Les Chambres Extraordinaires au sein des Tribunaux Cambodgiens (CETC), ce tribunal mixte composé à la fois de magistrats cambodgiens et de magistrats proposés par l’ONU, où des avocats cambodgiens et des avocats internationaux exercent leur métier, vient de prononcer un jugement historique : les deux plus hauts dirigeants encore en vie du régime des Khmers rouges viennent d’être jugés pour crimes contre l’humanité, au terme d’un procès équitable qui avait été précédé d’une très longue instruction.
Khieu Samphan, qui fut le chef de l’Etat du régime et Nuon Chea qui fut le numéro 2 du Parti Communiste du Kampuchea ont été condamnés à la réclusion à perpétuité.
Un jugement qui intervient, hélas, 39 ans après le début d’un régime qui a provoqué la mort de plus de 2.200.000 personnes. Un retard qui n’a pas permis que d’autres dirigeants soient jugés puisqu’ils sont morts entretemps.
Une nouvelle fois, la plupart des médias français racontent n’importent quoi et passent sous silence les véritables raisons de ce retard.
Je les ai rappelées en annexe du livre que j’ai consacré à Khieu Samphan. De 1979 à 1991, la communauté internationale, Chine et USA en tête, a refusé tout procès des dirigeants Khmers rouges. Pire ! Elle a décrété que le représentant légitime du peuple cambodgien à l’ONU était l’ambassadeur de Pol Pot et elle a imposé au Cambodge le plus drastique des embargos au motif que le Cambodge avait été libéré d’un régime génocidaire par l’intervention du Vietnam.
Les USA et leurs alliés européens d’un côté, la Chine et certains pays d’Asie du Sud-est de l’autre ont reconstitué l’armée de Pol Pot dans des bases en Thaïlande. Cela a duré de 1979 à 1991. Une opération de l’ONU a suivi qui s’est avérée incapable de désarmer les Khmers rouges et quand l’ONU s’est retirée en septembre 1993, les Khmers rouges contrôlaient davantage de territoires que lors de son arrivée. Il reviendra au gouvernement cambodgien de procéder à la pacification, ce qui ne sera vraiment terminé qu’au début de 1999.
Il faudra encore huit ans avant que se mettent en place les CETC, parce qu’il faudra surmonter des divergences entre l’ONU et les autorités cambodgiennes sur le lieu du tribunal, sur sa composition, sur les personnes à juger, sur les faits à juger. La communauté internationale refusera que des responsables politiques non Cambodgiens, qui ont pourtant joué un rôle décisif dans la tragédie du peuple cambodgien, soient jugés. Les faits soumis au tribunal seront limités à la seule période où les Khmers rouges sont au pouvoir. Le secrétariat général de l’ONU manifestera une grande lenteur dans le suivi de ces négociations au point qu’il faudra que l’Assemblée générale de l’ONU intervienne. La mobilisation des fonds nécessaires à la mise en place du tribunal prendra aussi beaucoup de temps. Ce n’est que le 23 juin 2007 (soit 28 ans après la chute du régime de Pol Pot) que les CETC se mettront au travail.
Entretemps, Pol Pot (premier ministre), Son Sen (ministre de la Défense et responsable du Santebal, la Gestapo ou la Tchéka du régime), Yun Yat (ministre), Thiounn Thioeunn (ministre), Ta Mok (chef du commandement militaire) et son adjoint Kaè Pauk sont morts. Ils exerçaient les plus hautes responsabilités entre 1975 et 1979. Ils avaient tous bénéficié de la protection de la communauté internationale entre 1979 et 1993. Son Sen faisait même partie, avec Khieu Samphan, du Conseil national suprême créé par les accords de Paris (1991) et chargé d’incarner, pendant la période de transition, la souveraineté nationale !
