Mardi, à Dunkerque, un gardien de la paix était retrouvé mort par arme à feu dans sa voiture. Suicide.
Le lendemain, à Lens, un policier succombait à ses blessures. Il avait tenté de mettre fin à ses jours le 21 janvier.
Quelques jours plus tôt, à Aix-en-Provence, une jeune brigadière a tenté de se donner la mort en ingurgitant des médicaments sur son lieu de travail.
Le 27 janvier, c'est une adjointe de sécurité de 23 ans qui a sauté du 10e étage, à Aubervilliers, son enfant de deux ans serré dans les bras.
Mais il y a aussi eu Tours, Orléans, Paris...
Depuis le premier janvier, neuf policiers se sont suicidés, contre cinq à la même époque l'an dernier.
Au moins une dizaine d'autres auraient essayé.
Agent administratifs, commandant, gardien de la paix ou brigadier... peu importe le grade ou la fonction.
En 2007 et 2006, la police a déploré près d'un suicide par semaine.
Toutefois, le syndicat s'interroge "sur l'augmentation de la pression hiérarchique liée à l'instauration de quotas d'interpellations ou de contraventions".
Bruno Beschizza, patron de Synergie officiers, deuxième syndicat d'officiers de police, est plus nuancé.
"La faute à la hiérarchie? La faute à des problèmes personnels ? Tout est étroitement imbriqué quand on fait ce métier émotionnellement très difficile".
"On ne se met pas une balle dans le crâne pour une augmentation de salaire, confirme un peu abruptement Brigitte Carré de Lasançay, commandant de police à Tours, où un policer s'est tué en janvier et deux autres ont fait une tentative. Quand dans la même journée un gardien de la paix se fait insulter, va récupérer un cadavre, et entend un enfant violé, ce n'est pas neutre, poursuit-elle. Il faut être fort psychologiquement. Si le policier va bien, il n'y a pas de problème, mais sinon, c'est très difficile. Le problème majeur est qu'il a tout ce qu'il faut à porter de main pour passer à l'acte".
Jean-claude Delage, du syndicat Alliance Police, lui non plus ne croit pas que ces suicides soient liés au métier : "Qu'une réflexion de la hiérarchie soit la goutte d'eau qui fasse déborder le vase, ça c'est de l'ordre du possible".
Ce qui est certain, en revanche, pour lui aussi, c'est qu'il faut être psychologiquement fort.
"Il faudrait mieux accès dans le recrutement sur les difficultés bien particulières de notre métier comme l'éloignement de la famille. Les aider à être forts, ce serait aussi leur donner un salaire et des conditions de vie acceptables. Un jeune policier gagne le SMIC à 200 euros près", rappelle-t-il.
"Le suicide est un acte excessivement grave", explique Eliane Theillaumas.
Cette psychologue dirige le service de soutien psychologique opérationnel (SSPO), créé en 1996, à la suite d'une vague de suicides dans les rangs de la police.
Son service compte aujourd'hui 57 psychologues dispatchés en métropole et outre-mer.
En 2007, ils ont reçu 28 500 appels (+10,5 % par rapport à 2006) et procédé à 15140 consultations (+16%).
"L'augmentation de ces chiffres ne signifie pas forcément que les policiers vont plus mal, temporise la directrice du SSPO. Cela signifie aussi que notre service est de plus en plus connu".
Et ce qui inquiète Eliane Theillaumas aujourd'hui, ce n'est pas le nombre de suicides qu'il il y a eu ces dernières semaines, mais "l'excès de médiatisation qui est fait autour".
"Ce n'est jamais bon, les fonctionnaires de police portent tous l'uniforme et il peut y avoir des effets miroirs, des identifications de situation très préjudiciables".
En clair, d'autres policiers dans une situation fragile pourraient s'identifier à leurs collègues morts et passer à l'acte.
Parmi les personnes qui consultent figurent de nombreuses jeunes recrues.
"Les jeunes sont parfois confrontés à des situations qu'ils n'imaginaient pas en entrant dans ce corps. Certains ont peut-être aussi une tolérance moindre à l'autorité hiérarchique et à la frustration".
Depuis septembre 2004, une politique de prévention des suicides a été engagée. Dans tous les services de police sont ainsi régulièrement organisés des groupes de parole où la question du suicide est clairement abordée.
Une étude a, en effet, montré que la proximité d'une arme multipliait par 9 le risque suicidaire.
En 2007, 60% des fonctionnaires de police qui se sont donnés la mort l'on fait avec leur arme de service.
Et que se passe-t-il quand un policier évoque l'envie d'en finir lors d'un entretien ? "Nous ne rendons jamais compte de nos entretiens aux supérieurs hiérarchiques, explique Eliane Theillaumas. Mais si nous sentons un risque de passage à l'acte chez cet individu, nous l'informons alors que nous allons saisir un médecin de l'institution ou son chef de service afin qu'il soit désarmé".
Le lendemain, à Lens, un policier succombait à ses blessures. Il avait tenté de mettre fin à ses jours le 21 janvier.
Quelques jours plus tôt, à Aix-en-Provence, une jeune brigadière a tenté de se donner la mort en ingurgitant des médicaments sur son lieu de travail.
