L’assistance sexuelle pour personnes handicapées « enterrée » par le Comité d’éthique
PHILIPPE STEINIER - AURÉLIE HAROCHE | JIM.FR - HANDIMOBILITY.ORG | MERCREDI 13 MARS 2013
mercredi 13 mars 2013
sur cette page
L’assistance sexuelle pour personnes handicapées « enterrée » en France
Philippe Steinier | handimobility.org | mercredi 13 mars 2013
Assistance sexuelle aux handicapés : pour le Comité d’éthique c’est non !
Aurélie Haroche | jim.fr | mercredi 13 mars 2013
Présentation du concept d’assistance sexuelle
assistancesexuelle.ch
The Sessions Official Trailer
film de Ben Lewin | imdb.com | 6 mars 2013
Handicap : l’assistance à la sexualité en débat
Camille Hamet et Claire Rainfroy | lemonde.fr | mardi 12 mars 2013
Hasta la vista (bande annonce)
Geoffrey Enthoven | hastalavista-lefilm.com | 7 mars 2012
sur le net
Handicap et sexualité : un tabou que les autorités doivent régler
Michel Toulon | nouvelobs.com | 07-03-2012
le film "Hasta la vista" retrace le parcours de trois jeunes hommes handicapés en quête de leur première relation sexuelle. Dans la vraie vie, c’est encore plus compliqué qu’au cinéma. Michel Toulon, parent d’un adulte autiste et directeur d’établissements d’hébergement pour adultes poly-handicapés, en témoigne.
Vivre l’amour dans le handicap ?
Sexualité et Handicaps Pluriels | sehp.ch
Handicapé, votre vision de ma vie sexuelle me donne envie de crier
VickingJack, caressotherapeute bénévole | rue89.com | 06/09/2011
« Les travailleu(r)ses du sexe »
Jean-Michel Carré | films-graindesable.com | 3 février 2010
association CH(S)OSE : Pour un accès effectif à la vie affective et sexuelle des personnes en situation de handicap
coordination-handicap-autonomie.com | lundi 10 janvier 2011
« Affectivité, Sexualité et Handicap »
Cette brochure peut être obtenue gratuitement. | asph.be
Moi, Pascal, 50 ans, assistant sexuel
Pascal | leparisien.fr | 26.11.2010
Il offre, un ou deux jours par mois, un moment de tendresse, de caresse à des personnes handicapées. Pascal, seul aidant sexuel en France, se confie
Assistante sexuelle pour handicapés ou prostitution ?
Claudine Legardinier, Malka Marcovich, Sabine Salmon & Annie Sugier | liberation.fr | 4 août 2009
Assistance sexuelle et législation française
handirect.fr | 19 juin 2009
La sexualité des personnes handicapées est souvent vécue comme une « problématique », car la société se doit, théoriquement, de garantir à chacun une vie digne et complète qui passe nécessairement par la mise en place d’un statut d’assistant sexuel et par une transformation culturelle de la société...
Handicap et sexualité, aspects psychologiques
Christine Champonnois | univ-rennes1.fr
Je refuse d’être aimé parce qu’infirme : toute pitié est immonde. Je refuse d’être aimé quoiqu’infirme : toute restriction est blessante. Je demande à être aimé-infirme. Jean Massin, Le Gué du Jabocq
Assistant sexuel
wikipedia.org
Le métier d’assistant sexuel est une forme d’accompagnement spécifique qui consiste à raviver le plaisir sensuel, érotique ou sexuel chez les adultes en situation de handicap qui en font la demande. Sur le plan légal, cette activité est souvent assimilée à de la prostitution alors que ses promoteurs en jugent autrement. La demande vient plus des hommes que des femmes mais hommes et femmes n’attendent pas la même chose. Les demandes des hommes sont plutôt sexuelles alors que les femmes sont plus en attente de sensualité. L’accompagnement à la vie affective et sexuelle est apparu aux Pays-Bas en 1980. Cette pratique est par la suite apparue en Allemagne, au Danemark, et en Suisse...
L’assistance sexuelle pour personnes handicapées « enterrée » en France
Philippe Steinier | handimobility.org | mercredi 13 mars 2013
On aurait pu croire que l’évolution des mentalités et de la société auraient pu être favorables à la reconnaissance officielle de l’assistance sexuelle pour personnes handicapées en France. La récente projection du film « The Sessions » semblait refléter une évolution en matière de prise de conscience quant à cette problématique spécifique. Toutefois, les récents évènements contredisent ce sentiment subjectif et on peut même oser affirmer sans trop se tromper que l’assistance sexuelle à destination des personnes handicapées est presque définitivement (et jusqu’à nouvel ordre) enterrée en France et ce en vertu de l’avis défavorable rendu par le Comité consultatif national d’éthique.
