bye a écrit:Concernant l'abstention, un certain nombre de personnes assume, bien entendu, leur abstention, quelque soit le président élu: pour la simple raison, qu'ils n'en veulent d'aucun. Et d'ailleurs, ce n'est pas de règle de jeu qu'il s'agit, c'est plutôt de ne pas laisser s'exprimer des gens qui ont des convictions, qui participent à la vie de la cité.
A l'Assemblée nationale, dans les conseils municipaux, dans toutes les assemblées représentatives, des élus choisissent de s'abstenir sur tel projet. Et ils ont le droit d'exprimer ce choix à la tribune. Et ils le font d'ailleurs.
Par contre, des militants politiques par exemple, qui peuvent exprimer , preuve à l'appui, que c'est une supercherie, uniquement maintenue pour perdurer un système injuste et mortifère, n'ont droit à la parole nulle part.
Et pour beaucoup, ce n'est pas une négligence, mais plutôt l'expression d'une conscience.
Pour l'Europe et le droit européen nous sommes d'accord.
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Pour le reste, j'approuve aussi, mais pas tout à fait. Et je tente de t'expliquer pourquoi, mon point de vue. Je vais essayer d'être claire et précise autant que je peux.
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Je suis parfaitement d'accord sur le fait que bien sûr, certain(e)s assument leur abstention. C'est logique.
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Pour "règle du jeu" il s’agissait d’humour, je reprenais l'idée d'Aissachris qui parlait, avec humour, de « joueur pro »... Je pense que tu l’as compris. Il est évident, que les élections sont autre chose qu'un jeu. Aissachris et moi-même en avons pleinement conscience.
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Nous avons des règles électorales en France, qu'on soit pour ou contre ces règles : c'est une chose autre que ce que nous abordions, me semble-t-il.
Là il s'agissait de définir, si oui ou non il y a fraude électorale. Hors pour qu'il y ait fraude électorale il faut que l'élection ne respecte pas les règles électorales françaises (voir européenne ou internationale). En l'occurrence, ce n'est pas le cas. Nos élections respectent nos règles, généralement.
Contester ces règles, c'est autre chose, mais cela ne revient pas à dire : nos élections sont truquées.
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Pour ce qui est du droit de vote en lui-même, je considère cela comme un droit, chèrement acquis, et extrêmement trop récent pour les femmes (1941) mais aussi pour les hommes (1848) pour le suffrage universel pour ne pas me déplacer.
Martin Luther King disait : «Ce qui m'effraie, ce n'est pas l'oppression des méchants ; c'est l'indifférence des bons.» ; «Celui qui accepte le mal sans lutter contre lui coopère avec lui.» ; «A la fin, nous nous souviendrons non pas des mots de nos ennemis, mais des silences de nos amis.»
Et Abraham Lincoln disait : «Le silence devient un péché lorsqu'il prend la place qui revient à la protestation ; et, d'un homme, il fait alors un lâche.» ; «Un bulletin de vote est plus fort qu’une balle de fusil.»
J’ai toujours eu à l’esprit ces pensées de ces deux personnages de l’histoire américaine dont je pense que leur combat a dépassé les frontières et les époques.
Je comprends les personnes qui n’ont pas envie de voter pour tel ou tel candidat, je ne comprends pas qu’elles ne puissent pas se déplacer pour déposer un bulletin de vote blanc ou nul dans une urne, respectant en cela ceux qui ont donné leur vie pour ce droit.
Pour moi, c’est notre devoir, nous avons aussi un devoir vis-à-vis des populations alentours qui n’ont pas ce droit de vote et se battent pour l’obtenir, ou pour les femmes encore qui n'ont pas ce droit dans certains pays...
La liberté est chèrement acquise, elle peut facilement se perdre et c’est souvent par l’abstention, ou l’indifférence, ou la non prise de position qu’on obtient des catastrophes.
Quand le Pen arrive au second tour en 2002, ce n’est pas qu’il fait plus de voix qu’avant. C’est simplement que les gens de gauche ont soit dispersé leur voix, soit se sont abstenus.
Après, on a beau pleurer, manifester dans la rue, se mobiliser, mettre une pince sur son nez pour voter Chirac : la responsabilité de ce second tour, on le porte en soit.
J’avais 16 ans à cette époque, et qu’est-ce que j’en ai voulu au gens de gauche de m’avoir fait aussi honte (pour la France) en laissant Le Pen passer au second tour !
Il ne faut jamais oublier qu’Hitler, Mussolini ou Pétain n’ont pas fait un coup d’état pour accéder au pouvoir, pas plus que Poutine ou Bush en Russie et aux USA aujourd’hui (attention, je ne compare pas les trois premiers hommes avec les deux derniers).
