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    Message par bye Lun 1 Mar - 5:40

    Dans quelle couleur vit-on après les yeux ?
    quand commence-t-elle ?

    JAUNE ouvre un espace lecteur à notre attachement
    une compression de semence, de colline, de peinture

    on peut l'installer dans de nouvelles phrases

    si jaune est ainsi compacté, alors JAUNE est un dire
    plusieurs verbes, plusieurs sensations

    redevables d'une autre ressemblance, comme si on avait
    introduit une lettre de plus dans l'alphabet

    jaune vu et JAUNE lu.

    Une fois JAUNE prononcé, le poème devient impensable réel.
    On voit qu'on ne sait plus ce qu'on voit. On voit que ce qu'on a voulu dans le bois de genêts est inappropriable.

    Une induration aussi blessante que jouissive.

    Un extrait, une non-ressemblance incorporée.


    Ne croyez pas que j'aie quitté la colline, ni rejoint un miracle de langue.
    Simplement, ce qui reste impossible est bien là; la douleur paraît extensible jusqu'à l'exprimable.

    Non-décrite, non-descriptible.
    JAUNE en quelque sorte numérisé, d'une grande finesse aveugle.

    jaune obstrué par sa splendeur.

    Couleur d'amour sera contrariée.
    Cela s'appelle, au présent, un effondrement dans la certitude.

    JAUNE sur tombe
    mon corps d'ailleurs, mes autres corps.

    induisant facilement une sorte de négatif dans le paysage: la tendresse d'une bête, une contrainte dans les arbres, du vent noir.

    Nicolas Pesquès - La face nord de Juliau, six - André Dimanche éditeur -
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    Message par bye Mar 2 Mar - 5:55

    Ils n'ont pas su la lumière. Ils ont connu son éblouissement - en cela ils sont nos frères - aimé son corps de velours dans le corps de leur femme qu'ils couchaient le soir sous leurs mains dures.
    Je n'ai rien dit jusqu'alors, rien su de leurs étouffements, du cheval qui partageait l'eau, la peur, le quignon de pain, des assemblées muettes, ces petites flammes dans le regard, à l'heure de la gamelle, calices d'une rumeur étrange, avec les bruits du dessus encore vivants dans les fourchettes.
    L'homme qui descend sous le sol est sacré. Il est mort à l'instant même où il a franchi son ombre. Et moi, aujourd'hui, je ressemble à la terre, à chacun de ses renoncements, à ses chemins pris au piège des ronces, à ses gémissements qui viennent non pas de la jachère mais de la mer, à ses hordes de blé et de seigle, à ses collants rouges bien mûrs qui la protègent des abeilles, à ses bouquets d'asters et de misères, à ses regards de fièvre, de brume, à son écorce d'eaux troubles, à ses lavis d'automne mutilés d'instants, aux mains tendues des buissons où s'endorment les cailles visiteuses, à ses transfuges de naissances et de jonquilles, à ses voyages de petite fille qui danse sur elle-même, à son ange noir de lave et de routes intérieures, à ses marais enroulés aux cheveux des villes, à ses intinéraires de métaux, de rivières, à son corps d'ermite qui se ronge, à ses horizons de miroir et d 'orage, à sa sève, à ses mains qui le temps venu déversent l'ombre de tant d'années, à ses éclairs de faisan, de fougère, à ses parfums, à ses chairs en pièce où se souviennent les paysages, à sa musique d'embellie, d'étranges vicissitudes, à ses étangs de haies mortes, ses lacs de colza, à ses idylles de souffles et d 'essences, à ce qui tombe en elle à l'abri de l'espace, acte d'une seconde plus pure, même éphémère, à ses flaques de fruits dasn le biais des feuillages, à ses insoutenables suintements d e vie, d'orges, à ses éclaboussures de sauge et d 'avoine, à ses coutumes de neige et d e flocon, à ses passages incrustés d'hosties, à ses édifices de matière et de vide, à son socle, à son aventure, je ressemble à la terre.
    Chaque enfant est ainsi.

