LIBRE DISCUSSION DANS LES COULISSES DE DEMAIN

Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
LIBRE DISCUSSION DANS LES COULISSES DE DEMAIN

Débattons en toute liberté, dans le respect de l’autre, sur tous les sujets qui composent notre société : politique, économie, environnement, religion, philosophie, paranormal, sciences, famille, santé, mode, sexualité, loisirs, sports, divertissements…

Derniers sujets

» COMMUNIQUÉ - 2023, UNE ANNÉE MARQUÉE PAR UNE UTILISATION ABUSIVE DES CENTRES DE RÉTENTION ADMINISTRATIVE ET PAR LA RÉDUCTION DES DROITS DES PERSONNES ENFERMÉES
par bye Ven 3 Mai - 9:57

» Accord Union européenne-Egypte : le contrôle de la migration au cœur d’un accord « stratégique et global »
par bye Mar 30 Avr - 8:44

» Attal contre la jeunesse
par bye Lun 22 Avr - 8:41

» Ce mercredi 10 avril, le Pacte sur la migration et l’asile est soumis au vote des députés européens : s’ils sont adoptés, ces textes entraineront une forte dégradation des conditions d’accueil des demandeurs d’asile partout en Europe, et particulièrement
par bye Ven 12 Avr - 10:20

» Groupes de « niveaux », groupes de « besoins » : le gouvernement acte le tri social !
par bye Lun 8 Avr - 17:09

» ETUDE « ELIPA 2 »: ENTRE TENDANCES ENCOURAGEANTES ET OBSTACLES PERSISTANTS À L’INTÉGRATION DES ÉTRANGERS EN FRANCE
par bye Lun 25 Mar - 18:01

» 21 mars : Journée internationale pour l'élimination de la discrimination raciale
par bye Sam 23 Mar - 9:50

» Les conséquences des dispositions du décret Piantedosi un an après
par bye Ven 8 Mar - 20:36

» Victoire féministe : L'avortement devient une liberté garantie par la Constitution !
par bye Mar 5 Mar - 16:29

» UN 24 FÉVRIER 2024 PLACÉ SOUS LE SIGNE DU RASSEMBLEMENT ET POUR LA PAIX EN UKRAINE
par bye Ven 23 Fév - 10:09

» tournant du 18 février
par bye Lun 19 Fév - 11:26

» Pétition intersyndicale : Ensemble nous disons « NON » au « Choc des savoirs » !
par bye Mer 14 Fév - 21:27

» ACTUALITÉ SOCIÉTÉ ET POLITIQUE
par gramophone Jeu 18 Jan - 19:27

» l'amour libre
par gramophone Mer 27 Déc - 15:35

» Pacte sur la migration et l’asile : un accord trouvé mais déjà fortement critiqué
par bye Ven 22 Déc - 19:40

» En Argentine, Javier Milei, candidat ultra-libéral, climatosceptique et antiféministe, vient d’être élu Président du pays
par gramophone Dim 10 Déc - 13:14

» Cours criminelles départementales : une justice de seconde classe.
par bye Sam 9 Déc - 11:36

» PISA 2022
par bye Mar 28 Nov - 10:39

» Le 25 novembre 2023, journée internationale contre les violences faites aux femmes, manifestons contre toutes les violences sexistes et sexuelles !
par bye Mer 22 Nov - 15:03

» Narges Mohammadi et Anne L'Huillier ont reçu le prix Nobel de la paix et celui de physique en octobre 2023
par bye Jeu 16 Nov - 12:47

» Pour une pédagogie de la libération et de la solidarité : comment nous résistons à la guerre d’Israël contre les enfants palestiniens
par bye Lun 13 Nov - 17:31

» conflit Israël- Palestine
par bye Ven 3 Nov - 18:51

» pornocriminalité
par bye Ven 29 Sep - 8:54

» Pénalisation des clients prostitueurs
par bye Lun 4 Sep - 12:02

» La loi Rilhac est passée, « enfin » ?
par bye Sam 19 Aoû - 9:06

» Pacte sur la migration et l’asile
par bye Lun 31 Juil - 19:43

» Mobilisation contre l'assistanat sexuel : Le président Macron doit arrêter de faire planer le doute
par bye Ven 21 Juil - 18:17

» Pacte sur la migration et l’asile : accélération des négociations dans un contexte de tensions entre les États membres
par bye Mar 18 Juil - 8:11

