LIBRE DISCUSSION DANS LES COULISSES DE DEMAIN

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    Printemps des poètes d'aujourd'hui

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    Printemps des poètes d'aujourd'hui Empty Printemps des poètes d'aujourd'hui

    Message par bye Dim 1 Mar - 22:23

    Si nous ne pouvions rien toucher avec
    les yeux, nous ne pourrions rien nommer de ce que nous voyons. Rien ne
    porterait de nom, il n'y aurait pas de mots, nous mangerions le monde comme les
    animaux.
    Les yeux touchent pour reconnaître ce qu'ils voient intouchable,
    ils touchent ce qui n'est pas touchable, ils touchent ce qui est trop loin pour
    être touché avec les mains. Ils touchent sans laisser d'empreintes, comme si
    leur toucher sur le monde faisait apparaître ce qu'ils voient et que les images
    dessinaient toujours les contours de nos yeux.
    Nous voyons mais nous ne voyons que les empreintes
    transparentes de nos yeux sur le monde, les empreintes intouchées de nos yeux
    intouchables.
    Les animaux qui n'ont pas de mains ( comme si avoir des
    mains c'était déjà pouvoir avoir des yeux qui touchent l'intouchable, comme les
    mains touchent le touchable ), ne touchent pas, c'est le monde qui les touche
    et qui s'empreinte de leur passage en lui. Les animaux mangent le monde comme
    l'homme le voit. Ils écrasent les noms de tout ce qu'ils mangent dans leur
    bouche. Ils mâchent le monde qu'ils voient. Et suivant ce qu'ils mangent,
    suivant comment ils mâchent les mots, leur cri les différencie les uns des
    autres, d'une espèce à l'autre.

    Leur cri est ce qu'il reste de ce qu'ils mangent du monde
    qu'ils voient.
    Les noms que les animaux ont donnés au monde qui les
    entoure, au monde dont ils se nourrissent, se traduisent par des cris. Les
    animaux crient pour dire ce que leurs yeux touchent et que leur bouche mange.
    Les animaux touchent avec leurs yeux ce qu'ils peuvent
    toucher avec leur corps, ils touchent là où ils peuvent aller avec lui. Ils
    touchent avec les yeux ce qui leur est touchable avec les pattes. Mais l'homme
    touche avec ses yeux ce qu'il ne peut pas toucher avec son corps, il touche là
    où il ne peut pas aller avec lui. Il touche avec ses yeux ce qui ne lui est pas
    touchable avec ses mains, comme si ses mains avaient fait naître des distances
    immenses autour de lui, et qu'elles avaient lancé ses yeux si loin dans
    l'espace que son corps avec ses pieds seulement n'avait pas pu suivre leur
    projection infinie.
    Entre les mains de l'homme et les pattes des animaux, il y
    a le lointain et le proche, le jour et la nuit, le touchable et l'intouchable.

    Jean-Luc Parant Revue l'Atelier Contemporain


    Dernière édition par bye le Lun 2 Mar - 15:52, édité 1 fois
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    Printemps des poètes d'aujourd'hui Empty Re: Printemps des poètes d'aujourd'hui

    Message par bye Lun 2 Mar - 10:36

    De Peu

    c'est vrai il y a peu
    pour ne pas dire rien
    à dire d'un jour
    parmi d'autres

    tout se tasse
    et dépose le soir
    plus vieux

    dans le tas
    des forces bougent
    on les tient mal
    elles nous tiennent
    debout
    dans le tas



    il faudrait pouvoir
    se délier davantage

    dans le peu
    trouver encore

    il y a de quoi
    mais on ne voit plus

    le jour
    tombe

    Antoine Emaz - " Peu importe "- éditions le Dé Bleu-Le Noroît-
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    Message par bye Mar 3 Mar - 5:10

    La vie se charge et ne peut se dissoudre

    Toute la vie remonte l'échelle de la nuit
    on est à son désir d'éternité affairé dans sa chair, tripoteur,
    ravageur de pensées, de savoirs, de questions
    il faut rejoindre la raréfaction pour atteindre l'Everest
    nous sommes si lourds , de trop de tout pour rejoindre sa fluidité
    et en nous comme une particule, le coït béni du diable et de l'ange.

    Vivant de grand bois et de brame
    respiration profonde, ventrale, prise dans la racine de
    l'arbre qui pousse encore et toujours
    chaque désir du cerf régénère la forêt
    soulève de nouvelles essences
    élève des baobabs ou de frêles roseaux
    chaque désir d'un cerf fait plantation

    et celui des femmes est fait pour la rosée.

    Anna Jouy " Ciseaux à puits " - supplément Polder de la revue Décharge -
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    Message par Ego autem semper Mar 3 Mar - 23:16

    il y a dans la vie des moments ou nous voudrions arrêter le chrono
    il y a à mon avis ces moment où nous vivons tout près de l'automne
    il y a dans la vie des moments où tous nous semble monotone
    il y a à mon avis des arguments qui doivent faire changer de tonne
    C'est la langue de Molière et j'abuse de manière gloutonne
    Dans la langue de Baulieu, moi intruse inexpert et atone
    un gars de banlieue, c'est moi, l'immigrant gramophone
    je n'ai pas d'arguments et je ne suis plus un jeune
    Des vers sans arguments c'est un temps de jeûne
    Écrire très joliment, alors que la bourgeoisie prône
    Misère, faim et chômage à qui cela illusionne?
    Mon très cher Bay, Bettina et ma chère Ecotone
    je vous laisse ses vers, sans être de l'aumône.
    non pas sous l'égide de la charité de l'humaine
    mais de la bienveillance, cela vous étonne?
    Ego autem semper
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    Printemps des poètes d'aujourd'hui Empty à la recherche des nouvelles débouchés

    Message par Ego autem semper Mar 3 Mar - 23:24

    je dois aller dormir car le réveille est callé sur quatre heure du matinmon très cher BAY je ne sais pas si toi comme moi penses beaucoup, mais c'est ça qui fait pousser les cheveux blancs, les temps qui viennent ne sont pas ceux de la cigale, puis pas moyen de faire la fourmi non plus.   . J'ai très envie de trouver des débouchés vers la peinture et l'art ou la publicité: voilà d'ailleurs un lien dans ce sens là.http://gramophologie.forumpro.fr/forum-f2/peinture-t57-15.htm
    bye
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    Message par bye Mer 4 Mar - 4:18

    tu as peut-être raison, cher Grammophone: penser donne des cheveux blancs.
    C'est sans doute pour cette raison, que notre président en est si peu fourni ( de pensées et de cheveux blancs ).
    Très joli site , en effet, où je découvre beaucoup de talents dans ta propre famille ( ce qui ne saurait me surprendre )
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    Printemps des poètes d'aujourd'hui Empty Re: Printemps des poètes d'aujourd'hui

