Salage des routes en hiver : conséquences pour l'environnement
http://www.gerbeaud.com/nature-environnement/salage-routes-hiver-consequences-environnement.php
03/02/2012
Près de la moitié de la production mondiale de sel est utilisée pour le salage des routes. C'est dire si les quantités de sel déversées chaque hiver sont importantes, avec des conséquences évidentes pour la faune et la flore.
Réagir
Salinité anormale des eaux et des sols : impacts sur la faune et la flore
Salage des routes et biodiversité ne font pas bon ménage. Avec, en moyenne, 1 million de tonnes de sel déversées chaque année sur les routes françaises (plus du double certaines années, et l'hiver 2011-2012 devrait figurer parmi les records), rien d'étonnant à ce que tout ce sel cause des dégâts dans la nature.
Certes, le salage ne concerne que quelques semaines dans l'année, lors d'épisodes neigeux ou de périodes à risque de verglas, mais l'impact est réel et peut se prolonger bien après la saison hivernale, notamment en zone de montage.
Salinité des milieux aquatiques
Le sel est rejeté par les véhicules sur les bas-côtés de la route, où il est entraîné par les eaux de pluie ou par la fonte des neiges. Il rejoint alors les cours d'eau et les plans d'eau (eaux de surface), ainsi que les nappes phréatiques (eaux souterraines). Dans les eaux de surfaces, la concentration en sel augmente : la faune et la flore en souffrent, notamment certaines espèces aquatiques particulièrement sensibles à la salinité du milieu (saumons, tritons, crapauds, salamandres...). Et une salinité excessive des eaux souterraines est également un problème, ne serait-ce que vis-à-vis de la potabilité des eaux captées pour l'alimentation du réseau.
Flore sauvage aux abords des routes
Triton alpestre
Le sel pollue également les sols à proximité des chaussées (fossés) : outre les brûlures infligées aux feuilles, les racines peuvent être desséchées par le sel, et la perméabilité des sols peut être modifiée. Or, ces fossés et bas-côtés abritent bon nombre de plantes sauvages, qui, repoussées au bord des routes par les activités agricoles, voient leur dernier habitat mis en danger.
Pollution des sols par les métaux lourds
Enfin, le sel réagit avec les métaux lourds présents sur les revêtements routiers (provenant des pneus, des carosseries et des gaz d'échappement) : la réaction chimique qui se produit conduit à une libération de ces métaux -plomb, aluminium, zinc- qui, par le ruissellement et/ou par l'irrigation, polluent les terres agricoles (ou non agricoles) voisines.
Les différents "fondants routiers"
Le sel, c'est-à-dire le chlorure de sodium, est le fondant routier le plus utilisé, et de loin (98%), car il est peu coûteux et relativement efficace. Relativement seulement, car en-dessous de -10°C, -15°C dans le meilleur des cas, il devient inefficace. Idéalement, il doit être appliqué avant les chutes de neige, car le salage est quasiment inopérant sur une route dejà très enneigée (le raclage de la neige est alors le traitement le plus approprié). On l'utilise sous forme sèche (sel de déneigement en "gros grains"), sous forme de saumure (sel en solution dans de l'eau) ou de bouillie, selon que la route est humide ou non.
D'autres fondants routiers sont parfois utilisés : alcools, glycols, chlorure de calcium, sulfates, nitrates... Leur impact sur l'environnement n'est généralement pas neutre, et leur coût plus élevé demeure un frein à leur utilisation : on a recours à eux lorsque les conditions météorologiques rendent le salage insuffisant pour déneiger ou faire fondre la glace.
Quant au sablage ou à l'épandage de gravillons ou de copeaux de bois, ils améliorent l'adhérence des pneus sur la route, mais ils ne font que peu fondre la neige et la glace.
Pour un salage raisonné
Bien sûr, on ne peut pas se passer du salage lorsque les conditions météo l'exigent : il en va de la sécurité des usagers. Cependant, on pourrait l'utiliser à bon escient et opter pour d'autres traitements (mécaniques, par exemple : sablage, raclage) à proximité des zones à forte valeur ajoutée environnementale (réserves naturelles, proximité des cours d'eau...). L'association France Nature Environnement demande d'ailleurs l'élaboration d'une réglementation permettant de hiérarchiser les usages et les solutions à mettre en oeuvre par temps de neige ou de gel, afin de limiter l'utilisation de fondants chimiques, et n'y recourir que lorsque cela s'avère absolument nécessaire.
Ceci n'est pas impossible à mettre en place : ailleurs en Europe, de telles initiatives ont été prises avec succès. En Autriche, l'épandage de sel est ainsi interdit sur de nombreuses routes. En Finlande, des quotas de sel sont imposés aux opérateurs, avec versement d'une prime lorsque les quantités de sel utilisées sont inférieures aux prévisions.