Après le procès de Duch, le directeur du centre de sécurité S21, ce procès de Khieu Samphan et de Nuon Chea rend justice aux victimes. Il rétablit aussi une vérité historique, certes douloureuse pour les Cambodgiens : ce sont bien des Cambodgiens qui ont organisé l’élimination physique systématique d’une partie de leur peuple. L’expression d’auto-génocide, inventée par Jean Lacouture, a été lors de ce procès, vérifiée dans toute sa pertinence.
http://www.jennar.fr/?p=3843
Khieu Samphan, qui fut le chef de l’Etat du régime et Nuon Chea qui fut le numéro 2 du Parti Communiste du Kampuchea ont été condamnés à la réclusion à perpétuité.
Un jugement qui intervient, hélas, 39 ans après le début d’un régime qui a provoqué la mort de plus de 2.200.000 personnes. Un retard qui n’a pas permis que d’autres dirigeants soient jugés puisqu’ils sont morts entretemps.
Une nouvelle fois, la plupart des médias français racontent n’importent quoi et passent sous silence les véritables raisons de ce retard.
Je les ai rappelées en annexe du livre que j’ai consacré à Khieu Samphan. De 1979 à 1991, la communauté internationale, Chine et USA en tête, a refusé tout procès des dirigeants Khmers rouges. Pire ! Elle a décrété que le représentant légitime du peuple cambodgien à l’ONU était l’ambassadeur de Pol Pot et elle a imposé au Cambodge le plus drastique des embargos au motif que le Cambodge avait été libéré d’un régime génocidaire par l’intervention du Vietnam.
Les USA et leurs alliés européens d’un côté, la Chine et certains pays d’Asie du Sud-est de l’autre ont reconstitué l’armée de Pol Pot dans des bases en Thaïlande. Cela a duré de 1979 à 1991. Une opération de l’ONU a suivi qui s’est avérée incapable de désarmer les Khmers rouges et quand l’ONU s’est retirée en septembre 1993, les Khmers rouges contrôlaient davantage de territoires que lors de son arrivée. Il reviendra au gouvernement cambodgien de procéder à la pacification, ce qui ne sera vraiment terminé qu’au début de 1999.
Il faudra encore huit ans avant que se mettent en place les CETC, parce qu’il faudra surmonter des divergences entre l’ONU et les autorités cambodgiennes sur le lieu du tribunal, sur sa composition, sur les personnes à juger, sur les faits à juger. La communauté internationale refusera que des responsables politiques non Cambodgiens, qui ont pourtant joué un rôle décisif dans la tragédie du peuple cambodgien, soient jugés. Les faits soumis au tribunal seront limités à la seule période où les Khmers rouges sont au pouvoir. Le secrétariat général de l’ONU manifestera une grande lenteur dans le suivi de ces négociations au point qu’il faudra que l’Assemblée générale de l’ONU intervienne. La mobilisation des fonds nécessaires à la mise en place du tribunal prendra aussi beaucoup de temps. Ce n’est que le 23 juin 2007 (soit 28 ans après la chute du régime de Pol Pot) que les CETC se mettront au travail.
Entretemps, Pol Pot (premier ministre), Son Sen (ministre de la Défense et responsable du Santebal, la Gestapo ou la Tchéka du régime), Yun Yat (ministre), Thiounn Thioeunn (ministre), Ta Mok (chef du commandement militaire) et son adjoint Kaè Pauk sont morts. Ils exerçaient les plus hautes responsabilités entre 1975 et 1979. Ils avaient tous bénéficié de la protection de la communauté internationale entre 1979 et 1993. Son Sen faisait même partie, avec Khieu Samphan, du Conseil national suprême créé par les accords de Paris (1991) et chargé d’incarner, pendant la période de transition, la souveraineté nationale !
Après le procès de Duch, le directeur du centre de sécurité S21, ce procès de Khieu Samphan et de Nuon Chea rend justice aux victimes. Il rétablit aussi une vérité historique, certes douloureuse pour les Cambodgiens : ce sont bien des Cambodgiens qui ont organisé l’élimination physique systématique d’une partie de leur peuple. L’expression d’auto-génocide, inventée par Jean Lacouture, a été lors de ce procès, vérifiée dans toute sa pertinence.
http://www.jennar.fr/?p=3843