Par cette attitude, je veux juste vous faire lire ce message avec une pensée "philosophique" parce qu’il ne s’agit pas là (de ma part) une volonté de faire l’apologie du judaïsme ou du christianisme : juste d’expliquer des expressions que certains athées (voir même certains croyants) comprennent mal ou dénaturent.
J’espère également que vous serez donc lire ce message en laissant la notion de croyance ou d’incroyance au vestiaire, et de lire ceci comme une simple explication de texte, comme vous pourriez le faire s’il s’agissait d’expliquer un écrit d’un philosophe.
Je pense que c’est aussi cela le respect et la volonté d’essayer de comprendre les autres.
Petite précision, impossible à ne pas mentionner pour des personnes qui n’ont pas de "culture" religieuse : lorsqu’on parle de la Loi il s’agit de la Loi (y compris les dix commandements) donnée à Moïse pour le peuple Hébreu, la Loi Juive, le Judaïsme.
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Jésus explique en peu de mots, simples et profonds que le deuxième plus grand commandement (« Tu dois aimer ton prochain comme toi-même ») est intimement lié (« et le second qui lui est semblable ») au premier (« aimer Dieu de tout notre cœur, de toute notre âme, de toute notre pensée et de toute notre force »).
Aimer Dieu implique donc d’aimer son prochain comme soi-même. C’est à ce commandement là que je vais vous intéresser à présent, non sans raison.
Comme l’explique Bye, nous vivons à une époque marquée par une forme d’amour égoïste, dénaturée ; même l’affection normale à l’égard de sa famille (enfant, conjoint …) est difficilement manifestée. Au lieu de s’aimer les uns les autres, les gens s’aiment eux-mêmes, l’argent, les plaisirs.
Pour bien comprendre de quel genre « d’amour », je parle il est intéressant de citer cette phrase de Jésus :
« Beaucoup se livreront les uns les autres, et se haïront les uns les autres. Et parce que l’illégalité (l’injustice) se multipliera, l’amour du grand nombre se refroidira. »
Ça y est, je crois que vous commencer à comprendre de quel genre d’amour, le christianisme parle…
Remarquez toutefois qu’il n’est pas dit l’amour de tout le monde se refroidirait : il y a et il y aura toujours des personnes pour manifester le genre d’amour que Dieu demande de porter à notre prochain et donc de lui témoigner.
Mais nous pouvons nous poser au moins deux questions :
- Qui est ce prochain que nous devons aimer ?
- Comment témoigner de l’amour à notre prochain ?
La Bible aide à répondre à ces questions, et c’est pour cela que je disais qu’il est difficile (bien que pas impossible) d’expliquer cela à des personnes qui n’ont aucune culture religieuse (du moins juive ou chrétienne).
Je vais cependant essayer de le faire le plus simplement du monde.
- Prochain
Lorsqu’il dit au Pharisien qui l’interrogeait que le deuxième plus grand commandement était d’aimer son prochain comme soi-même, Jésus faisait référence à une certaine loi en vigueur en Israël.
Dans cette loi, il est demandé aux Juifs de ne pas considérer uniquement leurs frères israélites comme leur prochain (frères au sens spirituel du terme non familial).
Cette loi dit entre autre : « Le résident étranger qui réside comme étranger chez vous deviendra pour vous comme un indigène d’entre vous ; et tu dois l’aimer comme toi-même, car vous êtes devenus des résidents étrangers au pays d’Égypte. »
Ainsi les non-Juifs (de naissance), prosélytes (c’est-à-dire convertis au Judaïsme) ou pas, devaient être traités avec amour.
Et qu’est-ce que cela signifiait ? Que bien qu'il ne soit pas de la même nation, ni de la même religion, l'étranger devait avoir les mêmes droits que « l’indigène » (l’israélien, le juif) en vivant sur la même terre (Israël).
Référence d’ailleurs était faite aux Juifs de se rappeler qu’eux-mêmes avaient été des étrangers en Égypte où on ne les avait pas aimé comme des égyptiens puisque réduits à l'esclavage.
Les Juifs étaient exhortés de ne pas agir de la sorte avec les étrangers.
Cependant, les chefs religieux juifs du temps de Jésus ne voyaient plus les choses de cette façon. Certains enseignaient que les termes « ami » et « prochain » ne s’appliquaient qu’aux juifs. Et qu’il fallait « haïr » les non-juifs ; ils enseignaient que les croyants devaient « haïr les impies ».
Dans une telle atmosphère, la haine entre ethnie ne pouvait que s’épanouir, elle était amplement alimentée par le fait que les chefs religieux de cette époque-là enseignaient que les non-Juifs, les non-croyants au Judaïsme, étaient les ennemis des Israéliens (juifs).