» Pourquoi brûle-t-on des bibliothèques ? Entretien avec Denis Merklen
par bye Lun 17 Juil - 17:40

» Droits des femmes en Europe : les Etats membres refusent la criminalisation du viol
par bye Jeu 13 Juil - 18:55

» Comment espérer mettre fin aux violences masculines avec des policiers et des magistrats sexistes et racistes ?
par bye Jeu 15 Juin - 19:33

» MAYOTTE : CE QUI SE JOUE DERRIÈRE L’OPÉRATION WUAMBUSHU
par bye Jeu 15 Juin - 19:28

» https://www.france-terre-asile.org/communiques-presse/communiques-de-presse/empechons-la-violence-communique
par bye Sam 3 Juin - 9:04

» Exposition des mineur·es à la pornographie : les chiffres édifiants de l'ARCOM
par bye Ven 26 Mai - 11:32

» Le SNU hors l’école
par bye Mar 23 Mai - 9:14

» Réforme de l'asile dans l'UE : le Parlement adopte ses positions ; le Conseil entre en terrain inconnu.
par bye Jeu 18 Mai - 9:52

» Festival de Cannes : Pas d'honneur pour les agresseurs !
par bye Mar 16 Mai - 18:55

» Choisissons la solidarité !
par bye Mer 10 Mai - 12:26

» Propagande pro-stérilisations à Mayotte, en pleine pénurie de pilules abortives : une politique française coloniale et misogyne !
par bye Ven 28 Avr - 12:17

» Accueillir les Afghanes : pour un accueil d'urgence des femmes afghanes
par bye Ven 21 Avr - 19:17

» Loi de programmation militaire : la mobilisation des pacifistes doit être à la hauteur des enjeux
par bye Ven 21 Avr - 12:19

» Le 13 avril, la justice doit ordonner le blocage des sites pornocriminels qui exposent les mineur.es à des contenus pornographiques, violents et traumatiques.
par bye Jeu 13 Avr - 9:47

» SOMMET FRANCO-BRITANNIQUE : LA FRANCE NE PEUT PLUS RESTER COMPLICE DES POLITIQUES INDIGNES DU ROYAUME-UNI
par bye Ven 7 Avr - 8:45

» Royaume-Uni : un nouveau projet de loi piétine le droit d’asile
par bye Dim 2 Avr - 9:56

» PROJET DE LOI ASILE ET IMMIGRATION
par bye Mar 7 Fév - 19:11

» Présidence suédoise du Conseil de l’Union européenne : plus de sécurité, moins de solidarité ?
par bye Mer 1 Fév - 10:33

» Les femmes grandes perdantes de la réforme des retraites : Appel à la manifestation !
par bye Mer 18 Jan - 17:58

» L’école est inégalitaire… …encore et encore
par bye Sam 31 Déc - 16:13

» Réinstallation au sein de l’Union en 2023 : des engagements en-deçà des besoins
par bye Jeu 22 Déc - 7:07

» Pour le 25 novembre, journée internationale de lutte pour l’élimination des violences masculines à l’égard des femmes, nous appelons à une contre-offensive féministe qui combat à la racine le continuum des violences patriarcales.
par bye Sam 26 Nov - 8:56

» Méditerranée centrale : l’UE présente un plan d’action axé sur le renforcement de la coopération avec les pays tiers
par bye Ven 25 Nov - 9:19

» Journée mondiale pour la protection des enfants contre la pédocriminalité
par bye Ven 18 Nov - 13:24

» Cartographier les inégalités sociales entre écoles
par bye Lun 14 Nov - 9:03

» La Grande Cause définitivement classée sans suite ?
par bye Ven 11 Nov - 11:34

» Brésil – Quand l’extrême droite fait école
par bye Ven 4 Nov - 17:25

» Les Européens face au gouffre de la précarité
par bye Ven 4 Nov - 17:17

» COP27, ou comment répondre aux impacts du changement climatique ?
par bye Jeu 3 Nov - 18:37

» Le Lycée pro, personne ne le connait. Personne de ceux qui décident de notre vie. Le lycée pro, c’est cette institution qui n’a aucun ancien élève au gouvernement ou à l’Assemblée.
par bye Dim 30 Oct - 12:25

» Régularisation des déboutés en Allemagne, un modèle à suivre ?
par bye Mar 25 Oct - 8:39

