Fin septembre 2017, les autorités de contrôle de la radioactivité de l’air de plusieurs pays européens ont repéré la présence de Ruthénium-106, à des taux significatifs. Pour connaître approximativement l’origine de ce panache radioactif, il aura fallu attendre près de 2 mois…
Qu’est ce que le Ruthénium-106 ?
Le ruthénium est un métal que l’on retrouve dans les sous-produits de l’exploitation des mines de platine ; à l’état stable (Ruthénium-102), il s’attaque à la peau humaine et est suspecté d’être cancérogène.
Sa variante isotopique détectée dans l’air européen, le Ruthénium-106, est un radio-isotope synthétique (totalement absent dans la nature). C’est un produit de fission issu de l’industrie nucléaire, produit-fille des atomes instables que l’on retrouve dans la chaine de désintégration de l’uranium. Il se dégage sous forme d’une molécule volatile, le tétroxyde de ruthénium : RuO4 lors des opérations de traitement du combustible nucléaire usagé, notamment dans les opérations de calcination des déchets nucléaires nécessaires pour leur vitrification. Il est présent également dans les rejets radioactifs (autorisés..) de l’usine de retraitement de la Hague, mais aussi dans les retombées atmosphériques des explosions nucléaires. De fines plaques de ce métal radioactif sont aussi utilisées aussi en curiethérapie pour le traitement des tumeurs oculaires.
Le Ruthénium-106 a une période radioactive (la durée nécessaire pour perdre la moitié de sa radioactivité) de 373 jours. C’est un émetteur de rayons bêtas susceptible d’engendrer des cancers après ingestion. Lorsqu’il se désintègre, il se transforme en Palladium 106, qui est lui-même radioactif.
D’où provient cette pollution radioactive ?
Les réseaux de surveillance de la radioactivité ont pointé une quantité significative en Allemagne (supérieure au bruit de fond), Suisse, Italie, Autriche mais aussi en France via les stations de l’IRSN de Nice et de la Seyne-sur-Mer.
Les premiers réflexes des autorités ont été de qualifier les quantités mesurées en France comme sans conséquences pour la santé, voire insignifiantes. Pour autant, elles ont été incapables dans un premier temps d’expliquer l’origine exacte de cette substance. Un indice : l’absence d’autres produits de fission tels que le Cesium-137 ou l’iode-131 exclut de fait que cette pollution provienne d’un accident sur un réacteur en fonctionnement. L’hypothèse d’un satellite fonctionnant avec un générateur thermique nucléaire contenant du Ruthénium-106 a été également exclue.
La piste la plus probable s’est donc orientée sur une installation de la chaîne du combustible nucléaire ou sur un site de production d’isotopes destinés à la médecine ou l’industrie.
Des analyses plus détaillées des relevés météorologiques et des données des stations de surveillance ont finalement permis d’obtenir une idée de la zone géographique d’où provenait ce nuage radioactif. Une zone qui, d’après une note de l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) datée du 6 octobre, serait située au sud de la chaîne de l’Oural.
Partant de cette hypothèse, tout laissait à croire que cette pollution provenait bien de Russie ou d’un pays proche (Kazakhstan, Ukraine). Pourtant, les autorités de la région de Tcheliabinsk et l’énergéticien Rosatom ont nié en bloc l’origine russe, prétendant qu’il s’agissait de fausses informations destinées à déstabiliser le Kremlin et obtenir des détails secrets sur les usines de cette région. À la mi-octobre, Rosatom affirmait : « dans les échantillons relevés du 25 septembre au 7 octobre, y compris dans le sud de l’Oural, aucune trace de ruthénium-106 n’a été découverte à part à Saint-Pétersbourg ».
Les semaines suivantes, cet accident a été plus ou moins occulté par la sphère médiatique étant donné le mystère persistant autour de cet accident. Mais le 9 novembre, l’IRSN publie une seconde note pointant encore plus précisément la probabilité de l’origine russe de la contamination, la source du rejet étant située entre l’Oural et la Volga. Selon les simulations effectuées, le dégagement pourrait représenter entre 100 et 300 Térabecquerels ! Le laboratoire français indépendant de la CRIIRAD, qui avait appelé à identifier la source du rejet, rappelle alors que la quantité de radioactivité potentiellement émise mentionnée par l’IRSN est considérable et représente près de 375 000 fois les rejets annuels autorisés pour une centrale nucléaire française comme celle de Cruas. Si cette quantité est avérée, des mesures auraient dû être prises dès le début du rejet. L’ACRO, un autre laboratoire indépendant préconise de classer cet accident au niveau 5 de l’échelle INES (qui en compte 7).
L’étau se resserre sur la Russie et plus particulièrement Mayak.
Or le 20 novembre 2017, en contradiction avec les déclarations de Rosatom, l’agence de météorologie russe Rosguidromet finit par communiquer sur une pollution "extrêmement élevée" dans la région de l’Oural Sud. Un document diffusé par cette agence indique une radioactivité 986 fois plus élevée que le mois précédent sur la station d’Argayash.
http://sortirdunucleaire.org/Nuage-de-Ruthenium-106-sur-l-Europe-que-s-est-il?origine_sujet=LI201711
Qu’est ce que le Ruthénium-106 ?
