Le communisme est une doctrine politique et sociale empruntant à la philosophie marxiste qui vise à instaurer une société sans classes, dans laquelle le régime de la propriété individuelle est aboli, garante d’une parfaite égalité entre citoyens. Ses promoteurs ont présenté le communisme comme une alternative au modèle capitaliste d’organisation des sociétés qui n’aboutit qu’à la domination d’une classe (la bourgeoisie, propriétaire des moyens de production) sur une autre classe (le prolétariat).
Si l’on veut assimiler le communisme à un courant philosophique qui aspire à l’édification d’une société dans laquelle l’égalité servirait de fondement, on peut alors affirmer que cette aspiration est historiquement ancienne. Déjà Platon, dans la République, décrivait une société dans laquelle le citoyen, homme libre, usait de cette liberté afin d’établir une société égalitaire fondée sur la participation de tous aux affaires de la cité.
Le thème d’une société idéale reposant sur la liberté politique, mais surtout sur une mise en commun des biens et des richesses, ne sera développé qu’au XVIe siècle avec les utopistes. Thomas More, dans l’Utopie, et Jean-Jacques Rousseau, dans son Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, voient tous deux dans le régime de la propriété, notamment dans l’appropriation des terres, le ferment de la constitution de sociétés inégalitaires, qui prive le non-possédant de son droit au bonheur.
Alors que le premier partira de cette constatation pour décrire le communisme idéal qui règne sur l’île d’Utopie, le second se prononcera moins pour une abolition de la propriété privée que pour une protection de celle-ci dès lors que chacun se voit attribué un lopin de terre lui permettant d’assurer sa subsistance.
La constitution d’un prolétariat ouvrier et urbain au XIXe siècle, avec l’industrialisation, marque l’apparition d’un utopisme social. La tentative d’implantation d’une colonie communiste aux États-Unis par Robert Owen — cette expérience fait aujourd’hui sourire, ce pays ayant de tout temps été farouchement anti-communiste —, baptisée New Harmony, les propositions d’une nouvelle forme d’organisation du travail développées par Charles Fourier (il défend l’idée d’une réunion de la communauté des travailleurs sous forme de petites structures coopératives appelées phalanstères), participent de ce mouvement. Tous deux influeront sur le développement du socialisme utopique et du chartisme.
Malgré l’échec des tentatives d’application concrètes de ces expériences utopistes, le courant d’idées existe et servira de base théorique à la constitution du communisme en tant que projet universaliste visant à changer les bases de l’organisation des sociétés.
Karl Marx édifie sa théorie à partir de l’observation des conditions économiques et sociales de son temps. La misère des travailleurs, la dureté des conditions de travail du monde ouvrier et la précarité des conditions d’existence des salariés l’amènent à s’interroger sur la viabilité d’un régime économique qui engendre de telles conséquences. L’économie libérale fondée sur l’initiative de l’entrepreneur, la propriété privée et la concurrence est, pour lui, condamnée à terme, car elle produit un ensemble de conséquences sociales qui ne peuvent que mettre à bas le système.
Le marxisme, tel qu’il est formulé par son auteur, constitue une doctrine sociale qui a vocation à s’édifier sur les ruines du système capitaliste. Marx y ajoute en outre une vision philosophique, dans la mesure où son projet social s’inscrit dans une perspective historique. Marx observe que ce sont les rapports de production, source d’inégalités, qui structurent la société en deux classes sociales antagonistes. Ces classes sont caractérisées par leur opposition. Les propriétaires des moyens de production forment une classe qui s’approprie le travail du prolétariat. L’histoire des sociétés se résume alors à une lutte entre classes sociales.
Cette infrastructure productive explique que l’existence des classes sociales est liée à des phases de développement historique déterminé par la production : en ce sens, le marxisme est qualifié de matérialisme historique. Marx poursuit sa démonstration en expliquant que le régime capitaliste ne tire sa croissance que de l’exploitation des travailleurs. C’est celle-ci qui engendre le profit : pour Marx, seul le facteur travail produit de la valeur, or le travail est rémunéré à un coût inférieur à la richesse qu’il produit. De cette différence naît le profit, qui ne vient rémunérer que le seul capitaliste.