    Message par bye Mer 4 Mar - 5:23

    Il peignait sur l'eau. C'était son invention.
    Il peignait sur l'eau c'est-à-dire: il ne laissait pas comme des peintre antérieurs de l'eau colorée courir sur le papier. Il ne peignait pas de tableaux à accrocher.Il ne peignait pas de tableaux du tout. Pas jusqu'à ce que son invention on qualifiait de tableau.
    Il peignait sur l'eau. Sur toutes sortes d'eaux. Sur des flaques d'eau sur des surfaces de lacs sur les plans d'eau de pots emplis. Sur l'eau qui avait débordé autour d'un vase de fleurs. Sue de l'eau de mer. Sur de l'eau de bain. Il peignait sur de l'eau lisse. Il peignait sur de l'eau agitée. sur de l'eau claire et sur de l'eau trouble pleine d'algues et de particules en suspension. D'ombres et de reflets de soleil. même sur de l'eau colorée quand il en avait sous la main. Jamais ( ce que des gens non avertis auraient pu présumer ) sur une autre sorte de liquide. Il fallait que ce fût de l'eau.
    Parfois il n'était pas satisfait par celle qu'il avait sous la main et il voyageait longtemps jusqu'à ce qu'il trouvât l'eau adéquate. Parfois il se contentait de la première venue. Il pouvait se faire que le plateau d'un bureau inondé de taches l'enchantât. Il pouvait se faire qu'il eût justement besoin de tel lac de montagne entre des pentes couvertes de forêts sombres. parfois il se limitait à peindre de la berge agenouillé dans les galets ou couché sur un embarcadère. Parfois il ramait pendant des heures jusqu'à ce qu'il trouvât l'éclairage adéquat l'isolement adéquat. Pendant un temps il utilisa un ponton dans le milieu duquel on avait découpé une ouverture rectangulaire . Il appliquait pour peindre diverses méthodes. Le plus souvent il avait plusieurs sortes de bâtons. En outre il lui fallait des planches des disques en caoutchouc des brosses des peignes des tue-mouches également des pinceaux. A l'occasion compas et règles. C'est justement celà qui pendant un temps eut pour lui un certain charme. On le voyait disposer dans des roulements de ressac ou sur des surfaces de lacs qui étaient soulevés par des grains orageux des droites proprement tracées et des arcs de cercles largement excentrés. Il peignait avec les doigts et les mains déployées. Avec les pieds voire avec le corps entier.
    Rrement il peignait avecde la couleur. Alors il égouttait la couleur dans de l'eau courante où il l'y faisait glisser avec des pinceaux et des bâtons. Il versait de la couleur dans de l'eau par pots entiers. Une fois il utilisa un stylo à cartouches.
    Ses tableaux. Comme on l'a dit ce n'étaient pas des tableaux. Des jeux de courbe vague ombre reflet vague de traces et de traces de traces. Une fois alors qu'il essayait de compléter la peinture à l'eau ( lui non plus ne voulait pas s'arrêter ) per un relief d'ombre il vécut une rechute. Après qu'il eut passé d'ombres simples à des ombres combinées et colorées il se surprit à commencer à photographier le relief d'ombre dans un un de ses stades transitoires. Ce fut la rechute. Conserver fixer transmettre exhiber ce fut la rechute. Ce fut l'en-vain.
    Après cela il resta un temps inactif. Il voulut possiblement se punir par l'abstinence. Peut-être aussi que quelque chose en lui aspirait du sein de cette rechute à une imagination encore plsu pure. Il est vrai qu'alors ce progrès ne serait pas devenu visible. Mais parès une pause pleine d'apathie apaprente ou effective il se remit à peindre sur l'eau. Seul un observateur très minutieux ( qui n'existait pas ) aurait peut-être pu percevoir en lui de menues modifications. Une légère modification au milieu du trait. Un bondissement plus rapide d'eau en eau. Un suspens dans l'à peine commencé.

    Helmut Heissenbüttel -
    né en 1921, mort en 1996, est l'un des écrivains allemenands les plus représentatifs de ce qu'on appela " la littérature expérimentale ". Le peintre d'eau est extrait de " Textbücher 1-6, recueil de textes rédigés entre 1970 et 1973.

    Revue " Rehauts "
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    Printemps des poètes d'aujourd'hui Empty Re: Printemps des poètes d'aujourd'hui

    Message par bye Jeu 5 Mar - 5:09

    La chronique de Mank





    Le premier jour


    Mank s’éveille, se range de côté.


    Il ne se reconnaît plus. Ses côtes dans l’entonnoir se sont
    brisées. Il est devenu terriblement lisse. On le conserve volontiers dans son
    salon, il se présente sous la forme d’un petit brochet aux dents cassées, une
    molle œuvre d’art qui saille sans trop saillir. Le salon est décoré de formes
    polies, de porcs-épics qui se hérissent doucement, de loutres qui se tendent
    vers leurs convives dans un dernier élan.


    Le deuxième jour


    Son univers se réduit à cette crampe, cette image de lui
    agrippant à la nuque une chose. Il ne s’écarte plus de son lit. Frappé par des
    rêves d’hommes si proches contre lui.


    Il se retire de son lit, guette à la fenêtre des passages,
    la foule. C’est uniquement leurs mouvements, la naissance d’un mouvement qui
    l’intéresse. De sa main, il escorte le mouvement de la foule et se rassoit.


    Le troisième jour


    A sa porte, c’est sa famille, une longue famille alignée qui
    s’impatiente et désire rentrer. Ses proches allongent leur visage, friands de
    circonstances où traîner leur air grave. Aujourd’hui, à leurs pieds ralentis,
    on sent comme ils portent avec recueillement leur fils étendu dans sa chambre.
    Ils ont une cause, une cause en main, elle n’est pas retentissante comme celle
    d’une guerre ou d’une famine. Leur cause à eux est toute personnelle , ils la
    doivent à leur unique fils.


    Le quatrième jour


    Dans sa vie, il tourne autour d’un pouce, d’un pouce placé
    par mégarde, un pouce impersonnel. Il tourne autour de ce pouce évitant ainsi
    de tourner autour de lui-même.


    Le cinquième jour


    Il ne se remue plus, ses pensées seules s’occupent de
    voyages. Sa peau souvent trop prise par sa pensée se gonfle et par endroits se
    déchire.


    Quelquefois, il part en quête d’un lieu avec conviction. Alors,
    il presse des villes, des campagnes contre son mur blanc qu’il déforme peu à
    peu, ajoutant des oreilles, des tumeurs, quelques excroissances.


    Le sixième jour


    Des êtres aimés abondent dans ses rêves, son sommeil se
    brise sur leurs mains.


    Le septième jour


    Ses veines souvent trop compressées culbutent par-dessus la
    main et entraînent douloureusement le corps qui les a conçues.


    Le huitième jour


    De force quelqu’un dispose un amoncellement de squelettes
    dans un des recoins de sa chambre. Le prêtre, la veille, est venu courtoisement
    lui communiquer qu’il n’a pas de cimetières. Que cette ville ne renferme pas de
    terre meuble, qu’elle germe dans le béton et que son église fait de même. Pas
    une cavité molle pour l’enterrement d’un homme, il faut donc les parquer quelque
    part et l’ayant depuis toujours en amitié, il a pensé à lui.


    Chaque jour des fossoyeurs frappent à sa porte charriant des
    sacs d’où débordent des orteils.


    Au départ, il n’y prend pas garde mais, au fil des heures,
    il n’existe plus de flottement entre lui et eux. Il est contraint de les téter.


    Le neuvième jour


    Au lieu d’écrire, sa main griffonne des grimaces, son
    histoire, un brouillon de chair étendu afin de lui conférer un air, une
    apparence. Après, il essaya ses jambes.


    Son père graissa de coups ses rouages. Rapidement, il
    s’instruisit et adopta la posture la plus droite, au besoin il restait des
    heures entières accroché à un arbre imitant sa ligne.


    Le dixième jour


    Sa ville regorge de musées où défilent de ces bouches qui
    mastiquent selon leur rythme, leur hauteur. Et tous salivent sur leurs mots y
    laissant macérer leurs lèvres. On voit leur lourde croupe s’y asseoir et
    somnoler leur vie durant.


    Mais Mank, calme, revenu dans son fauteuil ne demande rien
    tout en tripotant ses jambes. Il redéfinit sa place. Son authenticité pullule
    encore de trop de mousses, de muqueuses.


    Le onzième jour


    En ces temps-là, il était très aimé. Ce qu’ils aimaient
    par-dessus tout, c’était de l’étendre sur une table afin de faire mariner à
    l’endroit où s’incurvait son ventre les nourritures qu’ils avaient l’habitude
    de transporter avec eux.


    Un jour, l’un d’eux se présente en possession d’une mince
    commode dans laquelle il entrepose ses outils. Il les dispose un à un sur la
    table, se tourne vers lui, commence par racler toutes traces extérieures qui
    semblent trahir son visage. Et puis posant à gauche de son visage une attelle, à l’aide
    d’un tournevis, il le force d’un quart de tour ramenant tout son nez vers le
    haut.


    Le vingt-huitième jour


    Mank se débarrasse du coude. Il l’évide pour qu’il flotte
    sur une rivière. Il oublie jusqu’à la forme native du coude. Il se permet donc
    certaines libertés : il remplace la peau par des tissus de livres plus
    flexibles, tissus d’ongles ou des tissus d’eau.


    Le vingt-neuvième jour


    Mank a coutume d’épargner ses membres, de les utiliser par
    trois ou quatre. Et ensemble, ils tirent ce qu’il leur reste de râtelier sur
    les prairies où ils aiment à voir danser au lieu de l’herbe quelques caries.


