Selon une enquête (réalisée en novembre 2005) IFOP qui n’interroge que des hommes issus d’un échantillon représentatif de la population française âgée de dix-huit ans et plus, en France, 40% des hommes déclarent avoir déjà eu l’occasion de se montrer violents verbalement et 14%, physiquement. Même si la majorité de la gent masculine (55%) affirme n’avoir jamais fait preuve de brutalité, la proportion d’hommes violents n’est pas négligeable. Les plus enclins à l’agressivité – ou en tout cas à la déclarer – sont les jeunes hommes de 18 à 24 ans (62% des violents contre 44% en moyenne).
Parmi ces chiffres, l’un d’entre eux a particulièrement retenu mon attention : 5% des hommes en France avouent que, dans certaines conditions particulières, ils pourraient être violents envers leur femme. Alors me direz-vous, 5%, ce n’est pas beaucoup et cela signifie aussi que, pour 95% des hommes, battre sa femme serait exclu. Mais ces 5% me pose problème, car, si l’on rapporte ce chiffre à l’ensemble de la population française, c’est plus de 1 million d’individus qui ne seraient pas choqués de gifles, de coups ou de sévices contre leurs femmes.
Autre chiffre inquiétant pour moi, pour 3% des hommes quand même, la violence est acceptable si elle n’arrive que rarement. Et pour 2%, si elle est légère. Pour marginales qu’elles soient, ces deux opinions sont portées par suffisamment d’individus pour perpétuer le drame et la terreur longtemps encore.
Autre chiffre de cette enquête qui m’interpelle. Invités à qualifier un homme qui se montrerait violent envers sa compagne, les interviewés définissent celui-ci avant tout à travers un prisme médical. C’est un malade qu’il faut soigner (47%). Cette perception devance très nettement la définition judiciaire (un délinquant qui doit passer devant la justice : 15%). Un résultat qui ne m’étonne guère. Aux assises, on constate généralement que plus le crime est abominable, plus les gens pensent que l’auteur est fou, ce qui permet de le déresponsabiliser. Il en va de même pour la violence conjugale. Dans ce sondage, la déresponsabilisation de l’auteur de violence est prégnante : 15% pensent qu’il a été poussé à bout ; 12%, qu’il s’agit d’une personne sous l’emprise d’alcool ou de drogue.
D’où l’importance, aujourd’hui, de rappeler encore et toujours la norme : maltraiter une femme est condamnable à tout point de vue.
Mes petits conseils pour celles qui ne veulent plus être victime :
- Brisez le secret, parlez de ce qui vous arrive, prenez contact avec une association (je remercie d’ailleurs Bettina d’avoir mis une liste des adresses à connaitre ; géniale).
- Dressez une liste des gens susceptibles de vous aider, de vous héberger.
- Préparez votre sac de voyage, du linge, un double de vos clefs, de l’argent liquide.
- Mettez vos papiers à l’abri (livre de famille, passeport, carnet de santé, bulletins de salaire, feuille d’imposition, diplômes…).
- En cas de violences, faites établir un certificat médical et recueillez des témoignages écrits.
- Vous avez parfaitement le droit de quitter le domicile, que vous soyez mariée, pacsée ou concubine, et de vous mettre à l’abri, le cas échéant avec vos enfants.
- Tout service de police ou de gendarmerie est tenu de recevoir votre plainte ;
- Toute personne peut révéler des faits dont elle s’estime victime sans avoir à apporter la preuve de ce qu’elle avance. La remise d’un certificat médical aux enquêteurs lors du dépôt de plainte est utile aux investigations, mais pas obligatoire ;
- La loi sur le divorce du 26 mai 2004 prévoit l’éviction du conjoint violent hors de son domicile pour protéger la victime et ses enfants ;
- depuis 1994, être conjoint ou concubin de la victime constitue une circonstance aggravante de l’infraction commise.