par bye Ven 2 Nov - 19:02
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Début de polémique après l'arrestation de la militante basque Aurore Martin
Le Monde.fr avec AFP et Reuters | 01.11.2012 à 22h24 • Mis à jour le 02.11.2012 à 11h26
La militante basque française Aurore Martin, membre de Batasuna, a été interpellée jeudi 1er novembre à Mauléon (Pyrénées-Atlantiques) en exécution d'un mandat d'arrêt européen émis par l'Espagne, plus d'un an après une première tentative avortée à Bayonne, ont annoncé la gendarmerie et le parquet.
La militante membre de ce mouvement radical basque, qui a épuisé tous les recours légaux contre le mandat de Madrid, a été interpellée sans difficulté vers 16 heures par des gendarmes, à l'occasion d'un contrôle routier fortuit. Elle a été "remise aux autorités espagnoles vers 20 h 30", selon la gendarmerie.
PASSÉE DANS LA CLANDESTINITÉ EN 2010
Aurore Martin était visée depuis le 13 octobre 2010 par un mandat d'arrêt européen émis par un magistrat madrilène pour "faits de participation à une organisation terroriste et terrorisme", en l'occurrence avoir participé en Espagne à des réunions publiques comme membre du parti Batasuna. Autorisé en France, Batasuna est interdit en Espagne où il est considéré comme une organisation terroriste depuis 2003 et interdit pour ses liens présumés avec le groupe séparatiste basque ETA.
Aurore Martin était passée dans la clandestinité en décembre 2010 mais était réapparue depuis en public pendant des manifestations au Pays basque français. La Cour européenne des droits de l'homme à Strasbourg avait rejeté en mai un recours de la militante contre le mandat d'arrêt émis par Madrid.
Lire : Visée par un mandat d'arrêt européen, la militante basque Aurore Martin sort de la clandestinité
L'ETA, groupe armé classé organisation terroriste par l'Union européenne et les Etats-Unis, a annoncé le 20 octobre 2011 qu'il renonçait à la violence, après plus de 40 ans de lutte armée pour l'indépendance du Pays basque et de la Navarre. Mais l'Espagne comme la France exigent le démantèlement complet de son arsenal et sa dissolution sans conditions, ce à quoi l'ETA se refuse toujours.
UNE "SITUATION UBUESQUE"
Après son interpellation, plusieurs élus de gauche et de droite ont manifesté jeudi leur incompréhension. "Cette situation est ubuesque, incompréhensible en plein processus de paix", a déclaré Kotte Ecenarro (PS), vice-président du conseil général des Pyrénées-Atlantiques, évoquant le renoncement à la lutte armée par l'ETA depuis un an. "Ça tourne à la provocation de la part des gouvernements français et espagnol", a-t-il ajouté.
L'élu, de même que l'adjointe écologiste au maire de Bayonne, Martine Bisauta, a considéré que le ministre de l'intérieur Manuel Valls avait donné le ton, dès lundi, lorsqu'il a promis de mener une politique de "fermeté" contre l'ETA tant que le mouvement indépendantiste n'aurait pas déposé les armes. "Le décor a été planté les jours précédents, ce n'est pas un hasard", a déclaré Mme Bisauta : "C'est dramatique [...]. C'est une prise de risque qui pourrait créer des conditions de violence." L'association humanitaire pour les réfugiés basques Anai Artea est allée jusqu'à qualifier d'"acte minable" et de "provocation" le fait de livrer Aurore Martin à Madrid de la part d'un "ministre de l'intérieur qui ne sait plus s'il roule pour Paris ou Madrid".
"QUE CHERCHE MANUEL VALLS ?"
"Ce que Guéant", ministre de l'intérieur de Nicolas Sarkozy, "n'avait pas osé faire, le ministre Valls vient de le commettre. Quelle honte !", s'indigne dans un communiqué Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF des Pyrénées-Atlantiques. "Le gouvernement Ayrault vient d'écrire une page déshonorante pour notre pays", fustige le conseiller municipal à Pau, jugeant "insupportable et indigne" qu'une ressortissante française, "militante d'un parti autorisé en France, soit extradée pour des faits (...) non punissables dans notre pays". "Les parlementaires communistes interpelleront le gouvernement pour connaître les conditions réelles de l'arrestation et de l'extradition" d'Aurore Martin, prévient-il.
Dans un communiqué intitulé "Que cherche Manuel Valls ?", EELV Pays basque s'est dit "choqué par l'attitude" du ministre "concernant le Pays basque et s'inquiète de voir pratiquer une répression que rien ne justifie dans le climat actuel". "Alors que les élus de tous bords (...) et la société civile s'allient à la fois pour travailler à l'avenir du territoire et pour rendre pérenne la paix rendue possible par le dépôt des armes de ETA, M. Valls semble vouloir créer la discorde en entretenant sciemment l'amalgame et la confusion", selon le communiqué.
"C'EST UN MAUVAIS SIGNE POUR LA PAIX"
Le député européen et écologiste José Bové, s'est dit opposé "à l'application du mandat d'arrêt européen, danger pour le processus de paix". De son côté, le sénateur MoDem Jean-Jacques Lasserre s'est dit "choqué de voir de quelle façon ce gouvernement utilise des méthodes extrêmement brutales pour traiter des problèmes délicats".
La députée PS des Pyrénées-Atlantiques Colette Capdevielle a pour sa part tenu à souligner que "le délit qui est reproché n'existe pas dans le droit pénal français", et que le mandat a été appliqué alors que "des choses importantes se sont passées", évoquant aussi "le processus de paix". "C'est un mauvais signe pour la paix, a réagi, du côté de l'UMP, Max Brisson. La société civile du Pays basque et bon nombre d'élus ont dit combien ils pensaient que ce mandat d'arrêt était disproportionné par rapport aux faits reprochés à Aurore Martin." "Nous exigeons la libération d'Aurore Martin", a enfin déclaré Xabi Larralde, porte-parole de Batasuna, y voyant "la main de Valls" et estimant qu'il s'agissait d'une mesure à la fois "irresponsable" et "inacceptable".
Cette soudaine montée d'adrénaline au Pays basque un an après que l'ETA a annoncé la fin définitive de la lutte armée devrait être illustrée le 10 novembre lors d'une manifestation à Bayonne en faveur du respect des droits des prisonniers et des réfugiés politiques basques. De nombreuses organisations politiques, syndicales et associatives ont appelé à y participer.
Lire la tribune de Matthieu Bonduelle, secrétaire général du Syndicat de la magistrature, et de Patrick Henriot, secrétaire national du Syndicat de la magistrature, parue dans Le Monde en 2011 : Aurore Martin sera-t-elle livrée pour ses idées ?
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