» Mobilisons-nous contre la casse des lycées pro !
par bye Sam 22 Oct - 8:03

» Répression au lycée Joliot-Curie de Nanterre : libération immédiate et sans poursuite des 14 lycéens gardés à vue !
par bye Mar 18 Oct - 8:57

» Déclaration commune : un accord sur le règlement relatif à l'instrumentalisation porterait un coup de grâce au Régime d'asile européen commun
par bye Jeu 13 Oct - 12:45

» "Porno, l'enfer du décor" 40 associations saluent la portée historique du rapport du Sénat sur l'industrie pornocriminelle et appellent aux actes
par bye Lun 10 Oct - 13:46

» LYCÉE PROFESSIONNEL : EN GRÈVE LE 18 OCTOBRE POUR LE RETRAIT DU PROJET MACRON
par bye Sam 8 Oct - 19:09

» Evaluations, bonjour l’angoisse ?
par bye Ven 30 Sep - 9:43

» Élections en Italie : le droit d’asile menacé par l’ascension de l’extrême droite
par bye Sam 24 Sep - 8:55

» MERCREDI 28 SEPTEMBRE : MOBILISATION NATIONALE EN FAVEUR DU DROIT A L'AVORTEMENT !
par bye Jeu 22 Sep - 18:41

» Pénuries de postes, inflation, recrutements et formations bidons… Coup de chaud sur la rentrée 2022 !!
par bye Ven 16 Sep - 8:38

» La liberté au temps du capital (des individus et des écoles)
par bye Mer 7 Sep - 9:14

» Le 21 septembre 2022 marchons ensemble pour la Paix !
par bye Mar 23 Aoû - 14:18

» Moi, Nestor Makhno (épisode 9) – Il y a 100 ans, l’autre guerre d’Ukraine – Feuilleton
par bye Jeu 21 Juil - 20:17

» AVORTEMENT AUX USA, NOUS NE VOULONS PAS PERDRE DE DROITS, NOUS VOULONS EN GAGNER !
par bye Mar 28 Juin - 12:51

» Michel Piron en garde à vue. Derrière Jacquie et Michel : un système organisé de proxénétisme et de viols.
par bye Jeu 16 Juin - 15:33

» EuroSatory : Visioconférence et Rassemblements contre le commerce des armes
par bye Lun 6 Juin - 17:32

» Entretien avec Yamina Saheb (GIEC) : “Il y a eu quelques réticences pour mettre le terme de sobriété dans le dernier rapport”.
par bye Mer 1 Juin - 8:37

» Retour sur l’accueil des déplacés d’Ukraine dans les Hautes-Alpes
par bye Mar 31 Mai - 16:17

» L’industrie pornocriminelle cible les enfants et la justice abdique !
par bye Mer 25 Mai - 16:23

» Le Royaume-Uni renforce son arsenal juridique contre les personnes en besoin de protection
par bye Jeu 19 Mai - 10:42

» Recrutement enseignant : une crise des plus inquiétantes pour l’avenir de l’école
par bye Jeu 19 Mai - 10:36

» Moi, Nestor Makhno (épisode 7) – Il y a 100 ans, l’autre guerre d’Ukraine – Feuilleton
par bye Mer 11 Mai - 11:53

» Le "Tous capables" l'Education Nouvelle Le Groupe Français d'Education Nouvelle
par bye Ven 6 Mai - 12:42

» Menaces sur le droit à l’avortement aux Etats-Unis : le collectif Avortement Europe dénonce une énième tentative de restreindre le droit des femmes à disposer de leur corps !
par bye Ven 6 Mai - 12:30

» Biélorussie : la plus grande attaque anti-syndicale du siècle en Europe
par bye Ven 29 Avr - 12:15

» Les associations dénoncent la différence de traitement envers les ressortissants non-Ukrainiens
par bye Ven 22 Avr - 6:21

» SUD éducation gagne l’indemnité REP/REP+ pour les AED !
par bye Jeu 21 Avr - 17:21

» Guerre en Ukraine : que contient la directive sur la protection temporaire de 2001 ?
par bye Dim 17 Avr - 9:50

» Mutations-sanctions à l'école Pasteur (93) : dans « l'intérêt du service public », nous devons faire front !
par bye Jeu 14 Avr - 8:42

