Le cap des 2 millions de réfugiés syriens a été franchi (dont la moitié sont des enfants). Le Haut commissariat aux réfugiés exhorte les pays européens à participer à l'effort de solidarité notamment envers les pays limitrophes. Mais il semblerait que la France n'assume toujours pas cette responsabilité...
Alors que le nombre de réfugiés syriens à l'étranger ne cesse d'augmenter et que François Hollande soutient la nécessité d'intervenir militairement en Syrie, la France se montre, depuis plusieurs mois, beaucoup plus frileuse en ce qui concerne l'accueil d'éventuels réfugiés sur son territoire.
Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a annoncé, mardi 3 septembre, que le seuil des deux millions de réfugiés avait été franchi. Un chiffre multiplié par dix en un an. Face à ce drame humanitaire, l'agence des Nations Unies tente depuis le début du mois de juin de convaincre les Etats membres de l'Union européenne d'ouvrir leurs portes aux réfugiés. Sans guère de succès, en France notamment.
L'ambition du HCR est d'obtenir une protection exceptionnelle pour 10 000 Syriens. Principalement réfugiés dans les pays limitrophes de la Syrie, entre autres au Liban, où leur situation est particulièrement précaire car il n'y existe aucun campement officiel en dur. Le chiffre de 10 000 personnes est symbolique comparé aux 5 000 Syriens qui, chaque jour, fuiraient leur pays, selon le HCR.
L'Allemagne est le pays qui a promis le plus gros effort. Quelque 5 000 Syriens y seront accueillis à partir des prochains jours. Le 29 août, l'Autriche s'est engagée à assurer une protection à 500 personnes. La Suède, la Norvège, les Pays-Bas et la Suisse ont aussi promis de recevoir des Syriens, dans des proportions moindres – de l'ordre de 200 chacun, au maximum.
La France, elle, n'a pas encore répondu à la demande du HCR. Elle a accordé l'asile, depuis janvier, à 700 Syriens. Un chiffre lié à des demandes faites principalement depuis la France par des personnes qui ont pu rejoindre le territoire. Mais Paris refuse d'accorder toute protection dans un autre cadre. "On nous a répondu que le système d'accueil des demandeurs d'asile était saturé", explique William Spindler, chargé de communication au HCR. Le ministère de l'intérieur, chargé de l'asile, n'a pas donné suite lundi 2 septembre, aux sollicitations du Monde.
LE PRÉCÉDENT DE LA BOSNIE
Le HCR propose aux Etats deux solutions. La première consiste à accueillir les migrants dans le cadre d'un programme dit de réinstallation. Les individus et leur famille sont alors totalement pris en charge, depuis le pays où ils ont trouvé refuge jusqu'au pays hôte. Ils reçoivent un statut de réfugié définitif, un logement, et un accompagnement vers l'emploi.
La seconde solution, moins généreuse, consiste à accorder une protection temporaire aux migrants. Un accompagnement social peut être proposé, mais il est plus léger que dans les cas de la réinstallation. Même si les Etats hôtes peuvent ensuite accorder un statut de réfugié définitif aux personnes accueillies, en principe elles sont censées retourner dans leur pays d'origine une fois terminé le conflit qui y sévit.
C'est la solution qu'a choisie l'Allemagne, comme elle l'avait fait lors du conflit en Bosnie-Herzégovine (1992-1995). Sur les 320 000 réfugiés qu'elle avait alors accueillis, 246 000 sont rentrés chez eux entre 1996 et 2005. Beaucoup de retours ont toutefois été compliqués par la recomposition ethnique du pays pendant la guerre, selon une étude publiée, en juillet, dans l'Oxford Journal.
Dans le cas de la protection temporaire ou de la réinstallation, les Etats hôtes ont le droit de fixer des critères de sélection. Les femmes, les victimes de tortures, ou encore "les personnes ayant des liens avec l'Allemagne", sont aujourd'hui prioritaires. Même chose pour les réfugiés ayant un "potentiel pour participer à la reconstruction". Autrement dit, les personnes qui auront des intérêts à rentrer en Syrie une fois la guerre finie, selon le HCR.
La protection temporaire a "des limites", admet Pierre Henry, directeur général de France terre d'asile, l'une des principales associations chargée de l'accueil des demandeurs d'asile en France. "Mais 700 réfugiés syriens accueillis depuis janvier, ce n'est pas une réponse politique et humanitaire à la hauteur des enjeux, estime-t-il. La saturation du système d'asile est un prétexte."