Pour rappel, c’est en 2011 que la ministre des Solidarités et de la cohésion sociale du moment, Roselyne Bachelot, saisissait le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) sur la question de l’assistance sexuelle en France (la ministre s’étant d’ailleurs déclarée publiquement et ouvertement opposée à ce type d’assistance sexuelle avant même cette demande d’avis).
Le CCNE vient de rendre ce 11 mars 2013 son avis motivé, un avis qui, de façon assez étrange et illogique est daté du 27 septembre 2012 !
Cet avis, qui s’étend sur 14 pages, a été rendu après audition d’associations représentatives des personnes handicapées ainsi que des porte-paroles du mouvement du Nid qui milite pour une société sans prostitution.
L’avis du Comité consultatif national d’éthique est maintenant officiellement déclaré comme négatif, le Comité s’opposant dès lors à la mise en place de services d’assistance sexuelle en France.
La motivation essentielle repose sur le fait que ce type d’assistance sexuelle rajouterait des frustrations supplémentaires à celles déjà présentes au niveau de la personne moins valide.
En effet pour le CCNE l’assistance sexuelle entraîne des risques importants de dérives chez la personne handicapée qui est à la base plus vulnérable et susceptible d’un transfert affectif envers l’assistant sexuel possiblement source de souffrance supplémentaire.
De plus on ne peut que constater que l’assistance sexuelle est toujours mise en parallèle avec le domaine du proxénétisme ou de la prostitution le CCNE mentionnant d’ailleurs que si une chose est interdite pour tout le monde, pour des raisons éthiques, il semble difficile d’envisager qu’elle soit autorisée dans le cadre d’initiatives individuelles et seulement au profit de certaines personnes.
Aucune évolution n’a été constatée quant à la perception de l’assistance sexuelle pour moins-valides vu que le Comité va dans le sens que celle-ci serait une instrumentalisation du corps d’une personne pour la satisfaction personnelle d’une autre et qu’il vaudrait mieux former les professionnels du secteur médico-social à l’accompagnement des personnes handicapées sur les questions touchant à leur sexualité.
Une notion notion assez surréaliste car le Comité estime que cette formation peut avoir un côté technique, qui permettrait de faciliter l’accès à des moyens mécaniques de satisfaction sexuelle ».
En langage clair on peut envisager la formation à l’utilisation de sextoys sauf que, personne n’a souligné que les demandeurs d’assistance sexuelle présentant un handicap sévère ne pourront pas utiliser ceux-ci ni accéder aux organes génitaux !
Bref, un avis négatif qui, s’il explique et reprend toutes les raisons de ne pas accepter l’assistance sexuelle n’apporte à l’inverse strictement aucune ébauche voire aucune solution au niveau de cette problématique.
Bref, cet avis négatif qui devrait enterrer tout espoir de reconnaissance de l’assistance sexuelle en France dans un futur proche (et même éloigné) réjouira les opposants plus conservateurs à l’inverse de ses partisans considérés comme progressistes.
Quelque soit l’avis des uns et des autres il est un fait commun pour tous, aucune solution ni même ébauche de solution n’a été apportée dans ce domaine et tous les problèmes restent d’actualité.
Vous pouvez consulter et télécharger ICI l’avis numéro 118 au sujet de la vie sexuelle des personnes handicapées – question de l’assistance sexuelle.
The Sessions Official Trailer
film de Ben Lewin | imdb.com | 6 mars 2013
Mark fait paraître une petite annonce : "Homme, 38 ans, cherche femme pour relation amoureuse, et plus si affinités. En revanche paralysé... Amatrices de promenade sur la plage s’abstenir...". L’histoire vraie et bouleversante d’un homme physiquement handicapé et que la vie a privé de tout, et de sa rencontre avec une thérapeute qui va lui permettre d’aimer, "comme tout le monde".
Assistance sexuelle aux handicapés : pour le Comité d’éthique c’est non !
Aurélie Haroche | jim.fr | mercredi 13 mars 2013
Paris, le mercredi 13 mars 2013 – Le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) se montre très opposé à la création en France d’un statut d’assistant sexuel aux personnes handicapées. C’est du moins la substance d’un avis rendu public en ce début de semaine.
Alors que l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique, le Danemark, l’Italie, les Pays-Bas, la Suisse ou encore Israël ont mis en place des dispositifs permettant dans certaines conditions à des « professionnels » de délivrer une « assistance sexuelle » à certaines personnes souffrant d’un handicap, en France, le débat continue à faire rage. Du côté des partisans d’une telle reconnaissance dans notre pays figurent un grand nombre d’associations défendant les personnes handicapées, réunies notamment au sein du Collectif handicaps et sexualité (CHS). Si elles sont majoritairement unies sur ce point, les organisations peinent à trouver dans la sphère publique des relais pour porter leur message. Pour l’heure, la personnalité politique qui a le plus œuvré dans leur sens a été le député UMP Jean-François Chossy qui a remis en décembre 2011 un rapport favorable à la création d’un statut d’assistant sexuel pour les personnes handicapées. « Il faut promouvoir l’idée que toute personne doit pouvoir recevoir l’assistance humaine nécessaire à l’expression de sa sexualité » défendait notamment Jean-François Chossy.
