Dans le Hors Série n° 33 du Monde Libertaire , nous avions retranscris un extrait d'une émission des Chroniques syndicales de Radio Libertaire avec Gérard Filloche, inspecteur du travail , comme invité. En ce début d'année, les nouveaux contrats de travail sont arrivés..Après de difficiles négociations entre patronat et syndicats, un projet a été établi.Certaines centrales vont signer, mettait en avant le Parlement, l'image de la République. Les anarchistes préfèrent le mouvement social, la mobilisation que l'on trouve encore, heureusement, dans les structures syndicales. Mais cela ne nous a pas empêchés de laisser Gérard Filloche s'exprimer à Radio Libertaire !
Gérard Filloche: Quelqu'un ( Parisot ) qui a une puissance médiatique, qui dirige un institut d'opinion, qui va parler dans toutes les radios et télés diverses, qui rencontre et embrasse le Président de la République, peut déclarer " la liberté de penser s'arrête là où commence le Code du Travail ". Il n'y a pas eu dans notre société bien-pensante dse gens pour la mettre au ban, l'interroger, qu'est-ce que vous entendez par là, pourquoi avez-vous dit celà ? C'était filmé dans un beau film sur le salariat, on la voit dans une superbe voiture, c'est filmé, il n'y a aucun doute sur le prononcé des paroles. Elle n'est pas stressée quand elle le dit.Elle n'improvise pas, elle est décontractée, elle va au fond des choses. Alors, écoutez, franchement, c'est l'apologie de la barbarie, si vous appliquez ça, non au Code du Travail , mais, par exemple, au Code de la Route, vous avez 10 000 morts le lendemain. Faut plus de lois du tout, plus de règles sociales...
Radio Libertaire: C'est une pure provocation, le Code du Travail est aussi utile au patronat. Sans le Code, il y aurait un tel désordre dans les entreprises qu'il n'y aurait plus de productivité, il n'y aurait plus de rapports sociaux du tout. Mme Parisot a besoin du Code du Travail , enfin, plus du sien, de son interprétation...
GF: Je ne le pense pas. En fait, c'est ce que je dis dans mon livre. Depuis 10 ans, le patronat a changé, il ne veut plus du tout de Code du Travail. Il trouve que celui-ci est trop protecteur pour les salariés.C'est pourquoi Parisot voudrait qu'il n'y ait plus de lois concernant le travail, sauf quand ce sont celles de Fillon. Elle avait peur que la gauche ne revienne, elle voulait qu'il n'y ait plus rien de juridique en matière d'entreprise. Maintenant, elle veut changer l'article 14 de la Constitution de la V° République , parce que l'article dit que c'est le législateur, le Parlemnt qui légifère en matière de droit du travail, social et protection sociale. Elle ne veut plus que ce soit le Parlement qui fasse celà, elle veut que ce soit des accords, des contrats qui l'emportent sur la loi. Ce qui veut dire que rien ne puiise se faire sans la signature du MEDEF, donc, pour faire bref, ce dernier aura droit de veto!
Mon livre a été écrit l'année dernière.Depuis, des évènements se sont succédé.malheureusement, ce que j'écrivais s'est accompli. Maintenant, Mme Parisot est assez cynique, quand c'est la droite, elle s'accomode dse lois, mais elle garde le principe qu'il ne devrait plus avoir d'état de droit dans l'entreprise.Seule la mainmise du patronat et des accords de gré à gré... entre individus!
Le Code du Travail n'est pas un élément de l'ordre bourgeois, c'est un enjeu dans les rapports de force entre les classes sociales, c'est fondamental. Le Code du Travail exprime ce rapport de forces, tantôt avec des avancées, tantôt avec des reculs.Mais il n'est pas noir ou blanc, ce n'est pas l'établissement de l'ordre patronnal... Au contraire, l'ordre patronnal voudrait sa disparition, c'est un vrai changement théoroque, philosophique des néolibéraux qui nous gouvernent aujourd'hui. C'est en fait le sujet de monb livre. Mêmele CNF ne disait pas ce que dit aujourd'hui le MEDEF.J'ai voulu étudier le changement théorique, en profondeur, qui s'est opéré dans la patronat et jusqu'où il veut aller maintenant.
RL: Nous sommes bien d'accord, le Code du Travail est le résultat d'un rapport de forces en tre le Capital et le Travail.Quand Mme Parisot dit qu'elle veut se débarrasser du Code, celà ne veut pas dire qu'elle veuille se débarrasser de toute source de droit. Elle aimerait que la patronat définisse la source du droit...