Dans son Sermon sur la montagne, Jésus aborde donc ce thèm. Voici ses propos : « Vous avez entendu qu’il a été dit : “Tu dois aimer ton prochain et haïr ton ennemi. ” Cependant moi je vous dis : Continuez d’aimer vos ennemis. »
Contredisant par là l’enseignement des chefs religieux de son époque sur la façon dont on devait traiter les étrangers ou/et les non-juifs.
À un autre moment, un Juif (spécialiste de la Loi) demande à Jésus : « Qui donc est mon prochain ? »
Jésus répond en citant la parabole connue sous le nom du bon Samaritain.
Pour résumer cette parabole : un Samaritain passe à côté d’un homme, un Juif, que des bandits ont battu et dépouillé. Bien que les Juifs en général méprisent les Samaritains, ce Samaritain panse les blessures de l’homme et l’amène à une hôtellerie où il pourra se remettre.
La leçon que l’on tire de cette parabole, c’est que notre amour ne se limite pas aux personnes de la même ethnie, de la même nationalité ou de la même religion que nous.
- Comment aimer son prochain
L’amour du prochain ne se réduit pas à un sentiment ; il implique des actes. Il est utile de s’attarder un peu sur le contexte du commandement où il était demandé aux Israélites d’aimer leur prochain comme eux-mêmes.
Ils devaient également permettre aux affligés, aux résidents étrangers de participer à la moisson. Le vol, la tromperie et la déloyauté étaient condamnés. Dans le domaine judiciaire, les Israélites devaient se montrer impartiaux. Ainsi (par exemple) si un étranger était volé par un juif, le juif devait être sanctionné de la même manière que si cela avait été le contraire. Cette justice devait être faite sans haine, sans partialité. Après avoir cité tout ce qu’il convenait de faire en matière de justice, le texte de loi s’achète par ce résumé : « Tu ne dois pas haïr ton frère dans ton cœur. Tu dois aimer ton compagnon comme toi-même. »
Les Israélites devaient donc manifester de l’amour à leur prochain. Cependant, ils devaient rester à l’écart des adorateurs de faux dieux pour ne pas s’exposer aux dangers de pratiquer le même genre de culte (sacrifice d’humain ou prostitution sacrée par exemple).
Ils avaient donc également ce commandement : « Tu ne devras pas t’allier par mariage avec elles (les nations païennes). Ta fille, tu ne devras pas la donner à son fils ; et sa fille, tu ne devras pas la prendre pour ton fils. Car il détournera ton fils de ma suite, et vraiment ils serviront d’autres dieux. »
Aux chrétiens, ils étaient également demande de ne pas « formez d’attelage disparate avec des non-croyants (au christianisme et/ou au judaïsme) ».
Pour autant, comme les Juifs, les Chrétiens ne devaient pas traiter ceux qui ne croient pas en Dieu avec dédain.
« Pratiquons envers tous ce qui est bon, mais surtout envers ceux qui nous sont apparentés dans la foi. »
Étant chrétiens, nous devons manifester (en priorité, mais pas uniquement) de l’amour à ceux qui nous sont apparentés dans la foi que l’on doit considérer comme frères et sœurs spirituels d’où cette exhortation :
« Tout homme qui a de la haine pour son frère est un homicide (…). Si quelqu’un déclare : “ J’aime Dieu” et pourtant a de la haine pour son frère, c’est un menteur. Car celui qui n’aime pas son frère, qu’il a vu, ne peut pas aimer Dieu, qu’il n’a pas vu. »
C’est donc aux chrétiens qu’ils étaient demandés de « s’aimer les uns les autres ». Et ils devaient s’aimer « non pas en parole ni avec la langue, mais en action et vérité. (…) Un amour sans hypocrisie. »
Cet amour devait pousser à faire preuve de bonté et de compassion, à pardonner, à se montrer patient, pas jaloux, pas vantard, pas arrogant ou égoïste, à s’unir et à éviter de se faire la guerre entre chrétien. Jésus avait même dit que les chrétiens devaient s’aimer les uns les autres comme il les avait aimés. En somme, un chrétien devait être prêt, si nécessaire, à mettre sa vie en danger pour sauver celle de ses compagnons dans la foi.
Ainsi, si cet amour avait été enseigné et appliqué par les chrétiens, les Rwandais n’auraient pas pu commettre un tel génocide et les chrétiens auraient été protégés ou cherché à protéger les chrétiens du Soudan…
Jésus dit : « Par là tous sauront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour entre vous. »
Cet amour devait donc être la marque distinctive des chrétiens, elle l’a été pendant deux siècles dans l’histoire du christianisme : avant que certains chrétiens forme des attelages disparates avec des non-croyants en introduisant dans le christianisme des doctrines de religion païenne...