    Le trentième jour


    Mank se tait encore pour brouiller ses contours. Aucune
    trace, aucune trace. Une gorge toujours emboîtée au désert. Et si le désert
    existe, ce n’est que par le sillage étroit d’un scorpion.


    Le trente-et-unième jour


    Pour Mank il existe deux morts. Celle que personne ne peut
    voir. Ce mort-là, on le tait, un coin de mort sous une table. Puis on cesse de
    le conduire sous la table, on l’épingle au-dessus de chaque convive. Et de ce
    mort-là ils font leur gloire. Son histoire épaule la leur, ajoute à leur pâleur
    de vivant ce qu’ils pressentent comme un trou : leur vie même. Grâce à
    lui, ils conservent cette lame mouvementée au bord de l’œil qui leur donne une
    amplitude.


    De ces morts tout brûlants de se mordre une dernière fois,
    c’est de cette mort précise qu’il cherche la compagnie.


    Le trente-deuxième jour


    Mank sur un quai attend. Il fixe dans son regard deux corps
    qui attendent sur un quai opposé. Il sent le branle de l’air brouiller leur
    distance. Aucune main ne s’épanche vers l’autre. Chaque mouvement germe d’un
    tronc unique entre ces corps pourtant imprégnés du même sol. Et l’espace entre
    eux impénétrable s’élève en tourbillons de verre. Une corde à peine visible les
    relie à la taille, leur torse renversé, ils tentent de se défaire ; leurs
    chevelures empoignées par des paysages contraires.


    Le trente-troisième jour


    Il ne sait par quel phénomène lorsque Mank songe à ce qu’il
    pourrait vous dire, là à l’instant, la seule chose qui lui vient à l’esprit,
    c’est qu’il marche, qu’il marche toujours au début de chaque phrase. Ses
    pensées croissent sans s’accomplir, puisent le suc d’un terroir puis montent
    indifférentes vers un autre lieu. Elles ne possèdent que cette tête mouvante du
    blé, cette longue crinière escortée de vent. Les champs s’élancent alors
    pareils à des troupeaux affolés que l’œil traque de sa hauteur. Sur l’aileron
    d’une falaise, l’œil voit se vomir les bêtes sans lieu où paître. Elles
    redoutent la montagne entière qui se serre à leurs côtes. Une falaise lâche et
    les moutons à la lisière du troupeau s’affaissent, ces corps se disloquent
    légèrement dans le vide, si faibles que goutte sur leur peau un sang discret.
    Sans être au sol encore la chute les éperonne en silence.


    Le trente-quatrième jour


    Il s’est donné une prestance, il affiche du noir un peu
    partout. Il bouche l’impudique, il étançonne chaque poil, ses bras penchent à
    terre. Son habit lui donne cet air uni de ces membres qui soignent leurs
    jointures.


    Le trente-cinquième jour


    Mank, malgré lui, ici il écrit et une odeur forte lui
    étreint les narines. Il aperçoit au loin ses mots qui rament sur une mer de
    graisse.





    Gwenaelle Stubbe


    Née en 1972 en Belgique, Gwenaelle Stubbe a déjà vu son
    œuvre saluée par divers prix littéraires et autres bourses. Théâtre, poésie,
    peinture sont autant de cordes à son arc.


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    Message par bye Ven 6 Mar - 5:17

    Aux question sur ses origines, Anita ENDREZZE
    répond brièvement : " Je suis moitié Yaqui, moitié Européenne :
    Slovène, Italienne, Allemande, Roumaine ". Je la rencontre pour la 1°
    fois dans sa maison à Spokane, à l'endroit où les montagnes boisées du
    Montana rencontrent le haut pays désertique du Washington. Dans ses
    bras, elle tient sa fille , âgée de quelques semaines et chez qui le
    mélange s'est enrichi d'un apport danois. Devant ce petit être avec sa
    chevelure et ses yeux noirs, on croit avoir - comme on le sent en
    voyant, en entendant et surtout en lisant sa mère - quelle moitié a
    pris l'ascendant sur l'autre.
    Interrogée sur sa poésie, Anita
    ENDREZZE hésite, se permet enfin ces cinq mots: "
    lyrique...sensuelle...visuelle...spirituelle...passionnée..". Mais elle
    est gênée d'avoir tant dit. Elle semble appartenir à cette famille de
    poètes que gêne tout semblant de culte de la personnalité, et qui
    préfèrent laisser parler pour eux leurs écrits. Il s'agit de ces poètes
    qui ressemblent à certains typographes : ceux-là entourent leurs textes
    de silences comme ceux-ci les entourent de blancheur.
    Disons tout de
    même qu'Anita ENDREZZE est connue aux Etats-Unis pour ses poèmes mais
    aussi pour ses talents de peintre - c'est elle qui a fait la belle
    couverture d'une des collections de poèmes amérindiens les mieux
    connues, la Harper and Row's Anthology of 20th Century Native American
    Poets - et comme conteuse d'histoires indiennes traditionnelles . Elle
    a enseigné les traditions indiennes dans de nombreuses écoles et
    centres culturels.
    Les poèmes d'Anita ENDREZZE ont paru dans
    plusieurs anthologies et dans une trentaine de revues aux USA, en
    Belgique, en France, en Autriche et en Allemagne. Son dernier livre en
    anglais, qui vient de paraître aux Etats-Unis, At the Helm of Twilight,
    est disponible chez Broken Moon Press, P.O. Box 24585, Seattle,
    Washington 98124-0585.
    Louis Olivier - revue Poésie Présente 30 décembre 1992 -

    Le retour des loups


    A travers toute la vallée les gens parlent à voix basse
    les loups reviennent, ils reviennent
    à la limite étroite de nos champs, de nos rêves.
    Ils nous ramènent le froid.
    Ils portent des couronnes d'embuscades,
    offrent le sformes enneigées, belles et fétides,
    de moutons morts, un vieillard perdu trop loin
    dans les vignes du Seigneur

    les mains rongées du trappeur, la langue du chasseur.
    Ils nous ramènent les soupirs de nos amants,
    dont les promesses durent moins longtemps
    que celles des loups.


    Leurs dents taillent dans le ciel des merrains fins
    taillent de sombres totems remplis de rêves
    d'élans : la prairie

    où pousse la lumière avec l'herbe du marais et l'eau
    est un loup foncé sous le sabot.
    Leurs dents taillent le nom de leurs enfants
    sur toutes les pistes, taillent la nuit pour en faire
    un os particulier -

    un os qui semble faire partie de la longue mémoire
    de mon corps.

    Leur peau ramasse les ombres, ramasse
    de leur tribu le cri aux dents épaisses, aux os blanchis,
    ramasse du vent l'odeur de cerfs brisés
    jusqu'à leur maison commune faite de pin et de terre tassée
    me ramasse, moi aussi, dans ma maison de ferme
    avec sa lumière dorée et ses chambres vides jusqu'au cèdre
    - qui, lui aussi, hurle son nom boisé dans la caverne des étoiles ),
    où je me tais comme un arc aux cordes détendues
    et mes cicatrices ne viennent pas d'avoir aimé
    des loups.

    revue " poésie présente "
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    Printemps des poètes d'aujourd'hui Empty Re: Printemps des poètes d'aujourd'hui