    Dominique Sampiero - Terre pour une légende qui n'en a plus - Cheyne éditeur -
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    Message par bye Mer 3 Mar - 4:49

    Dans le jour naissant, net sur le ciel glorieux et léger comme un chant d'ivrogne, le Puy feuillu l'a appelé. Il est entré dans la forêt; ses pieds bottés ont fait lever des odeurs, l'ombre verte a touché son front; il fumait; le vin bu le berçait, les tendres feuilles le caressaient; il a prononcé avec étonnement quelques syllabes que nous ne connaissions pas. Quelque chose lui a répondu, qui ressemblait à l'éternité, dans le verbiage fortuit d'un oiseau. L'ébrouement soudain d'un cerf proche ne l'a pas surpris; il a vu une laie venir vers lui avec douceur; les chants si raisonnables se sont accrus avec le jour, ces chants qu'il entendait. L'éclaircie de l'horizon a dévoilé un sous-bois de huppes, de geais, des plumages ocrés et roses comme des fleurs, des becs attentifs et des yeux ronds pleins d'esprit. Il a caressé des petits serpents très doux; il parlait toujours. Le mégot brûlait son doigt; il a pris sa dernière bouffée. Le premier soleil l'a frappé, il a chancelé, s'est retenu à des robes fauves, des poignées de menthe; il s'est souvenu de chairs de femmes, de regards d'enfants, du délire des innocents: tout cela parlait dans le chant des oiseaux; il est tombé à genoux dans la bouleversant signifiance du Verbe universel. Il a relevé la tête, a remercié Quelqu'un, tout a repris sens, il est retombé mort.
    Ou bien c'était à la fausse aurore, quand les coqs éberlués chantent une fois, s'étonnent dans l'isolement de leur cri, se rendorment; combien noire encore est la nuit. Midi est loin: hiéroglyphe accompli et forme consommée, sa vie irrévocable le parant, l'abbé Brandy se tait et dort dans l'immense chasuble verte des forêts où les grands cerfs fictifs passent , lents, une croix entre leurs dix-cors.

    Pierre Michon - Les vies minuscules -
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    Message par bye Jeu 4 Mar - 5:56

    où est la lettre ?

    cette question vient d'un mourant
    puis il se tait

    tant qu'un homme vit
    il n'a pas besoin de compter sa langue
    quand un homme meurt
    il doit rendre son alphabet

    de chaque mort
    nous attendons le secret de la vie
    le dernier souffle emporte
    la lettre manquante

    elle s'envole derrière le visage
    elle se cache au milieu du nom

    Bernard Noël - La chute des temps - Poésie/gallimard
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    Message par bye Ven 5 Mar - 5:25

    c'est un souffle qui passa

    une profondeur infinie

    en remontant, on trouvait la mer
    l'été silencieux

    une aube ouverte
    au point
    le plus éloigné

    et toute l'étendue
    de sa conscience

    xxxxx

    un tel tremblement en moi
    puis l'air glissant
    sur les feuilles

    parmi l'oubli

    d'un fil tenu

    d'un cheveu
    à son cou
    un tremblement,
    un feuillage
    au loin


    ne murmure pas
    constelle
    mon pas


    Fabienne Courtade - Nuit comme jours - Editions Unes -
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    Message par bye Sam 6 Mar - 5:58

