ordre des jésuites. Prêtre, professeur de théologie, il est promu évêque en 1992, puis grimpe un à un tous les échelons de la hiérarchie catholique.
Dans la presse, l’accent est mis sur sa personnalité austère et son profil bas. A Buenos Aires, il vit dans un petit appartement près de la cathédrale, prend le métro et se déplace personnellement dans les paroisses des quartiers pauvres.
Mais son exemplarité, dont une partie de la presse fait l’éloge, est loin de faire l’unanimité. La facette obscure de sa vie a fait l’objet d’une enquête-fleuve – trois livres et des dizaines d’articles – par le journaliste Horacio Verbitsky, président du Centre d’études légales et sociales (CELS), une ONG qui bataille pour la défense des droits de l’homme.
« Il a fourni une liste avec nos noms »
L’affaire, racontée par Verbitsky dans « El Silencio » (éd. Sudamericana, 2005), remonte aux Années de plomb de la dictature argentine (1976-1983). Peu après le coup d’Etat du 24 mars, les enlèvements se multiplient dans les lycées, centres universitaires, syndicats. Les prêtres ouvriers, tiers-mondistes, très impliqués socialement dans les bidonvilles de Buenos Aires, sont aussi persécutés par les commandos de la Junte militaire.
« El Silencio », de Horacio Verbitsky, éd. Sudamericana, 2005
Le 23 mai, des forces de la Marine enlèvent dans le quartier pauvre de Bajo Flores deux jésuites, Orlando Yorio et Francisco Jalics, alors sous l’autorité de Bergoglio.
Conduits d’abord à l’Ecole de mécanique de l’armée (Esma), ils seront ensuite torturés et maintenus en détention-disparition pendant cinq mois. L’enquête montre qu’une semaine auparavant, leur charge de prêtre leur avait été retirée. A l’époque, c’était pour les militaires un « signal » donné par l’Eglise, que les religieux étaient des subversifs, assimilés à la guérilla.
« Nous étions diabolisés, questionnés par nos propres institutions et accusés de subvertir l’ordre social », a ainsi témoigné Orlando Yorio (aujourd’hui décédé). Libérés puis en exil, les deux prêtres ont dit qu’ils estiment avoir été « livrés » par leurs supérieurs : « Je suis sûr qu’il a lui-même [Jorge Mario Bergoglio, ndlr] fourni une liste avec nos noms à la Marine », a assuré Yorio, lors du procès de la Junte en 1985.
Un chapitre entier dans son autobiographe
Boosté par sa quasi-élection lors du conclave de 2005 – il arrive deuxième après Ratzinger –, Bergoglio publie alors son autobiographie, et tente de se disculper. Dans l’ouvrage intitulé « Le Jésuite », il dédie un chapitre entier à expliquer qu’il aurait, au contraire, fait tout son possible pour protéger les deux prêtres alors sous son autorité.
En réaction, de nouveaux témoins ont affirmé que c’était en réalité l’évêque Miguel Raspanti qui tenta de protéger les deux jeunes prêtres et que Bergoglio s’y était opposé, sachant pourtant les dangers qu’ils encouraient.
Relations difficiles avec Kirchner
Lors du mandat de Nestor Kirchner, caractérisé par la réactivation des procès contre les responsables de la dictature, ses prises de position critiques, lui ont valu d’être qualifié de « chef de l’opposition ».
Les tensions s’accentuent en juillet 2010, tandis que le Parlement débat et vote la loi du « mariage égalitaire » qui donne les mêmes droits aux couples hétéros et homosexuels. Bergoglio, alors archevêque de Buenos Aires, déclare qu’il s’agit « d’une prétention destructrice du plan de Dieu ». Tout aussi intransigeant en matière de droit à l’avortement, encore hors-la-loi en Argentine, il s’est déclaré radicalement opposé, quels que soient les cas, y compris ceux de viol.
Pour l’heure, la présidente Cristina Fernandez de Kirchner a annoncé qu’elle se déplacerait à Rome pour la cérémonie d’assomption. Suivant sa Constitution, l’Etat argentin soutient financièrement l’Eglise romaine catholique, le catholicisme n’étant toutefois pas religion officielle.