Aimer son prochain comme soi-même, implique de s’aimer soi-même ! Il est normal de se soucier de sa propre personne et d’être raisonnablement conscient de sa dignité. Dans le cas contraire, ce commandement n’aurait guère eu de sens. S’aimer soi-même de cette façon est tout à fait différent de s’aimer de manière égocentrique, attitude réprouvée par le christianisme. C’est au contraire avoir une juste opinion de sa valeur.
C’est un amour de soi équilibré qui n’est ni un narcissique : « Je suis le meilleur » ni un masochiste « Je ne vaux rien. » (Personnellement, je dois travailler sur cette dernière notion : avoir une mauvaise opinion de sa valeur humaine n’est pas chrétien !)…
Aimer les autres comme nous-mêmes, c’est les voir comme nous voudrions être vus et les traiter comme nous voudrions être traités. Jésus dit : « Donc, tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, de même vous aussi, vous devez le faire pour eux. »
Cette phrase est, pour le chrétien, la règle d’or du christianisme : son fondement.
Cette règle d’or n’est pas limitée aux amis et aux frères et sœurs spirituels ou charnels, le mot utilisé était les hommes (homme et femme, au pluriel), pour montrer que nous devons agir ainsi envers tout le monde, toutes personnes que nous sommes susceptibles de côtoyer.
Cet amour du prochain, devait nous retenir de faire le mal : ainsi le code de Loi dit « Tu ne dois pas assassiner, tu ne dois pas voler, tu ne dois pas convoiter… » Hors ceci est résumé par cette parole « Tu dois aimer ton prochain comme toi-même. L’amour ne fait pas de mal à son prochain. »
En agissant ainsi nous montrons alors notre amour pour Dieu qui a créé les humains à son image. Il s’agit d’être un humaniste.
En somme « Tu dois aimer ton prochain comme toi-même » et « aimer vous les uns les autres (entre chrétiens) » outre des commandements du christianisme, s’étaient surtout une devise, une philosophie de vie humaniste.
Comme la France a pour devise : « Liberté, égalité, fraternité. »
Premier mot de la devise républicaine, la liberté. La Déclaration des droits de l'homme de 1793 la définit ainsi : « La liberté est le pouvoir qui appartient à l’homme de faire tout ce qui ne nuit pas aux droits d’autrui ; elle a pour principe la nature ; pour règle la justice ; pour sauvegarde la loi ; sa limite morale est dans cette maxime : Ne fais pas à un autre ce que tu ne veux pas qu’il te soit fait. ».
Notion que l’on retrouve également dans « l’amour » que l’on devait pratiquer dans le christianisme envers son prochain avec cette règle d’or du christianisme « Tout ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, de même faites de même pour eux. »
Deuxième terme de la devise de la République, le mot égalité signifie que la loi est la même pour tous, que les distinctions de naissance ou de condition sont abolies et que chacun est tenu à mesure de ses moyens de contribuer aux dépenses de l'État. La déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1793 déclare que : « Tous les hommes sont égaux par nature et devant la loi. » Selon la déclaration des droits de l'homme de 1795 : « L'égalité consiste en ce que la loi est la même pour tous, soit qu'elle protège, soit qu'elle punisse. L'égalité n'admet aucune distinction de naissance, aucune hérédité de pouvoirs. ».
Notion que l’on retrouve dans l’ « amour » du prochain, de l’aimer comme soi-même dans le christianisme ou le judaïsme : mêmes droits humains, même égalité de droit et devant la loi.
Troisième élément de la devise de la République, la fraternité est ainsi définie dans la Déclaration des droits et devoirs du citoyen figurant en tête de la Constitution de l'an III (1795) : « Ne faites pas à autrui ce que vous ne voudriez pas qu'on vous fît ; faites constamment aux autres le bien que vous voudriez en recevoir ».
Pendant la Révolution française, « la fraternité avait pleine vocation à embrasser tous ceux qui, français ou étrangers, luttaient pour l’avènement ou le maintien de la liberté et de l’égalité ».
Selon Paul Thibaud, philosophe et ancien directeur de la revue Esprit, « Autant la liberté et l'égalité peuvent être perçues comme des droits, autant la fraternité est une obligation de chacun vis-à-vis d'autrui. C'est donc un mot d'ordre moral. »
Fraternité voilà qui résume parfaitement cet amour chrétien du prochain et qui reprend la règle d’or.
Voilà, maintenant je pense que vous avez une notion plus juste et moins naïve de ce que signifie : « s’aimer les uns les autres » et « aimer son prochain comme soi-même », et qu’elle n’est pas en inadéquation avec la nature humaine.
À moins que vous considérez que la devise française ou que la déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen soient aussi contraire au bien être de l’humanité. Je sais que ce n'est pas le cas.