    Sevrer l'attente sous la langue
    - disait le fou

    le nuage vient
    au point mort de la mort

    défaire les peaux
    prendre le souffle

    avant que la neige ne vole

    xxxxx

    Entends-tu
    tu entends, c'est toi

    le point blanc
    la folie acide dans la bouche

    le roulement sifflant

    entends-tu, c'est toi

    le point d'aveuglement
    l'effroi

    l'étale qui vacille
    entre le flux et le reflux usant

    Erwan Rougé - Douve- Editions Unes -
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    Message par bye Dim 7 Mar - 6:44

    bocal de bleu

    volets fermés

    à l'intérieur

    des odeurs de réduits de mots



    en essayant d'aller

    jusqu'au bout

    le ciel continue



    couleur de froid

    sous le blanc qui couvre

    la lumière l'ccroche



    ni carré ni forme ni sens
    ni rien

    vue sans retour



    cloué là
    au mieux

    la couleur le prend
    jusqu'à sa base

    elle lui donne une fin

    Ludovic Degroote - Ciels - Editions Unes -
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    Message par bye Lun 8 Mar - 6:04

    Rouge éteint dans la fenêtre
    vif-argent
    dasn le muret de granit

    je ne sais pas qui j'oublie,
    qui je laisse...

    là, il n'y a plus de points
    ni de lignes, ni de crampons
    dans le schiste,

    de volet noir

    battant, battu,
    pour descendre à l'esprit-de-bois

    et gravir le versant nord
    où tout se joue, et se lave,
    varie, renâcle, et se perd

    dans le miroir de l'écorce
    tu me regardes

    me haïr


    Jacques Dupin -Le grésil - P.O.L. -
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    Message par bye Mar 9 Mar - 7:27

    Chaque mois fiancée
    la joue vernie de cendres

    peu de feuilles suffisent à faire un ciel troué
    vautrée dans l'herbe, cils mi-clos

    sarcophage élastique, le hamac
    où craque le plein été

    leurs fruits se perdent
    la vigilance fermière engloutie dans le feu bactérien,
    mildiou, deux oeufs couvis
    noisettes creuses, la vigne guère mieux

    quant aux mirabelliers
    tous les sucs se répandent
    sur les billes fendues, ourlées des ève dure
    sans saveur, séchée en perles
    bagues ou colliers de verre, fruits du fruit.

    Nadine Boucheron - Un ruisseau calomnié - éditions Ulysse fin de siècle -
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    des étincelles , des pépites Empty Re: des étincelles , des pépites

    Message par bye Mer 10 Mar - 6:15

    L'été de nuit

    Il me semble, ce soir,
    Que le ciel étoilé, s'élargissant,
    Se rapproche de nous; et que la nuit,
    Derrière tant de feux, est moins obscure.

    Et le feuillage aussi brille sous le feuillage,
    Le vert, et l'orangé des fruits mûrs, s'est accru,
    Lampe d'un ange proche; un battement
    De lumière cachée prend l'arbre universel.

    Il me semble, ce soir,
    Que nous sommes entrés dans le jardin, dont l'ange
    A refermé les portes sasn retour.


    Navire d'un été,
    Et toi comme à la proue, comme le temps s'achève,
    Dépliant les étoffes peintes, parlant bas.

    Dans ce rêve de mai,
    L'éternité montait parmi les fruits de l'arbre
    Et je t'offrais le fruit qui illimite l'arbre
    Sans angoisse ni mort, d'un monde partagé.

    Vaguent au loin les morts au désert de l'écume,
    Il n'est plus de désert puisque tout est en nous,
    Et il n'est plus de mort puisque mes lèvres touchent
    L'eau d'une ressemblance éparse sur la mer.

    O suffisance de l'été, je t'avais pure
    Comme l'eau qu'a changée l'étoile, comme un bruit
    D'écume sous nos pas d'où la blancheur du sable
    Remonte pour bénir nos corps inéclairés.