Assistant sexuel : une profession à risque
Mais face à ce front associatif uni et à ces quelques voix politiques en faveur de l’assistance sexuelle, les opposants sont très nombreux. On se souvient ainsi comment le ministre de la Santé, Roselyne Bachelot s’était révélée très hostile à une telle idée, au nom notamment de la défense des droits des femmes. Aujourd’hui, c’est au tour du CCNE de faire part de son opposition à de tels dispositifs, reprenant, entre autres, des arguments proches de ceux de l’ancien ministre. Les sages estiment ainsi que « Délivrer un service sexuel à la personne handicapée entraîne des risques importants de dérives », risques qui pèsent non seulement sur les « bénéficiaires » en raison notamment des souffrances que pourrait entraîner un « transfert affectif », mais risques qui menacent également les aidants sexuels. « Rien ne peut assurer que l’assistant sexuel lui-même ne va pas se placer en situation de vulnérabilité par une trop grande implication personnelle dans son service » écrivent ainsi les membres du CCNE. D’une manière générale, le comité invite à ne pas apprécier cette question avec un trop plein d’angélisme. Il observe ainsi que la situation d’assistants sexuels est rarement sereine. Des témoignages recueillis, il ressortirait ainsi que « l’aidant pouvait se trouver malmené même involontairement et la relation sexuelle devenir différente de ce qui avait été prévu contractuellement. Ont été évoqués également les situations d’abus de la part des aidants comme les chantages dont ils peuvent être eux-mêmes victimes ». Ainsi, globalement, semble-t-il difficile aux yeux des sages de dissocier prostitution et assistance sexuelle « sauf à en faire une activité non rémunérée » concluent les sages qui appellent à la « vigilance ». Ils ajoutent encore de manière définitive qu’il « n’est pas possible de faire de l’aide sexuelle une situation professionnelle comme les autres en raison du principe de non utilisation marchande du corps humain ».
Aimons nous les uns les autres !
Que proposent alors le CCNE pour remédier à la solitude affective mais aussi sexuelle de nombre de personnes handicapées ? La société doit changer son regard sur les personnes handicapées, afin de favoriser les rencontres, la vie sociale et les échanges, martèlent-ils. Les professionnels de santé devraient également être davantage formés à ces questions afin d’être mieux en mesure de répondre aux questions des personnes handicapées et de pouvoir leur indiquer les « techniques » pour « faciliter les relations physiques entre personnes handicapées ou l’accès à des moyens mécaniques de satisfaction sexuelle ».
Illustration : Helen Hunt et John Hawkes dans le film The Sessions qui traite de l’assistance sexuelle aux handicapés
Aurélie Haroche
Copyright © http://www.jim.fr
Toujours pas d’assistance sexuelle pour les handicapés français
francetvinfo.fr | mardi 12 mars 2013
Certaines associations demandent la légalisation de l’assistance sexuelle pour les personnes handicapées.
(JEFF PACHOUD / AFP)
Autorisée aux Etats-Unis, en Allemagne, aux Pays-Bas ou au Danemark, l’assistance sexuelle pour les handicapés est encore loin de faire consensus en France. Le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) a rendu, mardi 12 mars, un avis défavorable à cette activité, que certaines associations souhaitent voir légalisée. Signe que l’Hexagone reste frileux sur cette question taboue.
Qu’est-ce que l’assistance sexuelle ?
L’assistance sexuelle consiste en des massages, des caresses érotiques, voire des rapports sexuels effectués pour des personnes handicapées qui en font la demande. Dans les pays où elle est reconnue en tant qu’activité professionnelle, elle est rémunérée et fait l’objet d’une véritable formation. En Suisse par exemple, c’est l’association Sexualité et handicaps pluriels (SEHP) qui s’en charge.
Pascal, seul à exercer cette profession en France pendant quelques années (il a cessé son activité), expliquait en 2010 dans Le Parisien que les handicapés "voient défiler des dizaines de soignants qui viennent leur prodiguer des soins d’hygiène. Alors ils ont appris à abandonner toute pudeur pour se mettre nus devant ces gens qu’ils connaissent à peine." Il raconte son expérience : "Une femme de 35 ans m’a confié que, pendant des années, elle s’était comme désincarnée pour supporter ces soins. Et puis, avec moi, elle a eu envie de redécouvrir un corps qui ne soit pas juste source de souffrance, mais de plaisir."