    Message par bye Sam 7 Mar - 7:54

    Vertébral ( extraits )





    ainsi y avait-il vide une place aux angles fins





    j’y faisais des diagonales régulières


    de long en large


    des pas pour compter


    pour compter combien


    faire un compte juste de jours commencés


    quand les autres journées


    ne peuvent plus l’être ne peuvent pas


    commencer


    ce fut comment


    noir entièrement


    dans un bol d’opacité


    ce fut comment


    le jour du début des manteaux


    quand ils recouvrirent les enveloppes de peaux


    et d’os


    et d’eaux


    remplirent


    - quand je passe


    comment ces têtes chez elles


    furent-elles retournées


    je ne sais pas


    je ne sais pas comment


    le dire sinon qu’alors elles s’étaient tournées


    dans un dernier geste de sommeil


    sur le côté


    que c’était leur jour


    qu’elles avaient eu ce geste


    qu’il fût le même


    à tourner le corps sur lui-même sur


    quel pivot tournaient les côtes


    dans le vif basculement roulèrent


    les corps


    à tourner le corps sur lui-même


    ils se tournèrent


    sur le côté noir du mur


    où il n’y eut jamais personne


    sur le côté du mur où tout


    était déserté depuis le début


    et tombèrent


    sans oublier





    les chapeaux mous de feutre


    collés sur els oreilles les cabans longs


    le costume bien plié sur les cintres


    tombèrent


    nets


    dans le pli ensommeillé d’un jour





    dans la vertébrale





    pendus


    ils pendaient


    en sorte que


    qu’ils furent allongés ne comptait plus


    ils pendaient si nettement


    mais à l’envers


    si bien qu’on les croyait couchés


    qu’il me suffisait de renverser les yeux


    de 45°


    pour voir


    qu’ils n’avaient jamais fait que pendre allongés et nuls


    sans personne pour y être


    je me rappelais quelles études


    successives pisanello fit


    de pendus de pieds tordus


    à bout de corde à bout de nerf


    trempé dans le fond


    et derrière la foule


    quand ils s’enfoncèrent un chapeau de feutre


    et parlaient de se confondre aux hommes qui pendent


    qu’ils ne seraient pas


    pas plus qu’ils n’existaient


    en dehors de têtes conductrices


    ils ne faisaient que grincer des dents


    toute la nuit sans personne


    avant que je me couche


    en long tout le long de leur corps





    avant que je ne leur parle à voix basse


    je ne savais pas


    mais passai





    je passai l’ombre au fil de la gorge





    au fond je ne savais quel


    je ne savais où


    - et maintenant


    me voilà à côté d’eux


    tout contre comme jamais


    je ne pus l’entendre


    à côté de corps d’étrangers


    que je ne respire pas


    comme l’air qu’ils font


    ne le respire pas


    mais j’ai fait ce trajet


    du jour où je commence au fond de leurs sommeils


    d’airs et d’ongles noirs j’ai fait ce trajet


    vers la voix nulle pour que la voix


    ricoche


    pour rien





    mais ricoche contre des blocs de corps


    pour cela


    je m’y suis mis





    doucement m’y suis


    immiscé


    m’y suis mis bien à plat


    pour commencer une sorte de langue





    - mais l’air fait une fine pellicule


    et ils n’entendent pas





    aussi je suis resté ainsi


    longtemps


    comme je restai longtemps


    dans la voix murmurée


    à dire des paroles fines


    en papier cristal


    en filet d’ongles


    et en y restant ainsi aussi longtemps que je pus


    le rester


    murmurer des choses pleine d’air





    aussi léger que je pus


    faire


    glisser de quelques passes


    - mais si je dus passer


    c’est dans le mort


    les articulations – le gel massif


    la fine transparence des cartilages


    avec de tout petits bouts d’os discrets / secs / cassants


    de même dans le mort il y a la plate-forme de l’homme


    le sommeil les traces de fonds


    de même les battements de la peau tendue


    passent


    dans l’homme maigre





    et je descends


    je m’y perds semble-t-il que c’est le noir


    l’envahissement de noirs épais de caves où n’entendre plus


    le bruit de la corde ou


    le fil de nylon vert menthe


    au bout des mains semble-t-il la corde


    lasse la tresse semble-t-il


    qu’il faut y descendre qu’elle ne lâche pas








    et tomber au moins


    une fois





    quel jour tomber





    Gabriella Sterne – revue « le mâche-laurier »





    Gabriella Sterne est née à Londres en 1966. Vit en
    Haute-Savoie. Traductrice de E.Jabès, A du Bouchet et J.Dupin, elle a
    publié en français l’œil bande, 1996,
    ainsi que vif rapide, très rapide( avec des dessins de Florence
    Farrugia ) aux éditions ED.DE, 1998.
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    Message par bye Dim 8 Mar - 11:17

    Il m’est interdit de m’arrêter pour voir. Comme si j’étais
    condamné à voir en marchant. En parlant. A voir ce dont je parle et à parler
    justement parce que je ne vois pas. Donc à donner à voir ce que je ne vois pas,
    ce qu’il m’est interdit de voir. Et que le langage en se déployant heurte et
    découvre . La cécité signifie l’obligation d’inverser les termes et de poser la
    marche, la parole, avant le regard. Marcher dans la nuit, parler sous la
    rumeur, pour que le rayon du jour naissant fuse et réplique à mon pas, désigne
    la branche, et détache le fruit.





    Tu ne m’échapperas pas, dit le livre. Tu m’ouvres et me
    refermes, et tu te crois dehors, mais tu es incapable de sortir, car il n’y a
    pas de dedans. Tu es d’autant moins libre de t’échapper que le piège est ouvert.
    Est l’ouverture même. Ce piège, ou cet autre, ou le suivant. Ou cette absence
    de piège, qui fonctionne plus insidieusement encore, à ton chevet, pour
    t’empêcher de fuir.


    Absorbé par ta lecture, traversé par la foudre blanche qui
    descend d’un nuage de signes comme pour en sanctionner le manque de réalité, tu
    es condamné à errer entre les lignes, à ne respirer que ta propre odeur,
    labyrinthique. La tempête à son paroxysme, seule, met à nu le rocher, que ta
    peur ou ton avidité convoitent, sa brisante simplicité, comme un écueil aperçu
    trop tard. N’est vivant ici, capable de sang, que ce qui nous égare et nous
    lie, cette distance froide, neutre, écartelante, jamais mortelle, même si tu
    m’accordes parfois d’y voir crouler la lumière, et s’efforcer le vent.





    Jacques Dupin
    « L’embrasure » Poésie/Gallimard
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    Printemps des poètes d'aujourd'hui Empty Re: Printemps des poètes d'aujourd'hui

    Message par bye Lun 9 Mar - 5:58

    Sizains dans les trous de ma langue





    1° août 2000, train Culoz-Modane





    Ne pleurez ! Ne déplorez le trop d’âge !


    Quoi tombe avec l’orage de juillet ?


    Ça rince les murs et la peau des cœurs,


    Gant de crin, et dessus le sang bouscule.


    Quoi vous a pris qu’on n’aurait jamais cru ?


    Puis partir en août avec ce visage.





    2 août, Valloire





    D’où venons ? D’où revenons après tout ?


    Entendez bien, je vous donne mon heure.


    Suffisait donc que des rues me l’accordent,


    Elle, dans l’orage et sous son vrai nom,


    Ensuite sur mes lits jumeaux s’allonge.


    Qui veut de moi qui ne vaut plus un clou ?





    3 août, Valloire





    Serrer freins ! Désirs emballés dérapent.


    Jamais voulu être un des gens pressés,


    Lestés de rien quand le temps vire au noir.


    J’ai déjà perdu ma dernière guerre.


    Pourtant, qui ça m’a vite pris aux dés ?


    Et plus le temps de prévoir des étapes.





    4 août, Valloire





    Quoi prouvé ? Quoi réprouvé si ma main ?


    Est-ce à crime si des baisers vous jettent ?


    Je voulais parler de toi aux mélèzes.


    Inutile, ils sont pleins d’eau, pleins de froid.


    Mieux vaut marcher à l’autre bout des villes,


    Gais, dans la surprise de leurs jardins.





    5 août, TGV Chambéry-Paris





    Faudrait chant ! A défaut , tout d’un, je coule.


    Que disaient les livres ? C’était si peu !


    Souvent, tu t’assieds parmi les manchards,


    Tu joues avec leurs chiens qui sont sans laisse.


    Déboîte-moi ! J’ai égaré les clés.


    Déboîte-moi, que j’entre dans ta foule





    6 août, Paris





    Laissé pour… et pourtant vif on dirait :


    Ce sont des souffles d’air qui le colportent,


    Des graffitis furtifs, par cantonade.


    J’ai ton goût sur la langue depuis peu.


    De ce défi, s’il faut battre rappel,


    A quel éclat convient-il d’être prêt ?





    7 août, Paris





    Nom de peau.Elle a ça Porte Dorée,


    Aux antipodes. Puis on a marché


    Parmi ses rires jusqu’aux trous tombés.


    Bois d’ici peut-être ont leur Temps du rêve.


    Retour dans du ciel couleur latino,


    Du rhum, et des questions évaporées.





    8 août, Paris





    ça veut pas. ça sépare et ça veut pas.


