Où va la Politique Agricole
Commune (PAC) ?
Xole Aire (agricultrice), Maite Goienetxe
(employée), Madouce Araguas (agricultrice) et Béa Elissalde
(pêcheuse)
La politique agricole créée par le Traité de Rome en
1957 a été mise en place en 1962. Son objectif initial était d'accroître la
productivité et d'assurer un niveau de vie équitable à la population agricole.
Plus de cinquante ans plus tard, le résultat est là : en France, les paysans
sont passés du tiers de la population active à quelques pour cent. En effet, la
France perd chaque année près de 30 000 paysans et l'équivalent de 50 000
emplois agricoles. Malgré un taux d'installation meilleur qu'ailleurs, la
situation va dans le même sens au Pays Basque, puisque Euskal Herria perd aussi
1 200 fermes/an.
La pêche dont les orientations sont définies par la
PEC (politique européenne des pêches) subit le même sort avec la perte de plus
de la moitié des petits pêcheurs en 20 ans seulement. Le mode de redistribution
des aides à l'agriculture et à la pêche visant à accroître la productivité s'est
donc réalisé via une méthode d'élimination des plus petits pêcheurs et paysans,
il a consisté à donner plus de primes à celui ayant le plus de terres ou à
donner davantage de quotas à celui ayant le plus grand bateau. Cela a entraîné
l'apparition de grandes «exploitations agricoles» et des chaluts équipés de
filets pélagiques.
Le résultat attendu, c'est-à-dire l'accès à un
niveau de vie équitable pour la population agricole, s'est transformé à une
disparité grandissante entre gens de la même profession. Aujourd'hui les plus
grandes «exploitations» défendent leurs acquis historiques continuant pour
certaines à toucher des primes même déconnectées de toute production tandis que
les plus petits tentent en vain de rester paysan ou pêcheur.
Les jeunes, notamment hors cadre familial, qui
veulent s'installer sont effrayés par le niveau de capital que représentent les
fermes d'aujourd'hui, rendant impossible une transmission de ce genre. Ils ne
peuvent même pas accéder à des terres en location car ces dernières se monnaient
selon qu'elles possèdent un droit à produire ou pas. Le modèle actuel de la PAC
devient un outil de spéculation. Aujourd'hui encore, alors que la France touche
à elle seule 8 milliards d'euros/an, l'argent de la PAC va aider les systèmes
les moins écologiques, les moins durables. Bien que quelques réorientations se
dessinent pour tenter surtout de redorer l'image de la PAC auprès des citoyens
contribuables, le résultat est que celui qui produit du maïs irrigué avec des
produits chimiques est encore aujourd'hui toujours beaucoup plus aidé que
l'agriculteur qui décide de travailler en bio.
Une PAC qui réponde aux attentes de la
société
Le mécanisme de produire « à n'importe quel prix
mais peu cher » pour activer une féroce concurrence sur le marché, avec un prix
du travail non rémunérateur pour le paysan ou le pêcheur, mais compensé par des
primes, a non seulement entraîné un désastre social et une équation
économiquement non tenable mais a aussi débouché sur une situation écologique
quasi irréversible. La pollution des eaux et l'érosion des sols en sont les
preuves les plus irréfutables avec en parallèle l'augmentation des problèmes de
santé chez l'humain, dont la relation de cause à effet commence aujourd'hui à
être démontrée.
Ce modèle de politique agricole commune est bien
dans les clous du modèle libéral souhaité par les firmes, les banques, les
multinationales qui sont actuellement aux manettes de l'Union Européenne. Alors
qu'un agriculteur se voit imposer de plus en plus de contrôle pour vérifier au
millimètre l'exactitude de ses déclarations, absolument aucun contrôle n'est
exigé aujourd'hui sur le fonctionnement de la plus grande institution économique
européenne à savoir la banque centrale européenne qui finance les politiques de
libéralisation des biens et des marchandises.
Car en effet, c'est bien cette libre circulation des
biens et des marchandises, fondant la philosophie même du traité de Lisbonne,
qui a permis le développement d'un modèle néolibéral dans les secteurs de
l'agriculture et de la pêche. Rappelons ici que le traité de Lisbonne n'est que
la copie conforme du traité constitutionnel européen de 2005, qui avait été
refusé par référendum par des milliers de concitoyens européens ici au Pays
Basque, en France et dernièrement en Irlande. Ce traité de Lisbonne nous a
finalement quand même été imposé d'une manière antidémocratique dans une version
« simplifiée » par les défenseurs du modèle libéral. Euskal Herriaren Alde
souhaite donc une réorientation de la PAC vers un système de redistribution des
deniers publics permettant de répondre aux attentes de toute la société à savoir
: le maintien et la création d'emplois, la vulgarisation des méthodes agricoles
garantissant la réelle protection de l'environnement et la qualité gustative et
sanitaire des aliments, le soutien à une politique de développement des énergies
renouvelables, le renforcement de l'agriculture dans les zones fragilisées comme
la montagne, la prévention des risques sanitaires.