Valentine, infirme moteur cérébrale, témoigne dans Libération : "Je me disais que je ne connaîtrais jamais le plaisir. Alors j’ai laissé tomber mes principes et j’ai payé 50 euros pour faire l’amour." Grâce à cet assistant sexuel, "pour la première fois de ma vie, je me suis sentie femme et plus uniquement une paire de jambes sur un fauteuil. (…) Cela m’a permis de découvrir le sexe mais aussi de réaliser que j’avais le droit d’exprimer mes désirs, mes envies…" confie-t-elle.
Quelle différence avec la prostitution ?
Aucune, selon le CCNE, qui avait été saisi du dossier par Roselyne Bachelot alors qu’elle était ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale. Celle-ci était "rigoureusement, formellement, totalement opposée" à la création d’un statut d’assistant sexuel. Pour justifier son avis, le Comité invoque le "principe de non-utilisation marchande du corps humain". Car, même si les associations contestent l’assimilation de l’assistance sexuelle à de la prostitution, dans les faits, des clients payent pour des relations charnelles.
"Il semble difficile d’admettre que l’aide sexuelle relève d’un droit" de prestation, estime le CCNE. Or, "si une chose est interdite pour tout le monde, pour des raisons éthiques, il semble difficile d’envisager qu’elle soit autorisée dans le cadre d’initiatives individuelles et seulement au profit de certaines personnes", ajoute-t-il. Un avis que ne partage pas l’ancien député Jean-François Chossy (UMP-PDR), rapporteur de la loi sur le handicap en 2005. "La démarche doit s’adresser à des personnes lourdement handicapées qui n’ont pas accès à leur corps. Il faut personnaliser, pas catégoriser", dit-il au magazine Causette, qui consacrait en 2011 un dossier à l’assistance sexuelle (PDF). "La politique n’a pas de devoir sexuel, mais elle doit accompagner. On réduit l’assistance sexuelle à un acte rémunéré ; or c’est un acte de la vie. Quand on ne peut pas faire sa toilette, on vous la fait ; alors pourquoi pas le reste ?"
Aujourd’hui, le Comité évoque dans son rapport des risques de dérives : "Les bénéficiaires sont des personnes vulnérables et susceptibles d’un transfert affectif envers l’assistant sexuel", relève-t-il. Il craint aussi, pour le professionnel, "une trop grande implication personnelle dans son service". Pascal, lui, rappelle dans Libération que "l’argent est nécessaire pour prévenir l’attachement et se positionner dans une relation professionnelle". Et ajoute qu’il ne l’a "jamais vécu comme un sacrifice ou un geste altruiste". Néanmoins, le CCNE préconise une formation des personnels soignants et éducatifs à la sexualité des patients, pour "par exemple faciliter les relations physiques entre personnes handicapées, ou l’accès à des moyens mécaniques de satisfaction sexuelle".
Les intéressés réclament une "exception de la loi"
Il n’existe pas, en France, d’association mettant en contact handicapés et assistants, car elle serait accusée de proxénétisme. Le collectif Handicaps & sexualité (PDF) plaide lui "pour une exception de la loi",afin de "donner aux personnes en situation de handicap la possibilité de bénéficier d’une médiation sans laquelle certaines d’entre elles ne peuvent accéder à leur propre sexualité et à sa réalisation". "Accepteriez-vous une vie sans relation sexuelle, alors que vous en avez le désir ?", interroge-t-il dans un appel lancé en 2011.
Pourquoi, alors, les handicapés ne se contentent-ils pas des services des prostitué(e)s ? Interrogé par Causette, Charly, atteint de la maladie des os de verre, cite leur maladresse et leur méconnaissance du corps handicapé : "J’avais déjà fait appel à des escorts, mais la plupart ne veulent pas ou n’ont pas les bons réflexes vis-à-vis de mon corps, explique-t-il. L’aidante sexuelle, elle, n’était pas désarçonnée par ma situation."
Catherine Agthe-Diserens, sexo-pédagogue spécialisée et formatrice pour adultes à la SEHP, dont elle est présidente, estime dans le quotidien suisse Le Nouvelliste (PDF) que "l’accès à la sexualité est un droit universel. Si la personne ne peut y accéder elle-même, nous nous devons de la soutenir dans ce sens comme nous le faisons pour toutes les autres dimensions de sa vie". Pascal, lui, souligne que "le but n’est pas de fidéliser la personne, mais de la rendre autonome".
"Il faut tout de même rappeler qu’il existe en France un million d’handicapés mentaux et plus de deux millions d’handicapés moteurs", écrit sur son blog Philippe Brenot, psychiatre et responsable des enseignements de sexologie à l’université Paris-Descartes, cité par Slate. "Comment entrer en contact avec les autres, partenaires potentiels, lorsqu’on ne peut se déplacer, et comment, dans ces conditions, parvient-on à l’épanouissement sexuel ? La réponse la plus hypocrite, mais trop fréquente, est qu’il faudrait aux handicapés accepter leur handicap et ne rien demander de plus", assène-t-il.