» 6e rapport du GIEC : quelles solutions face au changement climatique ?
par bye Ven 8 Avr - 12:34

» Cabinets de conseil : quand le Sénat fustige le gouvernement
par bye Mer 6 Avr - 16:36

» Les fresques carabines : une institutionnalisation des violences sexistes à l’hôpital
par bye Dim 13 Mar - 12:35

» L’Ukraine au coeur… de la classe, l’école au coeur du monde
par bye Ven 4 Mar - 17:34

» 8 Mars 2022 : Grève féministe Déferlante pour l'égalité !
par bye Mar 1 Mar - 11:08

» Une guerre “culturelle”
par bye Jeu 24 Fév - 19:27

» Nouveau camp fermé de Samos : « Barbelés, clôtures, couvre-feu […] le camp ressemble à une prison. »
par bye Jeu 17 Fév - 18:07

LE SITE

Dans Les Coulisses de Demain

FORUMS & SITES AMIS

FORUM EST INSCRIT SUR

Le deal à ne pas rater :
Pokémon EV06 : où acheter le Bundle Lot 6 Boosters Mascarade ...
Voir le deal

    le groupe la rumeur dénonce les violences policières

    bye
    bye
    Administratrice


    Masculin
    Nombre de messages : 9062
    Localisation : souvent nuages
    Emploi/loisirs : décalé
    Humeur : main tendue
    Date d'inscription : 19/12/2007

    le groupe la rumeur dénonce les violences policières Empty le groupe la rumeur dénonce les violences policières

    Message par bye Mar 9 Juin - 16:01

    Dix ans après avoir gagné un procès contre le ministère de l’Intérieur sur les violences policières, La Rumeur documente “l’affaire Adama” et dénonce le déni des autorités sur le sujet. Pour le tandem de rappeurs et de cinéastes, la forte mobilisation du 2 juin, combinée à l’affaire George Floyd et au désaveu de la classe politique lors de la crise sanitaire, a agi comme une catharsis.

    Si la lutte contre les violences policières prend de l’ampleur, c’est « parce que les brutalités débordent des quartiers et que les gens sont inquiets », assurent les membres du groupe La Rumeur. Ce sujet, Hamé Bourokba et Ekoué Labitey le connaissent bien. Il leur a valu un long procès contre le ministère de l’Intérieur, qu’ils ont fini par gagner en 2010. Aujourd’hui très proche du comité Adama – du nom d’Adama Traoré, mort à 24 ans à la suite d’une interpellation en juillet 2016 –, qu’il filme dans le cadre d’un documentaire, le tandem de rappeurs et cinéastes (De l’encre, Les Derniers Parisiens) s’exprime sur les manifestations de part et d’autre de l’Atlantique. Et livre un constat amer.

    Mardi 2 juin, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont répondu à l’appel du comité Adama, bravant ainsi l’interdiction de manifester de la préfecture. Cela vous a-t-il surpris ?
    Hamé : Tout le monde l’a été, à commencer par les initiateurs de l’appel qui n’attendaient guère plus de quatre mille personnes [elles étaient vngt mille, ndlr]. Il faut d’abord louer la détermination et la constance dans le combat du comité Justice pour Adama. Et puis quelque chose s’est produit. Pour moi, plusieurs facteurs ont convergé. Bien sûr, il y a la mort révoltante de George Floyd aux États-Unis. Plus généralement, il y a un contexte bien particulier. Nous sommes nombreux à avoir le sentiment de vivre une séquence historique : la crise sanitaire a fait tomber les masques, les uns après les autres, aussi bien sur le plan politique qu’économique ou sécuritaire. Résultat, nous avons assisté ce mardi à une sorte de catharsis qui s’est cristallisée sur la question des violences policières.

    De quels masques parlez-vous ?
    Hamé : Au cours de ce confinement, les choix politiques et économiques du gouvernement ont été clairement mis à nu, tout comme l’état de délabrement de notre système de santé. Et de nombreuses images ont circulé, montrant la police livrée à elle-même, s’autorisant ce qu’elle ne s’autorise habituellement que dans les quartiers, tabassages et autres humiliations… Puis le comité Adama a lancé cet appel à se rassembler. Pas n’importe où, au pied du Palais de justice qui, depuis des années, donne le sentiment net de vouloir enterrer cette affaire. Pourquoi tant de gens sont-ils venus ? Pourquoi tant d’artistes, d’intellectuels, de politiques, qui jusque-là se tenaient à distance de la question des brutalités policières, ont-ils rejoint le mouvement ? Parce qu’il y a ce télescopage. Et peut-être aussi le besoin, après plusieurs mois enfermé chez soi, de faire groupe.

