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    Notre Dame des Landes ou l’art des grands projets inutiles

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    Notre Dame des Landes ou l’art des grands projets inutiles Empty Notre Dame des Landes ou l’art des grands projets inutiles

    Message par bye Sam 2 Juil - 11:43

    Les grands projets d’aménagement du territoire ne visent pas toujours à satisfaire des besoins. Pour vendre la construction d’une ligne de train à grande vitesse que peu de gens souhaitent utiliser ou celle d’un aéroport dans une région qui n’en nécessite pas, ingénieurs, promoteurs et maîtres d’ouvrage rivalisent d’habileté et de rhétorique. Justifier l’inutile est devenu une véritable culture dont on peut saisir les règles, les rites et les rythmes en lisant la conclusion d’un séminaire — fictif — sur le sujet.

    Vous, bâtisseurs de cathédrales du nouveau millénaire, poursuivez un dessein plein d’esprit et de noblesse. Mais la population ne comprend pas toujours le sens de vos rêves. « Votre projet ne sert à rien ! », vous oppose-t-on parfois. Comment, dans ces conditions, faire fructifier vos ambitions ?

    Les intervenants que nous venons d’entendre ont su nous faire partager leur inestimable expérience, et je vais tenter de dégager les axes stratégiques forts qui vous aideront à y parvenir.

    Commençons par les transports. C’est un réconfort pour le bâtisseur contemporain que d’observer une campagne traversée comme l’éclair par des trains perchés sur leur digue de ballast. La course à la mobilité est synonyme de réussite. Nos sociétés vivent à la vitesse d’Internet. L’économie est un écheveau de flux tendus. L’homme doit s’y soumettre, et ce secteur offre un large éventail d’opportunités.

    Pour séduire vos interlocuteurs, la démesure sera votre premier atout. Incitez vos ingénieurs à ébaucher des plans pharaoniques : percer cinquante kilomètres de tunnel sous les Alpes pour le tracé du train à grande vitesse (TGV) Lyon-Turin, mettre en valeur des milliers de mètres carrés de bocage pour implanter un aéroport dans la région nantaise, creuser sous la ville de Barcelone… L’exploit technologique, nourrissant l’orgueil national, occultera les désagréments pour les autochtones.

    Sachez tirer parti de la concurrence entre métropoles : elle favorise le gigantisme et sert vos projets. Labourez le terrain politique en flattant la mégalomanie des grands élus qui rêvent tous d’une tour Eiffel dans leur cité. Une fois que vous aurez gagné leur confiance, ils sauront faire pression sur la cohorte des élus plus modestes, dont les finances seront ponctionnées même si les retombées pour leur territoire n’existent que sur le papier. Afin qu’aucune objection ne s’élève, votre pari sur l’avenir devra être pourvoyeur d’emplois. Le chantier terminé, si l’on vous fait remarquer que les promesses ne sont pas tenues, il sera toujours temps d’échafauder des analyses vous dédouanant : la crise, la crise ! Jouez de vos accointances gouvernementales pour obtenir un label d’intérêt général : ce dispositif administratif procure un véritable passe-droit.

    Entourez-vous de bureaux d’études maîtrisant l’art de sophistiquer les dossiers jusqu’à les rendre indéchiffrables. Quand le fait le plus anodin se présente de manière abstraite, les curieux se découragent. La science étant l’apanage des scientifiques, seul un polytechnicien sera en mesure de compter les trains d’une ligne L durant un temps t. Pour se forger un avis, les élus s’en tiendront aux conclusions de vos études sérieuses, véridiques et bien intentionnées. Inutile, en revanche, de déployer trop de subtilité pour approcher la presse régionale : c’est un allié toujours fiable, et la générosité de votre régie publicitaire sera perçue par ce secteur sinistré comme un geste en faveur de la liberté de la presse.

    Lorsque vous vous estimez en mesure d’œuvrer en harmonie avec les élus et les médias, présentez le plan de financement. Le secteur français de la grande vitesse fonctionne selon un schéma avisé. Réseau ferré de France (RFF) cumule des dizaines de milliards d’euros de dettes (1). Plusieurs lignes à grande vitesse (LGV) sont déficitaires, et le réseau secondaire se détériore. Pourtant, il faut se féliciter qu’une élite mobile bénéficie des TGV. Même si l’Espagne, numéro un européen en la matière, se trouve en pleine tempête financière, l’audace commande de persister dans la construction de deux mille kilomètres de voies nouvelles, pour un budget moyen de 20 millions d’euros le kilomètre.