Présentation du concept d’assistance sexuelle
assistancesexuelle.ch
Présentation du concept d’assistance sexuelle
Un besoin fondamental
Chaque personne a sa manière d’exprimer sa sexualité, ce dans ses propres registres et dans les limites de la législation en vigueur.
Toutefois, à cause des handicaps, il peut être nécessaire de bénéficier d’un soutien à la réalisation de ce besoin essentiel
et légitime, et tout simplement humain.
Des situations particulières
Vie en institution ? Mobilité entravée, voire inexistante ? Exclusion, isolement ? Manque de compréhension, désorientation ? ... A situation exceptionnelle, réponse exceptionnelle.
Des réponses adaptées
La valeur du concept de l’assistance sexuelle, préconisée en Suisse romande, consiste en l’adaptation de la réponse apportée
à des besoins sexuels en tenant compte de chaque situation. Davantage qu’un catalogue de prestations définies,
il s’agit de proposer un accompagnement en phase avec les émotions et attentes sensorielles et érotiques des bénéficiaires.
Des références éthiques
Le cadre éthique général qui sous-tend cette approche rassemble les notions de respect réciproque (bénéficiaires/prestataires),
la prise de conscience du rôle des tiers dans la mise en place de ces prestations et le respect absolu de l’intimité du moment.
La mise en œuvre
L’application de ce concept s’appuie sur trois volets :
Sélection, formation et certification des assistant-e-s sexuel-le-s, gage d’aptitude.
Supervision et formation continue des assistant-e-s sexuel-le-s, gage d’adéquation.
Coordination comprenant : réception et évaluation de chaque demande pour une assistance sexuelle,
suivi et réajustement, si nécessaire, gage de fiabilité.
L’offre
Après évaluation de sa demande, la personne en situation de handicap (âgée de plus de 18 ans) bénéficie d’un premier rendez-vous de prise de contact, puis d’une ou plusieurs rencontres d’une durée d’une heure au moins, dans un lieu garantissant l’intimité, pour un prix fixe, quelles que soient ses attentes.
Si la demande concerne une personne sous tutelle, une analyse minutieuse de l’indication sera faite en partenariat avec les référent—e-s responsables et une décharge légale (fournie par le SEHP) sera signée par ce-cette responsable.
Cette suppléance professionnalisée peut-être régulière, occasionnelle ou transitoire.
Elle se situe dans un consentement libre, dans le respect des lois en vigueur, et en préservant la santé physique et mentale des protagonistes.
engagement volontaire des assistant-e-s sexuel-le-s à suivre le concept (y compris une tarification fixe)et une Charte de l’assistant-e sexuel-le, retravaillée régulièrement, est un gage de qualité.
Indépendance financière et juridique stricte des assistant-e-s sexuel-le-s.
Handicap : l’assistance à la sexualité en débat
Camille Hamet et Claire Rainfroy | lemonde.fr | mardi 12 mars 2013
Des personnes handicapées participent à un colloque européen sur la sexualité des handicapés organisé par l’Association des paralysés de France, l’Association française contre les myopathies et Handicap International, en 2007, au parlement européen de Strasbourg. Le thème souvent tabou des "aidants sexuels", chargés de l’"accompagnement sexuel" des handicapés, sera abordé lors du colloque qui se tient jusqu’au 28 avril en présence de plus de 200 spécialistes, professionnels et personnes | AFP/FREDERICK FLORIN
Les personnes lourdement handicapées peuvent-elles se faire aider de professionnels spécialisés pour accéder au plaisir et à leur sexualité ? Non, vient de répondre le Comité consultatif national d’éthique (CCNE), dans un avis rendu public lundi 11 mars, dans lequel l’instance se déclare défavorable à la reconnaissance du métier d’assistant sexuel pour les personnes handicapées. "Il n’est pas possible de faire de l’aide sexuelle une situation professionnelle comme les autres en raison du principe de non-utilisation marchande du corps humain", relève le CCNE, qui avait été saisi en 2011 par Roselyne Bachelot, alors ministre de la solidarité et de la cohésion sociale du gouvernement Fillon.
Reconnus aux Etats-Unis et dans plusieurs pays européens, les assistants sexuels aident les personnes handicapées - mentales et physiques - à découvrir ou à redécouvrir leur corps comme source de plaisir, le temps de quelques séances tarifées. Leur intervention peut aller du simple contact peau à peau et de la caresse à la masturbation, voire à la pénétration. En Suisse, c’est l’association Sexualité et handicaps pluriels (SEHP) qui forme des professionnels de santé spécialisés dans l’aide corporelle à l’exercice de la sexualité.