    Etre loin, c’est quoi, que déjà ça coûte,


    Ça qui fait du mal et du flou, à force ?


    Une courte misère parmi tant.


    Et la nuit, le matin, c’était merveilles,


    Elle jetée dans ses hauts et ses bas.





    Philippe Longchamp – revue le Mâche-laurier -





    Philippe Longchamp, né en 1939, vit à paris, a enseigné à des lycéens du technique, a publié La compagnie des animaux tièdes ( Cheyne, collection Grands Fonds ), l’été, calme bleu ( Le dé Bleu ).
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    Printemps des poètes d'aujourd'hui Empty Re: Printemps des poètes d'aujourd'hui

    Message par Ego autem semper Lun 9 Mar - 11:29

    (extrait d'une réponse posté dans un forum...);.

    Ecrire pour revendiquer sur la réalité c'est différent;
    Prouvait par les faits, qu'il est possible le changement

    Quand le LKP a réussie dans sont différent
    Un exemple que dis-je plus qu'un monument

    Ici et la le farceur ou le bouffon à œillères
    A qui le sectarisme et l'ignorance rendent aveugle
    Conduits dans l'arrogance et les manières
    Des piètres avec l'intelligence bougre

    Défenseurs d'un libéralisme qui a tout d'un moribond
    Entêtés pour un capitalisme qu'est écoeurant
    La course au profit en détriment du reste du monde
    Pour l'argent au prix des vies, que c'est nauséabond

    Argument si médiocre que sortir des morts du placard
    Des fantômes du passé éreintés en fantassins
    C'est faire peur au futur avec le mur de Berlin
    Arguments si périmés que celui d'oser le vantard
    A faire peur aux ignares avec l'idéologie du Kremlin

    Non je ne sais pas m'exprimer dans la langue de Molière
    Non je ne sais pas écrire, je ne sais rien des politicards
    Non je n'ais pas de philosophie, ni connu Mitterrand
    Non je ne dis rien ici, mes vers l'expriment mal.
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    Message par bye Mar 10 Mar - 6:17

    Quelque chose de noué





    C’est abandonné sur la plage. Quelque chose de noué.


    Mourir en a perdu son aspect tranquille.





    Un paquet de peau mal foutu


    Comme si quelqu’un s’était débattu dedans,


    Toute une énergie


    Qui a cherché des yeux pour s’en aller, qui a son cul fermé.





    A la fin ça s’est raidi


    Au maximum d’un effort. C’est peut-être plus rien ou si


    Ça continue d’accuser le sort ?





    L’océan comme une vieille sorcière défaite.





    Comme si on avait noué une matrice


    Un sac de plastique plein


    Pour que ça reste dedans


    ( la sanie le sang qui saliraient )une matrice


    Ou tout un corps mutilé, que ça s’échappe pas


    Les organes pas retenus ; le nœud tire


    On sent qu’il est bien fait.


    On n’est pas trop fier d’en être content.





    Comme si


    On avait fait un nœud à son tourment


    Un nœud à sa douleur. Comme si


    Un nœud à son désir.





    On sait mal pourquoi : une précaution, ou à cause d’une
    colère.


    C’est tout tendu


    Comme un sac avec un gamin dedans


    ( Les plus grands qui l’ont fourré là, l’enfant


    avait comme un désir d’y rentrer )


    Le jeu ; la peur. Les autres sont partis.





    Le noir silencieux. L’océan comme une rumeur dans un grenier
    fermé.


    Le temps fermé. La vie qu’on s’est débattu dedans.





    On entend l’océan qui s’en va. On a


    Un petit garçon noué, comme une crampe


    Dans les mots qui sont venus.





    A y regarder de plus près, le nœud rassure.


    Parce que la seule chose un peu solide. Evidemment


    On peut panser à un bâillon autant


    Qu’à un pansement. En tout cas un nœud


    Pour toucher à du vivant. Même si


    Avec de la mort dedans.





    James Sacré « Si peu de terre, tout » éditions le
    dé Bleu





    James sacré est né le 17 mai 1939 à Cougou, village de
    saint-Hilaire-des-Loges en Vendée. Depuis 1965, il vit aux Etats-Unis où il
    enseigne dans une université du Massassuchets. Reconnu comme l’un des poètes
    les plus marquants de son époque, il s’est vu décerner le prix Osidiane ( 1983
    ), le prix Apollinaire ( 1988 ) et le prix des Trois-Canettes ( 1999 ) attribué
    au cours du marché de la poésie de Paris.
    bye
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    Message par bye Mer 11 Mar - 6:28

    Vitres griffées éteintes





    Pareil au givre


    - il a son attention –


    maintenant


    sa jeunesse


    à hauteur d’épaule


    la main le transit en amont





    Nous sommes au mieux sur le point du toit


    Voisins


    Mais muets


    L’après-midi


    D’une grive


    Surveillante de l’ombre


    Guettant l’écho








    Le soleil a lâché la main


    De l’arbre


    Oublieux du sol lente chute





    Dans l’hiver qui rayonne


    Inclinations profonde et déchirante


    Pour


    Les terres


    Et sans appel








    SUR LE BORD PEINT D’UNE ASSIETTE





    Où la main


    S’est


    Assoupie


    Sur le genou de la pensée





    Au lieu de saisir


    La tête





    Des routes








    REVERS





    Tulipe qui


    Mets fin


    A l’espérance





    Ici





    De poursuivre





    Avec le vol d’un colvert


    Quand


    Tu éclos





    INONDATION





    Son rire


    Insaisi


    Qui emprunte mon chemin


    Est mon chemin


    Fusant


    Eclatant


    Vol d’étourneaux





    Enracine


    Mon champ nu


    Récompense


    Le mouvement de la fougère


    Qui même





    Hors du vent





    Bouge





    ANDRENE





    Le givre de la douleur


    Expirée


    Rapproche





    L’horizon


    Du nuage





    Loin


    De l’arbre de la bouche





    Embellie





    Et la main plus seule





    Comment mettre la main


    Dans la main du ciel








    Tout est dépris


    Avant même


    Le mot


    Prendre


    Le chemin


    Seul n’interroge pas





    Le retour





    C’est





    Comme si nous pouvions encore


    Nous unir


    Feuille sur feuille





    Martin Ziegler – éditions L.Mauguin –





    « Où fermer le chemin ?


    Il n’est dans ce monde d’endroit où la terre, dans le
    tremblement du recevoir, s’ouvrant à l’infini en nous, n’est à l’abandon avant
    même d’avoir montré sa nudité.


    Déprenons-nous, chaque matin, de croire identiques le désir,
    réversible et conjonctif, du désert autant que du verger, et la mystification,
    toujours totalitaire, de l’oasis. »


    M.Ziegler, in Chemins
    à fleur autrement blancs
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    Message par Rabasse du sud Mer 11 Mar - 22:30

    Au printemps de quoi rêvais-tu ?
    Vieux monde clos comme une orange
    Faites que quelque chose change
    Et l'on croisait des inconnus
    Riant aux anges, au printemps de quoi rêvais-tu ?



    chapeau
    bye
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    Message par bye Jeu 12 Mar - 7:21

    Appuyer sur les deux côtés du temps


    Pour
    dilater un cri





    Vitesse blanche qui cautérise


    Ta bouche

    XXXXX











    Malgré tout


    L’après-midi


    Une
    main rentre


    Suivant la trace creuse


    Dans
    la chaleur


    En (m’)
    arrachant (à) la dissolution


    XXXXX








    Aucun moyen de





    Glisser sans être rayé


    Par les angles





    Ni de réduire la surface de frottement





    Au passage





    Quitte à éplucher





    La peur

    XXXXX











    Ton sommeil pèse sur l’arc des jambes


    Vertical
    au blanc aérien





    Au-dessous


    Un bateau remet les choses à l’échelle





    La terre rongeur de bleu


    XXXXX











    Blanc


    Et tout autour


    Du temps


    En bas


    Jaillissant des sillons bleus liquides


    La chaleur à jamais cloisonnée


    Aux passages vitrés





    Pierre blanche linteau d’esprit





    Comme les visages estompés par l’air





    Emmanuela Burgazzoli


    Née en Italie en 1971. Après des études littéraires à Milan
    et à paris, elle publie ses premiers poèmes écrits en langue française ( Aiguilles, éd. L. Mauguin, 1999 ). Poursuit son travail d’écriture en français et en italien. Vit actuellement à Lugano ( Suisse ).