Réorientation de l'agriculture se joue aussi
localement
Défendre une autre PAC se joue à Bruxelles mais
aussi localement au Pays Basque d'une manière sincère. Pendant que les instances
départementales se désintéressaient voire méprisaient l'agriculture du Pays
Basque nord, les paysans basques se sont pris en main pour créer les outils
permettant aux exploitations locales, et même aux plus petites, d'optimiser
leurs atouts pour rester dynamiques et nombreuses. C'est en ce sens qu'Euskal
Herriaren Alde croit que les solutions ne doivent pas seulement être attendues «
d'en haut » mais doivent venir du travail en commun local. Les paysans basques
le savent bien puisqu'ils développent, de leur propre chef, depuis près de 30
ans, des systèmes alternatifs.
Tout comme le font aujourd'hui les pêcheurs. Néanmoins,
les associations qui portent ces projets sont régulièrement confrontées au
manque de moyens humains et financiers alors que leurs actions sont pourtant
reconnues comme crédibles par toutes les instances départementales et
régionales. Pour pallier à ce déficit, le Pays Basque nord a besoin d'un cadre
institutionnel propre, doté d'un statut politique fort, comprenant notamment le
pouvoir de dessiner sa politique agricole et donnant à celle-ci des moyens
suffisants. Un statut d'Autonomie permettrait au Pays Basque Nord de légiférer
sur l'agriculture et la pêche alors qu'aujourd'hui, on décide pour le Pays
Basque partout sauf en Pays Basque.
Cette reconnaissance est une nécessité et elle
repose avant tout sur le travail des abertzale. Euskal Herriaren Alde défend
aussi un modèle de développement qui ne mette pas en péril la dignité des
générations futures. EHA défend un modèle solidaire de tous les paysans et
pêcheurs en lutte dans le monde, qui se battent pour que leurs terres vivrières
ne soient pas accaparées par les multinationales ne pensant qu'à produire des
agro-carburants pour les voitures. EHA défend un modèle écologique nécessaire
ici et ailleurs.
EHA vous invite le samedi 23 mai à 21 heures à
Musculdy à une conférence portant sur le devenir de l'agriculture et de la pêche
en Pays Basque en présence de paysans et pêcheurs des 7 provinces notamment
Koldo Rezano paysan navarrais dont le maïs bio a été contaminé par du maïs
transgénique.
L'opinion - Tribune Libre
Source: http://www.lejpb.com/paperezkoa/20090522/138217/fr/Ou-va-Politique-Agricole-Commune-PAC-
Commune (PAC) ?
Xole Aire (agricultrice), Maite Goienetxe
(employée), Madouce Araguas (agricultrice) et Béa Elissalde
(pêcheuse)
La politique agricole créée par le Traité de Rome en
1957 a été mise en place en 1962. Son objectif initial était d'accroître la
productivité et d'assurer un niveau de vie équitable à la population agricole.
Plus de cinquante ans plus tard, le résultat est là : en France, les paysans
sont passés du tiers de la population active à quelques pour cent. En effet, la
France perd chaque année près de 30 000 paysans et l'équivalent de 50 000
emplois agricoles. Malgré un taux d'installation meilleur qu'ailleurs, la
situation va dans le même sens au Pays Basque, puisque Euskal Herria perd aussi
1 200 fermes/an.
La pêche dont les orientations sont définies par la
PEC (politique européenne des pêches) subit le même sort avec la perte de plus
de la moitié des petits pêcheurs en 20 ans seulement. Le mode de redistribution
des aides à l'agriculture et à la pêche visant à accroître la productivité s'est
donc réalisé via une méthode d'élimination des plus petits pêcheurs et paysans,
il a consisté à donner plus de primes à celui ayant le plus de terres ou à
donner davantage de quotas à celui ayant le plus grand bateau. Cela a entraîné
l'apparition de grandes «exploitations agricoles» et des chaluts équipés de
filets pélagiques.
Le résultat attendu, c'est-à-dire l'accès à un
niveau de vie équitable pour la population agricole, s'est transformé à une
disparité grandissante entre gens de la même profession. Aujourd'hui les plus
grandes «exploitations» défendent leurs acquis historiques continuant pour
certaines à toucher des primes même déconnectées de toute production tandis que
les plus petits tentent en vain de rester paysan ou pêcheur.
Les jeunes, notamment hors cadre familial, qui
veulent s'installer sont effrayés par le niveau de capital que représentent les
fermes d'aujourd'hui, rendant impossible une transmission de ce genre. Ils ne
peuvent même pas accéder à des terres en location car ces dernières se monnaient
selon qu'elles possèdent un droit à produire ou pas. Le modèle actuel de la PAC
devient un outil de spéculation. Aujourd'hui encore, alors que la France touche
à elle seule 8 milliards d'euros/an, l'argent de la PAC va aider les systèmes
les moins écologiques, les moins durables. Bien que quelques réorientations se
dessinent pour tenter surtout de redorer l'image de la PAC auprès des citoyens
contribuables, le résultat est que celui qui produit du maïs irrigué avec des
produits chimiques est encore aujourd'hui toujours beaucoup plus aidé que
l'agriculteur qui décide de travailler en bio.
