Certain(e)s artistes, par leur feu, habitent l'écran avec une telle fulgurance, que celui-ci est traversé par une tempe qui descend de la pellicule et reste dans la salle, bien après que la lumière soit rétablie.
Ces films sont à jamais attachés, transpercés dans notre mémoire par cette densité de chair qui bat. Anna Thomson vit, hurle le film par la bouche, par la sensibilité.Dans un registre pas très éloigné , " Wanda " de Barbara Loden.
Lorsque je reçus le film d'Amos Kallek " Sue perdue dans Manhattan ", je sentis la présence, le souffle d'Anna Thomson dans la salle, tellement elle ne jouait pas, elle vivait le film.C'est un film à chair de femme, qui en bave, qui crie, aime, et qui établit un pont vivant entre une narration et un être concerné.
Je pense que, tout en sachant qu'elle tournait dans un film, elle n'en avait que peu conscience ou l'avait remisé sous sa propre vie, faite de toutes ces brûlures, ces jours et désirs emportés, déflagrés.
Après Sue perdue dans Manhattan, Amos Kollek revient en France avec
Fiona. De la tendresse du premier à l’âpreté sans jugement du second,
un fil conducteur : son actrice principale.
Sa frêle silhouette constamment abritée dans une tenue élégante,
Anna Thomson livre d’une voix fluette ses impressions sur Fiona, son
deuxième film sous la direction d’Amos Kollek.
Anna (Fiona) débarque un an après Anna (Sue). L’actrice américaine
Anna Thomson va encore plus loin. Sue aimait le sexe, Fiona en vit.
Dans Sue perdue dans Manhattan, un passant abordait l’héroïne, la
confondant avec une prostituée. Sue finissait par se donner
gratuitement, juste pour le plaisir. Anna Thomson incarne un personnage
plus pragmatique dans Fiona. Fille de pute, abandonnée par sa mère à la
naissance, Fiona trouve dans le sexe son unique mode d’expression, un
moyen de gagner sa vie et de s’offrir du crack, mélange inhalé à base
de cocaïne. Dans sa distribution, Amos Kollek a fait appel à de vraies
prostituées pour encadrer Anna Thomson. " Elles étaient très gentilles.
Elles n’avaient pas besoin de s’adapter, c’était plutôt à moi de le
faire, d’essayer de leur ressembler . "
Anna Thomson s’est plongé dans le rôle sans préparation. " Amos
pensait tourner un film " normal. " Pendant ses recherches, il est
tombé sur des filles dans une crack house. (NDLR : squat où des drogués
consomment leur crack). Il a été fasciné par ce qu’il a vu. Il a
commencé à tourner. Il a compris qu’il ne pourrait pas se servir des
images si je n’étais pas là. Alors, il m’a appelée en plein
Thanksgiving (fête familiale, en novembre, équivalent à notre Noël,
NDLR) et m’a demandé de le rejoindre immédiatement dans une crack
house. J’ai donc quitté ma famille en emportant juste quelques
vêtements. Une fois sur place, Amos a voulu me rassurer : " Si par
hasard tu as peur, tu peux dormir, fumer une cigarette ici, mais il
fallait que tu sois là. " On a donc pas eu le temps de se préparer. Le
cinéaste relègue le matériau initial au second plan. " Amos a essayé
d’être très proche de ce qu’il voyait. On a très peu utilisé le
scénario, hormis quelques scènes à la fin du tournage. Au début, il a
juste demandé aux filles de parler et si elles voulaient bien jouer un
peu. "
À entendre l’actrice, on croirait que l’ouvre s’est construite au
coup par coup, comme par une série de concours de circonstance. " On a
pensé tourner un film comme ça. Tout d’un coup, on a trouvé ces gens et
on s’est dit qu’il fallait peut-être recréer ce qui était là. On a
essayé d’aller au-delà du pathétique. " Pour autant, elle a retiré de
cette expérience une leçon pour le moins paradoxale de l’usage du
crack. " Je pense que tout le monde boit ou prend quelque chose.
