Ils sifflent dans la langue, comme une fraccassée d'imaginaire, perforant nos pupilles en un long fichement vers la terre d'Antilles.
Alexis Léger, dit Saint-John Perse, le Magnifique, fin diplomate qui pointa, l'un des tout premiers, le danger que représentait Hitler, à la face de l'intelligence et de l'humanité.
On lui fit bien savoir ce manque de goût, en le démissionnant et l'isolant désormais dans le poste avancé et considérable, de détonant fractal , de glissement de terrain.
Midi, ses fauves, ses famines, et l'An de mer à son plus haut sur la table des Eaux..
- Quelles filles noires et sanglantes vont sur les sables violents longeant l'effacement des choses ?
Midi, son peuple, ses lois fortes..L'oiseau plus vaste sur son erre voit l'homme libre de son ombre, à la limite de son bien.
Mais notre front n'est point sans or.Et victorieuses encore de la nuit sont nos montures écarlates.
Ainsi les Cavaliers en armes, à bout de Continents, font au bord des falaises le tour des péninsules.
- Midi, ses forges, son grand ordre...Les promontoires ailés s'ouvrent au loin leur voie d'écume bleuissante.
Les temples brillent de tout leur sel.Les dieux s'éveillent dans le quartz.
Et l'homme de vigie, là-faut, parmi ses ocres, ses craies fauves, sonne midi le rouge dans sa corne de fer.
Midi, sa foudre, ses présages; Midi, ses fauves au forum, et son cri de pygargue sur les rades désertes!..
- Nous qui mourrons peut-être un jour, disons l'homme immortel au foyer de l'instant.
L'Usurpateur se lève sur sa chaise d'ivoire.L'amant se lave de ses nuits.
Et l'homme au masque d'or se dévêt de son or en l'honneur de la Mer.
extrait de Dédicace
Edouard Glissant, le pourfendeur de glaise, dessilleur d'images enchâssées dans la congruence antillaise, à cheval sur les tisons du désir de la stridence.
L'arbre grand arbre
Tes feuilles le relent des désirs des fenaisons aveugles des bras de mer
Tes feuilles de plaie du Moyen Age dans le souvenir de mes splendeurs
tes branches d'épaule de femme labourée sur la soif des herbes coupantes
arbre recommencé ton corps j'ai détaché de ton corps la carapace de mes clartés
ton tronc d'épailles renouvelées
ton tronc de lumière dans la champ noir des fleuris-nuit
ton tronc de racine qui a pris tronc et la merveille le lit de l'escargot roulant
ta gerbe tes racines le feu glacé de tes racines et les masses d'hommes agrippés aux mamelles de tes douleurs
la souffrance comme un hiver aux sources des profondeurs.
extrait de Le sel noir
Aimé Césaire, le roc, le soc, le nec plus infra-rouge de la révolte des mots désaglutinés.C'est la trique et la servitude qui plaquèrent ses ancêtres à une myriade d'anses de leur mémoire, de leurs racines; désormais, Aimé plante fièrement, comme son frère Sénégalais Léopold, la négritude dans la luxurience de de la langue francophone sidérée en un ciel rebroussé.
Et nous sommes debout maintenant, mon pays et moi, les cheveux dans le vent, ma main petite maintenant dans son poing énorme et la force n'est pas en nous, mais au-dessus de nous, dans une voix qui vrille la nuit et l'audience comme la pénétrance d'une guêpe apocalyptique.Et la voix prononce que l'Europe nous a pendant des siècles gavés de mensonges et gonflés de pestilences,
car il n'est point vrai que l'oeuvre de l'homme est finie
que nous n'avons rien à faire au monde
que nous parasitons le monde
qu'il suffit que nous nous mettions au pas du monde mais l'oeuvre de l'homme vient seulement de commencer
et il reste à l'homme à conquérir toute interdiction immobilisée au coin de sa ferveur
et aucune race ne possède le monopole de la beauté, de l'intelligence, de la force
et il est place pour tous au rendez-vous de la conquête et nous savons maintenant que le soleil de notre terre éclairant la parcelle qu'à fixée notre volonté seule et que toute étoile chute de ciel en terre à notre commandement sans limite.
Je tiens maintenant le sens de l'ordalie: mon pays est la " lance de nuit " de mes ancêtres Bambaras.Elle se ratatine et sa pointe fuit désespérément vers le manche si c'est de sang de poulet qu'on l'arrose et elle que c'est du sang d'homme qu'il faut à son tempérament, de la graisse, du foie, du coeur d'homme, non du sang de poulet.
Et je cherche pour mon pays non des coeurs de datte, mais des coeurs d'homme qui c'est pour entrer aux villes d'argent par la grand'porte trapézoïdale, qu'ils battent le sang viril, et mes yeux balayent mes kilomètres carrés de terre paternelle et je dénombre les plaies avec une sorte d'allégresse et je les entasse l'une sur l'autre comme rares espèces, et mon compte s'allonge toujours d'imprévus monnayages de la bassesse.
Et voici ceux qui ne se consolent point de n'être pas faits à la ressemblance de Dieu mais du diable, ceux qui considèrent que l'on est nègre comme commis de seconde classe: en attendant mieux et avec possibilité de monter plus haut; ceux qui battent la chamade devant soi-même, ceux qui vivent dans un cul de basse fosse de soi-même; ceux qui se drapent de pseudomorphose fière; ceux qui disent à l'Europe: " Voyez, je sais comme vous faire des courbettes, comme vous présenter mes hommages, en somme, je ne suis pas différent de vous; ne faites pas attention à ma peau noire: c'est le soleil qui m'a brûlé ".
Et il y a le maquereau nègre, l'askari nègre, et tous les zèbres se secouent à leur manière pour faire tomber leurs zébrures en une rosée de lait frais.
extrait de Cahier d'un retour au pays natal.