    DOUCE,EAU


    BASSIN ( FERTILE )





    La mer goutte


    Au robinet.





    Animalcules


    Dans le sucre. Sel





    Hier : les nuages


    Comblent le bleu





    D’une


    Couronne.


    XXXXX








    NEIGE, D’HOMME





    L’expérience d’aujourd’hui


    Est le souvenir





    De demain. Demain


    Neige tombe. Après





    Demain fond-


    Elle. Dans ses





    Bras.


    XXXXX








    LA MER VOIT





    Le pays avec d’autres


    Yeux. ( Le regard passe





    Du bleu au jaune au


    Vert .) Un coussin





    Emu pour une calme


    Nuit contre elle.








    Anton G. Leitner


    Né en 1961 à Munich ( Allemagne ). Etudie le droit et la
    philosophie. En 1993, il cesse son activité de juriste pour se consacrer entièrement à la littérature, et édite la revue Das Gedicht, revue poétique parmi les mieux reçues en Allemagne.
    Autour de recueils de poèmes ( Kleine Welt Runde, Landpresse, edition Lyrik, Weilerswist bei Köln, 1994 ), essais critiques, de nouvelles et d’anthologies ( Heiss auf dich. 100 Lock- und Liebesgedichte, dtv/Reihe hanser, München, 2002 ; Experimente mit dem Echolot.
    Der modernen Dichtung aud den Grund gehen, Lyrikedition 2000,
    München, 2002). Il reçoit différents prix littéraires. Depuis 2001, il est membre du jury du prix Leonce und Lena de la ville de Darmstadt. Vit à Wessling, près de Munich.





    Racines une taille requièrent :


    Mal, mondes mal la taille requise


    Sel qui est amer


    Et les soirées grises.





    Mourir requiert : temps


    Et aucune hâte


    A la mesure exacte


    Du soleil au couchant.


    XXXXX








    Que soit redit


    A haute voix


    Ce qu’est mon choix


    Roses du jardin inconnu.





    De ces pauvres veines


    Plus rien le soleil ne peut atteindre :


    Seul deux complaintes


    Quand ce cœur est en peine.


    XXXXX











    Là il est passé


    Et a dit la parole


    Chaude de soleil


    Comme si c’était l’été.





    Peut-être un souffle de vent


    L’a fait s’en aller ;


    Dans l’air le sentiment


    De sa chaude journée.





    Deux notes de chanson


    Passent dans l’air arrêté,


    Moi j’ai l’âme blessée


    De l’absence d’un tel son.


    XXXXX











    Mes journées


    Passent en airs vains,


    Le chant d’été


    Toujours plus lointain.





    Grand le silence qui demeure


    Sur la lagune étendue


    Et le parfum d’absinthe en fleur


    Dans mon monde déjà nu.


    XXXXX











    Le soir s’assombrit,


    Les maisons plus pâles,


    Esseulées les plages,


    Et au levant la lune surgit.





    Vénus au ponent


    Est rouge de feu,


    Tel marché ou tel jeu


    Abandonne les gens.


    XXXXX











    Croire vie, et rêve,


    En ignorant la voie


    Le chemin, sa trêve


    Jusqu’au tremblant effroi.





    Un se réveille


    Regarde autour


    Et se fait jour


    Du monde la merveille.





    Mais à un moment


    Retourne l’ombre,


    Le néant


    Chaque homme y sombre.

    XXXXX











    Nuit n’était


    N’était pas soir


    Ni les journées


    De mon été.





    Soleil toujours haut


    Dans le ciel cobalt


    Sans jamais d’eau


    L’âme est sans halte.





    Mais le soleil aussi décline


    Le cœur s’est déchiré


    Et l’air reste vide


    Et la lumière est cachée.


    XXXXX











    Eux sont tant


    Et moi je suis seul


    Un vieux rossignol


    Fatigué de son chant.





    Biagio Marin. ( 1891 – 1985 )Né à Grado, près de Trieste.
    Après des études de philosophie, il enseigne cette matière à la Scuola Magistrale à Gorizia ( Frioul ), puis il est successivement directeur des établissements thermaux de Grado, professeur de littérature, philosophie et histoire à Trieste, bibliothécaire des Assicurazioni Generali de trieste. En 1912, il commence à écrire en anglais et continuera jusqu’à sa mort. Il publie de nombreux recueils de poèmes ( dont, outre les titres cités, Le litanie de la Madona, 1949 ; I canti de l’isola, 1951 ; El mar de l’eterno, 1967 ; In
    memoria
    , 1978 ; Nel silencio piu teso, 1980 ; La vose de la sera, 1985 ; Lontane rade, 1985 ). Il est l’ami de Andrea Zanzotto et Pier Paolo Pasolini qui lui consacrent des textes critiques. En 1968, il revient s’installer à Grado dans une maison près de la mer.


    Il considérait d’écrire en gradois comme une résistance. A
    propos d e Grado et de sa langue, il dit : « C’était un monde pauvre
    pour sa population mais riche en horizons maritimes et célestes. S’approprier ce monde était pour moi équivalent à l’appropriation de sa langue. Ce n’est que dans le dialecte de Grado que je pouvais exprimer ma vie. Je savais très bien ce que cela signifiait de rester à l’intérieur de telles frontières – ce petit monde de pêcheurs, retranché depuis des siècles sur une étroite langue de sable
    entre mer et lagune -, mais une nécessité intérieure, mon amour, ne me laissait pas d’autre choix. Je devais être la voix de mon île, la voix de Grado et rien d’autre, fût-ce au prix de ne pas être lu » ( extrait de « Ma langue », Grado, septembre 1950 ).





    Les textes de ces 3 poètes ont été édités dans la revue Pas,


    Un terme, dans tous les sens indissociable désormais de la
    pensée et de la poésie contemporaine, qui pose l’enjeu de l’avancée et qui contient sa propre négation. Un nom de revue qui dit à la fois ce qu’elle est et refuse d’être. Pas, propose un
    panorama de la poésie contemporaine en Europe, le saisissement des rencontres de l’année, un éventail de voix, égales en leur engagement et en leur exigence, et un hommage à un poète plus ancien encore mal connu en France ( Biagio Marin ).
    bye
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    Message par bye Ven 13 Mar - 4:55

    LA MAISON, LE JARDIN, LA NUIT





    Ce n’est qu’engourdissement et maladresse, ce regard porté à
    la surface des choses. Je n’y retrouve pas ce qui pourrait faire sens dans ma vie. Ce serait ainsi une des dimensions natives de mon malheur. Mais je m’y refuse, désirant toujours percer ce qui
    résiste. Accomoder donc, sans cesse. Mais suffit-il de jouer ainsi avec le regard pour lire vraiment ? le désir est-il une force suffisante ? Alors que l’odeur du lilas se cache derrière les yeux..


    LE DESESPOIR ET SES CHATS


    Il y a ces vêtements qui, jetés sur une chaise ou par terre,
    gardent la forme des corps qu’ils ont enveloppés. On s’attend presque à les trouver tièdes.



    Il en est de même de certains mots ; c’est ce que je me
    dis parfois. Je répugne alors à les employer.



    DURER UN PEU



    J’écris toujours à côté. On trouve un chat mort le matin,
    baignant dans son sang sur la terrasse : je comprends mieux alors Pierre Autin-Grenier qui écrit : « on va les enterrer au fond du jardin, sous un peu de poussière gelée ». C’était janvier, il ne gelait pas et le jardin était boueux. Mais c’est le même vague dégoût de tout. Et j’ai enterré le matin.



    Que peut-on faire dans un monde finissant sinon en finir
    rapidement avec tout ? S’enfermer derrière les volets ? Mais la
    chienne court toujours dehors. Alors de temps en temps, on se saoule vite dans un bistrot de village. Par défi. A personne, d’ailleurs ! On retournerait vite à l’abstinence s’il n’y avait cette vieille quête de l’inconscience que seul l’alcool permet d’atteindre facilement. Ce n’est que le malheur ordinaire , certes moins lourd à porter que bien d’autres. Même pas un perdant magnifique ! Même pas né pour perdre ! Alors qu’il y a là quelque sombre beauté. Non, simplement ne pas gagner, ne rien perdre. Sans doute continue-ton pour ne pas perdre la face, ne pas abdiquer . C’est ce qui me
    reste pour toute dignité. Mais sans espoir, avec hargne. Je ne serai pas présent quand il y aura quelque chose à sauver. Je serai à côté.