    “L’institution policière renvoie l’image d’une forteresse à l’abri de toute critique, aux ordres, sans une tête qui dépasse.” Hamé
    Vous vous trouviez, Hamé, au cœur de ce rassemblement…
    Hamé : Oui, par conviction, mais aussi pour le filmer. Depuis début 2017, je rassemble des images autour de cette affaire. Lorsqu’il y a un peu plus de trois ans, je me suis rendu à Beaumont-sur-Oise [commune où Adama Traoré a été interpellé, ndlr] pour la première fois, et que j’ai rencontré Assa, la sœur d’Adama Traoré, sa famille et des membres du comité – j’en connaissais d’ailleurs certains, d’anciens militants de quartier –, l’idée d’un documentaire m’est apparue évidente. J’ai eu le sentiment que quelque chose de particulier se jouait là. Du fait de la personnalité d’Assa Traoré et de la façon dont cette famille faisait front. Depuis la mort d’Adama, six mois plus tôt, ils avaient déjoué un tas de pièges, évité quantité de chausse-trappes que l’on réserve généralement aux familles de victimes. Ils étaient même parvenus à faire muter un procureur pris en flagrant délit de mensonge et à obtenir le dépaysement du dossier de la juridiction de Pontoise à celle de Paris ! Et donc, depuis ce temps-là, régulièrement, à leur côté et avec eux, je documente cette histoire.

    « Pour la première fois, a déclaré Assa Traoré, ceux qui pensaient ne pas avoir de voix ont compris qu’ils en avaient une, et qu’elle comptait. » Pensez-vous que cette manifestation marque un tournant ? Et que la mort de George Floyd aux États-Unis donne un nouvel élan à la lutte contre les violences policières ?
    Hamé : Je ne sais pas, mais je l’espère. Je note qu’aux États-Unis, dans divers États, des responsables des forces de l’ordre se sont désolidarisés des policiers qui ont tué George Floyd. Et que les faits ont été requalifiés en meurtre. La fabrique de l’impunité s’est fissurée… Ce n’est pas le cas en France. Chez nous, la communication policière s’enferre dans le déni. Non, assure-t-on, il n’y a pas de racisme dans les rangs de la police ; non, la violence policière n’existe pas. Il ne s’agit pourtant pas de dire que tous les flics dérapent ! Mais il est urgent qu’au sein même des forces de l’ordre, des voix discordantes se fassent entendre. Ne serait-ce que pour indiquer qu’effectivement il y a un problème. Sinon, l’institution policière renvoie l’image d’une forteresse à l’abri de toute critique, aux ordres, sans une tête qui dépasse.

    “De chaque côté de l’Atlantique, des agents des forces de l’ordre tuent des pauvres et des rapports d’autopsie exonèrent leur responsabilité.” Hamé
    Les violences policières aux États-Unis et en France sont-elles vraiment comparables ? Proportionnellement à la population, beaucoup plus de personnes meurent outre-Atlantique à la suite d’une interpellation…
    Hamé : Je pense que l’on peut établir de nombreux parallèles ! D’abord, qui tue qui ? De chaque côté de l’Atlantique, des agents des forces de l’ordre tuent des pauvres. Ensuite, des rapports d’autopsie exonèrent leur responsabilité – l’affaire George Floyd faisant figure d’exception, c’est bien l’un des seuls cas où le policier meurtrier risque une condamnation ferme. Il y a quand même, aux États-Unis comme en France, une machine bien en place qui a pour objectif de dédouaner la police et d’enterrer les affaires. C’est bien cela, le double scandale : la mort et ensuite le déni. J’ai moi-même été poursuivi en justice pendant huit ans pour avoir écrit que des centaines de nos frères avaient été tués par les forces de l’ordre sans que personne n’ait été inquiété…

    Ekoué : Ce marathon judiciaire, on a fini par le gagner. Notre affaire a fait jurisprudence. C’est aussi ce qui rend La Rumeur légitime sur ce sujet des violences policières : cela fait près de vingt ans qu’on s’y confronte. Je pense qu’on est aujourd’hui en capacité d’analyser la situation avec recul et maturité.