    Pour financer ces projets à la viabilité économique plus que douteuse, il est capital d’emprunter la voie des partenariats public-privé. En obtenant la construction, la maintenance, la gestion et l’exploitation d’une infrastructure, votre maîtrise sera totale, et les collectivités publiques vous seront pieds et poings liés. Vos experts expliqueront que vos bénéfices reflètent votre patriotisme, et le fardeau des pertes publiques sera dépeint comme un moindre mal au regard des emplois — hum ! — créés.

    Au vu de l’ampleur des déficits budgétaires actuels, l’enveloppe présentée (qui explosera par la suite) pourra sembler exorbitante à vos commanditaires. Afin qu’ils fassent avaler aux contribuables des pilules de plusieurs milliards d’euros, fournissez-leur des chiffres propres à enivrer les plus sceptiques. Certaines données sont à minimiser, d’autres à amplifier. C’est en spéculant sur des besoins futurs que vous hypnotiserez vos concitoyens. Multipliez les tonnes de fret de marchandises et les passagers par millions, sans hésiter à flirter avec l’absurde. Seul un avenir où vous aurez gagné pourra vous donner tort.

    Si le domaine du transport ferroviaire réserve de juteux contrats, ne négligez pas l’aérien, à l’exemple du projet d’aéroport du Grand Ouest, à Notre-Dame-des-Landes. Nantes est certes pourvue d’un aéroport sous-exploité, et la région, en cul-de-sac, en accueille déjà douze. Mais c’est oublier que l’époque est à la virtualité. Car enfin, il n’est nul besoin de besoins pour faire prospérer une idée !

    Evoluer avec son époque a un coût. Il est bien sûr regrettable d’ensevelir des hectares de biodiversité sous des bijoux de technologie, mais ces sacrifices sont indispensables. Avec une législation de plus en plus contraignante, vos infrastructures doivent offrir des garanties d’insertion écologique et paysagère. Il existe de nombreux artifices pour enduire acier et béton du vert HQE (haute qualité environnementale) : un musée sur l’agriculture locale, des panneaux solaires, un toit végétal…

    Il vous faudra, sur ce dossier, conserver un moral à toute épreuve. Car, malgré tous vos engagements, les écologistes aboieront. Ils seront rejoints par une foule d’esprits influençables, dont l’approche naïve peut dresser un obstacle imprévu. Un retraité dans la force de l’âge se révèle parfois un adversaire opiniâtre, qui va décortiquer vos plans de manière obsessionnelle. On le déplore au Pays basque, autour du projet de LGV vers l’Espagne : un argumentaire enflammé, livré par deux trublions (2), est relayé par les réseaux alternatifs. Misez sur votre service de communication pour leur barrer l’accès aux médias de grande envergure. Evitez que la contestation ne s’étende, ne devienne emblématique ou gagne les tribunaux administratifs, au risque d’un gel des chantiers.

    Une bataille de chiffres ne peut opposer que des adversaires de même catégorie. Face aux arguments amateurs, invoquez la rigueur technocratique de vos spécialistes. Avec l’ardeur des pionniers, brandissez l’intérêt national, voire international, face à la vision passéiste de vos contradicteurs. Revendiquez votre participation sincère et transparente aux concertations publiques. Compte tenu de vos soutiens politiques et médiatiques, le dialogue, mené selon les méthodes adéquates, ne devrait pas vous inquiéter.

    La contre-offensive doit être graduée. Vous devrez peut-être piloter une campagne de dénigrement par voie de presse. Si vous n’étouffez pas la révolte dans l’œuf, votre lobbying devra œuvrer à la criminalisation de l’opposition à votre ouvrage. A la légitimité revendiquée par les protestataires, répondez par la légalité institutionnelle et le recours à la force publique. Et si on vous accule au bras de fer, montrez votre détermination ; vous aussi avez le droit de vous exprimer ! Au nom de l’intérêt général, assignez, inondez les protestations sous des nuages de gaz lacrymogène, distribuez les amendes par milliers et faites éventuellement interpeller à tour de bras, comme en Allemagne pour la nouvelle gare de Stuttgart. La bataille peut aussi se gagner manu militari, comme nous l’enseigne l’expérience contre le maquis radical des « No TAV » (3) du val de Suze, en Italie. Si la tournure des événements l’impose, la possibilité de décréter un chantier « zone militaire d’intérêt stratégique » n’est pas à écarter.

