Caracas a suspendu le signal de CNN en espagnol, tandis que Donald Trump recevait à la Maison Blanche l’épouse d’une figure antichaviste.
Déjà âpres depuis l’arrivée au pouvoir en 1999 d’Hugo Chavez, célèbre pour ses diatribes antiaméricaines, les relations entre Washington et Caracas se sont un peu plus envenimées, mercredi 15 février. Dans le sillage des sanctions imposées par les Etats-Unis au vice-président El Aissami, les autorités vénézuéliennes ont suspendu le signal de CNN en espagnol, tandis que le président Donald Trump recevait à la Maison Blanche l’épouse de Leopoldo Lopez, figure antichaviste emprisonnée depuis trois ans.
Arrêt de la diffusion de CNN en espagnol
CNN fait de la « propagande de guerre, basée sur des erreurs », a fait valoir Caracas, justifiant la suspension sur son territoire du signal en espagnol de la principale chaîne d’information d’Amérique latine. Cette décision a été prise deux jours après que les Etats-Unis ont infligé des sanctions au vice-président du pays, Tareck El Aissami, pour trafic de drogue.
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D’après l’Agence France-presse (AFP), CNN en espagnol n’était plus disponible depuis l’après-midi sur les différents câblo-opérateurs du pays. En revanche, CNN International, sa version anglophone, continuait d’être diffusée. Un porte-parole du média américain a annoncé, peu après, que l’antenne hispanophone serait désormais disponible gratuitement au Venezuela sur YouTube.
La ministre des affaires étrangères vénézuélien avait annoncé que des mesures allaient être prises contre la chaîne en réponse à un reportage diffusé le 6 février sur un trafic supposé de visas et de passeports vénézuéliens à l’ambassade du pays en Irak. La chaîne citait Tareck El Aissami comme un des organisateurs. Dimanche, le président Nicolas Maduro s’en était déjà pris à CNN en espagnol lors de son émission hebdomadaire : « Je veux que CNN sorte du Venezuela, dehors ! »
Nicolas Maduro met en garde Donald Trump
Le président vénézuélien a prévenu son homologue américain qu’il répondrait « avec fermeté » à toute action hostile envers son gouvernement. « Si [les Etats-Unis] nous agressent, nous n’allons pas nous taire (…) Celui qui nous cherchera recevra une réponse adaptée », a déclaré M. Maduro, sans plus de précisions, lors d’un événement public.
Si le chef de l’Etat a ajouté qu’il ne voulait pas de « problème avec M. Donald Trump », il a cependant estimé que « l’impérialisme était en train de [les] menacer », en référence aux mesures contre M. El Aissami.
Considéré comme le probable successeur de M. Maduro et représentant de l’aile dure du parti socialiste au pouvoir, le vice-président avait déjà réagi mardi avec virulence à ces sanctions, qu’il avait qualifiées de « misérable et infâme agression ». Il a reçu mercredi le soutien crucial de l’armée, acteur incontournable du paysage politique du pays.
Washington demande la libération d’un opposant
Le président américain a, lui, demandé la libération « immédiate » de Leopoldo Lopez, figure de proue de l’opposition au gouvernement vénézuélien et emprisonné depuis trois ans. Donald Trump a une nouvelle fois choisi Twitter pour envoyer son message de la Maison Blanche.
« Le Venezuela devrait autoriser Leopoldo Lopez, un prisonnier politique et époux de@liliantintori (que je viens de rencontrer avec@marcorubio) à sortir de prison immédiatement. » Il a accompagné son message d’une photo le montrant, le pouce levé, au côté de Lilian Tintori, en compagnie du vice-président, Mike Pence, et du sénateur républicain Marco Rubio.
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Partageant sur le réseau social le tweet du président américain, Mme Tintori a ajouté, dénonçant « une dictature » : « Continuons avec plus de force à conquérir notre liberté ! » « Je leur ai parlé de la crise humanitaire que nous vivons au Venezuela et de nos prisonniers politiques. »
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Fondateur du parti d’opposition Volonté populaire, Leopoldo Lopez a été condamné à quatorze ans de prison pour incitation à la violence lors de manifestations contre le gouvernement, qui firent quarante-trois morts en 2014.
http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2017/02/15/accusee-de-propagande-de-guerre-cnn-en-espagnol-suspendue-au-venezuela_5080342_3222.html