En France, la revendication de l’accès à la sexualité s’est inscrite dans le mouvement de reconnaissance des droits des personnes handicapées, engagé notamment par la loi du 11 février 2005 sur l’égalité des droits et des chances. Des pratiques d’assistance sexuelle ont aujourd’hui lieu, mais sans cadre légal. Lourdement handicapé, Marcel Nuss, qui souffre d’une amyotrophie spinale, revendique y avoir eu recours. "Cette aide redonne confiance et estime de soi, explique l’auteur de Je veux faire l’amour (Autrement, 2012). Elle m’a apporté énormément aux niveaux physique et psychologique."
INITIATIVE PRIVÉE
Le CCNE, sans nier la souffrance et la solitude de beaucoup de personnes handicapées, se refuse à envisager tout cadre légal pour l’assistance sexuelle. Il assimile ce service à de la prostitution, "sauf à en faire une activité non rémunérée". Il ne préconise pas l’exception à la loi pénalisant le proxénétisme pour les directeurs d’établissement, parents et auxiliaires de vie qui mettent en relation une personne handicapée avec un assistant sexuel, comme le réclame l’association de militants CH(s) OSE.
Tout en reconnaissant qu’il existe des droits liés à la sexualité, le CCNE estime que l’aide sexuelle aux handicapés ne relève pas de la responsabilité de l’Etat, mais d’une initiative privée : "Il semble difficile d’admettre qu’[elle] relève d’un droit-créance assuré comme une obligation de la part de la société", est-il écrit. La création d’une filière spécifique ou d’une spécialisation, et a fortiori le remboursement de cette assistance, sont donc exclus. D’autant que "le risque de dérives est très important, pour les aidants comme pour les bénéficiants", insiste Anne-Marie Dickelé, psychologue, rapporteure de l’avis. Le comité d’éthique pointe ainsi des "situations d’abus de la part des aidants comme les chantages dont ils peuvent être eux-mêmes victimes".
En revanche, le CCNE recommande aux autorités publiques de "promouvoir la formation des personnels soignants et éducatifs tant sur la question de la sexualité que sur le questionnement éthique" et de "soutenir les recherches et initiatives existantes : certains responsables d’établissement sont assez avancés dans des projets expérimentaux consistant en particulier à aider des couples formés de personnes handicapées à s’ installer en milieu ordinaire".
Déçus sans être vraiment surpris par cet avis, c’est ainsi que l’on pourrait résumer le sentiment de ceux qui militent pour l’instauration de l’assistance sexuelle. "Cet avis s’inscrit dans la droite ligne de la politique française sur la prostitution, regrette le philosophe Norbert Campagna, auteur de La Sexualité des handicapés : faut-il seulement la tolérer ou aussi l’ encourager ? (Labor et Fibes, 2012). L’accompagnement sexuel joue pourtant un rôle fondamental dans l’accès à la sexualité pour ces personnes qui n’ont pas les mêmes possibilités que tout un chacun." Chez Pascale Ribes, présidente de l’association CH(s) OSE, c’est la "colère" qui domine : "Associer la prostitution à l’assistance sexuelle est un faux débat", dit-elle. "Pourquoi tant de prudence ?", s’interroge quant à elle Sheila Warembourg, sexologue membre du Collectif handicaps et sexualités, qui assure que l’assistance sexuelle est un véritable besoin pour certains de ses patients. Elle insiste aussi sur la nécessaire formation des aidants sexuels.
"QUESTION LÉGITIME"
Du côté des opposants à l’assistance sexuelle, l’avis du CCNE a reçu un accueil bien plus chaleureux. Maudy Piot, présidente de l’association Femmes pour le dire, femmes pour agir (FDFA), se dit "ravie". "Il faut répondre à la souffrance affective et sexuelle de ces personnes, mais l’assistance sexuelle n’est pas la bonne solution, affirme-t-elle. Pour nous, cela s’apparente à de la prostitution dès lors qu’il s’agit de marchander son corps." Comme FDFA, l’association Mouvement du nid milite pour l’abolition de la prostitution. Son secrétaire général, Grégoire Thery, invoque également "la dignité de la personne handicapée", pour s’opposer à la mise en place d’une assistance sexuelle. "Elle renforce la ghettoïsation et la discrimination, avance-t-il. Les personnes handicapées ont le droit à la même vie affective et sexuelle que les autres."
"Notre propos n’était pas de prendre parti, mais de fournir un maximum d’éléments de réflexion", assure François Beaufils, professeur de pédiatrie, également rapporteur de l’avis du comité d’éthique. Cette réflexion revient toujours au gouvernement, qui pourrait finalement se saisir d’un débat promis pendant la campagne présidentielle par le candidat François Hollande, mais jusque-là soigneusement évité. "La réflexion sur la vie affective, sentimentale et sexuelle des personnes en situation de handicap doit avoir lieu, indique ainsi Marie-Arlette Carlotti, ministre déléguée chargée des personnes handicapées et de la lutte contre l’exclusion. C’est une question légitime qui doit être étudiée de façon sereine. Le débat ne doit pas se résumer à la seule question des assistants sexuels."