    Certes, planifier un grand marché public s’avère de plus en plus laborieux ; mais le jeu en vaut la chandelle. Les concessions accordées par les autorités s’étalent de nos jours sur plus d’un demi-siècle. Pour votre entreprise et vos actionnaires, c’est la promesse de décennies de prospérité. D’autant que l’éventail des pyramides du futur ne cesse de s’élargir : groupes hospitaliers, centres commerciaux, quartiers d’affaires, infrastructures sportives, tours (4)... Pour paraphraser George Orwell, dont l’un des personnages déclarait : « La guerre, c’est la paix. La liberté, c’est l’esclavage. L’ignorance, c’est la force », je n’hésiterai pas à l’affirmer : l’inutile, c’est rentable !

    Alain Devalpo
    Journaliste.

    http://www.monde-diplomatique.fr/2012/08/DEVALPO/48057
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    Notre Dame des Landes ou l’art des grands projets inutiles Empty Re: Notre Dame des Landes ou l’art des grands projets inutiles

    Message par bye Jeu 29 Sep - 18:23

    http://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/nantes-44000/nddl-leurope-conseille-au-gouvernement-la-suspension-des-travaux-4519689




    NDDL. L'Europe conseille au gouvernement la suspension des travaux
    Nantes - Publié le 27/09/2016 à 21:38

    Si le gouvernement français respecte les injonctions de la Commission européenne, les forces de l'ordre et les pelleteuses ne reviendront pas dans la Zad cet automne. | Archives Franck Dubray


    Christophe Jaunet/Ouest-France
    Sur le dossier Notre-Dame-des-Landes, la France est en infraction avec le droit européen, à cause de l'impact environnemental global du projet d'aéroport. En attendant la régularisation, qui est en cours, la Commission européenne conseille à l'État de ne pas commencer les travaux.
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    Notre Dame des Landes ou l’art des grands projets inutiles Empty PARCE QUE JE LE VEUX BIEN....

    Message par gramophone Ven 30 Sep - 15:08

    Le néo-libéralisme et la démocratie

    Même si la plus part des béotiens, sommes formatés à croire que nous vivons en démocratie, la vérité est tout autre.

    Les sphères de la très haute société, profitent d'une connivence majeure entre VINCI, BOUYGUES, EFFIGE, COLAS vis à vis du parlement et de nombreux leaders politiques de régions et département.

    Il faut dire que cela déborde de la sphère purement du BTP, puisque les médias sont en partie dans le giron des magnats, qui ainsi auraient fermé la boucle. C'est le cas de Bolloré, mais pas que lui.

    Dans des rencontres, repas, déjeuners et autres, le lobby office de antichambre des lois.

    Nous les SANS DENTS pourrions continuer à jouer CANDY CRUSH SAGA , CLASH OF CLANS, ou FIFA 2016 pendant qu'en tant que contribuables, les français sont pris pour des ânes, des vaches à lait. Nous sommes très loin d'une démocratie ou la politique officierait ou arbitraire en faveur de la répartition équitable du fruit du travail. Mais c'est PARCE QUE  NOUS LE VOULONS BIEN.

    Fait à Joigny le 30 septembre 2016 par Nestor Elias RAMIREZ JIMENEZ
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    Notre Dame des Landes ou l’art des grands projets inutiles Empty Re: Notre Dame des Landes ou l’art des grands projets inutiles

    Message par bye Ven 19 Jan - 21:05

    Zadisfaction ?

    L’arrêt définitif du projet d’aéroport de Notre Dame des Landes est une victoire. C’est évident. Et la déconfiture rageuse des divers clans de bétonneurs est un régal pour tous ceux qui ont combattu ce projet toxique, cet « éléphant blanc » pour safaris ravageurs.

    C’est la menace d’actes de résistance de milliers de personnes dans toute la France et le risque de « déstabilisation » que ça lui faisait courir qui a contraint le gouvernement à ainsi lâcher du lest, et non la « sage » considération expertisée d’un projet « obsolète ». Ce gouvernement n’est pas moins que ses prédécesseurs souteneur de « grands projets inutiles » ou plutôt utiles seulement à quelques saigneurs de l’humanité et de la planète. Il est plus prudent, voilà tout.