Le 27 janvier, c'est une adjointe de sécurité de 23 ans qui a sauté du 10e étage, à Aubervilliers, son enfant de deux ans serré dans les bras.
Mais il y a aussi eu Tours, Orléans, Paris...
Depuis le premier janvier, neuf policiers se sont suicidés, contre cinq à la même époque l'an dernier.
Au moins une dizaine d'autres auraient essayé.
Agent administratifs, commandant, gardien de la paix ou brigadier... peu importe le grade ou la fonction.
En 2007 et 2006, la police a déploré près d'un suicide par semaine.
Un métier émotionnellement très difficile
"Ces chiffres ne sont pas supérieurs à la moyenne nationale" relativise l'Unsa-Police dans un communiqué. Mais ils choquent plus car l'utilisation d'une arme est toujours plus spectaculaire. Toutefois, le syndicat s'interroge "sur l'augmentation de la pression hiérarchique liée à l'instauration de quotas d'interpellations ou de contraventions".
Bruno Beschizza, patron de Synergie officiers, deuxième syndicat d'officiers de police, est plus nuancé.
"La faute à la hiérarchie? La faute à des problèmes personnels ? Tout est étroitement imbriqué quand on fait ce métier émotionnellement très difficile".
"On ne se met pas une balle dans le crâne pour une augmentation de salaire, confirme un peu abruptement Brigitte Carré de Lasançay, commandant de police à Tours, où un policer s'est tué en janvier et deux autres ont fait une tentative. Quand dans la même journée un gardien de la paix se fait insulter, va récupérer un cadavre, et entend un enfant violé, ce n'est pas neutre, poursuit-elle. Il faut être fort psychologiquement. Si le policier va bien, il n'y a pas de problème, mais sinon, c'est très difficile. Le problème majeur est qu'il a tout ce qu'il faut à porter de main pour passer à l'acte".
Jean-claude Delage, du syndicat Alliance Police, lui non plus ne croit pas que ces suicides soient liés au métier : "Qu'une réflexion de la hiérarchie soit la goutte d'eau qui fasse déborder le vase, ça c'est de l'ordre du possible".
Ce qui est certain, en revanche, pour lui aussi, c'est qu'il faut être psychologiquement fort.
"Il faudrait mieux accès dans le recrutement sur les difficultés bien particulières de notre métier comme l'éloignement de la famille. Les aider à être forts, ce serait aussi leur donner un salaire et des conditions de vie acceptables. Un jeune policier gagne le SMIC à 200 euros près", rappelle-t-il.
Une structure interne pour soigner les bleus à l'âme
Tous les syndicats interrogés sont unanimes sur un point : des efforts indéniables sont faits au sein de l'institution pour casser le tabou sur la question du suicide et apporter de l'aide concrète aux fonctionnaires de police."Le suicide est un acte excessivement grave", explique Eliane Theillaumas.
Cette psychologue dirige le service de soutien psychologique opérationnel (SSPO), créé en 1996, à la suite d'une vague de suicides dans les rangs de la police.
Son service compte aujourd'hui 57 psychologues dispatchés en métropole et outre-mer.
En 2007, ils ont reçu 28 500 appels (+10,5 % par rapport à 2006) et procédé à 15140 consultations (+16%).
"L'augmentation de ces chiffres ne signifie pas forcément que les policiers vont plus mal, temporise la directrice du SSPO. Cela signifie aussi que notre service est de plus en plus connu".
Et ce qui inquiète Eliane Theillaumas aujourd'hui, ce n'est pas le nombre de suicides qu'il il y a eu ces dernières semaines, mais "l'excès de médiatisation qui est fait autour".
"Ce n'est jamais bon, les fonctionnaires de police portent tous l'uniforme et il peut y avoir des effets miroirs, des identifications de situation très préjudiciables".
En clair, d'autres policiers dans une situation fragile pourraient s'identifier à leurs collègues morts et passer à l'acte.
Des jeunes mal préparés à la dureté du métier
Quant aux raisons qui poussent ces gens à passer à l'acte : "on a très peu de lettres laissées à titre posthume", explique Eliane Theillaumas et la plupart des personnes ayant mis fin à leurs jours en 2007 étaient inconnues du SSPO.Parmi les personnes qui consultent figurent de nombreuses jeunes recrues.
"Les jeunes sont parfois confrontés à des situations qu'ils n'imaginaient pas en entrant dans ce corps. Certains ont peut-être aussi une tolérance moindre à l'autorité hiérarchique et à la frustration".
Depuis septembre 2004, une politique de prévention des suicides a été engagée. Dans tous les services de police sont ainsi régulièrement organisés des groupes de parole où la question du suicide est clairement abordée.
Une étude a, en effet, montré que la proximité d'une arme multipliait par 9 le risque suicidaire.
En 2007, 60% des fonctionnaires de police qui se sont donnés la mort l'on fait avec leur arme de service.
Et que se passe-t-il quand un policier évoque l'envie d'en finir lors d'un entretien ? "Nous ne rendons jamais compte de nos entretiens aux supérieurs hiérarchiques, explique Eliane Theillaumas. Mais si nous sentons un risque de passage à l'acte chez cet individu, nous l'informons alors que nous allons saisir un médecin de l'institution ou son chef de service afin qu'il soit désarmé".