L'Inde ou l'hindouisme, comme on dit communément*, est polythéiste. Cela est unanimement accepté.
Il faut cependant rajouter dans le même souffle que l'acceptation d'un Dieu suprême et absolu est
également partagé par les deux principaux camps spirituels : les dualistes et les monistes.
La différence entre ces deux camps, c'est la croyance des seconds en une vérité ontologique exclusive:
il n'y a qu'une seule réalité: le grand Rien, vibrant de félicité et illuminé par sa lumière propre, si je peux
le formuler ainsi.
Les premiers, c'est-à-dire les dualistes, préconisent l'existence d'un Dieu unique et personnel, Vishnou
ou Krishna, tel que décrit par la Bhagavad-gita : "Tout repose sur moi comme des perles sur un fil." Krishna
dixit. Ce faisant, ils reconnaissent néanmoins la pertinence des autres religions. Il leur arrive de les critiquer,
mais c'est là une preuve de cette reconnaissance; ils ne les nient pas, ni dans le présent, ni dans l'absolu.
Ces dualistes accordent aux religions, adorateurs de Shiva, Durga, Allah, Adonaï ou bouddhistes, une
authentique légitimité. Ils pensent que ces religions sont nécessaires et que ces différentes voies conduisent
leurs adeptes à la libération ultime de leurs péchés par Dieu, comme l'instruit leur livre sacré respectif.
Les unicistes peuvent également montrer une certaine acceptation des Dieux mais cette attitude est
superficielle, car ils considèrent que ces Dieux n'ont aucune réelle substance et qu'ils sont des erreurs
de perception ou des jeux de l'imagination, à l'instar des mythes. En définitif, ils n'auraient pas d'existence
intrinsèque.
Donc, il y a ceux qui proclament que Tout est Un, pour mieux réduire à zéro les autres. En fait, ils s'accaparent
impunément le Tout. Et il y a ceux qui, par cette expression, entendent une vertu du bien vivre ensemble. Ils
considèrent que les peuples forment une grande famille humaine; ils ne cherchent pas à annihiler la variété et la
diversité des croyances.
* Bien que le mot "hindouisme" est communément accepté, même par les Hindous, il en demeure pas moins
que c'est un mot qui a été attribué par les étrangers, les Grecs et les Perses, qui nommaient tout ce qui se
trouvait au-delà de la rivière Indus, Inde.