Le niveau des océans ne cesse d'augmenter
http://www.lefigaro.fr/sciences/2014/04/22/01008-20140422ARTFIG00249-pas-de-pause-dans-la-hausse-du-niveau-des-oceans.php
o Par Marielle Court
o Publié le 22/04/2014 à 17:12
Depuis vingt ans la mer monte en moyenne de 3,2 mm par an avec des écarts décennaux provoqués par des événements de type El Niño ou La Niña.
En une vingtaine d'années, le niveau de la mer s'est élevé de 3,2 mm/an. Une moyenne qui cache pourtant une curieuse disparité. Entre 1990 et 2000, les valeurs étaient de 3,5 mm/an. À partir du début des années 2000, elles sont tombées à 2,5 mm/an. Un ralentissement que certains ont rapidement mis en relation avec la pause enregistrée dans la hausse de la température terrestre, concluant à un ralentissement du réchauffement climatique global. La publication récente dans Nature Climate Change d'une étude consacrée à la hausse du niveau des océans montre qu'il en va différemment.
De fait explique Anny Cazenave, chercheuse au Legos (Laboratoire d'études en géophysique et océanographie spatiales), membre de l'Académie des sciences et principale auteur de l'étude, les différences entre les deux périodes correspondent avant tout à l'impact d'événements climatiques que sont El Niño et La Niña. «Dans le cas d'El Niño, on constate que les pluies se concentrent sur l'océan Pacifique tropical, mais se font plus rares sur les continents de ces mêmes régions. Cela provoque du coup une hausse temporaire du niveau des océans. A contrario, La Niña entraîne plus de précipitations sur terre qu'en mer», explique-t-elle. Or la décennie 90 a connu plusieurs épisodes El Niño, «dont un particulièrement important au cours de l'année 1997-1998», précise la publication. Le début du XXIe siècle en revanche a été marqué par un nombre important d'occurrences de La Niña. Une fois donc corrigée de ces variations climatiques «on retrouve bien une moyenne de 3 mm/an» précise encore la scientifique.
L'impact de la fonte des glaces polaires
L'OMM (Organisation météorologique mondiale) vient d'annoncer qu'il y avait cette année un grand nombre de signes avant-coureurs d'un nouveau phénomène El Niño. Il pourrait se manifester d'ici à l'été dans le Pacifique. Si tel est le cas, les observations des chercheurs devraient pouvoir se vérifier rapidement avec, en toute logique, une hausse du niveau de la mer proche de celle constatée dans les années 1990.
En certains endroits du globe, les scientifiques constatent également que le sol s'affaisse. «Les villes de Jakarta, Bangkok ou Tokyo, se sont ainsi enfoncées de trois mètres au fil du temps», précise encore Anny Cazenave. Mais ce phénomène a également été observé en d'autres endroits de la planète et notamment sur nombre d'atolls du Pacifique. Les mouvements des plaques terrestres peuvent en être une des causes mais c'est aussi le résultat du pompage dans les nappes phréatiques sur lesquelles les villes sont le plus souvent construites, ou encore de l'exploitation des ressources pétrolières. «Là où la terre s'enfonce, cela ne fait qu'amplifier la contribution climatique», précise Anny Cazenave.
L'OMM a annoncé qu'il y avait un grand nombre de signes avant-coureurs d'un nouveau phénomène El Niño qui pourrait se manifester d'ici à l'été dans le Pacifique.
Les travaux qui ont également été menés avec des chercheurs du CNRM (Centre national de recherches météorologiques CNRS, Météo-France) et du MIO (Institut méditerranéen d'océanologie, Université Aix-Marseille-Toulon) concluent que la hausse des océans ne s'est donc pas ralentie. La cause principale en est la fonte des glaces. «Le dernier rapport du Giec qui consacre un chapitre aux connaissances les plus récentes sur les océans montre que la hausse du niveau de la mer serait due pour moitié à la fonte des glaces, pour 40% à la dilatation thermique (expansion de l'eau en raison de son réchauffement), le reste proviendrait des eaux continentales». Si la hausse des températures terrestres marque le pas depuis une dizaine d'années «les chercheurs suggèrent que le réservoir de chaleur pourrait se trouver dans l'océan profond, mais cela demande encore à être confirmé», ajoute Anny Cazenave.
