Quatre blessés graves dans une collision entre un TER et un TGV
http://www.liberation.fr/societe/2014/07/17/collision-entre-deux-trains-dans-le-sud-ouest-17-blesses_1065793
LIBERATION (avec AFP) 17 juillet 2014 à 19:26 (Mis à jour : 18 juillet 2014 à 07:51)
Des employés de la SCNF et des enquêteurs sur le site de l'accident dans la nuit de jeudi à vendredi. (Photo Mehdi Fedouach. AFP)
Un train express régional a heurté un TGV près de Pau dans les Pyrénées-Atlantiques. L'accident a fait une quarantaine de blessés.
Un train express régional a heurté jeudi en fin d’après-midi un TGV reliant Tarbes à Paris, à une vingtaine de km de Pau, faisant 40 blessés dont quatre graves, un accident ayant pu être provoqué par un signal en maintenance «resté rouge».
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Les premiers éléments sur les causes possibles ont été donnés par la SNCF et le secrétaire d’Etat jeudi soir vers minuit, alors que 13 des 40 passagers se trouvaient encore hospitalisés, dont deux personnes âgées en réanimation, dans un état très grave, et deux autres personnes, dont un bébé, également très grièvement blessées mais hors de danger.
Quelque 60 passagers voyageaient à bord du TER, tandis qu’ils étaient 178 dans le TGV.
«Il faut savoir que le système de signalisation était en maintenance», au moment où l’accident s’est produit, vers 17h30 à hauteur de Denguin (Pyrénées-Atlantiques), bourgade située à 18 km à l’ouest de Pau, a dit le secrétaire d’Etat aux transports, Frédéric Cuvillier.
«Y a-t-il un lien de causalité entre la maintenance et l’accident, rien ne permet de l’affirmer, ni de l’exclure», a-t-il ajouté en précisant que «les systèmes de signalisation (de ce type) qui sont en maintenance doivent être vérifiés» sur tout le réseau. Il a indiqué que le Bureau d’enquêtes sur les accidents de transport terrestre (BEATT) était déjà saisi.
Selon le directeur général de la SNCF, Alain Krakovitch, qui s’est déplacé avec le secrétaire d’Etat, l’accident a pu être entraîné par un signal resté en rouge en permanence.
L’accident a impliqué un train express régional reliant Pau à Dax et un TGV reliant sur la même voie Tarbes à Pau et roulant à vitesse réduite, conformément à la procédure, à environ 30 km/heure alors que le TER qui l’a percuté roulait à 90 km/heure, ont précisé les deux responsables.
«Quand un feu reste au rouge, il faut tout de suite intervenir et réguler la vitesse, ce qui s’est passé pour le TGV mais pas pour le TER. Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Qu’a vu le conducteur du TER ? Pourquoi a-t-il cru qu’il pouvait rouler à vitesse normale, alors que le TGV non. C’est tout cela que l’enquête devra démontrer», a expliqué M. Krakovitch.
Villageois mobilisés
Très vite après l’accident les pompiers et secouristes ont rapidement mis en place un hôpital de campagne dans le village de près de 1.800 habitants. Les villageois se sont aussi mobilisés, apportant des vivres et de l’eau pour les blessés. Vers 22h00 la plupart des voyageurs les moins touchés avaient été acheminés en autocars, vers Bordeaux, Dax ou Pau.
Céline Royer, 40 ans, à bord du TGV, a raconté à l’AFP qu’elle était partie à 17h00 de Pau pour se rendre à Bordeaux. «J’ai entendu une annonce qui disait que le train allait ralentir à cause de la chaleur», a-t-elle raconté. Elle a dit avoir ensuite ressenti un choc violent. «J’ai vu des gens projetés sur leurs tablettes, certains qui étaient debout ont été blessés».
Plusieurs autres passagers ont confirmé à l’AFP avoir été informés avant le choc d’un «problème de signalisation» lié aux fortes températures, alors que près de Pau, vers 17h30, le thermomètre affichait des températures proches des 35°C.
«De mémoire de cheminot, nous n’avons de situation où le feu reste au rouge parce qu’il fait trop chaud», a toutefois déclaré Alain Krakovitch.
L’accident de Denguin s’est produit presque un an jour pour jour après l’accident ferroviaire qui avait fait le 12 juillet 2013 à Brétigny-sur-Orge (Essonne) sept morts et des dizaines de blessés. M. Cuvillier a cependant écarté toute similitude entre les deux drames, rappelant qu’à Bretigny il s’était agi d’un problème sur la voie, ce qui n’a pas été le cas à Denguin.
«Un accident de la sorte, c'est très rare»
«Un TER qui percute un TGV, c’est cas de figure vraiment rare, indique Willy Colin, porte-parole de l’Association des voyageurs usagers des chemins de fer (Avuc), joint par Libération. La plupart du temps, les accidents se situent à des passages à niveau, entre un train et un véhicule. Mais deux trains, c’est peu commun. L’enquête établira la cause: peut être une erreur humaine ou un défaut de signalisation. Mais dans tous les cas, il faudra qu’on sache.»
Sa crainte, explique-t-il, c’est que la SNCF ne profite de l’attention des médias vers l’avion abattu au dessus de l’Ukraine, pour ne pas parler de cet accident de train… «En tant que représentant des usagers, nous serons extrêmement attentif à ce que la SNCF communique sur les circonstances de cette collision. C'est un accident grave. Il y a aujourd'hui une suspicion totale autour de la SNCF, la confiance est altérée. C’est d’ailleurs pour cela qu'après l'accident de Bretigny il y a un an, on demande l'open data sur l'infrastructure pour que les usagers sachent sur quoi ils roulent...»