    Mais c’est une victoire qui vise à préparer une défaite.

    Depuis des années, le véritable affrontement entre l’état, ses gérants, la grande majorité des politicards, les barons du business, et les Zadistes et leurs soutiens, n’est pas seulement l’affrontement pour ou contre un débile projet d’aéroport mais aussi et surtout pour ou contre certains choix de société. C’est d’ailleurs ce qu’ont déclaré souvent les plus forcenés partisans du projet : pour eux, le plus important était, et reste de détruire la Zad. En effet, cette zone contre laquelle ils ne cessent de vitupérer à coups de mensonges grossiers la déguisant en repaire de casseurs et terroristes ; cette zone qu’ils dénoncent comme « Zone de non droit » est une zone ou le « droit » d’asservir et d’exploiter a largement pris fin. C’est un exemple concret que l’on peut vivre autrement que broyés par une « économie » cannibale, asservis à des patrons et des actionnaires toujours plus voraces, truandés par des financiers rapaces, menotté par des « lois » carcérales, matraqué ou flingué par des « autorités » mafieuses. C’est la preuve que des humains peuvent avoir d’autres relations que la guerre de tous contre tous. La preuve que des citoyens peuvent s’auto-organiser au moyen d’une véritable démocratie directe au lieu d’abdiquer leur pouvoir aux mains de démagogues véreux. C’est évidemment une menace pour toutes les oligarchies régnantes. C’est cela qu’ils veulent anéantir.

    En habiles politicards, Macron et sa clique s’affairent donc à ôter son prétexte à la résistance. La sauvegarde des intérêts des vampires de l’humanité vaut bien le sacrifice d’un aéroport ! Si ce projet d’aéroport est abandonné, la Zad n’a plus de raison d’exister, argumentent-ils. Ils visent ainsi à faire éclater ce qui a fait la force du mouvement de résistance : sa capacité à concilier diverses opinions et stratégies en un front uni. Ils espèrent que certains vont se contenter de l’abandon du projet d’aéroport et lâcher les Zadistes, égoïstement, sans considération pour le fait que « sans eux, l’aéroport serait déjà fait », comme le constate lucidement un opposant « historique ».

    Ils se préparent ainsi à mettre fin à ce qui reste un territoire libéré de leur domination ; à une expérience de changement social dont ils redoutent qu’elle fasse tache d’huile ; à cette « commune » exemplaire.

    Pour ceux qui estiment que celle-ci est à défendre, il est donc prématuré d’applaudir trop fort cette « victoire ». Il faut, au contraire, se préparer à de nouvelles attaques, qu’elles soient lancées par la force ou, plus subtilement, au moyen d’échafaudages diplomatiques plus ou moins « verts ». Le collectif des diverses composantes du mouvement en est conscient, en écrivant dans son communiqué du 17 janvier : Dans le futur, ce territoire doit pouvoir rester un espace d’expérimentation sociale, environnementale et agricole.



    Plus que jamais, la Zad reste une zone à défendre.

    Gédicus,

    18 janvier 2018.

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    Notre Dame des Landes ou l’art des grands projets inutiles Empty Re: Notre Dame des Landes ou l’art des grands projets inutiles

    Message par bye Mar 3 Avr - 19:20

    Deux mondes se disputent l’avenir de la ZAD
    30 mars 2018 Par Jade Lindgaard
    Les occupant·e·s de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes avaient jusqu’au 31 mars pour se régulariser. L’État a beau agiter des menaces d’expulsion ciblée, personne n’est prêt.

    Des dizaines de champs à pâturer et à cultiver, des milliers d’arbres, des milliards de molécules de chlorophylle, et des désirs en concurrence. L’abandon de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes fait éclore un conflit d’usage sur les 16,5 kilomètres carrés de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes.
    Cette bataille bocagère ressemble à un processus de décolonisation. On y trouve des anciens rebelles en voie d’obtenir droits et titres de séjour : les paysan·ne·s historiques et des squatteur·se·s anti-aéroport. Les anciens maîtres en passe d’abandonner la zone achetée à l’État par un contrat de concession en 2010 : la filiale de Vinci dénommée AGO. Et au milieu, ceux qui ont endossé le rôle de supplétif des autorités : les agriculteurs qui avaient accepté de céder leurs terres au projet d’aérogare, en échange d’indemnités.

