Bettina a écrit:Moi, je pense que sanctionner, passe aussi par un "retrait" de la société, quand on est un danger pour la société.
Le problème, c'est que nos prisons ne sont pas en adéquation avec ce pourquoi elles existent : réhabilité, tout en sanctionnant l'acte.
Il devrait avoir des prisons séparées différentes entre les jeunes et les adultes (comme on sépare les hommes, des femmes). Et des prisons séparées entre les criminels et les délinquants.
Mais on ne peut pas ne pas sanctionner, même par un enfermement certains actes odieux et criminels.
Sinon, qu'on le veuille ou non, c'est envoyé aussi comme signal aux autres vous avez tous les droits, et aux victimes vos bourreaux ont tous les droits.
Il faut reconstruire les prisons, les faire à des normes humaines (ce qui serait aussi bien, ne serait-ce que pour ceux qui y travaillent, car on oublie aussi souvent que pour eux ce n'est pas non plus la joie). Faire en sorte, comme pour les délinquants sexuels, qu'ils reçoivent des soins pendant leur emprisonnement. Pour les délinquants juvéniles, les ré-éduquer, les réadapter à la société. Mais ne pas les traiter comme si c'était eux les vraies victimes. Ou que leurs actes n'existent pas parce qu'ils sont mineurs.
La ou les victimes existent. Et on ne peut se reconstruire, en tant que victime, que lorsque la justice a aussi sanctionné son agresseur.
Je te prends un exemple, perso., je n'entre pas dans les détails. Mais quand dans la famille, un enfant maltraite un autre, plus petit, qui lui casse ses jouets etc. et que les parents disent à la "victime", laisse tombé, on passe à autre chose. Et au coupable, on ne lui fait rien, même pas le gronder. Je ne sais pas comment le coupable réagit. Mais je peux t'assurer que la victime a simplement envie de se venger, de tout casser, de crier, d'hurler, de crier à l'injustice.
Et là, il ne s'agit que d'une poupée !
Alors imagines ce que ça doit être pour une victime réelle de violence, pour qui la justice ne sanctionnerait pas son violeur, son tortionnaire, ou la personne qui a tuer son enfant, etc. simplement parce que le coupable est mineur.
C'et pas possible, c'est pas de la justice ça.
La justice, ça passe aussi par la sanction de l'acte.
Il faut reconstruire nos prisons, séparer les jeunes des autres. Et entre prisonniers, séparer les délinquants des criminels. Les aider à se réadapter.
Mais il faut aussi sanctionner l'acte. Sans sanction, il peut pas avoir de justice. Sans justice, il n'y a pas de reconstruction pour la victime. Et une société qui ne prend pas en compte les victimes : c'est la loi du plus fort. C'est une société barbare.
je pense, et en suis même certain, que notre socièté est de plus en plus violente.Et je ne dis pas celà pour excuser quoique ce soit.
Dan tous les domaines, travail ( les gens ne se parlent plus: les temps de discussions entre collègues ont diminué, c'est démontré statistiquement ), à l'école, dans les familles, ( dans beaucoup d'entre elles, la mère est toute seule avec les gamins, l'homme est parti..).Les parents , quand ils sont encore présents tous 2, ont du mal à faire face à leurs propres soucis ( boulot,budget,..)et sont complètement enfouis sous les problèmes.Bien sûr, des familles serrent les dents, et maintiennent une éducation dans le respect, une certaine fermeté.Au travail les cadences sont infernales: les suicides sur lieu de travail, gens travaillant sous neuroleptiques ( dans le bâtiment de 200 salariés où j'étais, 1 sur 2 en consommaient: je le savais par la médecine du travail qui siègeait comme moi au CHSCT ); c'est aussi une violence faite à l'humain.
Les chiffres communiqués par le ministère de l'intérieur démontrent d'année en année, une augmentation des actes de violence, d'incivilité,..
De plus en plus de rixes entre les jeunes ( dans la ville où j'habite, celà devien quotidien dans les transports urbains,...)entre les filles,..
C'est un choix politique: le pouvoir préfère une société violente, où se détériorent les liens ( solidarité, ..) où l'individualisme ( qui est une forme de violence faite à l'autre ) triomphe.Il a les armes pour celà, et poursuit tout un système de répression, violence d'Etat, justice bafouée.De plus, la spirale de la mondialisation fait craindre une aggravation des rapports entre les gens.Le commerce n'est pas innocent, en faisant miroiter aux jeunes les " plaisirs " de la société de consommation, véhiculant frustrations,..
La circulaire dite de 1945, prévoyait que des moyens consentis à la prévention, soient plus imporatnts que ceux donnés à la répression.Je ne me rappelle pas les chiffres, mais la LDH et certains majistrats ont dénoncé cette volte-face, amorcée sous l'ère Sarkozy ( peut-être Vaillant, d'aulleurs...)