GF: Si vous voulez, mais pas par la loi. Si vous définissez ça clairement : la loi, si une majorité au Parlement décide d'améliorer les droits des travailleurs, elle passe. Ce que voudrait Parisot, c'estq u'il y ait le poids du MEDEF, pour privilégier le contrat, celui-ci ne passant pas par un accord au Parlement...Quand vous remplacez la loi par le contrat, vous changez de système en douce et fondamentalement. Vous n'êtes plus dans un système républicain mais dans un système corporatif. Celà veut dire que ce sont les employeurs qui décident ce qui est bon pour les entreprises et non pas la République, les citoyens, les organisations syndicales. Il y a eu des pays fascistes qui ont fonctionné comme ça. Prenons le cas du Portugal où il y avait un syndicat unique " vertical " , un patronat de choc. Ce sont ces 2 forces qui faisaient la loi dans l'entreprise. On appelait ça un système corporatif. C'est pour ça que quand on dit que le contrat va trout régler dans l'entreprise, on s'évade de la République.
RL: Et c'est d'autant plus dangereux que cette évolution peut se parer des atours très brillants de la liberté individuelle, faire miroiter au salarié...
GF: Ecoutez, jz vais vous dire quelque chose. Quand Ségolène Royal, pour laquelle j'ai voté, disait que " le contrat devait se substituer à la loi ", je prétends qu'elle n'avait pas réfléchi, qu'elle faisait confiance à des conseillers, qui " croyaient bien faire ". C'est vrai que des négociations peuvent améliorer la loi, il n'y a aps à opposer contart et loi, il y a même une synetrgie entre eux..Quand à la fin d'une grève, il y a accord, donc contrat etq ue le conflit a été victorieux, ce contrat peur aller plus loin que al loi. A contrario, le législteur peut imposer le respect de la loi dans une entreprise, donc améliorer les conditions de travail des travailleurs. Entre droit du travail et conventions collectives, c'est touours ce qui est le plus favorable aux salariés, qui l'emporte. On peut traiter loi et contrat de manière complémentaire, sauf qu'en dernière instance, c'est la loi qui doit l'emporter. Le plus avancé des contrats doit donner matière à la loi. Eux, les patrons, veulent se servir du contrat pour freiner la loi, donner un diktat. Le parlement, comme le déclare Mme Parisot, ne pourrait légiférer sans consulter les partenaires sociaux, dont le MEDEF, avec des délais très précis.Pour torpiller le Code du Travail, ils n'ont pas pris autant de précautions.
RL: Un auditeur a téléphoné pour évoquer la fusion de l'ANPE et des Assedic...
GF: Oui, comme on dit, c'est dans les tuyaux. C'est une menace supplémentaire que le pouvoir exerce contre le salariat, les syndicats et les chômeurs. Il propose cette fusion, ce qui équivaut à privatiser l'ANE afin de lui appliquer des critères patronaux pour la surveillance de ceux et celles qui sont censés trouver un travail, de els pousser à accepter dse boulots qui ne sont pas les leurs. L'employabilité de Mme Parisot ne connaît ni les qualifications professionnelles ni les conventions collectives.
Le processus est complexe, ce sont quand même des mastodontes. Les syndicats y sont implantés, mais les pouvoirs publics veilent donner la main au patronat. San soublier la régionalisation. Rien n'est fait, mais tout est annocé. Encore une chose contre laquelle le salariat devra se battre s'ilveut empêcher la complète destruction du droit par un gouvernement qui est le plus à droite depuis Pétain. Cela fait 60 ans que nous n'avons pas eu une équipe aussi réctionnaire, alignée sur les néoconservateurs de Bush, sur les pires aspects du non-droit anglo-saxon en matière de travail. Tout celà en complète contradiction avec le modèle social français aussi imparfait qu'il soit. Ce qu'il y a dedans ne leur plaît pas et ils ont bien l'intention de l'écraser. C'est la rupture avec ce qui reste du Programme Constitutionnel de la Résistance, ce qui reste de la Libération. Et bien sûr de mai 1968. Extraordianire, un Président qui déclare qu'il faut liquider mai 68.C'est à dire le mouvement social de 9 à 11 millions de grévistes. Je ne parle pas du mai 68 mondain. S'il n'y avait pas eu des travailleuses et ds travailleurs en lutte, l'autre aurait peut-être été oublié. Et chez les mondains qui ont retourné leur veste, certains sont au gouvernement actuel!