Le monde musulman espère des relations moins tendues avec le pape François
OLJ/AFP | lorientlejour.com | jeudi 14 mars 2013
L’élection de l’Argentin Jorge Bergoglio, désormais le pape François, a été saluée dans le monde entier. REUTERS/Osservatore Romano
Le monde musulman a espéré jeudi avoir de meilleures relations avec le Vatican sous le nouveau pape François, après des années de rapports difficiles avec Benoît XVI, critiqué pour des positions jugées hostiles à l’islam.
Le secrétaire général de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), qui regroupe 57 pays, le Turc Ekmeleddin Ihsanoglu, a "exprimé le vif espoir de voir les relations entre l’islam et la chrétienté redevenir cordiales et marquées par l’amitié sincère". "En ce moment historique, l’OCI renouvelle son appel formulé depuis huit ans à une réconciliation historique entre l’islam et la chrétienté", ajoute dans un message l’organisation basée à Jeddah, en Arabie saoudite.
L’institution d’Al-Azhar, la plus haute autorité de l’islam sunnite, a, elle aussi, espéré entretenir de "meilleures relations" avec le Vatican sous le nouveau pape, que sous Benoît XVI "pour le bien de l’humanité toute entière". "Dès qu’apparaîtra une nouvelle orientation, nous reviendrons au dialogue avec le Vatican qui avait été suspendu début 2011", a déclaré à l’AFP Mahmoud Azab, conseiller du grand imam d’Al-Azhar, Ahmad al-Tayyeb, pour le dialogue interreligieux.
Le pape Benoît XVI avait entretenu des relations difficiles avec les musulmans, surtout depuis le discours qu’il avait prononcé en 2006 à Ratisbonne (sud de l’Allemagne) dans lequel il semblait associer l’islam à la violence. Ces déclarations avaient provoqué des manifestations dans des pays musulmans, et le souverain pontife avait tenté de réparer les relations en visitant la mosquée Sultan Ahmet à Istanbul, la deuxième visite d’un pape à une mosquée dans l’histoire pontificale.
Le dialogue avec al-Azhar avait repris en 2009 avant d’être de nouveau rompu après un appel du pape à protéger les minorités chrétiennes, après un attentat suicide contre une église d’Alexandrie en Egypte dans la nuit du 31 décembre 2010 au 1er janvier 2011. Al-Azhar avait vu dans ces déclarations sur les chrétiens d’Orient des "attaques répétées contre l’islam".
Le Conseil français du culte musulman (CFCM) et la Grande Mosquée de Paris ont également félicité jeudi le nouveau pape. La Grande Mosquée de Paris espère qu’il "continuera avec force et détermination le travail de ses prédécesseurs en rapprochant les peuples et les religions du monde", écrit le recteur Dalil Boubakeur dans un communiqué. "A l’heureuse annonce pour les catholiques ’habemus papam’, les musulmans de France posent la question ’qualem papam habemus ?’ (quel pape avons-nous ?), en espérant que la symbolique du nom de François qu’il s’est choisi puisse le rattacher spirituellement à saint François d’Assise qui, au début du XIIIe siècle, a volontairement initié le premier dialogue islamo-chrétien de l’histoire", ajoute M. Boubakeur.
Au lendemain de son élection, le pape François a fait un pas vers la communauté juive en exprimant son souhait de contribuer au "progrès des relations entre juifs et catholiques", dans une lettre adressée au chef de la communauté hébraïque de Rome publiée jeudi.
"J’espère vivement pouvoir contribuer au progrès que les relations entre juifs et catholiques ont connu à partir du Concile Vatican II, dans une esprit de collaboration rénovée et au service d’un monde qui puisse être toujours plus en harmonie avec la volonté du Créateur", écrit-il dans cette lettre, publiée sur le site de la communauté hébraïque de Rome (www.romaebraica.it). Le nouveau pape s’inscrit ainsi dans le droite ligne de son prédécesseur Benoît XVI.
(Lire aussi : Pourquoi François ?)