    Sur les 1 650 hectares de la ZAD, on dénombre quelques centaines d’habitant·e·s, près d’une centaine de lieux de vie, une poignée de fermes qui ont résisté jusqu’au bout aux expulsions, 38 exploitant·e·s ayant cédé leurs parcelles à l’amiable. Et toute une communauté attachée à cet espace après dix ans de mobilisation : naturalistes, associations citoyennes, syndicats et collectifs agricoles. Depuis plusieurs semaines, ils sont reçus par la préfecture du département, qui mène des négociations sur l’avenir de la zone. Officiellement, les occupant·e·s de la ZAD avaient jusqu’au 31 mars, jour de la fin de la trêve hivernale, pour se régulariser. Les représentant·e·s de l’État ont beau agiter des menaces d’expulsion ciblée de certains collectifs de la ZAD, personne n’est prêt. Et tout le monde sait que les discussions vont durer encore des mois, et probablement des années.



    Car derrière les éléments de langage et les documents techniques, deux visions du monde s’affrontent. D’un côté, le monde agricole institutionnel, représenté par la chambre d’agriculture et son syndicat majoritaire, la FNSEA, veut profiter de cet “eldorado” foncier tombé du ciel. De l’autre, l’ex-mouvement anti-aéroport compte prolonger sa victoire par l’installation dans le bocage d’une zone coopérative et solidaire.

    Rationalités stratégiques et affects s’entremêlent, envies de revanche et regrets d’avoir choisi le mauvais camp. Le tout donne une scène politique explosive. La peur d’y perdre et la perspective d’un avenir incertain pendant plusieurs années encore sont palpables dans les positions et les discours des acteur·ice·s de ce processus de transition. Sur la ZAD, une partie des squatteur·e·s craint d’être chassée par la normalisation. La remise en état de la route D281, puis le sabotage des travaux et l’afflux de gendarmes pour encadrer le chantier ont exaspéré les esprits. Entre militant·e·s autrefois uni·e·s par l’ennemi aéroportuaire, la défiance atteint un paroxysme.

    « La ZAD, c’est plus que des surfaces, c’est un symbole, reconnaît le président de la chambre d’agriculture de Loire-Atlantique Jacques Lemaître, éleveur porcin au nord du département, Certains voudraient en profiter pour faire une grande zone expérimentale de distribution du foncier. Faire un mega truc style Futuroscope du troisième type, une silico-agricole valley. Mais Notre-Dame-des-Landes n’est pas le Larzac. On ne fait pas trucs olé olé. On n’est pas dans le monde des Bisounours. Je suis là pour défendre les agriculteurs, pas pour faire un nouveau monde. »



    Mickaël Trichet, nouveau président de la FNSEA 44, ne veut plus « parler de zadistes. La ZAD c’est fini. Édouard Philippe a dit que les terres devaient retourner à l’agriculture. Qu’est-ce qu’un agriculteur ? Quelqu’un qui est formé à un projet économique viable et aux règles sanitaires. Ce ne sera pas le “LarZad”. On ne fait pas de l’agriculture pour faire de la philosophie. Il faut en vivre. »
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    Premières hypothèses pour l’avenir de la ZAD Par Jade Lindgaard
    Depuis la déclaration d’utilité publique de l’aéroport, en 2008, son syndicat se trouve pris entre deux feux. Sur le principe, il était opposé au goudronnage des terres de Notre-Dame-des-Landes. Mais élue à la tête de la chambre d’agriculture en 2007, la FNSEA a accompagné le projet en encourageant les exploitant·e·s à accepter leur éviction. « On s’est retroussé les manches. Sinon ils finissaient à poil. On a accompagné les agriculteurs pour qu’ils ne se retrouvent pas démunis. »
    Résultat : les trente-huit exploitants qui ont cédé leurs parcelles à l’amiable ont touché au total plusieurs millions d’euros, répartis en fonction de la taille des exploitations et de leur degré d’impact par l’aéroport. Le montant global des indemnités d’éviction et d’expropriation s’élève à près de 9 millions d’euros pour l’ensemble des exploitants impactés, y compris les quatre fermes qui ont résisté jusqu’au bout à l’expulsion, indique le ministère de la transition écologique. Les cédants à l’amiable ont en plus bénéficié de baux précaires leur laissant l’usage gratuit de ces terres à partir de 2012 et de l’échec de l’évacuation des occupant·e·s par les gendarmes. Et touché des aides de la PAC pour ces mêmes parcelles – dans le département en 2013, la moyenne des paiements uniques au titre de l’aide européenne atteignait 254 euros par hectare, soit autour de 215 000 euros annuels en tout pour 850 hectares. Environ 600 hectares ont fait l’objet de conventions d’occupation précaire avec AGO Vinci.