    INSTANTS TREMBLANT DANS LES LOINTAINS



    Ce dimanche matin écrasé sous l’impitoyable lumière de
    juin : soleil implacable et ciel désespérément bleu quand tout défile de chaque côté de la route ! Remonte alors brusquement dans la bouche le goût du vin blanc qu’offrait ma mère quand passaient les copains…Nous avions dix-sept ans, le monde nous appartenait ; et l’avenir dont nous ne savions rien. Aujourd’hui, fatigué, revenu de tout – ou presque - , me voilà confronté inopinément à mon passé.Que faire de ce souvenir alors que je conserve comme
    une nostalgie quelque part dans le corps, là où ça fait mal ? Laisser la voiture s’écraser contre un arbre pourrait peut-être l’effacer mais il y a encore des vélléités de vie qui chevillent la carcasse du temps qui passe.
    Décidément, ce moment a un goût d’éternité. De cette éternité dont je n’ai que faire et qui est une gêne pour enfin mourir.



    LE BLEU, LE NOIR



    La terre était bleue comme une orange… Aujourd’hui, la
    menace étale sa résille d’ombre sur le bleu des prairies, est-il venu le temps de désespérer de l’homme . Est-il revenu le temps des hordes ? On pourrait le croire s’il n’y avait ce peu de lumière qui se promène dans la transparence de nos rêves.



    Le temps est à l’espoir parce qu’il est à la lutte. Tu le sais, la règle est simple : être à jamais contre et toujours dire non. La
    nostalgie jetée aux orties, tout est à refaire, sans cesse ; souviens-t’en quand tout semble commencer dans l’inimaginable beauté du premier matin de l’année.



    Lucien Wasselin « La rage, ses abords » éditions Le dé bleu



    En 1988, Lucien Wasselin publiait Fragments du manque au Dé Bleu, un ensemble de proses poétiques comme autant de pièces d’un puzzle social des années 80. Depuis, les choses ne se sont guère arrangées. Que peut le poète là-dedans, avec sa sensiblité ?
    Rester lucide, refuser de hurler avec les loups, disséquer la souffrance…Il ne demeure alors que la rage, comme seule posture permettant d’encore vivre avec un reste de dignité. Oscillant entre le domaine public et le registre intime, les proses qui composent La rage, ses abords sont une suite à Fragments du manque, une suite lourde de dix années de désespoir et d’espoirs avortés mais sans cesse renaissant..



    Né en 1945, Lucien Wasselin vit dans le nord de la France.
    Il donne des articles à Liberté-Hebdo, un journal de cette région. Il collabore aussi régulièrement à la Revue Commune, décharge, Rétro-Viseur..comme chroniqueur et, occasionnellement , à Arpa, Friches..Il est membre du comité de rédaction de la revue Espaces
    Marx
    ( où il présente poètes et plasticiens ) et co-fondateur d’Orpailleur-Editions, structure spécialisée dans le livre d’artiste.
    bye
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    Message par bye Sam 14 Mar - 8:36

    Ceux des nôtres qui viennent,


    Les pieds nus sur la neige,


    Ceux qui sont tout visage


    Voient d’entières ornières,





    D’abord mortes,


    Ensuite de vivantes,


    Et des corbeaux, vieilles chevilles


    De bois,


    Fermer la forêt blanche.








    DE TERRE A TERRE





    Combattre,


    Nous sommes
    aux mains


    Et le vent donne aux joues


    Ses éperons.





    Le rêve, quand il ne reste du retour


    Que le bond par-dessus le pays.








    Si loin que soit l’oreille,


    Non, ne plus savoir où,


    Comme celui qui se blesse


    En pensant qu’il y avait un temps


    Où il n’existait pas.





    HALETANTES EMPREINTES





    I





    Otez vos bottes, ô béquillards,


    Vos vêtements mouillés de vin.


    Feutrez les joints de vos fenêtres.





    Le gel encore cassera les bouteilles,


    les corbeaux mal noircis.





    II





    De tous les abandons, pertes


    Et renoncements,


    A la fin


    Un seul danse :


    Une mâchoire folle


    Dans des chaussures trouées.





    III





    Et ce cheval est encore la nuit,


    Une espèce de laine à l’un


    De ses bouts, la comète caudée.





    Ainsi la vie


    Et la salive de l’effarouchement.











    Rien d’autre ! – La légende de l’air


    Et l’amour en vieux drap brûlé.





    Nous avions entre nous surnoms d’herbes


    Et la pluie se tordait dans la soif des arbres.








    LA NUIT SUR TOUT





    Chaudement la maison


    Et le feu sans fumée.





    A dos courbé,


    Couper, couper les mots


    Comme des chiens à force de dents,


    Des dogues.








    Non pas feuille du chêne, mais quinconce.


    Tablature, non pas chant,


    Quand il nous semble que nous vivons


    Par un seul signe de tête.





    Patrick Wateau


    « Bois en défends » éditions Cheyne
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    Message par bye Dim 15 Mar - 10:35

    Flottement 8 : quand les plaisirs du ratage et de la
    réussite s’emmêlent aussitôt les mots font des phrases





    1° hypothèse : la rature est au coeur du discours.


    C’est l’infinissable qui me suggère de mettre le principe de
    rature au dos des mots avec toutes mes erreurs. Ce sont elles qui me rendent
    humaine, pas moi. Il faut s’inquiéter et créer des ricochets aimés des ratures.
    Le suggéré, le flou, la trace induisent presque toujours le regardant vers le
    plus. C’est le moins montré que je regarde le plus, il subvertit les songes au
    plus près de la peau.





    2° hypothèse : il y a des taches sur le dos des mots.


    Aux terrasses pleines, ce sont ces taches qui ronchonnent en
    rond et qui créent de même. Trois petits tours et puis s’en vont, en rond dans
    leurs cercles où la qualité se démène. Une seule tache sur un mot suffit à
    reconduire à la porte le connu, à déchirer les modèles et flatter les demains.
    Elles gomment les parangons et comptent le nombre de vivants qu’il reste.


    L’obligatoire dissolution, ses ratures et ses taches,
    amalgament leurs poussières dans les rythmes d’une mesure qui restera
    immesurablement plurielle.


    J’avais écrit à Jeanne. Je lui avais dit qu’il ne suffit pas
    de savoir la rature au cœur du discours mais qu’il faut savoir qu’elle est déjà
    au cœur du mot. Qu’il ne faut jamais l’oublier. Que notre dos existe même quand
    il n’est pas douloureux. Pour le corps et pour le mot il en est de même, nous
    les savons, souffrants dans leurs ratures. Elle, toujours sobre, m’a répondu
    quelques mots qu’elle a raturés. J’aime plus que tout ces quelques mots, ils
    ont raté le dire et osent le montrer. Ils font tout le poids d’une personne
    entièrement là.





    Sous la rature, une tache, sous la tache, le mot. Sous le
    mot, le flottement huit et tous les autres.





    Marie Rousset revue
    « Comme ça et autrement ».
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    Message par bye Lun 16 Mar - 8:38

    La clarté, moi, les fleurs, l’eau





    Pas de nuages.


    Pas de vent.


    Je m’assieds au bord du bassin :


    Déambulation des poissons, la clarté, moi, les fleurs,l’eau.


    Pureté de la grappe de vie.





    Ma mère cueille du basilic.


    Pain, basilic et fromage ; un ciel sans taches, des pétunias mouillés.


    La délivrance approche : parmi les fleurs de la cour.





    La lumière dans le bol de cuivre que de caresses
    verse-t-elle !


    L’échelle par le sommet du grand mur apporte le matin sur la terre.


    Derrière un sourire toute chose cachée.


    Le mur du temps possède une brèche, où mon visage apparaît.


    Il y a des choses que je ne sais pas.


    Je sais, si j’arrache une herbe je mourrai.


    Je monte au zénith, je suis plein du plumage.


    Je vois le chemin dans les ténèbres, je suis plein du fanal.