Cette recherche du profit amène l’entrepreneur à désirer sa maximisation. Celle-ci est recherchée au travers d’une amélioration des techniques de production en vue d’accroître la productivité du travail : elle s’incarne dans la mécanisation de plus en plus poussée des structures industrielles. Or, dans la mesure où Marx affirme que seul le travail est créateur de richesse, l’évolution du capitalisme tel qu’il le décrit conduit nécessairement à long terme à une baisse du taux de profit.
Le capitalisme se voit en quelque sorte condamné par là ou il a pêché. Cette évolution liée aux effets de la lutte des classes permettra d’instaurer une nouvelle forme d’organisation sociale postérieure au capitalisme, qui est déjà condamné par l’histoire. La contradiction interne au régime capitaliste réside alors en ce que la production sociale s’oppose à la propriété privée des moyens de production, contradiction qui ne peut être résolue que par la socialisation de ces mêmes moyens de production.
Le communisme se comprend comme la traduction politique de la doctrine sociale héritée du marxisme. Loin d’attendre que le capitalisme se détruise lui-même, comme le prédit Marx, la lutte des classes, par le biais de la révolution, est un moyen d’anticiper cette finalité historique et d’instaurer une société communiste reposant sur la propriété collective des moyens de production.
Cette lutte passe alors par la constitution d’une organisation politique qui doit conduire cette révolution au nom des travailleurs, qui tous n’ont pas conscience de former une classe dominée et exploitée par la bourgeoisie capitaliste. C’est alors au parti politique qu’il revient de mener cette lutte. Par nature, celui-ci est nécessairement unique, car il ne défend qu’un seul intérêt, même si celui-ci est collectif : c’est l’intérêt de la société tout entière, qui doit s’organiser autrement.
C’est la révolution russe de 1917 qui marque le point de départ de l’édification d’une autre forme d’organisation économique et sociale se réclamant du marxisme. Au sortir de la guerre, les révolutionnaires bolcheviques, avec Lénine à leur tête, prennent conscience que le pays n’est pas encore prêt à réaliser la société sans classes. Sans renier leurs idéaux, mais confrontés à la nécessité de s’adapter aux contraintes du moment — la reconstruction de l’économie russe, puis soviétique —, ils font coexister un secteur d’État avec un secteur privé. Cette période coïncide avec la nouvelle politique économique (NEP) menée par Lénine.
Ce n’est qu’avec l’éviction de Trotski par Staline que l’édification du communisme devient l’idéologie officielle de l’État-parti.
Si l’on veut assimiler le communisme à un courant philosophique qui aspire à l’édification d’une société dans laquelle l’égalité servirait de fondement, on peut alors affirmer que cette aspiration est historiquement ancienne. Déjà Platon, dans la République, décrivait une société dans laquelle le citoyen, homme libre, usait de cette liberté afin d’établir une société égalitaire fondée sur la participation de tous aux affaires de la cité.
Le thème d’une société idéale reposant sur la liberté politique, mais surtout sur une mise en commun des biens et des richesses, ne sera développé qu’au XVIe siècle avec les utopistes. Thomas More, dans l’Utopie, et Jean-Jacques Rousseau, dans son Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, voient tous deux dans le régime de la propriété, notamment dans l’appropriation des terres, le ferment de la constitution de sociétés inégalitaires, qui prive le non-possédant de son droit au bonheur.
Alors que le premier partira de cette constatation pour décrire le communisme idéal qui règne sur l’île d’Utopie, le second se prononcera moins pour une abolition de la propriété privée que pour une protection de celle-ci dès lors que chacun se voit attribué un lopin de terre lui permettant d’assurer sa subsistance.
La constitution d’un prolétariat ouvrier et urbain au XIXe siècle, avec l’industrialisation, marque l’apparition d’un utopisme social. La tentative d’implantation d’une colonie communiste aux États-Unis par Robert Owen — cette expérience fait aujourd’hui sourire, ce pays ayant de tout temps été farouchement anti-communiste —, baptisée New Harmony, les propositions d’une nouvelle forme d’organisation du travail développées par Charles Fourier (il défend l’idée d’une réunion de la communauté des travailleurs sous forme de petites structures coopératives appelées phalanstères), participent de ce mouvement. Tous deux influeront sur le développement du socialisme utopique et du chartisme.