Plut tôt dans la journée, le président israélien Shimon Peres a félicité le nouveau pape François et l’a invité à venir en Israël dès que possible pour promouvoir la paix dans une "région orageuse". De son côté, le grand rabbinat d’Israël a pris acte "du dialogue riche et productif" de la dernière décennie avec le Vatican qui, selon un communiqué, à "abouti à des succès significatifs".
Le Patriarche latin de Jérusalem, Mgr Fouad Twal, a pour sa part affirmé que le pape François était attendu "avec chaleur et impatience" en Terre sainte, et a espéré qu’il "continue à œuvrer en faveur de la paix et de la justice au Proche-Orient", berceau du christianisme. Le président palestinien Mahmoud Abbas a, lui, convié le chef de l’Eglise catholique à visiter Bethléem, en Cisjordanie, le lieu de naissance de Jésus selon la tradition.
En Syrie, la principale composante de l’opposition a appelé le nouveau pape à "faire un geste particulier" envers le pays dévasté par un conflit meurtrier depuis deux ans. Pour sa part, le président Bachar el-Assad a adressé jeudi ses félicitations au pape François pour son élection, soulignant le rôle du souverain pontife pour "répandre l’amour" dans le monde.
(Portrait : Un jésuite austère et modéré)
Aux Etats-unis, le président Barack Obama a adressé ses "voeux chaleureux" au "premier pape des Amériques". "Son élection témoigne (...) de la force et de la vitalité d’une région qui influence de plus en plus notre monde, et comme des millions d’Américains hispaniques, nous, aux Etats-Unis, éprouvons la même joie en cette journée historique", a-t-il déclaré.
Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a exprimé le souhait que le nouveau pape continue à promouvoir le dialogue entre les religions comme son prédécesseur Benoît XVI.
La présidente argentine Cristina Kirchner a souhaité au nouveau pape une "tâche pastorale fructueuse dans l’exercice de si grandes responsabilités à la recherche de la justice, de l’égalité, de la fraternité et de la paix de l’humanité".
La présidente du Brésil Dilma Rousseff a souligné que "les fidèles" l’attendaient "avec impatience" à Rio de Janeiro pour les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) en juillet.
L’Union européenne lui a souhaité un long pontificat afin qu’il puisse "promouvoir la paix, la solidarité et la dignité humaine".
Le chef de l’Eglise anglicane, l’archevêque de Cantorbéry Justin Welby, a adressé au pape François "toutes les bénédictions pour affronter les énormes responsabilités qu’il a endossées à la tête de l’Eglise catholique romaine".
Le président français François Hollande a assuré que "la France, fidèle à son histoire et aux principes universels de liberté, d’égalité et de fraternité (...) poursuivra le dialogue confiant qu’elle a toujours entretenu avec le Saint-Siège".
Son Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, en voyage au Canada, a lui aussi salué l’élection "audacieuse" d’un pape argentin, accueillant comme une "bonne nouvelle" de voir un pape qui vienne d’ailleurs que du continent européen, un fait très rare. Il a précisé qu’il se rendrait à Rome pour sa messe inaugurale mardi 19 mars.
(Reportage : Bergoglio devenu pape, Flores, son quartier, regrette son absence pour Pâques)
L’élection d’un pape venu d’Amérique latine a aussi "ravi et touché" les évêques d’Afrique du Sud pour qui le nouveau pape, fils d’un "humble cheminot, connaît bien les problèmes et les défis que le monde en développement doit affronter".
Le pape François est né sur le "continent de l’espérance", ont affirmé les évêques brésiliens, pour qui cette élection "revitalise" l’Église catholique.
Les évêques espagnols ont de leur côté célébré le nouveau pape en estimant qu’il avait "le profil d’un saint", selon les termes du secrétaire général de la Conférence épiscopale espagnole (CEE), Mgr Juan Antonio Martinez Camino.
La Première ministre australienne Julia Gillard, ouvertement athée, a salué l’élection "historique" d’un pape du "Nouveau Monde".
La chancelière allemande Angela Merkel, fille d’un pasteur protestant, a déclaré que "bien au-delà de la chrétienté catholique, beaucoup attendent (du pape) une orientation, non seulement dans les questions liées à la foi, mais aussi en ce qui concerne la paix, la justice et la sauvegarde de la création".