Une PAC qui réponde aux attentes de la
société
Le mécanisme de produire « à n'importe quel prix
mais peu cher » pour activer une féroce concurrence sur le marché, avec un prix
du travail non rémunérateur pour le paysan ou le pêcheur, mais compensé par des
primes, a non seulement entraîné un désastre social et une équation
économiquement non tenable mais a aussi débouché sur une situation écologique
quasi irréversible. La pollution des eaux et l'érosion des sols en sont les
preuves les plus irréfutables avec en parallèle l'augmentation des problèmes de
santé chez l'humain, dont la relation de cause à effet commence aujourd'hui à
être démontrée.
Ce modèle de politique agricole commune est bien
dans les clous du modèle libéral souhaité par les firmes, les banques, les
multinationales qui sont actuellement aux manettes de l'Union Européenne. Alors
qu'un agriculteur se voit imposer de plus en plus de contrôle pour vérifier au
millimètre l'exactitude de ses déclarations, absolument aucun contrôle n'est
exigé aujourd'hui sur le fonctionnement de la plus grande institution économique
européenne à savoir la banque centrale européenne qui finance les politiques de
libéralisation des biens et des marchandises.
Car en effet, c'est bien cette libre circulation des
biens et des marchandises, fondant la philosophie même du traité de Lisbonne,
qui a permis le développement d'un modèle néolibéral dans les secteurs de
l'agriculture et de la pêche. Rappelons ici que le traité de Lisbonne n'est que
la copie conforme du traité constitutionnel européen de 2005, qui avait été
refusé par référendum par des milliers de concitoyens européens ici au Pays
Basque, en France et dernièrement en Irlande. Ce traité de Lisbonne nous a
finalement quand même été imposé d'une manière antidémocratique dans une version
« simplifiée » par les défenseurs du modèle libéral. Euskal Herriaren Alde
souhaite donc une réorientation de la PAC vers un système de redistribution des
deniers publics permettant de répondre aux attentes de toute la société à savoir
: le maintien et la création d'emplois, la vulgarisation des méthodes agricoles
garantissant la réelle protection de l'environnement et la qualité gustative et
sanitaire des aliments, le soutien à une politique de développement des énergies
renouvelables, le renforcement de l'agriculture dans les zones fragilisées comme
la montagne, la prévention des risques sanitaires.
Réorientation de l'agriculture se joue aussi
localement
Défendre une autre PAC se joue à Bruxelles mais
aussi localement au Pays Basque d'une manière sincère. Pendant que les instances
départementales se désintéressaient voire méprisaient l'agriculture du Pays
Basque nord, les paysans basques se sont pris en main pour créer les outils
permettant aux exploitations locales, et même aux plus petites, d'optimiser
leurs atouts pour rester dynamiques et nombreuses. C'est en ce sens qu'Euskal
Herriaren Alde croit que les solutions ne doivent pas seulement être attendues «
d'en haut » mais doivent venir du travail en commun local. Les paysans basques
le savent bien puisqu'ils développent, de leur propre chef, depuis près de 30
ans, des systèmes alternatifs.
Tout comme le font aujourd'hui les pêcheurs. Néanmoins,
les associations qui portent ces projets sont régulièrement confrontées au
manque de moyens humains et financiers alors que leurs actions sont pourtant
reconnues comme crédibles par toutes les instances départementales et
régionales. Pour pallier à ce déficit, le Pays Basque nord a besoin d'un cadre
institutionnel propre, doté d'un statut politique fort, comprenant notamment le
pouvoir de dessiner sa politique agricole et donnant à celle-ci des moyens
suffisants. Un statut d'Autonomie permettrait au Pays Basque Nord de légiférer
sur l'agriculture et la pêche alors qu'aujourd'hui, on décide pour le Pays
Basque partout sauf en Pays Basque.
Cette reconnaissance est une nécessité et elle
repose avant tout sur le travail des abertzale. Euskal Herriaren Alde défend
aussi un modèle de développement qui ne mette pas en péril la dignité des
générations futures. EHA défend un modèle solidaire de tous les paysans et
pêcheurs en lutte dans le monde, qui se battent pour que leurs terres vivrières
ne soient pas accaparées par les multinationales ne pensant qu'à produire des
agro-carburants pour les voitures. EHA défend un modèle écologique nécessaire
ici et ailleurs.
EHA vous invite le samedi 23 mai à 21 heures à
Musculdy à une conférence portant sur le devenir de l'agriculture et de la pêche
en Pays Basque en présence de paysans et pêcheurs des 7 provinces notamment
Koldo Rezano paysan navarrais dont le maïs bio a été contaminé par du maïs
transgénique.
L'opinion - Tribune Libre
Source: http://www.lejpb.com/paperezkoa/20090522/138217/fr/Ou-va-Politique-Agricole-Commune-PAC-