En Allemagne, les questions d'immigration sont aussi sensibles qu'en France. En août, l'ouverture d'un foyer de demandeurs d'asile dans un quartier populaire de Berlin a suscité de vives protestations de riverains, soutenus par des groupuscules d'extrême droite qui cherchaient à se faire entendre avant les élections législatives du 22 septembre.
http://www.france-terre-asile.org/toute-lactualite-choisie/item/8979/?utm_source=Newsletter&utm_medium=e-mail&utm_campaign=Newsletter+64
Alors que le nombre de réfugiés syriens à l'étranger ne cesse d'augmenter et que François Hollande soutient la nécessité d'intervenir militairement en Syrie, la France se montre, depuis plusieurs mois, beaucoup plus frileuse en ce qui concerne l'accueil d'éventuels réfugiés sur son territoire.
Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a annoncé, mardi 3 septembre, que le seuil des deux millions de réfugiés avait été franchi. Un chiffre multiplié par dix en un an. Face à ce drame humanitaire, l'agence des Nations Unies tente depuis le début du mois de juin de convaincre les Etats membres de l'Union européenne d'ouvrir leurs portes aux réfugiés. Sans guère de succès, en France notamment.
L'ambition du HCR est d'obtenir une protection exceptionnelle pour 10 000 Syriens. Principalement réfugiés dans les pays limitrophes de la Syrie, entre autres au Liban, où leur situation est particulièrement précaire car il n'y existe aucun campement officiel en dur. Le chiffre de 10 000 personnes est symbolique comparé aux 5 000 Syriens qui, chaque jour, fuiraient leur pays, selon le HCR.
L'Allemagne est le pays qui a promis le plus gros effort. Quelque 5 000 Syriens y seront accueillis à partir des prochains jours. Le 29 août, l'Autriche s'est engagée à assurer une protection à 500 personnes. La Suède, la Norvège, les Pays-Bas et la Suisse ont aussi promis de recevoir des Syriens, dans des proportions moindres – de l'ordre de 200 chacun, au maximum.
La France, elle, n'a pas encore répondu à la demande du HCR. Elle a accordé l'asile, depuis janvier, à 700 Syriens. Un chiffre lié à des demandes faites principalement depuis la France par des personnes qui ont pu rejoindre le territoire. Mais Paris refuse d'accorder toute protection dans un autre cadre. "On nous a répondu que le système d'accueil des demandeurs d'asile était saturé", explique William Spindler, chargé de communication au HCR. Le ministère de l'intérieur, chargé de l'asile, n'a pas donné suite lundi 2 septembre, aux sollicitations du Monde.
LE PRÉCÉDENT DE LA BOSNIE
Le HCR propose aux Etats deux solutions. La première consiste à accueillir les migrants dans le cadre d'un programme dit de réinstallation. Les individus et leur famille sont alors totalement pris en charge, depuis le pays où ils ont trouvé refuge jusqu'au pays hôte. Ils reçoivent un statut de réfugié définitif, un logement, et un accompagnement vers l'emploi.
La seconde solution, moins généreuse, consiste à accorder une protection temporaire aux migrants. Un accompagnement social peut être proposé, mais il est plus léger que dans les cas de la réinstallation. Même si les Etats hôtes peuvent ensuite accorder un statut de réfugié définitif aux personnes accueillies, en principe elles sont censées retourner dans leur pays d'origine une fois terminé le conflit qui y sévit.
C'est la solution qu'a choisie l'Allemagne, comme elle l'avait fait lors du conflit en Bosnie-Herzégovine (1992-1995). Sur les 320 000 réfugiés qu'elle avait alors accueillis, 246 000 sont rentrés chez eux entre 1996 et 2005. Beaucoup de retours ont toutefois été compliqués par la recomposition ethnique du pays pendant la guerre, selon une étude publiée, en juillet, dans l'Oxford Journal.
Dans le cas de la protection temporaire ou de la réinstallation, les Etats hôtes ont le droit de fixer des critères de sélection. Les femmes, les victimes de tortures, ou encore "les personnes ayant des liens avec l'Allemagne", sont aujourd'hui prioritaires. Même chose pour les réfugiés ayant un "potentiel pour participer à la reconstruction". Autrement dit, les personnes qui auront des intérêts à rentrer en Syrie une fois la guerre finie, selon le HCR.
La protection temporaire a "des limites", admet Pierre Henry, directeur général de France terre d'asile, l'une des principales associations chargée de l'accueil des demandeurs d'asile en France. "Mais 700 réfugiés syriens accueillis depuis janvier, ce n'est pas une réponse politique et humanitaire à la hauteur des enjeux, estime-t-il. La saturation du système d'asile est un prétexte."
En Allemagne, les questions d'immigration sont aussi sensibles qu'en France. En août, l'ouverture d'un foyer de demandeurs d'asile dans un quartier populaire de Berlin a suscité de vives protestations de riverains, soutenus par des groupuscules d'extrême droite qui cherchaient à se faire entendre avant les élections législatives du 22 septembre.
http://www.france-terre-asile.org/toute-lactualite-choisie/item/8979/?utm_source=Newsletter&utm_medium=e-mail&utm_campaign=Newsletter+64