L'incident entre Vincent Peillon et France 2 fait des vagues
Des responsables socialistes ont soutenu vendredi le député européen Vincent Peillon, après son coup d'éclat de la veille avec France 2, mais l'UMP dénonce une « basse manipulation » et son mépris envers les journalistes.
Discussion: Parti socialiste
Tant Martine Aubry, premier secrétaire du Parti socialiste, que Benoît Hamon, porte-parole, ont donné raison à l'élu, qui a dit avoir refusé de servir de décor à une opération visant, selon lui, à aider le ministre de l'Immigration.
Vincent Peillon a pratiqué au dernier moment la politique de la chaise vide lors de l'émission « À vous de juger », où il devait intervenir en seconde partie, après un débat entre Éric Besson et la vice-présidente du Front national, Marine Le Pen.
La chaîne a estimé avoir été « piégée » en plein direct et l'une de ses responsables a parlé de « méthodes de voyou ».
Vincent Peillon, qui a réclamé la démission d'Arlette Chabot, la directrice de l'information de France 2, a redit vendredi qu'on avait cherché à lui faire cautionner un « exercice d'abaissement national en voulant bien jouer les idiots utiles ».
« Ce débat lancé par Éric Besson ne méritait pas d'être lancé sur une chaîne de service public, en plus, avec comme interlocuteur Madame Le Pen ; […] il y a un dévoiement du service public », a-t-il estimé sur France Info.
« Donc, il faut que les gens qui organisent ça, à un moment, mesurent qu'il y a des gens qui ne sont pas d'accord et qui sont prêts à entrer en combat avec eux, mêmes si ce sont des gens très puissants. […] Il faut à un moment que les gens disent les choses et le manifestent brutalement », a-t-il ajouté.
SCANDALE OU MANIPULATION ?
Le député européen a précisé avoir prévenu Martine Aubry, « il y a 48 heures ». Cette dernière lui a apporté son soutien lors de ses vœux à la presse, à Lille, dont elle est le maire.
« J'étais prévenue de sa décision et je soutiens pleinement Vincent Peillon », a-t-elle déclaré. « On ne peut pas inviter quelqu'un et ensuite le reléguer à la fin d'une émission après une mise en scène d'un ministre. […] Ce n'est pas digne d'une télévision de service public », a-t-elle fait valoir.
En revanche, le député PS Manuel Valls a exprimé sur France 2 des réserves. « Laisser sa chaise vide à un moment où les téléspectateurs et notamment les électeurs de gauche souhaitaient peut-être une confrontation, […] ça laisse forcément s'installer une forme de malaise », a-t-il dit.
Éric Besson a souligné le manque de courage, selon lui, du dirigeant socialiste. « C'est la seule astuce que Vincent Peillon a trouvée pour essayer de faire parler de lui. Cela ne me paraît ni très glorieux ni très courageux », estime-t-il dans Le Monde daté du 16 janvier.
Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP, n'est pas plus tendre. Il juge dans un communiqué que « mentir pendant quarante-huit heures, en jouant la comédie », à la chef du service politique du service public de l'audiovisuel, « s'appelle une basse manipulation ».
Un autre porte-parole de l'UMP, Dominique Paillé, a abondé dans le même sens. « Peillon a démontré d'une manière très lamentable qu'il est un fourbe, c'est-à-dire quelqu'un auquel on ne peut pas accorder sa confiance. Voilà pour l'homme », a-t-il dit sur France Info.
Pour le Parti communiste, les polémiques sur « l'échec de la présence-caution de Vincent Peillon ne peuvent faire oublier le véritable scandale de cette soirée : la parole une fois de plus donnée à une heure de grande écoute sur la principale chaîne du service public à des thèses qui ne servent qu'à diviser les Françaises et les Français ».
Arlette Chabot, quant à elle, a relevé que « tout le monde veut des débats à la télévision ». Et a ajouté, sur France 2 : « Le service public en organise et c'est extrêmement regrettable que ceux qui veulent des débats soient les premiers à essayer d'une manière ou d'une autre de les perturber. »
Elizabeth Pineau et Gérard Bon, édité par Gilles Trequesser
Avez-vous regardé l'émission ? Peillon a-t-il eu raison ? Aurait-il dû aller dans cette émission ? Si on aime les débats, faut-il débattre de tout et avec tout le monde ?