Le ruthénium est un métal que l’on retrouve dans les sous-produits de l’exploitation des mines de platine ; à l’état stable (Ruthénium-102), il s’attaque à la peau humaine et est suspecté d’être cancérogène.
Sa variante isotopique détectée dans l’air européen, le Ruthénium-106, est un radio-isotope synthétique (totalement absent dans la nature). C’est un produit de fission issu de l’industrie nucléaire, produit-fille des atomes instables que l’on retrouve dans la chaine de désintégration de l’uranium. Il se dégage sous forme d’une molécule volatile, le tétroxyde de ruthénium : RuO4 lors des opérations de traitement du combustible nucléaire usagé, notamment dans les opérations de calcination des déchets nucléaires nécessaires pour leur vitrification. Il est présent également dans les rejets radioactifs (autorisés..) de l’usine de retraitement de la Hague, mais aussi dans les retombées atmosphériques des explosions nucléaires. De fines plaques de ce métal radioactif sont aussi utilisées aussi en curiethérapie pour le traitement des tumeurs oculaires.
Le Ruthénium-106 a une période radioactive (la durée nécessaire pour perdre la moitié de sa radioactivité) de 373 jours. C’est un émetteur de rayons bêtas susceptible d’engendrer des cancers après ingestion. Lorsqu’il se désintègre, il se transforme en Palladium 106, qui est lui-même radioactif.
D’où provient cette pollution radioactive ?
Les réseaux de surveillance de la radioactivité ont pointé une quantité significative en Allemagne (supérieure au bruit de fond), Suisse, Italie, Autriche mais aussi en France via les stations de l’IRSN de Nice et de la Seyne-sur-Mer.
Les premiers réflexes des autorités ont été de qualifier les quantités mesurées en France comme sans conséquences pour la santé, voire insignifiantes. Pour autant, elles ont été incapables dans un premier temps d’expliquer l’origine exacte de cette substance. Un indice : l’absence d’autres produits de fission tels que le Cesium-137 ou l’iode-131 exclut de fait que cette pollution provienne d’un accident sur un réacteur en fonctionnement. L’hypothèse d’un satellite fonctionnant avec un générateur thermique nucléaire contenant du Ruthénium-106 a été également exclue.
La piste la plus probable s’est donc orientée sur une installation de la chaîne du combustible nucléaire ou sur un site de production d’isotopes destinés à la médecine ou l’industrie.
Des analyses plus détaillées des relevés météorologiques et des données des stations de surveillance ont finalement permis d’obtenir une idée de la zone géographique d’où provenait ce nuage radioactif. Une zone qui, d’après une note de l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) datée du 6 octobre, serait située au sud de la chaîne de l’Oural.
Partant de cette hypothèse, tout laissait à croire que cette pollution provenait bien de Russie ou d’un pays proche (Kazakhstan, Ukraine). Pourtant, les autorités de la région de Tcheliabinsk et l’énergéticien Rosatom ont nié en bloc l’origine russe, prétendant qu’il s’agissait de fausses informations destinées à déstabiliser le Kremlin et obtenir des détails secrets sur les usines de cette région. À la mi-octobre, Rosatom affirmait : « dans les échantillons relevés du 25 septembre au 7 octobre, y compris dans le sud de l’Oural, aucune trace de ruthénium-106 n’a été découverte à part à Saint-Pétersbourg ».
Les semaines suivantes, cet accident a été plus ou moins occulté par la sphère médiatique étant donné le mystère persistant autour de cet accident. Mais le 9 novembre, l’IRSN publie une seconde note pointant encore plus précisément la probabilité de l’origine russe de la contamination, la source du rejet étant située entre l’Oural et la Volga. Selon les simulations effectuées, le dégagement pourrait représenter entre 100 et 300 Térabecquerels ! Le laboratoire français indépendant de la CRIIRAD, qui avait appelé à identifier la source du rejet, rappelle alors que la quantité de radioactivité potentiellement émise mentionnée par l’IRSN est considérable et représente près de 375 000 fois les rejets annuels autorisés pour une centrale nucléaire française comme celle de Cruas. Si cette quantité est avérée, des mesures auraient dû être prises dès le début du rejet. L’ACRO, un autre laboratoire indépendant préconise de classer cet accident au niveau 5 de l’échelle INES (qui en compte 7).
L’étau se resserre sur la Russie et plus particulièrement Mayak.
Or le 20 novembre 2017, en contradiction avec les déclarations de Rosatom, l’agence de météorologie russe Rosguidromet finit par communiquer sur une pollution "extrêmement élevée" dans la région de l’Oural Sud. Un document diffusé par cette agence indique une radioactivité 986 fois plus élevée que le mois précédent sur la station d’Argayash.
http://sortirdunucleaire.org/Nuage-de-Ruthenium-106-sur-l-Europe-que-s-est-il?origine_sujet=LI201711