Distribution d'eau : la concurrence s'éveille, les prix baissentLe Monde - 13 février 2010
Enfin une bonne nouvelle ! Les prix de l'eau sont orientés à la baisse. L'enquête annuelle de la Fédération professionnelle de l'eau, réalisée par la société d'études BIPE, attendue fin février, devrait conclure à une diminution moyenne des tarifs de 5 % à 9 %. La raison : le secteur, qui a longtemps fonctionné en oligopole, s'éveille à la concurrence, sous la pression des élus municipaux.
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Ainsi, dans l'agglomération toulousaine a été décidé, vendredi 12 février, le principe de la création d'une "autorité organisatrice d'un véritable service public de l'eau". C'est un avertissement lancé à Veolia, l'opérateur privé titulaire, depuis 1990, du contrat d'exploitation d'eau de la ville. Le président de la communauté urbaine et maire de Toulouse, Pierre]http://www.lemonde.fr/sujet/ea37/pierre-cohen.html]Pierre Cohen[/url] (PS), est mandaté pour négocier au nom de l'agglomération. Il a déjà arraché à Veolia une baisse de 25 % du prix de l'eau potable, hors coût d'assainissement, pour la ville intra-muros, qui devrait se traduire, pour l'usager, par une réduction de 12,5 % de sa facture.
"La nouvelle autorité gérera les régies municipales, coordonnera le patchwork des 25 communes et pourra contrôler les délégations au privé", se félicite Nicolas]http://www.lemonde.fr/sujet/1ef8/nicolas-tissot.html]Nicolas Tissot[/url], adjoint au maire de Toulouse,
"avec l'objectif, d'ici à 2020, de faire basculer l'ensemble des communes vers une régie municipale".
L'intercommunalité pousse les collectivités à se regrouper et à reprendre la main pour obtenir des baisses substantielles de prix. Les élus s'entourent des meilleurs conseillers :
"Il arrive que nous retrouvions, face à nous, d'anciens collaborateurs passés au public et très au fait de nos métiers", admet un dirigeant d'entreprise privée.
Le Grand]http://www.lemonde.fr/sujet/c22a/grand-lyon.html]Grand Lyon[/url] a négocié, avec Veolia, une réduction de 16 % en 2008, et Reims, en régie publique, a baissé ses prix de 10 % en 2009. Veolia a accepté de descendre son tarif de 23 % à Saint-Etienne, depuis le 1
er janvier 2009, soit, pour la Société stéphanoise des eaux (SSE, groupe Veolia), une perte de 6,2 millions d'euros sur un chiffre d'affaires annuel de 34 millions d'euros.
La métropole de Nantes, qui a repris la compétence de l'eau en 2001, avait aussitôt renégocié et obtenu une baisse de 30 % du prix pour la moitié des communes.
Entre 2010 et 2017, nombre de contrats de distribution d'eau parmi les plus importants arrivent à échéance.
"Les collectivités locales ont là une fenêtre de tir exceptionnelle pour renégocier et relancer des appels d'offres en brandissant la menace d'un retour en régie publique", remarque Loïc]http://www.lemonde.fr/sujet/db6d/loic-mahevas.html]Loïc Mahévas[/url], directeur général de Service public 2000, cabinet de conseil aux élus. On devrait ainsi connaître, au printemps, le délégataire de l'énorme contrat du Syndicat des eaux d'Ile-de-France (Sedif), avec ses 4 millions d'usagers, dévolu à Veolia depuis 1923, et qui va forcément se solder par une baisse des prix.
Les concessions de Marseille et de Brest expirent, elles, en 2012, celles de la Communauté urbaine de Lille, en 2015, et de Lyon, en 2016. Ce calendrier est l'un des effets tardifs des lois Sapin, de 1993, et Barnier, de 1995, qui ont limité à vingt ans la durée des concessions. A Chelles (Seine-et-Marne), la Nantaise des eaux, du groupe allemand Gelsenwasser, a proposé un prix de 40 % inférieur à celui de ses concurrents et remporté le contrat d'assainissement à la barbe de Veolia qui, mauvais joueur, a posé (mais perdu, le 1
er février) un recours devant le tribunal administratif.
"Nous avons l'intention de nous implanter en France et sommes présents dans une trentaine d'appels d'offres en cours", annonce Jean-Pierre]http://www.lemonde.fr/sujet/71d8/jean-pierre-ciglia.html]Jean-Pierre Ciglia[/url], président de Nantaise des eaux services, qui remarque que
"les prix de l'eau dans les grandes agglomérations étaient confortables", laissant une marge pour proposer moins cher. La Saur compte, elle, être présente aux prochains appels d'offres de Bordeaux, Lyon et Marseille.
"Nous observons une concurrence beaucoup plus ouverte, avec des prix tirés vers le bas", confirme M. Mahévas, de Service public 2000,
"car les offres des compétiteurs sont très proches des coûts techniques que nous chiffrons, sur lesquels s'appuient les collectivités locales pour faire leur choix".
Sans attendre l'expiration des contrats, les élus mettent à profit une autre innovation de la loi Sapin, le rendez-vous quinquennal. La Communauté urbaine de Lille (60 communes, 300 000 abonnés) a ainsi fait appel à une commission d'arbitrage pour tenter de
"récupérer une partie des 152 millions d'euros que Suez a provisionnés pour réaliser des travaux, et qui n'ont pas été complètement dépensés", explique Alain]http://www.lemonde.fr/sujet/5ed3/alain-cacheux.html]Alain Cacheux[/url], son président :
"Nous attendons de cette négociation ardue une baisse de 10 % du prix de l'eau potable, compensée par une hausse de la "redevance assainissement" afin de financer la construction d'une station d'épuration." Marc Daniel et Isabelle Rey-Lefebvre