Personne ne se soutient tout seul. Des gens boivent pour continuer,
c’est pareil. L’une des filles, Alyssia a grossi après avoir arrêté la
drogue. Elle était très fâchée que personne ne l’ait prévenue de cette
possibilité. "
L’association entre Anna Thomson et le réalisateur naît d’un projet
avorté. " Amos préparait un film à New York et cherchait des acteurs.
J’ai été envoyée par mon agent. Finalement, il n’a pas fait le film
parce qu’il ne trouvait pas les choses qu’il voulait. Mais il m’a vue à
cette audition. Il y a quelques années, il avait aperçu une femme dans
un parc en train de montrer ses seins. Il avait été très impressionné.
C’était resté dans un coin de sa tête. À partir de ce souvenir et de
notre rencontre, il a écrit Sue. Je ne sais pas pourquoi, j’ai dû lui
plaire. Maintenant on a tourné un troisième film. Il m’a demandé si je
voulais continuer à en faire avec lui ". Presque inconnue aux
États-Unis et révélée en France par Sue perdue dans Manhattan, Sue
(Fiona) possède une filmographie fournie de près de quarante rôles au
cinéma. Eastwood, Cimino, Kontchalovski ou Stone l’ont dirigée. Elle a
également participé à 80 pièces de théâtre. " Je n’ai plus envie d’en
faire. Ce n’est pas une bonne période en ce moment pour le théâtre. À
New York du moins. "
Quelques années passées en France durant son enfance lui permettent
de parler notre langue couramment. Elle vient d’achever son premier
tournage dans l’hexagone, Gouttes d’eau froides sur pierre brûlante, de
François Ozon.
Son regard cinématographique ne se limite pas à l’axe Europe-USA. "
J’aime beaucoup le réalisateur japonais Hirokazu Kore-Eda (auteur de
Maborosi et After Life, voir l’Humanité, du 17 novembre, NDLR) mais je
ne suis pas convaincue qu’il ait besoin de quelqu’un qui ne parle pas
japonais… " Déjà présidente du jury au festival des trois continents à
Nantes en 1998, Anna Thomson s’est vu consacrer un hommage aux
Rencontres internationales du cinéma au forum des images de Paris fin
octobre. Elle pourrait enfin obtenir en France une notoriété qu’elle
n’a jamais pu conquérir aux États-Unis.
Biographie:
Anna
Thomson, de son vrai nom Anna Levine, naît aux Etats-Unis, et suit
rapidement ses parents (adoptifs) en France, qui travaillent tous deux
dans le design de chaussures de marque. Résidant au Lavandou, dans le
Var, la famille Levine quittera la France pour retourner aux Etats-Unis
que dans les années 70. Anna a alors 16 ans, et, malgré son acceptation
au sein des Beaux-arts, à Paris, elle découvre son pays natal où elle
finit par s'adonner à la danse. Devenue danseuse de ballet à New York,
elle travaille aussi chez un costumier, dans la teinturerie, et c'est
ainsi qu'elle approche pour la première fois le milieu du théâtre. Elle
n'a pas encore 18 ans. Elle refuse d'abord un rôle dans "Le songe d'une
nuit d'été", puis se voit offrir de jouer aux côtés de Christopher
Walken au New York Shakespeare Festival, dans une pièce intitulée "Kid
Champion". Elle accepte et c'est le début d'une carrière fructueuse sur
les scènes new-yorkaises, puis au cinéma, où elle se voit proposer
quantité de petits rôles dans des films importants : son premier, une
prostituée, sera à l'occasion de la gigantesque fresque La porte du
paradis, de Michael Cimino, tournage au cours duquel elle se lie avec
Isabelle Huppert). Souvent parrainée par les comédiens avec lesquels
elle a joué sur scène, elle écope régulièrement de rôles de troisièmes
couteaux (une serveuse dans Le pape de Greenwich Village, une femme
dans un ascenseur dans Wall Street, une secrétaire dans Liaison fatale,
un pilier de bar dans True romance), accumule les seconds rôles en
chaîne (à la télé elle apparaît également dans "Les Colby" et "The
Tracey Ullman Show"), et effectue plusieurs apparitions dans les films
de Clint Eastwood : elle est Audrey dans Bird et une prostituée (rôle
de prédilection) dans Impitoyable. Les titres de gloire
cinématographiques de la comédienne ne sont alors pas énormes, et c'est
plutôt sur scène qu'elle se fait connaître, sans doute d'un public plus
restreint, mais qui la considère rapidement comme une des meilleures
comédiennes de la scène new-yorkaises. Les années 90 seront prolifiques
dans la carrière cinématographique d'Anna Levine (devenue Anna Levine
Thomson, puis Anna Thomson suite à son mariage), bien que sa présence à
l'écran soit toujours très réduite. Femme du boucher dans Trouble on
the Corner, servante dans Other Voices, Other Rooms, elle rencontre
bientôt Amos Kollek qui en fait l'héroïne d'un film fauché, tourné en
deux semaines dans les rues de New York, Sue perdue dans Manhattan.