La fonte des glaces en provenance du Groenland et de l'Antarctique a un impact différent selon les régions. En cause: l'expansion thermique non uniforme des océans et les variations de salinité de l'eau. «La diminution très importante de la masse de glace aux pôles attendue d'ici à 2100 devrait ainsi provoquer une suraccumulation de près de 30% de l'eau dans toute la zone tropicale», prévient la scientifique.
http://www.lefigaro.fr/sciences/2014/04/22/01008-20140422ARTFIG00249-pas-de-pause-dans-la-hausse-du-niveau-des-oceans.php
o Par Marielle Court
o Publié le 22/04/2014 à 17:12
Depuis vingt ans la mer monte en moyenne de 3,2 mm par an avec des écarts décennaux provoqués par des événements de type El Niño ou La Niña.
En une vingtaine d'années, le niveau de la mer s'est élevé de 3,2 mm/an. Une moyenne qui cache pourtant une curieuse disparité. Entre 1990 et 2000, les valeurs étaient de 3,5 mm/an. À partir du début des années 2000, elles sont tombées à 2,5 mm/an. Un ralentissement que certains ont rapidement mis en relation avec la pause enregistrée dans la hausse de la température terrestre, concluant à un ralentissement du réchauffement climatique global. La publication récente dans Nature Climate Change d'une étude consacrée à la hausse du niveau des océans montre qu'il en va différemment.
De fait explique Anny Cazenave, chercheuse au Legos (Laboratoire d'études en géophysique et océanographie spatiales), membre de l'Académie des sciences et principale auteur de l'étude, les différences entre les deux périodes correspondent avant tout à l'impact d'événements climatiques que sont El Niño et La Niña. «Dans le cas d'El Niño, on constate que les pluies se concentrent sur l'océan Pacifique tropical, mais se font plus rares sur les continents de ces mêmes régions. Cela provoque du coup une hausse temporaire du niveau des océans. A contrario, La Niña entraîne plus de précipitations sur terre qu'en mer», explique-t-elle. Or la décennie 90 a connu plusieurs épisodes El Niño, «dont un particulièrement important au cours de l'année 1997-1998», précise la publication. Le début du XXIe siècle en revanche a été marqué par un nombre important d'occurrences de La Niña. Une fois donc corrigée de ces variations climatiques «on retrouve bien une moyenne de 3 mm/an» précise encore la scientifique.
L'impact de la fonte des glaces polaires
L'OMM (Organisation météorologique mondiale) vient d'annoncer qu'il y avait cette année un grand nombre de signes avant-coureurs d'un nouveau phénomène El Niño. Il pourrait se manifester d'ici à l'été dans le Pacifique. Si tel est le cas, les observations des chercheurs devraient pouvoir se vérifier rapidement avec, en toute logique, une hausse du niveau de la mer proche de celle constatée dans les années 1990.
En certains endroits du globe, les scientifiques constatent également que le sol s'affaisse. «Les villes de Jakarta, Bangkok ou Tokyo, se sont ainsi enfoncées de trois mètres au fil du temps», précise encore Anny Cazenave. Mais ce phénomène a également été observé en d'autres endroits de la planète et notamment sur nombre d'atolls du Pacifique. Les mouvements des plaques terrestres peuvent en être une des causes mais c'est aussi le résultat du pompage dans les nappes phréatiques sur lesquelles les villes sont le plus souvent construites, ou encore de l'exploitation des ressources pétrolières. «Là où la terre s'enfonce, cela ne fait qu'amplifier la contribution climatique», précise Anny Cazenave.
L'OMM a annoncé qu'il y avait un grand nombre de signes avant-coureurs d'un nouveau phénomène El Niño qui pourrait se manifester d'ici à l'été dans le Pacifique.
Les travaux qui ont également été menés avec des chercheurs du CNRM (Centre national de recherches météorologiques CNRS, Météo-France) et du MIO (Institut méditerranéen d'océanologie, Université Aix-Marseille-Toulon) concluent que la hausse des océans ne s'est donc pas ralentie. La cause principale en est la fonte des glaces. «Le dernier rapport du Giec qui consacre un chapitre aux connaissances les plus récentes sur les océans montre que la hausse du niveau de la mer serait due pour moitié à la fonte des glaces, pour 40% à la dilatation thermique (expansion de l'eau en raison de son réchauffement), le reste proviendrait des eaux continentales». Si la hausse des températures terrestres marque le pas depuis une dizaine d'années «les chercheurs suggèrent que le réservoir de chaleur pourrait se trouver dans l'océan profond, mais cela demande encore à être confirmé», ajoute Anny Cazenave.
La fonte des glaces en provenance du Groenland et de l'Antarctique a un impact différent selon les régions. En cause: l'expansion thermique non uniforme des océans et les variations de salinité de l'eau. «La diminution très importante de la masse de glace aux pôles attendue d'ici à 2100 devrait ainsi provoquer une suraccumulation de près de 30% de l'eau dans toute la zone tropicale», prévient la scientifique.