    « On a accepté les indemnités éviction. On n’a pas trop eu le choix »
    Pour le mouvement anti-aéroport, ces agriculteurs sont des « cumulards » et n’ont plus aucune légitimité sur ces terres. Mais pour Mickaël Mary, du GAEC de Chavagne, à Treillières, la plus grosse exploitation impactée par l’aéroport : « On souhaite garder les terres, pas les récupérer. On n’est jamais partis. » Autour de lui, les cédants à l’amiable se sont regroupés en association : l’Amelaza. Une trentaine de personnes y ont adhéré. « On a accepté les indemnités éviction. On n’a pas trop eu le choix. J’avais demandé au représentant de l’État : et si je signe pas ? Il m’avait répondu : pas d’indemnité et on prend les terres quand même. On a fini par signer. »



    Les exploitant·e·s des quatre fermes anti-aéroport, dont les familles Fresneau et Thebault, figures proéminentes du mouvement, ont, elles, refusé d’encaisser cet argent qui est resté consigné à la Caisse des dépôts. « On ne s’est pas enrichis. Cet argent, on ne l’a plus », explique Mickaël Mary, qui dit l’avoir dépensé pour acheter des terres et faire construire un bâtiment sur sa ferme. Quant aux prêts à usage qui leur ont permis de cultiver les parcelles qu’ils avaient cédées entre 2012 et 2018, il précise : « L’État et le porteur du projet sont venus nous proposer d’y rester pour les entretenir. Pour nous il était hors de question de les exploiter sans contrat. On ne voulait pas être mis sur le même pied que les zadistes. Si on n’avait pas été là, la ZAD serait une friche. » Les membres de l’Amelaza souhaitent revenir à la situation de 2008, avant la DUP, et signer des baux à ferme de neuf ans, renouvelables. La majorité d’entre eux sont des fermiers et louent les terres qu’ils exploitent.

    Ce statut de fermier est bien leur seul point commun avec les paysan·ne·s de Copains, collectif créé en 2011 pour défendre les terres de la ZAD, à un moment où la Confédération paysanne s’impliquait peu dans la lutte. À leurs yeux, les 1 650 hectares doivent rester un territoire libéré du marché et du productivisme. « Ce qui se passe à Notre-Dame-des-Landes est important, car il faut casser le modèle qui nous mène dans le mur, explique Bruno, éleveur bovin et céréalier bio dans le sud du département. Le monde agricole ne peut pas se renouveler uniquement avec des filles et des fils d’agriculteurs. Il faut être ouvert à autres modes de production et d’autres personnes. » La discussion se déroule autour de galettes préparées par Guylain, producteur de lait et de fromage, pour qui l’enjeu désormais est « d’y cultiver la paysannerie de demain. On a impression que c’est là que ça se passe ». Pour Bruno : « L’avenir de l’agriculture, ce n’est pas que les drones et les robots de traite. »

    Entre les représentants de l’agriculture institutionnelle et les paysan·ne·s favorables à des alternatives, les arguments s’opposent frontalement.

    Le même cadre pour tou·te·s ou une brèche dans le système ?
    C’est l’un des principaux clivages entre les un·e·s et les autres. Pour la chambre d’agriculture et l’Amelaza, les projets pour les parcelles de la ZAD devront passer sous les fourches caudines de la commission départementale d’orientation de l’agriculture (CDOA), présidée par la préfète, qui rend un avis sur les autorisations d’exploiter. Et respecter le schéma régional des structures agricoles.