Malgré l’échec des tentatives d’application concrètes de ces expériences utopistes, le courant d’idées existe et servira de base théorique à la constitution du communisme en tant que projet universaliste visant à changer les bases de l’organisation des sociétés.
Karl Marx édifie sa théorie à partir de l’observation des conditions économiques et sociales de son temps. La misère des travailleurs, la dureté des conditions de travail du monde ouvrier et la précarité des conditions d’existence des salariés l’amènent à s’interroger sur la viabilité d’un régime économique qui engendre de telles conséquences. L’économie libérale fondée sur l’initiative de l’entrepreneur, la propriété privée et la concurrence est, pour lui, condamnée à terme, car elle produit un ensemble de conséquences sociales qui ne peuvent que mettre à bas le système.
Le marxisme, tel qu’il est formulé par son auteur, constitue une doctrine sociale qui a vocation à s’édifier sur les ruines du système capitaliste. Marx y ajoute en outre une vision philosophique, dans la mesure où son projet social s’inscrit dans une perspective historique. Marx observe que ce sont les rapports de production, source d’inégalités, qui structurent la société en deux classes sociales antagonistes. Ces classes sont caractérisées par leur opposition. Les propriétaires des moyens de production forment une classe qui s’approprie le travail du prolétariat. L’histoire des sociétés se résume alors à une lutte entre classes sociales.
Cette infrastructure productive explique que l’existence des classes sociales est liée à des phases de développement historique déterminé par la production : en ce sens, le marxisme est qualifié de matérialisme historique. Marx poursuit sa démonstration en expliquant que le régime capitaliste ne tire sa croissance que de l’exploitation des travailleurs. C’est celle-ci qui engendre le profit : pour Marx, seul le facteur travail produit de la valeur, or le travail est rémunéré à un coût inférieur à la richesse qu’il produit. De cette différence naît le profit, qui ne vient rémunérer que le seul capitaliste.
Cette recherche du profit amène l’entrepreneur à désirer sa maximisation. Celle-ci est recherchée au travers d’une amélioration des techniques de production en vue d’accroître la productivité du travail : elle s’incarne dans la mécanisation de plus en plus poussée des structures industrielles. Or, dans la mesure où Marx affirme que seul le travail est créateur de richesse, l’évolution du capitalisme tel qu’il le décrit conduit nécessairement à long terme à une baisse du taux de profit.
Le capitalisme se voit en quelque sorte condamné par là ou il a pêché. Cette évolution liée aux effets de la lutte des classes permettra d’instaurer une nouvelle forme d’organisation sociale postérieure au capitalisme, qui est déjà condamné par l’histoire. La contradiction interne au régime capitaliste réside alors en ce que la production sociale s’oppose à la propriété privée des moyens de production, contradiction qui ne peut être résolue que par la socialisation de ces mêmes moyens de production.
Le communisme se comprend comme la traduction politique de la doctrine sociale héritée du marxisme. Loin d’attendre que le capitalisme se détruise lui-même, comme le prédit Marx, la lutte des classes, par le biais de la révolution, est un moyen d’anticiper cette finalité historique et d’instaurer une société communiste reposant sur la propriété collective des moyens de production.
Cette lutte passe alors par la constitution d’une organisation politique qui doit conduire cette révolution au nom des travailleurs, qui tous n’ont pas conscience de former une classe dominée et exploitée par la bourgeoisie capitaliste. C’est alors au parti politique qu’il revient de mener cette lutte. Par nature, celui-ci est nécessairement unique, car il ne défend qu’un seul intérêt, même si celui-ci est collectif : c’est l’intérêt de la société tout entière, qui doit s’organiser autrement.
C’est la révolution russe de 1917 qui marque le point de départ de l’édification d’une autre forme d’organisation économique et sociale se réclamant du marxisme. Au sortir de la guerre, les révolutionnaires bolcheviques, avec Lénine à leur tête, prennent conscience que le pays n’est pas encore prêt à réaliser la société sans classes. Sans renier leurs idéaux, mais confrontés à la nécessité de s’adapter aux contraintes du moment — la reconstruction de l’économie russe, puis soviétique —, ils font coexister un secteur d’État avec un secteur privé. Cette période coïncide avec la nouvelle politique économique (NEP) menée par Lénine.
Ce n’est qu’avec l’éviction de Trotski par Staline que l’édification du communisme devient l’idéologie officielle de l’État-parti.