    Yves Bonnefoy - Pierre écrite - Mercure de France -
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    Message par bye Jeu 11 Mar - 5:18

    peurs sous croûte de neige

    Dans la chambre, au sol
    Un tracteur d'enfant
    Tes mains sans force

    La neige traverse la fenêtre
    Me tombe
    Une semaine, il y a une semaine nous glissions luge

    Dans la chambre, au sol
    Un tracteur
    Dont les roues tournent sournoisement.

    x
    Peur que la neige
    N'endorme le souffle
    La vitre, dernier rempart contre les flocons qui viennent te chercher

    Attendre..
    Une blouse blanche peut porter ici
    Deuil

    x

    Venant du couloir, des cris de chat sauvage
    Dans la chambre, tu pleures me réclames
    Serréstoietmoiserrés
    Pour chez nous deux.
    x

    Dehors
    Les bâches d'un toit crevé
    Fracassent l'air
    Des bâches que le vent ne parvient pas à chauffer

    La vie s'accroche à quelques tuiles.

    x

    Il neige un blanc d'hôpital

    A la sauvette pendant que tu dors
    Une heure dans un café
    Derrière les bulletins de jeux des hommes au comptoir
    Derrière la fumée
    J'entends
    Les enfants appeler d'être seuls.
    x

    C'est dans les flocons toujours que nous quittons ce lieu de pleurs, de cris
    Blanche convalescence
    Nos peurs invisibles sous la neige
    Nous rions de voir nos bouches fondre
    Les cristaux froids tombés sur nos cheveux.

    x

    On ne voit plus les ombres
    Mais à leur place, des pans de lumière
    Déchiquetés.

    x

    Feuille de neige posée sur les terres sèches, affamées
    Sur les bouches gelées, traînant le long des routes leurs gerçures sanglantes

    Des mots un paysage de silence
    Le pas y crisse on dirait une plume
    Par ton souffle dans la pièce froide fume une cheminée
    La vie dedans se laisse
    Aller au vent.

    Tu as marché longtemps dans la neige
    Joie d'entendre jouer les cristaux sous ton pas tu penses
    Suites pour violoncelle c'est beau

    La réalité peu importe mais
    Toutes les voix que tu inventes
    Pour habiter le même cri.

    x

    Mots difficiles
    Nos mains se cherchent dans la fourrure du chat qui ronronne de l'un à l'autre
    Maigre passeur.

    x

    Tu t'endors laisse aller le feu il restera bien un peu de braise
    Au réveil de quoi raviver nos voix
    Au matin, cendre froide
    Nos corps ne nous débordent plus.

    Isabelle Guigou - revue "Contre-Allées"-
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    Message par bye Ven 12 Mar - 5:47

    Inclinée
    sur la pente découverte
    une rumeur fomente sa braise

    consume l'espace tout autour
    murmure d'une solitude noyée

    ne tombant pas de la nuit
    mais celle que l'oeil creuse
    celle qui retient
    au centre de l'éveil

    le tintement des rôdeurs
    que larguent les blessures de l'aube


    Sous les brumes du large
    s'entrouvre ce qui fuit

    rafales
    sources aveugles
    reflets d'une autre source

    vagues où se posent toutes choses
    présentes

    vagues enclavées
    uniques brèches

    aux dures visions immatérielles
    à faire bouillir les yeux


    Pierre-Yves Soucy - Fragments de l'éveil - Editions Apogée -
    Pierre-Yves-Soucy est d'origine québecoise. Il vit aujourd'hui à Bruxelles après avoir passé quelques années à Mexico. Grand voyageur, grand connaisseur dse poésises francophones ( québecoise et belge ), et hispaniques, il est également responsable des éditions La lettre volée.
    Auteur de plusieurs essais sur l'art et la littérature, ses principaux recueils de poésie sont: Fragments ( l'Arbre à Paroles, 1991; réédition avec traduction en italien, 1994; reprise partielle dans La Poésie recommencée, La Différence, 1992 ); Huit Fragments ( La Rivière échappée, 1993 ), Abandon ( éditions ArtScènes, 1994 ).
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    Message par bye Sam 13 Mar - 9:19