Notre bulletin est un devoir, un droit, mais c’est aussi une énorme responsabilité qu’on ne devrait jamais prendre à la légère...
Donc, moi, mon premier geste à ma majorité, ce fut de m’inscrire pour avoir ma carte d’électeur (certainement les conséquences de la honte que j'ai ressenti en 2002).
Et à chaque élection je vote, même si c’est pour mettre, parfois, un bulletin nul ou blanc.
Mais quand les choses me paraissent dangereuses, j’assume mon choix, je vote contre ce qui me parait dangereux : comme pour la Constitution européenne ; comme pour Sarkozy.
J’ai voté Royal au second tour, sans grandes convictions pour elle mais parce que j’estimais que Sarkozy serait une catastrophe pour notre modèle sociale, économique, et notre modèle républicain.
L’actualité ne me donne pas tord, même pour notre modèle républicain. Mais, je sais que, personnellement, je n’ai rien à me reprocher : j’ai voté et en plus j’ai voté contre ce type.
Je n’ai donc pas participé, par mon abstention, à la destruction du modèle républicain auquel j'adhère. Et je n'ai pas voté ou ne suis pas rester neutre face au modèle de société que le Nicolas nous propose. Je peux donc garder la tête haute.
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Ensuite, je ne comparerais pas des élus (députés, etc.) à des militants politiques.
D'abord les militants politiques peuvent créer leur parti, il faut qu'ils obtiennent des signatures des maires (un certain nombre) pour pouvoir ensuite se présenter aux élections présidentielles. Mais en générale, nous sommes l'un des rares pays où il y a autant de "petits" candidats à chaque élection présidentielle. Bien que nous nous dirigions, par la force des choses, et le vote des électeurs, à un bipartisme : UMP/PS, nous avons un large choix dans les partis. Peu de grande démocratie (comme les USA, l'Angleterre etc.) peuvent prétendre à cela.
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Pour faire simple et mieux expliquer mon point de vue, je vais rester à l'assemblée nationale avec les députés pour t'expliquer mieux pourquoi je ne comparerais pas leur situation avec celles des militants.
Un député lorsqu'il s'abstient de voter un projet de loi, en règle générale, c'est qu'il est contre ce projet mais qu'il est présenté par la majorité dont il fait partie.
Ou alors, il est pour ce projet, mais est présenté par la majorité dont il est opposant.
Par son abstention, il ne veut moins montrer sa neutralité que surtout rester dans la majorité ou dans l'opposition (selon les cas).
Il est fait donc moins question de choix que de non-possibilité de faire autrement par souci de ne pas se mettre à dos son parti ou son groupe parlementaire.
Et personnellement, je trouve cela non seulement un déni de démocratie, mais aussi une attitude lâche et lamentable.
Quand j'entends madame de Panafieu dire qu'elle était contre le projet de loi sur les tests d'ADN mais qu'elle s'est contenté de s'abstenir de voter, je suis outrée.
Un élu doit aller au bout de ses convictions quand il estime quelque chose dangereux pour la nation, sa commune, ... Ou s'il estime quelque chose nécessaire pour la nation, sa région...
Si j'avais été députée dans les années 70 et de gauche, lors du vote sur la légalisation de l'avortement, j'aurais voté pour, sans me soucier de voter pour un projet de loi proposé par une majorité dont je suis une adversaire politique. Parce que ce projet de loi est au-delà des clivages politiques.
Si j'avais été députée en 1981 et du RPR, lors du projet de loi sur l'abolition de l'esclavage j'aurais voté pour, sans me soucier de voter pour un projet de loi proposé par une majorité adverse à mon clivage politique.
Je crois que pour des projets vitaux à la société française, on doit voter en son âme et conscience et non par clivage politique, ou s'abstenir pour ne pas tomber dans l'opposition ou ne pas montrer sa solidarité avec un adversaire politique.
Il y a des sujets qui dépassent les clivages politiques, me semble-t-il, et un élu plus que tout autre est responsable devant le peuple de son choix. La neutralité est parfois de la simple lâcheté ou des tactiques politiques qui nuisent à notre société.
Imaginons que le Sénat n'avait pas modifié ce projet sur les tests d'ADN, De Panafieu (et d'autres de droite), en s'abstenant de voter contre un texte qu'elle juge pourtant dangereux, permet à ce texte de passer. Pour moi, elle est autant responsable si ce n'est plus que celui qui vote pour, qui lui au moins, assume son choix. Elle, elle comprend la gravité de ce texte, mais s’abstient de voter contre. C’est scandaleux.
Et si je vivais à Paris et si j’étais de droite, rien que pour ça : j’aurais voté contre elle et pour la liste de gauche.