>> A lire aussi : Salage des routes et migration des plantes maritimes
Clémentine Desfemmes
Crédit photos : Milouse / DidWee / Tator1982 / DorteF
http://www.gerbeaud.com/nature-environnement/salage-routes-hiver-consequences-environnement.php
03/02/2012
Près de la moitié de la production mondiale de sel est utilisée pour le salage des routes. C'est dire si les quantités de sel déversées chaque hiver sont importantes, avec des conséquences évidentes pour la faune et la flore.
Réagir
Salinité anormale des eaux et des sols : impacts sur la faune et la flore
Salage des routes et biodiversité ne font pas bon ménage. Avec, en moyenne, 1 million de tonnes de sel déversées chaque année sur les routes françaises (plus du double certaines années, et l'hiver 2011-2012 devrait figurer parmi les records), rien d'étonnant à ce que tout ce sel cause des dégâts dans la nature.
Certes, le salage ne concerne que quelques semaines dans l'année, lors d'épisodes neigeux ou de périodes à risque de verglas, mais l'impact est réel et peut se prolonger bien après la saison hivernale, notamment en zone de montage.
Salinité des milieux aquatiques
Le sel est rejeté par les véhicules sur les bas-côtés de la route, où il est entraîné par les eaux de pluie ou par la fonte des neiges. Il rejoint alors les cours d'eau et les plans d'eau (eaux de surface), ainsi que les nappes phréatiques (eaux souterraines). Dans les eaux de surfaces, la concentration en sel augmente : la faune et la flore en souffrent, notamment certaines espèces aquatiques particulièrement sensibles à la salinité du milieu (saumons, tritons, crapauds, salamandres...). Et une salinité excessive des eaux souterraines est également un problème, ne serait-ce que vis-à-vis de la potabilité des eaux captées pour l'alimentation du réseau.
Flore sauvage aux abords des routes
Triton alpestre
Le sel pollue également les sols à proximité des chaussées (fossés) : outre les brûlures infligées aux feuilles, les racines peuvent être desséchées par le sel, et la perméabilité des sols peut être modifiée. Or, ces fossés et bas-côtés abritent bon nombre de plantes sauvages, qui, repoussées au bord des routes par les activités agricoles, voient leur dernier habitat mis en danger.
Pollution des sols par les métaux lourds
Enfin, le sel réagit avec les métaux lourds présents sur les revêtements routiers (provenant des pneus, des carosseries et des gaz d'échappement) : la réaction chimique qui se produit conduit à une libération de ces métaux -plomb, aluminium, zinc- qui, par le ruissellement et/ou par l'irrigation, polluent les terres agricoles (ou non agricoles) voisines.
Les différents "fondants routiers"
Le sel, c'est-à-dire le chlorure de sodium, est le fondant routier le plus utilisé, et de loin (98%), car il est peu coûteux et relativement efficace. Relativement seulement, car en-dessous de -10°C, -15°C dans le meilleur des cas, il devient inefficace. Idéalement, il doit être appliqué avant les chutes de neige, car le salage est quasiment inopérant sur une route dejà très enneigée (le raclage de la neige est alors le traitement le plus approprié). On l'utilise sous forme sèche (sel de déneigement en "gros grains"), sous forme de saumure (sel en solution dans de l'eau) ou de bouillie, selon que la route est humide ou non.
D'autres fondants routiers sont parfois utilisés : alcools, glycols, chlorure de calcium, sulfates, nitrates... Leur impact sur l'environnement n'est généralement pas neutre, et leur coût plus élevé demeure un frein à leur utilisation : on a recours à eux lorsque les conditions météorologiques rendent le salage insuffisant pour déneiger ou faire fondre la glace.
Quant au sablage ou à l'épandage de gravillons ou de copeaux de bois, ils améliorent l'adhérence des pneus sur la route, mais ils ne font que peu fondre la neige et la glace.
Pour un salage raisonné
Bien sûr, on ne peut pas se passer du salage lorsque les conditions météo l'exigent : il en va de la sécurité des usagers. Cependant, on pourrait l'utiliser à bon escient et opter pour d'autres traitements (mécaniques, par exemple : sablage, raclage) à proximité des zones à forte valeur ajoutée environnementale (réserves naturelles, proximité des cours d'eau...). L'association France Nature Environnement demande d'ailleurs l'élaboration d'une réglementation permettant de hiérarchiser les usages et les solutions à mettre en oeuvre par temps de neige ou de gel, afin de limiter l'utilisation de fondants chimiques, et n'y recourir que lorsque cela s'avère absolument nécessaire.
Ceci n'est pas impossible à mettre en place : ailleurs en Europe, de telles initiatives ont été prises avec succès. En Autriche, l'épandage de sel est ainsi interdit sur de nombreuses routes. En Finlande, des quotas de sel sont imposés aux opérateurs, avec versement d'une prime lorsque les quantités de sel utilisées sont inférieures aux prévisions.
>> A lire aussi : Salage des routes et migration des plantes maritimes
Clémentine Desfemmes
Crédit photos : Milouse / DidWee / Tator1982 / DorteF