Camille Hamet et Claire Rainfroy
A l’étranger, une aide sexuelle légale et encadrée
Les Etats-Unis, pays précurseur C’est aux Etats-Unis que le statut d’assistant sexuel a pour la première fois été reconnu. En partie encouragées par les travaux de deux chercheurs américains, William Masters et Virginia Johnson, les sexual surrogates firent leur apparition dans les années 1980. Si la législation qui entoure leur statut y diffère selon les différents Etats du pays, leur activité est autorisée.
En Europe Les Pays-Bas sont le premier pays à permettre l’accompagnement sexuel des personnes handicapées, dans les années 1990. Dans la foulée, d’autres pays ont autorisé l’activité, à l’image du Danemark, de l’Allemagne, de l’Autriche, de la Belgique ou bien de l’Italie.
Formation C’est en Suisse que le statut d’assistant sexuel est le plus encadré. En 2008, l’association Sexualité et handicaps pluriels (SEHP) lance la première formation francophone en assistance sexuelle. Ne devient pas assistant sexuel qui veut : l’association y opère une sélection rigoureuse. Entre autres obligations, celle d’un casier judiciaire vierge, de connaissances préalables en matière de handicap ainsi qu’une forte motivation.
L’association a formé six hommes et six femmes entre 2008 et 2009. Le coût de la formation, de 2 500 euros, n’était pas remboursé par les assurances de santé suisses. Au programme, ateliers pratiques, apprentissage des techniques de massages, mais aussi cours de psychologie. Après 300 heures de formation, 10 assistants sexuels ont été certifiés par SEHP. En 2009, l’association n’a pas renouvelé cette formation.
Depuis juin 2009, 80 personnes handicapées, en très grande majorité des hommes, se sont adressées à l’association.
haut de page
Hasta la vista
Geoffrey Enthoven | hastalavista-lefilm.com | 7 mars 2012
Hasta la vista (bande-annonce) par lesfilms13
un film de Geoffrey Enthoven
Synopsis et détails
Trois jeunes d’une vingtaine d’années aiment le vin et les femmes, mais ils sont encore vierges. Sous prétexte d’une route des vins, ils embarquent pour un voyage en Espagne dans l’espoir d’avoir leur première expérience sexuelle. Rien ne les arrêtera… Pas même leurs handicaps : l’un est aveugle, l’autre est confiné sur une chaise roulante et le troisième est complètement paralysé.
http://www.handimobility.org/blog/lassistance-sexuelle-pour-personnes-handicapees-enterree-en-france/
PHILIPPE STEINIER - AURÉLIE HAROCHE | JIM.FR - HANDIMOBILITY.ORG | MERCREDI 13 MARS 2013
mercredi 13 mars 2013
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L’assistance sexuelle pour personnes handicapées « enterrée » en France
Philippe Steinier | handimobility.org | mercredi 13 mars 2013
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Aurélie Haroche | jim.fr | mercredi 13 mars 2013
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Moi, Pascal, 50 ans, assistant sexuel
Pascal | leparisien.fr | 26.11.2010
Il offre, un ou deux jours par mois, un moment de tendresse, de caresse à des personnes handicapées. Pascal, seul aidant sexuel en France, se confie
Assistante sexuelle pour handicapés ou prostitution ?
Claudine Legardinier, Malka Marcovich, Sabine Salmon & Annie Sugier | liberation.fr | 4 août 2009
Assistance sexuelle et législation française
handirect.fr | 19 juin 2009
La sexualité des personnes handicapées est souvent vécue comme une « problématique », car la société se doit, théoriquement, de garantir à chacun une vie digne et complète qui passe nécessairement par la mise en place d’un statut d’assistant sexuel et par une transformation culturelle de la société...
Handicap et sexualité, aspects psychologiques
Christine Champonnois | univ-rennes1.fr
Je refuse d’être aimé parce qu’infirme : toute pitié est immonde. Je refuse d’être aimé quoiqu’infirme : toute restriction est blessante. Je demande à être aimé-infirme. Jean Massin, Le Gué du Jabocq
Assistant sexuel
wikipedia.org
Le métier d’assistant sexuel est une forme d’accompagnement spécifique qui consiste à raviver le plaisir sensuel, érotique ou sexuel chez les adultes en situation de handicap qui en font la demande. Sur le plan légal, cette activité est souvent assimilée à de la prostitution alors que ses promoteurs en jugent autrement. La demande vient plus des hommes que des femmes mais hommes et femmes n’attendent pas la même chose. Les demandes des hommes sont plutôt sexuelles alors que les femmes sont plus en attente de sensualité. L’accompagnement à la vie affective et sexuelle est apparu aux Pays-Bas en 1980. Cette pratique est par la suite apparue en Allemagne, au Danemark, et en Suisse...