    Justement, qu’est-ce qui a changé en vingt ans dans le comportement des forces de l’ordre comme dans la réaction de la société ?
    Hamé : À l’époque, il était difficile de convaincre les gens que la police pouvait se comporter de façon scandaleuse dans les quartiers. Avec Internet et les réseaux sociaux, ces violences sont devenues ultra visibles. Un flic dérape et la seconde suivante, la France est au courant. Et puis depuis quelques années, ces violences débordent des quartiers. On l’a vu avec les Gilets jaunes, une catégorie de Français qui, jusque-là, était épargnée par les brutalités policières. Il y a eu des morts, des mains arrachées, des yeux crevés… Ainsi des manifestants venus de province pour défiler, réclamer un peu de sous ou une baisse des taxes sur le carburant, se sont fait cueillir et accueillir par la police avec la violence que l’on sait.

    “C’est une chose que La Rumeur dit depuis vingt ans : les quartiers sont des laboratoires, l’État y teste de nombreux dispositifs répressifs.” Hamé
    Beaucoup faisaient pour la première fois l’expérience d’une charge de CRS…
    Hamé : Dans les quartiers, personne n’a été surpris ! Ces actes-là sont banalisés depuis des décennies. C’est une chose que La Rumeur dit depuis vingt ans : les quartiers sont des laboratoires, l’État y teste de nombreux dispositifs répressifs. Nous pensons qu’ils ont vocation à s’élargir par cercles concentriques à d’autres franges de la population.

    La lutte contre les violences policières qui s’exprime en ce moment en France comme aux États-Unis ne dénonce-t-elle pas surtout les violences raciales ?
    Hamé : Évidemment qu’il y a une dimension raciale. De chaque côté de l’Atlantique, les victimes sont statistiquement jeunes, non blanches, et viennent des quartiers pauvres. Cela, il faut le regarder en face, nommer les choses si on veut les changer. Mais pas pour enfermer les uns et les autres dans leur identité, et faire en sorte qu’ils se tournent le dos : les Noirs contre les Blancs, les musulmans contre les juifs, les vieux contre les jeunes, les hétéros contre les homos. Il y a là quelque chose qui pue. Et qui mène à la guerre civile si on ne fait pas attention. Il faut prendre acte de la dimension raciale, la condamner, mais la connecter à la question sociale, ne pas se servir de l’une pour cacher l’autre. C’est de justice sociale que nous avons besoin.

    “Ceux qui soutiennent le pouvoir s’efforcent de communautariser cette problématique, qui nous concerne tous.” Ekoué
    « Mardi, des gens sont venus de province et de l’étranger, des quartiers populaires, des campagnes, du centre de Paris », s’est réjouie Assa Traoré. On note également qu’aux États-Unis, les foules qui manifestent sont largement bigarrées. N’est-ce point le signe que les choses avancent ?
    Ekoué : C’est surtout le signe que les gens sont inquiets ! Précisément parce que, désormais, les violences policières débordent des quartiers et peuvent se dérouler partout en France. C’est d’ailleurs bien pourquoi ceux qui soutiennent le pouvoir s’efforcent de communautariser cette problématique. Ils veulent la réduire à la seule question raciale pour affaiblir la contestation, mais elle nous concerne tous.

    Le vent d’indignation qui s’est levé en France comme ailleurs ne vous rend-il pas optimistes ?
    Hamé : Une très grande émotion s’est fait jour. Mais ce n’est pas la première fois qu’une vague d’indignation déferle. Et après ? Qu’adviendra-t-il lorsque la mer se retirera ? Nous constaterons les dégâts générés par la crise économique, des faillites innombrables, une explosion du chômage… L’inquiétude dont parlait Ekoué, c’est celle-là aussi. Quel monde se prépare ? Nous pensons que les brutalités policières qui s’exercent actuellement nous donnent quelques indications. Il nous faut donc nous battre. Car une chose est sûre : il n’y aura pas de réponse individuelle salvatrice à tous ces problèmes. Nous sommes pessimistes quant au projet des forces qui nous gouvernent. Mais l’on ressent de l’optimisme face aux mobilisations citoyennes, comme celle qui a eu lieu ce mardi 2 juin 2020…

      La date/heure actuelle est Lun 6 Mai - 23:35