    Je suis plein de la lumière et du sable


    Plein de la frondaison


    Je suis plein du chemin, du pont, de la rivière, de l’onde.


    Je suis plein du reflet de la feuille dans l’eau :


    Puisque mon dedans est seul.





    Jusqu’à la pulsation humide du matin





    Ah ! Quelle splendeur dans le don des surfaces !


    O digne cancer de l’esseulement !


    Que ma surface te soit octroyée !





    Une personne est venue


    Qui a prolongé ma main


    Jusqu’aux muscles du paradis.


    Une personne est venue portant la clarté du matin des religions


    Au centre des boutons de sa chemise.


    Elle tissait les fenêtres


    Avec l’herbe sèche de versets anciens.


    Elle était jeune, comme les avant-hier de la pensée.


    Son gosier s’était empli


    Du bleu caractère des fleuves.


    Une personne est venue qui a emporté mes livres.


    Au-dessus de ma tête elle a tiré un toit de l’harmonie des fleurs.


    Elle a déployé mon soir en lucarnes répétées.


    Elle a déposé ma table sous la spiritualité de la pluie.


    Puis, nous nous sommes assis.


    Nous avons parlé de minutes boisées,


    De mots dont la vie s’écoulait au cœur de l’eau.


    Notre séjour sous les nuages opportuns


    Tel le corps étourdi d’une colombe soudaine


    Avait un volume agréable.





    C’était le milieu de la nuit, dans le remous des fruits


    La silhouette des arbres se fit étrange.


    Le fil moite de notre sommeil s’égara.


    Puis


    La main se baigna dans les prémices du corps.


    Puis, dans les entrailles humides de l’orme du jardin


    Ce fut le matin.





    Oasis dans l’instant





    Si vous venez à moi,


    Je suis derrière le pays du Rien.


    Derrière le pays du Rien se trouve un lieu.


    Derrière le pays du Rien les veines de l’air regorgent d’akènes


    Apportant des nouvelles de la fleur éclose au plus lointain buisson de la terre.


    Et sur les sables figure la trace des chevaux de ces sublimes cavaliers qui au matin


    Gravirent la colline de l’ascension des coquelicots.


    Derrière le pays du Rien, le parapluie du désir est ouvert :


    Dès qu’une brise de soif s’élance au tréfonds d’une feuille,


    Le tocsin de la pluie se met à sonner.


    Ici l’homme est seul


    Et dans cette solitude, l’ombre d’un orme court pour l’éternité.





    Si vous venez à moi,


    Venez-vous en doucement, de crainte que ne se fendille


    La fine porcelaine de ma solitude.











    Sohrâb Sepehri





    Trois poèmes extraits de Soleil Vert, traduits du persan par
    Tayebeh Hashemi et Jean-Restom Nasser.





    Sohrâb Sepehri ( 1928-1980 ), peintre et poète iranien, est
    né à Kâchân où il vécut la majeure partie de sa vie. Son œuvre poétique comprend huit recueils qui, rassemblés en un seul ouvrage ( Huit Livres ), ont paru en 1984 à Téhéran.





    Revue « Petite » printemps 1997.
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    Message par bye Mar 17 Mar - 7:52

    Tu vis loin de ton
    visage






    Les phalènes sont mortes sur ta langue trop obscure


    De l’absence de lumière


    Leurs mausolées se dressent dans tes mots


    Chacun de tes pas n’épaissit que la nuit


    Le jour est mort sur ta face


    Et sa chair y tourne.


    Tu vis loin de ton corps


    Quelque part hors de la planète


    Pour ne plus voir sa carcasse que la vie ne visite plus


    Dans ta mémoire, les reflets que le jour a gravés


    Ont consumé leur corps


    Mais tu n’oses le retour


    Les racines de ce visage que tu traînes sont profondes


    Tu parles tu parles


    Tes mots ne sont que silence décoré de bruits


    Puisqu’ils ne disent rien que l’absence de la parole


    Attendue désespérément par les captifs du désir





    Tu parles tu parles


    Ta bouche n’est que l’absence de la lumière ambroisie du
    geste.


    Terrienne, je porte els pierres dans mon baluchon de voyage


    Et je te suis, érigeant des cairns au bord de tes traces


    Pour que demain, lorsque tu chercheras ton visage premier


    Tu retrouves tes pas le long des pierres


    Ou dus able


    Puisque des pierres le temps tire le sable.





    Alain serge DZOTAP





    Jeune poète Camerounais publié dans la revue
    « L’Estracelle » ( Maison de la poésie Nord/Pas de Calais )
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    Message par Rabasse du sud Mar 17 Mar - 23:06

    vers


    vert


    ver


    verre

    cristal
    de
    terre




    main tendue
    vers
    la
    vie

    existence
    résistance

    vers


    vert


    ver


    verre

    limpide et clair
    oligochète

    origine de la terre
    retourne bêche

    la tête de vert, vers le verre
    cristal transparent

    des eaux .......

    j'ai soif
    sur la terre.....


    tortilla sépon d'une nuit glauque.......



    n'importe quoi
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    Message par Rabasse du sud Mar 17 Mar - 23:08

    Printemps des poètes d'aujourd'hui Grosse-fatigue
    bye
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    Message par bye Mer 18 Mar - 6:42

    PROMOTION DU BLANC





    Napoléon lavait-il blanc ?





    Plus blanc que Robespierre qui lavait blanc ?


    Déjà on s’en contentait . Plus blanc que Robespierre il
    fut un temps on n’imaginait pas. Puis on se rendit à l’évidence Napoléon lavait
    plus blanc.





    Lavait-il blanc ?
    Il fut un temps on s’en contentait. Plus blanc que le blanc Napoléon on ne pouvait imaginer, on ne se rendait pas compte que le blanc n’était pas blanc, ce qu’on appelle blanc – un blanc qui soit blanc ou même qui soit





    Blang !





    Blang vint le blanc d’Afrique qui enfin était blanc
    véritablement blanc même au soleil. C’était un blanc plus blanc qui réjouissait les fibres les plus intimes et les tissus du blanc qui jamais certainement n’avait été blanc et l’on s’en contentait. Toute une époque on prit ce blanc pour du blanc seulement parce qu’il était plus blanc mais était-il blanc VERITABLEMENT blanc ?





    Le blanc Hitler était plus blanc il l’avait blanc un blanc
    plus blanc que le blanc parce qu’à l’époque on remarqua des auréoles qui résistaient, des taches de chocolat et des taches de sang ( essayez de faire partir des taches de sang sur le blanc )





    - Mais quelle idée de mettre des taches de sang sur le
    blanc ( ou n’était-ce qu’un semblant ?





    Ici, paragraphe sur le


    Semblant de sang blanc
    sur



    Le blanc )





    Il se vérifia toutefois qu’il y eut des taches de sang sur
    le blanc. C’est à la même époque qu’il y eut le blanc Staline dont on ne doutait pas qu’il lavât plus blanc que le blanc. L’avait-il plus blanc que le blanc Hitler





    C’était une rude question et la question du blanc rudement
    fut débattue. Ce fut une époque d’intense lessivage, en partie aveugle, les taches d’œufs aussi devaient partir on employa les machines on n’osait leur confier le linge délicat. On ne fit plus bouillir on frotta à la main.





    De nouveau on frotta à la main pour ne pas gâter le linge
    délicat, les lainages – avec leurs taches de graisse les auréoles de chocolat, on redécouvrit à l’époque ce qu’était le blanc ( les mauvaises lessives qui enlèvent les taches mais nuisent au blanc )





    Et qui donnait en définitive une idée du blanc qui n’était
    pas le blanc mais on s’en contentait. En attendant le blanc





    Un blanc qui fut vraiment blanc presque sans bouillir





    Sans abîmer les mains.





    « Ce qui va » , Claude Vercey – éditions le Dé
    Bleu –


    Claude Vercey est né en 1943 à Dijon. Au sein du collectif Impulsions, il est animateur de lectures et de spectacles au service de la création poétique contemporaine. Poète, il a publié : Déplacé en pays d’abondance ( Chambelland, 1971 ), L’Etrangère ( ibid, 1974 ),Les 100 papiers ( Ed. du Guichet, 1984 ) L’Animal le géomètre ( Brémond, 1985 ), Episodes de feuilles à l’arbre sec ( Le dé Bleu, 1988 )

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