Il ne s'agit pas de nier la part de responsabilité de l'individu; il s'agit seulement de considérer dans quelle bourrasque il est entraîné.Seuls les plus forts ( et encore!), moralement, psychiquement, s'en tireront.
Je ne nie pas les actes de gravité, les préjudices causés à la personne, mais même si l'individu possède une marge de manoeuvre, elle est très réduite, et les plus faibles ( ceux qui sont les plus fortement atteints par ce délabrement ) en seront victimes ( ceux qui donnent les coups, et ceux qui les reçoivent, même si j'établis une distinction entre les 2 ).
Je pense également que le cycle de la violence se nourrit de toujours plus d'excès: les limites sont sans cesse dépassées: des enfants de plus en plus jeunes ( 5ans, en Angleterre,..) commettent des crimes sur d'autres enfants,..
Il faut tout de même signaler en GB, l'initiative des " écoles du sourire ": dasn le primaire, un nombre important d'écoles appliquent une pédagogie, permettant aux enfant d'affronter tout handicap, difficulté, sans crispation, sans douleur.L'effort est là, mais la part de stress diminuée, évacuée.Bien sûr, les enseignants sont formés à cette pédagogie, et en nombre relativement suffisant.Les actes de violence, d'incivilité, ont fortement diminué ( reportage sur ARETE, récemment ).
Pour terminer, on ne peut extraire un acte violent de ce qui l'a conditionné.La prison n'est pas une solution; elle est une école de déconstruction, de revanche contre la société.Un de mes bons amis, Jacques Lesage de La Haye ( ancien prisonnier ) psychologue, psychotérapeute, a démontré dans ses livres, son expérience, l'inutilité de l'enfermement, . Le taux d'occupation moyen des prisons est de 125,4%, mais 53 établissements ont une densité comprise entre 150 et 200% et 25 ont une densité supérieure à 200%, dont la maison d'arrêt de Limoges et la maison d'arrêt de Tulle qui au 1er juillet de cette année étaient à 222 et 224% de taux d'occupation. C'est énorme.
Je cite quelques extraits de ses interventions récentes:
Voici quelques exemples : à la ferme de Champoly entre Saint-Etienne et Le Puy, il y avait un lieu (La Planche) organisé par les éducateurs de la sauvegarde de l'enfance et de l'adolescence (aujourd'hui il y a une nouvelle structure). Sur les 400 jeunes qui y sont passés, condamnés à des peines entre 6 et 18 mois, le taux de récidive est tombé de 50 à 22 %. Dans l'état de Massachussets, depuis 1965, un psychologue et un sociologue (aujourd'hui fatigués, ils se sont retirés) avaient tenté une expérience similaire, qui fut une réussite. Tout cela met en général en oeuvre trois solutions alternatives : les foyers fermés, les foyers semi fermés et les familles d'accueil ; avec des formations professionnelles et des centres de loisirs. On trouvera les résultats statistiques de ces expériences dans Fermez les prisons de Denis Briggs. Les taux de récidives de ces jeunes tombent à 15 % chez ceux qui sont passés par les centres sans être passés par la prison, et cela économise des millions de dollars, car faire marcher une prison, cela coûte très cher. J'ai rencontré vers 1986-87 un spécialiste en criminologie de Turin, Scatolero, qui avait tourné un film. 11 faisait visiter la prison de Turin aux gens de la ville. Filmés à l'entrée, les gens disaient que les prisonniers étaient des voyous, des salauds, et qu'il fallait bien s'en protéger par la prison. A la sortie de la visite, disaient : "Ça pourrait être nos enfants ; ils sont trop confinés, trop oisifs ; il faut inventer autre chose que la prison". Une association de 2000 membres a organisé des ateliers de mécanique auto, de boucherie, de cuisine, et de boulangerie pour les prisonniers, qui circulaient ainsi entre prison et association. Une aile de la prison, qui comptait 100 détenus, a fini par n'en avoir plus que 8, et le directeur a fini par dire : " Monsieur Scatolero, vous m'avez volé ma prison. "
C'est un constat : chaque fois qu'il y a des peines alternatives à la prison (y compris le bracelet électronique qui par ailleurs est insidieux et pervers) le détenu récidive moins. S'il récidive, il n'y a pas d'escalade dans le délit : par exemple de petit casseur à braqueur, comme cela se produit souvent chez les anciens détenus. On devrait pouvoir facilement faire tomber la population carcérale de 60.000 à 15 ou 20.000 personnes.
Jacques ne nie d'ailleurs pas la dangerosité de certains individus, mais estime, et moi aussi, que le système carcéral appliqué n'est pas une solution.
Un individu sain ne peut commettre d'acte de violence à autrui: son psychisme a intégré une chaîne de plaisir à réactiver, mais celle-ci ne comporte pas le mal comme facteur réactivant.