    « Si on part dans un truc nouveau à Notre-Dame-des-Landes, alors on bannit toutes les paperasseries et l’empilement des contrôles que subissent les agriculteurs, et là on est preneurs, ironise Jacques Lemaître, le président de la chambre d’agriculture. Les installations sur la ZAD doivent se faire dans un cadre légal. Les vaches doivent être répertoriées, avoir un passeport sanitaire, subir des prises de sang. Même pour les circuits courts, c’est comme ça. Ce n’est pas à nous de nous adapter à ces gens-là. Vous accepteriez d’aller chercher du lait et de la viande dans un truc expérimental ? »

    Pour le mouvement anti-aéroport, il faut au contraire se saisir de l’opportunité unique de la libération de ces 15 kilomètres carrés de terres pour expérimenter d’autres méthodes d’attribution foncière. « Le système est protecteur pour les gens déjà installés, analyse Bruno, du collectif Copains. Les outils sont là pour que ça se passe bien, mais ne permettent pas le renouvellement. Les nouveaux projets sont souvent sur des surfaces plus modestes que les structures qui se libèrent. Donc les terres libérées vont à l’agrandissement d’exploitations déjà installées. Si bien que surfaces doublent à chaque fois, et les banques suivent; » Pour Guylain : « On veut les mêmes règles qu’ailleurs, mais pas uniquement selon des critères agricoles. Elles doivent être plus transversales. »

    Défense du statut d’agriculteur ou ouverture au reste de la société ?
    Pour l’État, tous les projets agricoles sur la ZAD devront respecter le cadre légal et faire l’objet de conventions individuelles d’occupation précaire (COP). Pour la FNSEA, il faudra en plus que les personnes déposant ces projets soient « des gens formés par un diplôme. Il y a des centres formation, il faut être capable d’apprendre les bases de la sécurité sur une exploitation ». Le statut d’agriculteur s’obtient en se déclarant à la MSA, la mutuelle agricole. Un acte payant sur la base d’un nombre de parcelles et d’un type d’activités. Pour Mickaël Mary, paysan indemnisé de la ZAD : « S’ils sont déclarés à la MSA et ont le statut d’agriculteur, pour notre cohabitation, ce sera mieux. Ils seront des agriculteurs et plus des squatteurs. Socialement c’est hyper important. » L’enjeu est aussi très concret : recours à la Cuma, coopérative de matériel, mutualisation d’outils, par exemple. « Je verrais d’un mauvais œil que des citoyens lambda y aient accès. » Son association « n’est pas anti-zadiste mais on veut défendre nos intérêts. Il y a de la place pour tout le monde. S’ils nous respectent, on les respecte ». Pour la chambre, Jacques Lemaître est plus brutal : « Le statut de zadiste, je ne connais pas. Il y a des règles du jeu pour tous les autres. En quoi ça les gêne d’avoir un parcours d’installation ? »

    À l’inverse, Dominique, producteur laitier bio, et membre du collectif Copains, explique que « ce qui [lui] plaît sur la ZAD c’est que des gens rejetés de partout, les zonards des villes, peuvent y trouver leur place ». Pour Guylain : « L’idée, c’est de développer des projets avec plein de voisins, agriculteurs ou pas. Il faut rester connecté à la société. La ZAD est un lieu d’échanges et discussions. Elle peut être une zone d’expérimentation pour les installations. » Pour Dominique : « Il faut des projets différents, innovants, non conventionnels. Il faut des gens intéressés par ça, qui ont envie de faire des bouffes collectives. »

    Membre des Naturalistes en lutte, ces passionné·e·s de nature qui ont cartographié les espèces végétales et animales vivant sur la zone, Jean-Marie Dréan explique que pour continuer de protéger le bocage, une veille collective par celles et ceux qui y habitent serait le moyen le plus efficace : « Quand on fait un projet de protection de la nature type Natura 2000 sans impliquer les gens sur place, ça ne marche pas. Sur la ZAD, on est en dialogue ceux qui y vivent. On est écouté et on participe aux décisions pratiques de gestion. »



    Économie de marché subventionnée ou système alternatif de valeurs ?
    Les paysans historiques du mouvement anti-aéroport voudraient créer une structure de propriété collective, sur le modèle de la SCTL du Larzac, mais l’État jusqu’ici s’y oppose – et annonce vouloir vendre les terres de la ZAD. Pour la FNSEA, Mickaël Trichet y est radicalement opposé : « Si se crée une gestion collective des terres, je crie au scandale ! Quel statut pour ceux qui décideraient ? On veut des règles équitables, élaborées avec la préfecture ».