Devenue quasi-instantanément actrice culte partout où le film est
présenté, Anna Thomson présente dans ce film et alors qu'elle a atteint
la quarantaine, un profil de femme à la fois brisée et extrêmement
fragile, et paradoxalement forte, entreprenante, recherchant
désespérément un job et quelqu'un à qui parler. La femme et le
personnage font corps, la magie opère. Rebelote pour Fiona, pour lequel
Anna retrouve Amos Kollek qui lui fait jouer une prostituée évoluant
dans les milieux les plus sordides de la Big Apple, et Fast Food, Fast
Women, leur troisième opus de concert (une comédie !) est déjà dans la
boîte. Si Gouttes d'eau froide sur pierres brûlantes est son premier
film en France (Anna s'exprime dans un français parfait, évidemment).
Tournant désormais peu, annonçant sa retraite prématurée à qui veut
l'entendre (mais personne ne veut la croire), la voici à nouveau
transfigurée sous la caméra impudique d'Amos Kollek dans Bridget. Un
film qu'elle a tourné entre New York, Jerusalem et Beyrouth.
Aura-t-elle profité de son voyage en moyen-Orient pour aller tourner,
sous la direction du Palestinen Elia Suleiman, Chronique d'amour et de
souffrance ? A priori, oui.
Filmographie : 1 films
1980 - Les portes du paradis (Michael Cimino)1984 - Le pape de
Greenwich Village (Stuart Rosenberg)1984 - Maria's Lover (Andreï
Konchalovsky)1985 - Murphy's Romance (Ritt)1985 - Recherche Susan
désespérément (Susan Seidelman)1986 - Comme un chien enragé (Foley)1986
- Dangereuse sous tous rapports (Jonathan Demme)1987 - Wall Street
(Oliver Stone)1987 - Liaison fatale (Adrian Lyne)1988 - Bird (Clint
Eastwood)1988 - Talk Radio (Oliver Stone)1989 - Warlock (Steve
Miner)1989 - White Hot (Benson)1990 - Tante Julia et le scribouillard
(Jon Amiel)1992 - Criss Cross (Menges)1992 - Impitoyable (Clint
Eastwood)1993 - True Romance (Tony Scott)1994 - Handgun (Ransick)1994 -
Outside the Law (Davidson)1994 - The Crow (Alex Proyas)1994 - Bébé part
en vadrouille (Johnson)1995 - Drunks (Cohn)1995 - Bad Boys (Michael
Bay)1995 - Café Society (DeFelitta)1995 - Angela (Miller)1995 - Angus
(Read Johnson)1996 - Jaded (Krooth)1996 - I Shot Andy Warhol
(Harron)1996 - Dead Girl (Coleman Howard)1997 - Trouble on the Corner
(Madison)1997 - Sue perdue dans Manhattan (Amos Kollek)1997 - Six Ways
to Sunday (Bernstein)1997 - Other Voices, Other Rooms (Rocksavage)1998
- Fiona (Amos Kollek)1999 - Fast Food, Fast Women (Amos Kollek)1999 -
Gouttes d'eau froide sur pierres brûlantes (François Ozon)2000 - Fast
Food Fast Women (Amos Kollek)2001 - Bridget (Amos Kollek)2002 -
Chronique d'amour et de souffrance (Suleiman)
Ces films sont à jamais attachés, transpercés dans notre mémoire par cette densité de chair qui bat. Anna Thomson vit, hurle le film par la bouche, par la sensibilité.Dans un registre pas très éloigné , " Wanda " de Barbara Loden.