    Les yeux fermés
    visage

    sous le soc
    de l'obscur


    regardé




    Encre
    noire

    Pas plus
    que la pupille

    Il s'agit d'un crêpe
    au cou
    de l'iris




    Lévre tremblante
    La nuit comme un soupçon




    Un
    ou
    Qui est là

    Car la mort ne se partage pas plus
    que la vie


    Fallait-il cela
    pour ici le moindre passage




    Puisque la fa-
    tigue veut la

    place en t-
    oi la
    place vive

    en toi ne la
    laisse pas va-
    cante




    Yves Jouan - Au point de tous - Editions Dumerchez -
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    Message par bye Dim 14 Mar - 9:32

    Parfois ce que je voyais devenait crispation d'une image, et l'oeil coulait de l'oeil comme une larme acide. Les lieux désertés n'étaient que lumière sur silence, montagnes sans sommets avant le ciel. Je ne retrouvais plus les arbres , ni le bruit des feuilles qui emportait celui de mon sang dans les veines du vent. Tout me restituait à moi-même, comme l'eau qui doit à jamais s'enfermer dans le spasme de la vague.

    j'ai regardé les jours les jours profonds
    d'un regard qui n'en revenait pas
    le temps arrache l'âme
    mais ce qu'il nous laisse c'est l'âme encore
    à emplir du ciel qui nous est donné
    le désir est toujours de reprendre
    le vent à sa source pour le déplier
    plus vaste et plus fou jusqu'aux arbres
    qui l'accueilleront avec des bruits de foules
    dans le silence du matin on attend
    que vivre nous revienne par des mots transparents
    écrits à même l'air avec de l'herbe et la rosée

    premier jour envahi par le bleu du ciel
    arbres toits chaises sur la pelouse tout
    s'étonne passé midi d'être redessiné
    en un peu plus grand par la profondeur
    vers si haut vers si loin
    rien ne bouge au calme de l'air
    pas le moindre mouchoir de cette lessive
    moins mise à sécher qu'à rêver
    pas la moindre feuille de l'arbre qui s'accomplit
    dans sa plénitude et dans son silence
    et en moi c'est aussi comme si
    un plein feuillage masquait un désordre de branches
    je reste immobile et muet pour en préserver
    l'épaisseur apaisante mais dans le creusement
    du ciel mes yeux suivent l'épervier
    qui monte chercher sa proie
    loin au-dessus de lui

    de l'eau creusée d'un rien
    on retire la main qui porte
    la fraîcheur au visage

    un instant tout gagne en clarté
    reprend équilibre

    seuls des reflets vacillent
    comme ce qui s'éloigne
    dans la mémoire

    un chemin s'ouvre
    dont toutes les pierres
    n'ont pas encore pesé sur l'espoir

    Jean-François Mathé - Revue Poésie 94 -
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    Message par bye Lun 15 Mar - 5:58

    Conseils pour habiter une vitre

    D'abord descendre, passer du plan des yeux - qui découpent dans trop de luùière - à la chambre noire du thorax, où le monde se fait son écho, où sont les ponts. Encore: régler le coeur et la respiration sur la vitesse exacte du temps dont donne mesure la séve des lilas ou l'allure des nuages à midi l'été. Surtout: quitter l'enveloppe de peau vermoulue où nous enferme la police des hommes et par les trous de quoi ne se glisse du monde que le gel pétrifiant. Parier sur un autre soleil, inaliénable. A qui a froid à l'âme se ferme l'aventure des fenêtres.
    Atteinte leur eau, s'y laisser fondre. Devenir peu à peu cette ombre tiède. Silence d'abord puis musique du silence, l'éternité faite d'une seule note très lentement modulée par des timbres échelonnés plus savamment que la lumière aux différentes heures du jour. Ombre, pas nuit, lueurs obscures, où le coeur s'illumine.
    Il fait bon enfin et j'habite mon noyau. Pas d'images, mais la puissance, la racine des images, comme la féminité efface les femmes. La satisfaction d'après le poème cette fois pas écrit, dépassé. L'expérience dure peu: Interdite. Ou ma foi chancelante. Exige une sévère discipline, qu'on refuse généralement au poète.
    Mes amis se moquent de moi quand je leur en parle, me disent les pays à voir, les hommes à connaître, les femems à prendre. Et je leur donne raison chaque fois que la lumière baigne les choses et dsecend jusqu'au coeur. Mais si le ciel se couvre, si revient la cassure, quel froid si l'on brisait les vitres, quelle nuit dont je ne sortirais aps homme !