    Dominique, de Copains, espère au contraire la création d’« une entité commune, qui écarte les problèmes de propriété. Elle pourrait payer les fermages des gens disposant de zéro moyen, leur permettant de rester. La ZAD peut être un lieu de formation, d’échanges, d’apprentissage. Un lieu où s’essayer. T’as le droit de te planter car tu n’es pas endetté. Le collectif ne peut pas être autrement que solidaire ». Pour Guylain : « Tous les jours quand je me lève, quand les fromages arrivent, quand on vient livrer les Amapiens, je fais de la philosophie. Plus il y aura de la philosophie dans notre agriculture, plus on aura des gens pour la faire. C’est ce qui donne du sens à ce qu’on mange. » La Confédération paysanne, qui participe au comité de pilotage mis en place par la préfète de Loire-Atlantique, et appartient au collectif Copains, refuse que les hectares libérés de la ZAD n’agrandissent des exploitations existantes. C’est aussi en principe un objectif de la Safer, acteur pivot de l’attribution du foncier.

    Plusieurs occupant·e·s actuel·le·s de la ZAD ont des activités ou des projets de type agricole : maraîchage, élevage, boulangerie (voir ici notre article à ce sujet). Une commission « installations » réfléchit à des critères de sélection pour venir sur la zone : être en affinité avec la dynamique locale, accepter de mutualiser le matériel, vouloir tisser des liens avec les mobilisations sociales, transformer au maximum ses produits sur place pour dégager beaucoup de valeur ajoutée, intégrer une forte dimension environnementale. « Nos activités sont souvent à but non lucratif, décrit Camille. On souhaite développer une autonomie de subsistance vivrière avec un maillage de petites fermes à taille humaine, entre 25 et 50 hectares, voir des micro-fermes. On défend une agriculture de solidarité, qui produit de la nourriture pour des squats de migrant·e·s et des salarié·e·s grévistes. Le statut individuel de la MSA est trop décalé par rapport à ce qu’on fait. »

    La délégation issue du mouvement aimerait que la préfecture accepte de signer une convention collective d’occupation pour les 310 hectares du mouvement, afin de couvrir beaucoup de monde, y compris celles et ceux qui ne sont pas prêt·e·s à déposer un projet spécifique, et d'éviter le morcellement du territoire. Ce serait aussi une façon d'intégrer à l'ensemble les activités non agricoles (artisanat, bibliothèque, concerts...). Et cela a enfin la vertu de correspondre à des principes agro-écologiques: un champs peut tour à tour servir de pâturage, de culture, se reposer...

    Pour l’instant, l’État maintient son exigence de contrats individuels. Pour le ministère de la transition écologique : « Comme l’a dit le premier ministre, c’est le droit qui s’applique et la gestion des terres se fera sur une base individuelle. C'est à chaque personne se déclarant agriculteur exploitant de se mettre en situation de régularisation. Il n’y aura pas de propriété collective des terres, ce qui n’empêche pas que les agriculteurs qui seront dans le cadre de la loi développent des projets collectifs s’ils le souhaitent. » Un diagnostic du foncier est en cours et la puissance publique étudie la proposition du conseil départemental – jusqu’au bout très favorable à la construction du nouvel aéroport – de récupérer 85 % de la zone.

    Trois ministres et secrétaires d’État sont officiellement saisis du dossier : Sébastien Lecornu doit suivre le volet « projet de territoire », sur la base des travaux du comité de pilotage menés par la préfète. Élisabeth Borne, ministre déléguée aux transports, coordonne le volet infrastructures en lien avec la mission confiée à Francis Rol-Tanguy sur l’extension de l’aéroport de Nantes-Atlantique. Et Nicolas Hulot doit se rendre à Notre-Dame-des-Landes dans les prochaines semaines. 


    Ce fragile équilibre de négociation pourrait se rompre en cas d’expulsion de certains lieux de la ZAD. Une menace répétée par la préfecture et Sébastien Lecornu lors de sa visite à Nantes. Une vingtaine d’avocats ont écrit à Édouard Philippe pour dénoncer l’illégalité de ces éventuelles évictions. Le prochain comité de pilotage est prévu le 6 juin. Mais d’ici là, si la ZAD a été amputée d’une partie d’elle-même, la situation pourrait se tendre sur place. Une perspective déroutante alors que ni du côté du mouvement anti-aéroport, ni du côté de l’État, personne ne semble vouloir rallumer la flamme de l’affrontement.


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