Alexis Léger, dit Saint-John Perse, le Magnifique, fin diplomate qui pointa, l'un des tout premiers, le danger que représentait Hitler, à la face de l'intelligence et de l'humanité.
On lui fit bien savoir ce manque de goût, en le démissionnant et l'isolant désormais dans le poste avancé et considérable, de détonant fractal , de glissement de terrain.
Midi, ses fauves, ses famines, et l'An de mer à son plus haut sur la table des Eaux..
- Quelles filles noires et sanglantes vont sur les sables violents longeant l'effacement des choses ?
Midi, son peuple, ses lois fortes..L'oiseau plus vaste sur son erre voit l'homme libre de son ombre, à la limite de son bien.
Mais notre front n'est point sans or.Et victorieuses encore de la nuit sont nos montures écarlates.
Ainsi les Cavaliers en armes, à bout de Continents, font au bord des falaises le tour des péninsules.
- Midi, ses forges, son grand ordre...Les promontoires ailés s'ouvrent au loin leur voie d'écume bleuissante.
Les temples brillent de tout leur sel.Les dieux s'éveillent dans le quartz.
Et l'homme de vigie, là-faut, parmi ses ocres, ses craies fauves, sonne midi le rouge dans sa corne de fer.
Midi, sa foudre, ses présages; Midi, ses fauves au forum, et son cri de pygargue sur les rades désertes!..
- Nous qui mourrons peut-être un jour, disons l'homme immortel au foyer de l'instant.
L'Usurpateur se lève sur sa chaise d'ivoire.L'amant se lave de ses nuits.
Et l'homme au masque d'or se dévêt de son or en l'honneur de la Mer.
extrait de Dédicace
Edouard Glissant, le pourfendeur de glaise, dessilleur d'images enchâssées dans la congruence antillaise, à cheval sur les tisons du désir de la stridence.
L'arbre grand arbre
Tes feuilles le relent des désirs des fenaisons aveugles des bras de mer
Tes feuilles de plaie du Moyen Age dans le souvenir de mes splendeurs
tes branches d'épaule de femme labourée sur la soif des herbes coupantes
arbre recommencé ton corps j'ai détaché de ton corps la carapace de mes clartés
ton tronc d'épailles renouvelées
ton tronc de lumière dans la champ noir des fleuris-nuit
ton tronc de racine qui a pris tronc et la merveille le lit de l'escargot roulant
ta gerbe tes racines le feu glacé de tes racines et les masses d'hommes agrippés aux mamelles de tes douleurs
la souffrance comme un hiver aux sources des profondeurs.
extrait de Le sel noir
Aimé Césaire, le roc, le soc, le nec plus infra-rouge de la révolte des mots désaglutinés.C'est la trique et la servitude qui plaquèrent ses ancêtres à une myriade d'anses de leur mémoire, de leurs racines; désormais, Aimé plante fièrement, comme son frère Sénégalais Léopold, la négritude dans la luxurience de de la langue francophone sidérée en un ciel rebroussé.
Et nous sommes debout maintenant, mon pays et moi, les cheveux dans le vent, ma main petite maintenant dans son poing énorme et la force n'est pas en nous, mais au-dessus de nous, dans une voix qui vrille la nuit et l'audience comme la pénétrance d'une guêpe apocalyptique.Et la voix prononce que l'Europe nous a pendant des siècles gavés de mensonges et gonflés de pestilences,
car il n'est point vrai que l'oeuvre de l'homme est finie
que nous n'avons rien à faire au monde
que nous parasitons le monde
qu'il suffit que nous nous mettions au pas du monde mais l'oeuvre de l'homme vient seulement de commencer
et il reste à l'homme à conquérir toute interdiction immobilisée au coin de sa ferveur
et aucune race ne possède le monopole de la beauté, de l'intelligence, de la force
et il est place pour tous au rendez-vous de la conquête et nous savons maintenant que le soleil de notre terre éclairant la parcelle qu'à fixée notre volonté seule et que toute étoile chute de ciel en terre à notre commandement sans limite.
Je tiens maintenant le sens de l'ordalie: mon pays est la " lance de nuit " de mes ancêtres Bambaras.Elle se ratatine et sa pointe fuit désespérément vers le manche si c'est de sang de poulet qu'on l'arrose et elle que c'est du sang d'homme qu'il faut à son tempérament, de la graisse, du foie, du coeur d'homme, non du sang de poulet.
Et je cherche pour mon pays non des coeurs de datte, mais des coeurs d'homme qui c'est pour entrer aux villes d'argent par la grand'porte trapézoïdale, qu'ils battent le sang viril, et mes yeux balayent mes kilomètres carrés de terre paternelle et je dénombre les plaies avec une sorte d'allégresse et je les entasse l'une sur l'autre comme rares espèces, et mon compte s'allonge toujours d'imprévus monnayages de la bassesse.
Et voici ceux qui ne se consolent point de n'être pas faits à la ressemblance de Dieu mais du diable, ceux qui considèrent que l'on est nègre comme commis de seconde classe: en attendant mieux et avec possibilité de monter plus haut; ceux qui battent la chamade devant soi-même, ceux qui vivent dans un cul de basse fosse de soi-même; ceux qui se drapent de pseudomorphose fière; ceux qui disent à l'Europe: " Voyez, je sais comme vous faire des courbettes, comme vous présenter mes hommages, en somme, je ne suis pas différent de vous; ne faites pas attention à ma peau noire: c'est le soleil qui m'a brûlé ".
Et il y a le maquereau nègre, l'askari nègre, et tous les zèbres se secouent à leur manière pour faire tomber leurs zébrures en une rosée de lait frais.
extrait de Cahier d'un retour au pays natal.