Lorsque je reçus le film d'Amos Kallek " Sue perdue dans Manhattan ", je sentis la présence, le souffle d'Anna Thomson dans la salle, tellement elle ne jouait pas, elle vivait le film.C'est un film à chair de femme, qui en bave, qui crie, aime, et qui établit un pont vivant entre une narration et un être concerné.
Je pense que, tout en sachant qu'elle tournait dans un film, elle n'en avait que peu conscience ou l'avait remisé sous sa propre vie, faite de toutes ces brûlures, ces jours et désirs emportés, déflagrés.
Après Sue perdue dans Manhattan, Amos Kollek revient en France avec
Fiona. De la tendresse du premier à l’âpreté sans jugement du second,
un fil conducteur : son actrice principale.
Sa frêle silhouette constamment abritée dans une tenue élégante,
Anna Thomson livre d’une voix fluette ses impressions sur Fiona, son
deuxième film sous la direction d’Amos Kollek.
Anna (Fiona) débarque un an après Anna (Sue). L’actrice américaine
Anna Thomson va encore plus loin. Sue aimait le sexe, Fiona en vit.
Dans Sue perdue dans Manhattan, un passant abordait l’héroïne, la
confondant avec une prostituée. Sue finissait par se donner
gratuitement, juste pour le plaisir. Anna Thomson incarne un personnage
plus pragmatique dans Fiona. Fille de pute, abandonnée par sa mère à la
naissance, Fiona trouve dans le sexe son unique mode d’expression, un
moyen de gagner sa vie et de s’offrir du crack, mélange inhalé à base
de cocaïne. Dans sa distribution, Amos Kollek a fait appel à de vraies
prostituées pour encadrer Anna Thomson. " Elles étaient très gentilles.
Elles n’avaient pas besoin de s’adapter, c’était plutôt à moi de le
faire, d’essayer de leur ressembler . "
Anna Thomson s’est plongé dans le rôle sans préparation. " Amos
pensait tourner un film " normal. " Pendant ses recherches, il est
tombé sur des filles dans une crack house. (NDLR : squat où des drogués
consomment leur crack). Il a été fasciné par ce qu’il a vu. Il a
commencé à tourner. Il a compris qu’il ne pourrait pas se servir des
images si je n’étais pas là. Alors, il m’a appelée en plein
Thanksgiving (fête familiale, en novembre, équivalent à notre Noël,
NDLR) et m’a demandé de le rejoindre immédiatement dans une crack
house. J’ai donc quitté ma famille en emportant juste quelques
vêtements. Une fois sur place, Amos a voulu me rassurer : " Si par
hasard tu as peur, tu peux dormir, fumer une cigarette ici, mais il
fallait que tu sois là. " On a donc pas eu le temps de se préparer. Le
cinéaste relègue le matériau initial au second plan. " Amos a essayé
d’être très proche de ce qu’il voyait. On a très peu utilisé le
scénario, hormis quelques scènes à la fin du tournage. Au début, il a
juste demandé aux filles de parler et si elles voulaient bien jouer un
peu. "
À entendre l’actrice, on croirait que l’ouvre s’est construite au
coup par coup, comme par une série de concours de circonstance. " On a
pensé tourner un film comme ça. Tout d’un coup, on a trouvé ces gens et
on s’est dit qu’il fallait peut-être recréer ce qui était là. On a
essayé d’aller au-delà du pathétique. " Pour autant, elle a retiré de
cette expérience une leçon pour le moins paradoxale de l’usage du
crack. " Je pense que tout le monde boit ou prend quelque chose.