    Guy Chambelland - revue Le Pont de l'Epée -
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    Message par bye Mar 16 Mar - 5:16

    prier devant une décharge publique
    puis, en avançant, dans la décharge
    parmi les cartons lancés immobilisés
    de pluie lardés les jouets qui trônent
    fourneaux, chiffons, bouteilles et matelas
    les chiens les hommes y pillent
    un fou moi à genous s'y apaise
    ayant quitté son amie du monde
    qui vous rappelle par danger
    avancé comme dedans la mer
    comme homme nu dans une gare
    sous le vent d'automne qui se lève
    pleurant l'âcre poussière aux yeux
    les bras étendus sur champ d'abîme
    à bientôt quitter

    Jude Stéfan - A la vieille Parque - Poésie/Gallimard -
    bye
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    Message par bye Mer 17 Mar - 5:53

    Car j'aime l'amour impitoyable

    ce qui aux bords vient boire
    inquiet
    et se confie aux moindres bruits

    car j'aime l'amour sans pardon

    les dieux que nous sommes pour
    avoir renoncé

    et vous herbiers des visages
    dont je range les riens

    connaissez
    l'âcre convalescence
    des voluptés

    le peu dont il faudra s'empaler
    la voix


    Seul est vivant l'inachevé

    destin
    dont l'ambassade agenouillée
    nous embarasse

    et l'ampleur d'ignorer qui
    nous sommes

    pour accepter ainsi
    les dieux dont nous servons
    l'impatience

    la parole
    dont nous servons l'imposture

    imprévoyance de nos actes
    puisqu'inépuisable la cause

    soudain
    revient à dire que ja'ttends

    Werner Lambersy - Volti subito - co-édition "le dé bleu" "écrits des forges" "l'arbre à paroles".
    bye
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    Message par bye Jeu 18 Mar - 4:27

    Sombre comme
    tant d'orgueil -
    du ciel
    abat ton blanc, les embruns.

    Pays la rouille
    insomnieuse.


    Soir humide, âme
    pensive, elle
    rue:

    l'azur serait plaie,
    art.


    Moite, profonde pierre
    d'amour,
    ciel en bataille. Elle,
    l'eau provisoire,
    semble ton coeur.


    L'été verse -
    prise ouverte, là.

    Pierres d'exil, vers
    l'asphyxie, un trottoir:
    tardent les visages,
    fleurs.


    Rat que la ville,
    veaux , processions tentent
    un peu;
    naissant ce rat, jour
    lunatique,
    rivage coupable-

    Du sud le coeur semble
    méditer encore.

    Ella Faye - revue "le mâche-laurier -
    bye
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    Message par bye Ven 19 Mar - 6:14

    Il serait temps peut-être d'aller voir sur l'autre versant si l'on sait toujours que nous existons.

    C'est vrai qu'il y eut ces derniers mois bien des orages sur nos blés,
    vrai qu'il fit soleil à n'en plus pouvoir etq ue des vents traîtres parfois nous inclinèrent vers ce qeu nosu refusions,
    vrai qu'aujourd'hui de méchanst brouillards nous referment sur nos rancoeurs
    et vrai que bientôt cette pluie annoncée aura raison de nos plus fotes soifs.
    C'est vrai. C'est ainsi. Nosu devenons nous-mêmes l'élément, la saison, le lieu du drame et de l'excès, l'hôte du temps qu'il fait.
    C'est vrai que terre et ciel s'étreignent dasn d'énormes joies pour engendrer le pire et répondre du plus parfait,
    qu'eaux et pierres sefont un lit pour nous maintenir éveillés,
    que cendre et boue ont déjà décidé de l'alimentd 'un prochain feu comme de sa nature et de sa durée
    et c'est vrai que demain des nuages venus d'ailleurs forceront notre inquiétude.