"Je suis persuadé que la coopération constructive entre la Russie et le Vatican va continuer de se développer avec succès sur la base des valeurs chrétiennes qui nous unissent", a pour sa part déclaré le président Vladimir Poutine.
Il a souhaité que "l’action du pape pour promouvoir la paix, le dialogue entre les civilisations et les religions porte ses fruits".
Le club de football argentin de San Lorenzo, dont Jorge Bergoglio suit avec ferveur les résultats, s’est ajouté au concert de louanges : "C’est un grand sentiment de fierté pour notre institution", a indiqué sur son site internet le club de 1ère division argentine, dont le nouveau pape est lui-même membre de l’association des supporteurs.
Pour John Dingi, prêtre à l’église catholique de Khartoum au Soudan, pays islamique, "il est positif pour l’Afrique (d’avoir un pape latino-américain) car la chrétienté est en augmentation rapide en Afrique, Amérique latine et Asie".
(Lire aussi :Entre contestation interne et enjeux mondiaux, les défis du prochain pape)
Des associations progressistes telles que l’américaine Catholics United ont dit espérer que le souverain pontife offre "une voix prophétique pour l’espoir contre l’oppression et dirige un renouveau de la justice sociale".
"Saint François a été le plus grand réformateur de l’Eglise, le pape François doit faire pareil", a pour sa part estimé l’association américaine des victimes de prêtres pédophiles, le Snap, pour qui "la première décision du nouveau pape doit être de déclarer une tolérance zéro pour les abus sexuels" commis par des prêtres.
En prenant le nom de Saint François d’Assise, le nouveau pape "met en avant la simplicité, la pauvreté et le contact avec les gens", ont fait valoir pour leur part les évêques de Pologne.
Quelle était la position du cardinal Bergoglio durant la dictature argentine ?
Qui | radio-canada.ca | mercredi 13 mars 2013
Le cardinal Bergoglio prononce une homélie à l’église San Cayetano, à Buenos Aires en 2009. Photo : AFP/DANIEL GARCIA
Des médias internationaux ont fait état de soupçons quant à l’attitude du cardinal Jorge Mario Bergoglio, devenu le pape François, durant les années de la dictature en Argentine (1976-1983).
Le journal britannique The Guardian rapporte qu’un livre, Le silence, écrit en 2005 par le journaliste argentin Horacio Verbitsky, a mis en lumière un rôle qui pourrait être qualifié de trouble joué par le cardinal Bergoglio dans l’emprisonnement de deux prêtres qui œuvraient auprès des démunis dans les bidonvilles.
Le cardinal Bergoglio n’aurait pas protégé les deux hommes après qu’ils eurent refusé d’arrêter de travailler dans les bidonvilles.
L’auteur du livre s’est basé sur le témoignage de l’un des prêtres, Orlando Yoro, qui est décédé en 2000.
Par ailleurs, le livre avance que les autorités cléricales de Buenos Aires ont aidé la dictature à dissimuler les prisonniers politiques aux enquêteurs des droits de l’homme.
Le cardinal Bergoglio a démenti ces accusations et a affirmé qu’il avait aidé plusieurs opposants durant la dictature des militaires.
Les évêques argentins ont toutefois présenté leurs excuses l’année dernière pour avoir échoué à protéger la population contre la dictature.
Dans un jugement du 7 décembre dernier contre trois militaires, le tribunal de La Rioja, dans le nord-ouest de l’Argentine, a souligné « l’indifférence » et aussi « la complicité » de l’Église avec l’appareil répressif des généraux argentins.
Le tribunal a affirmé également que la hiérarchie catholique argentine faisait la sourde oreille aux rapports faisant état de persécution des membres du Mouvement des prêtres pour le tiers-monde, une des bêtes noires du régime.
Par ailleurs, le quotidien français La Croix a rapporté sur son site Internet qu’une juge française souhaiterait entendre le cardinal Bergoglio au sujet de l’assassinat du prêtre français Gabriel Longueville, survenu au début de la dictature.
La juge voudrait savoir s’il existe à l’archevêché de Buenos Aires ou au Vatican des archives sur le dossier.
http://www.courrierinternational.com/article/2013/03/14/jorge-bergoglio-n-est-pas-le-pape-des-pauvres