Personne ne se soutient tout seul. Des gens boivent pour continuer,
c’est pareil. L’une des filles, Alyssia a grossi après avoir arrêté la
drogue. Elle était très fâchée que personne ne l’ait prévenue de cette
possibilité. "
L’association entre Anna Thomson et le réalisateur naît d’un projet
avorté. " Amos préparait un film à New York et cherchait des acteurs.
J’ai été envoyée par mon agent. Finalement, il n’a pas fait le film
parce qu’il ne trouvait pas les choses qu’il voulait. Mais il m’a vue à
cette audition. Il y a quelques années, il avait aperçu une femme dans
un parc en train de montrer ses seins. Il avait été très impressionné.
C’était resté dans un coin de sa tête. À partir de ce souvenir et de
notre rencontre, il a écrit Sue. Je ne sais pas pourquoi, j’ai dû lui
plaire. Maintenant on a tourné un troisième film. Il m’a demandé si je
voulais continuer à en faire avec lui ". Presque inconnue aux
États-Unis et révélée en France par Sue perdue dans Manhattan, Sue
(Fiona) possède une filmographie fournie de près de quarante rôles au
cinéma. Eastwood, Cimino, Kontchalovski ou Stone l’ont dirigée. Elle a
également participé à 80 pièces de théâtre. " Je n’ai plus envie d’en
faire. Ce n’est pas une bonne période en ce moment pour le théâtre. À
New York du moins. "
Quelques années passées en France durant son enfance lui permettent
de parler notre langue couramment. Elle vient d’achever son premier
tournage dans l’hexagone, Gouttes d’eau froides sur pierre brûlante, de
François Ozon.
Son regard cinématographique ne se limite pas à l’axe Europe-USA. "
J’aime beaucoup le réalisateur japonais Hirokazu Kore-Eda (auteur de
Maborosi et After Life, voir l’Humanité, du 17 novembre, NDLR) mais je
ne suis pas convaincue qu’il ait besoin de quelqu’un qui ne parle pas
japonais… " Déjà présidente du jury au festival des trois continents à
Nantes en 1998, Anna Thomson s’est vu consacrer un hommage aux
Rencontres internationales du cinéma au forum des images de Paris fin
octobre. Elle pourrait enfin obtenir en France une notoriété qu’elle
n’a jamais pu conquérir aux États-Unis.
Biographie:
Anna
Thomson, de son vrai nom Anna Levine, naît aux Etats-Unis, et suit
rapidement ses parents (adoptifs) en France, qui travaillent tous deux
dans le design de chaussures de marque. Résidant au Lavandou, dans le
Var, la famille Levine quittera la France pour retourner aux Etats-Unis
que dans les années 70. Anna a alors 16 ans, et, malgré son acceptation
au sein des Beaux-arts, à Paris, elle découvre son pays natal où elle
finit par s'adonner à la danse. Devenue danseuse de ballet à New York,
elle travaille aussi chez un costumier, dans la teinturerie, et c'est
ainsi qu'elle approche pour la première fois le milieu du théâtre. Elle
n'a pas encore 18 ans. Elle refuse d'abord un rôle dans "Le songe d'une
nuit d'été", puis se voit offrir de jouer aux côtés de Christopher
Walken au New York Shakespeare Festival, dans une pièce intitulée "Kid
Champion". Elle accepte et c'est le début d'une carrière fructueuse sur
les scènes new-yorkaises, puis au cinéma, où elle se voit proposer
quantité de petits rôles dans des films importants : son premier, une
prostituée, sera à l'occasion de la gigantesque fresque La porte du
paradis, de Michael Cimino, tournage au cours duquel elle se lie avec
Isabelle Huppert). Souvent parrainée par les comédiens avec lesquels
elle a joué sur scène, elle écope régulièrement de rôles de troisièmes
couteaux (une serveuse dans Le pape de Greenwich Village, une femme
dans un ascenseur dans Wall Street, une secrétaire dans Liaison fatale,
un pilier de bar dans True romance), accumule les seconds rôles en
chaîne (à la télé elle apparaît également dans "Les Colby" et "The
Tracey Ullman Show"), et effectue plusieurs apparitions dans les films
de Clint Eastwood : elle est Audrey dans Bird et une prostituée (rôle
de prédilection) dans Impitoyable. Les titres de gloire
cinématographiques de la comédienne ne sont alors pas énormes, et c'est
plutôt sur scène qu'elle se fait connaître, sans doute d'un public plus
restreint, mais qui la considère rapidement comme une des meilleures
comédiennes de la scène new-yorkaises. Les années 90 seront prolifiques
dans la carrière cinématographique d'Anna Levine (devenue Anna Levine
Thomson, puis Anna Thomson suite à son mariage), bien que sa présence à
l'écran soit toujours très réduite. Femme du boucher dans Trouble on
the Corner, servante dans Other Voices, Other Rooms, elle rencontre
bientôt Amos Kollek qui en fait l'héroïne d'un film fauché, tourné en
deux semaines dans les rues de New York, Sue perdue dans Manhattan.