    Il serait temps d'aller voir de l'autre côté s'il y a quelqu'un qui s'interroge et veut toujours savoir si nous existons.

    Jean Verdure - Les carnets du gueuloir -
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    Message par bye Sam 20 Mar - 7:27

    ce que je vois ne s'entend pas
    - ne s'entend pas le son de ce qui se balance
    ne s'entend pas le poids qu'il pend - au bout
    des bras/ dans le balancement des bras
    n'y est pas ce qu'il
    est
    ce qu'il balance au bout de l'oeil
    à cet endroit - comme
    dérouté -

    ne sais pas ce qu'il m'a fallu que j'ai dû
    commencer par
    non
    par un non dû
    aujourd'hui même que j'entendais
    au fond de mauve du rêve -

    aujourd'hui au fond de -
    ce qui commence - de jour
    je m'éloigne


    - car maintenant m'entendre n'xiste plus

    car j'ai d'un vide
    égal tenu si droit dans la corde
    de l'oeil à ici même
    pendu si doucement
    que pendre ainsi dans l'ombre large de l'arbre
    de honte
    dans l'arbre de la place mathématique
    dans la phrase si nettement
    que pendre revient dans la poulie de tête
    ainsi du rêve
    balance les membres en deux mots
    comme folie entrée
    - entre dans la phrase

    Emmanuel Laugier - Et je suis dehors déjà je suis dans l'air - Editions Unes -
    bye
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    Message par bye Lun 22 Mar - 6:19

    Première journée.

    Me restituer, moi, à mon propre corps. Nous sommes si différents. Trop divisés. Trop éloignés. Quête impossible. Je sais. Toujours cette nécessité - ne pas mourir ? - de donner du sens à ma vie. Car la vie ne m'en donne pas. Mais où est donc la fuite ? Par où ma vie perd-elle ce sens que j'invente laborieusement pour elle ? Un intermédiaire entre mon corps et moi. L'écriture, peut-être. Ondes de moi à lui. Ineffable poignée de nos mains. Ecriture, geste polysémique. Finir égaré dans la polysémie dse mots remués. Des mots dérangés. Des mots contraints à casser la gangue de leur léthargie. Je sculpte et scrute dasn l'épaisseu des phrases sous l'injuste autorité du corps. Corps. Père inabordable. J'interroge le pli spéculaire de son inflexibilité. Je baisse la tête. J'écris. Je recherche le pardon.
    Me suicider serait entrer dans le miroir. Franchir ce qui me sépare de ma chair. Et pourtant j'ai dit : " Me restituer , moi, à mon propre corps ". Et j'y mettais mes espoirs.
    Je sais que je ne puis être satisfait d'une écriture qui demeure la narration d'un conflit entre moi et moi. Je sais que j'ai mieux à faire. Que j'ai à la construire hors de ce cercle restreint. Pourtant chaque fois que je tente une sortie je suis assujetti. Rappelé par une force agissant au centre de ce cercle. Douloureux enclos d'un style. Ou d'un non-style. Et de thèmes obsédants.


    Gilles pajot - Journées - Editions le dé Bleu -

    Faire le tour de lui-même en 80 journées, tel était le projet de Gilles Pajot. La morts, déjà telelment à l'oeuvre dasn le livre, aura interrompu ce travail à 75. Lse "Journées" ne sont aps un journal et l'anecdote a peu de place dasn ces pages. Il s'agit d'un temsp construit, réfléchi, repris. Momenstd 'être plus que faits d'existence.A partir d'un évènement souvent minime, d'une pensée souvent incongrue, se met en amrche un minutieux processus d'analyse, disséquant la comédie de vivre, les faux-semblants dont tout comportement "normal" s'accompagne. Christian Bulting.
    bye
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    Message par bye Mar 23 Mar - 6:15

    Quelque part une pierre nage dans la terre,
    éclat de l'âge d'or, gardienne des jeux et des foules,
    elle arrache la route à tes pieds et la dresse
    en trombe vers le ciel pour qu'elle y brûle haut.