Devenue quasi-instantanément actrice culte partout où le film est
présenté, Anna Thomson présente dans ce film et alors qu'elle a atteint
la quarantaine, un profil de femme à la fois brisée et extrêmement
fragile, et paradoxalement forte, entreprenante, recherchant
désespérément un job et quelqu'un à qui parler. La femme et le
personnage font corps, la magie opère. Rebelote pour Fiona, pour lequel
Anna retrouve Amos Kollek qui lui fait jouer une prostituée évoluant
dans les milieux les plus sordides de la Big Apple, et Fast Food, Fast
Women, leur troisième opus de concert (une comédie !) est déjà dans la
boîte. Si Gouttes d'eau froide sur pierres brûlantes est son premier
film en France (Anna s'exprime dans un français parfait, évidemment).
Tournant désormais peu, annonçant sa retraite prématurée à qui veut
l'entendre (mais personne ne veut la croire), la voici à nouveau
transfigurée sous la caméra impudique d'Amos Kollek dans Bridget. Un
film qu'elle a tourné entre New York, Jerusalem et Beyrouth.
Aura-t-elle profité de son voyage en moyen-Orient pour aller tourner,
sous la direction du Palestinen Elia Suleiman, Chronique d'amour et de
souffrance ? A priori, oui.
Filmographie : 1 films
1980 - Les portes du paradis (Michael Cimino)1984 - Le pape de
Greenwich Village (Stuart Rosenberg)1984 - Maria's Lover (Andreï
Konchalovsky)1985 - Murphy's Romance (Ritt)1985 - Recherche Susan
désespérément (Susan Seidelman)1986 - Comme un chien enragé (Foley)1986
- Dangereuse sous tous rapports (Jonathan Demme)1987 - Wall Street
(Oliver Stone)1987 - Liaison fatale (Adrian Lyne)1988 - Bird (Clint
Eastwood)1988 - Talk Radio (Oliver Stone)1989 - Warlock (Steve
Miner)1989 - White Hot (Benson)1990 - Tante Julia et le scribouillard
(Jon Amiel)1992 - Criss Cross (Menges)1992 - Impitoyable (Clint
Eastwood)1993 - True Romance (Tony Scott)1994 - Handgun (Ransick)1994 -
Outside the Law (Davidson)1994 - The Crow (Alex Proyas)1994 - Bébé part
en vadrouille (Johnson)1995 - Drunks (Cohn)1995 - Bad Boys (Michael
Bay)1995 - Café Society (DeFelitta)1995 - Angela (Miller)1995 - Angus
(Read Johnson)1996 - Jaded (Krooth)1996 - I Shot Andy Warhol
(Harron)1996 - Dead Girl (Coleman Howard)1997 - Trouble on the Corner
(Madison)1997 - Sue perdue dans Manhattan (Amos Kollek)1997 - Six Ways
to Sunday (Bernstein)1997 - Other Voices, Other Rooms (Rocksavage)1998
- Fiona (Amos Kollek)1999 - Fast Food, Fast Women (Amos Kollek)1999 -
Gouttes d'eau froide sur pierres brûlantes (François Ozon)2000 - Fast
Food Fast Women (Amos Kollek)2001 - Bridget (Amos Kollek)2002 -
Chronique d'amour et de souffrance (Suleiman)