    Je n'ai point dérobé ma liberté ni répandu
    mon âme comme on verse du vin dans le sable,
    mais la honte m'assaille pour que je n'oublie pas:
    ce qui dehors est croix est fenêtre intérieure.

    On ne saurait briser l'irrépressible,
    une lumière étrangère pollinise ton regard,
    et chasse à rebours à travers les racines florales
    la couleur de l'âge d'or qui t'est promis.

    La lune est plus proche de nous que notre sang,
    le nombre des humains grossit les rangs lunaires.
    Vois : au-dessus de nous des clairières, des rues,
    paysages migratoires dressés en fer de lance.

    Ivan Jdanov - revue Sapriphage -
    bye
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    Message par bye Mer 24 Mar - 5:53

    Les nombreux ( extraits )

    Bruits de fond

    Un bien jeune rouge-gorge
    sous la pivoine réclame
    bruyamment réclame
    pitance mais il pleut je devine
    que sa mère peine à
    trouver bouts de vers et moucherons graines

    mais je suis l'attentif

    prêt à me signaler

    elle appelle
    appelle sa fille son fils
    qui doivent rentrer se
    laver les mains
    et tout de suite !

    la faconde de la factrice haut
    un flop
    elle partait raconter
    ses histoires à d'autres
    on l'entendait seule rire
    sur son vélo
    les chiens ces chiens les chiens
    s'énervaient griffaient s'agrippaient
    à leur grille
    silence bon sang !


    une hirondelle s'écrase
    contre la vitre qui crisse pousse
    un cri sec le long du carreau qui se raye

    un fou chantait
    un vrai fou
    mal
    longtemps
    faux

    et un clairon tôt
    s'y mettait
    un clairon
    pour du drapeau

    je fais un tour

    dans la rue passée
    à présent j'entends
    un choix de bruits

    Jean-Pascal Dubost - revue "Le Mâche-laurier" -
    bye
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    Message par bye Jeu 25 Mar - 5:19

    Nous connaissons par ouï-dire l'existence de l'amour.

    Assis sur un rocher ou sous un parasol rouge, allongés dans le pré bourdonnant d'insectes, les deux mains sous la nuque, agenouillés dans la fraîcheur et l'obscurité d'une église , ou tassés sur une chaise de paille entre les quatre murs de la chambre, tête basse, les yeux fixés sur un rectangle de papier blanc, nous rêvons à des estuaires, des tumultes, des ressacs , des embellies et des marées. Nosu écoutons monter en nous le chant inépuisable de la mer qui dans nos têtes afflue puis se retire, comme revient puis s'éloigne le curieux désir que nous avons du ciel, de l'amour, et de tout ce que nous pourrons jamais toucher des mains.


    La mer en nous essaie des phrases.

    Depuis des lustres , la même voix épelle le même alphabet dans le même cerveau d'enfant. Elle balbutie des mots vite envolés, accrochés aux herbes des plages, à la peau brunie des baigneurs, à la proue des barques, aux mâtures. Des mots quelconques, pour rien et pour quiconque. Il n'y est question que de l'amour. C'est pourquoi nous ne savons trop que dire et souffrons que le regard d'autrui s'attarde sur notre visage quand nous voudrions qu'il se pose à même notre coeur. Nos lèvres sont si maladroites, notre corps invisible dans la nuit opaque, et nos mains malhabiles, dse éclairs ou des ailes pourtant au bout des doigts.

    Jean-Michel Maulpoix - Une histoire de bleu - Mercure de France -

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