L’assistance sexuelle pour personnes handicapées « enterrée » en France
Philippe Steinier | handimobility.org | mercredi 13 mars 2013
On aurait pu croire que l’évolution des mentalités et de la société auraient pu être favorables à la reconnaissance officielle de l’assistance sexuelle pour personnes handicapées en France. La récente projection du film « The Sessions » semblait refléter une évolution en matière de prise de conscience quant à cette problématique spécifique. Toutefois, les récents évènements contredisent ce sentiment subjectif et on peut même oser affirmer sans trop se tromper que l’assistance sexuelle à destination des personnes handicapées est presque définitivement (et jusqu’à nouvel ordre) enterrée en France et ce en vertu de l’avis défavorable rendu par le Comité consultatif national d’éthique.
Pour rappel, c’est en 2011 que la ministre des Solidarités et de la cohésion sociale du moment, Roselyne Bachelot, saisissait le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) sur la question de l’assistance sexuelle en France (la ministre s’étant d’ailleurs déclarée publiquement et ouvertement opposée à ce type d’assistance sexuelle avant même cette demande d’avis).
Le CCNE vient de rendre ce 11 mars 2013 son avis motivé, un avis qui, de façon assez étrange et illogique est daté du 27 septembre 2012 !
Cet avis, qui s’étend sur 14 pages, a été rendu après audition d’associations représentatives des personnes handicapées ainsi que des porte-paroles du mouvement du Nid qui milite pour une société sans prostitution.
L’avis du Comité consultatif national d’éthique est maintenant officiellement déclaré comme négatif, le Comité s’opposant dès lors à la mise en place de services d’assistance sexuelle en France.
La motivation essentielle repose sur le fait que ce type d’assistance sexuelle rajouterait des frustrations supplémentaires à celles déjà présentes au niveau de la personne moins valide.
En effet pour le CCNE l’assistance sexuelle entraîne des risques importants de dérives chez la personne handicapée qui est à la base plus vulnérable et susceptible d’un transfert affectif envers l’assistant sexuel possiblement source de souffrance supplémentaire.
De plus on ne peut que constater que l’assistance sexuelle est toujours mise en parallèle avec le domaine du proxénétisme ou de la prostitution le CCNE mentionnant d’ailleurs que si une chose est interdite pour tout le monde, pour des raisons éthiques, il semble difficile d’envisager qu’elle soit autorisée dans le cadre d’initiatives individuelles et seulement au profit de certaines personnes.
Aucune évolution n’a été constatée quant à la perception de l’assistance sexuelle pour moins-valides vu que le Comité va dans le sens que celle-ci serait une instrumentalisation du corps d’une personne pour la satisfaction personnelle d’une autre et qu’il vaudrait mieux former les professionnels du secteur médico-social à l’accompagnement des personnes handicapées sur les questions touchant à leur sexualité.
Une notion notion assez surréaliste car le Comité estime que cette formation peut avoir un côté technique, qui permettrait de faciliter l’accès à des moyens mécaniques de satisfaction sexuelle ».
En langage clair on peut envisager la formation à l’utilisation de sextoys sauf que, personne n’a souligné que les demandeurs d’assistance sexuelle présentant un handicap sévère ne pourront pas utiliser ceux-ci ni accéder aux organes génitaux !
Bref, un avis négatif qui, s’il explique et reprend toutes les raisons de ne pas accepter l’assistance sexuelle n’apporte à l’inverse strictement aucune ébauche voire aucune solution au niveau de cette problématique.
Bref, cet avis négatif qui devrait enterrer tout espoir de reconnaissance de l’assistance sexuelle en France dans un futur proche (et même éloigné) réjouira les opposants plus conservateurs à l’inverse de ses partisans considérés comme progressistes.
Quelque soit l’avis des uns et des autres il est un fait commun pour tous, aucune solution ni même ébauche de solution n’a été apportée dans ce domaine et tous les problèmes restent d’actualité.
Vous pouvez consulter et télécharger ICI l’avis numéro 118 au sujet de la vie sexuelle des personnes handicapées – question de l’assistance sexuelle.
The Sessions Official Trailer
film de Ben Lewin | imdb.com | 6 mars 2013
Mark fait paraître une petite annonce : "Homme, 38 ans, cherche femme pour relation amoureuse, et plus si affinités. En revanche paralysé... Amatrices de promenade sur la plage s’abstenir...". L’histoire vraie et bouleversante d’un homme physiquement handicapé et que la vie a privé de tout, et de sa rencontre avec une thérapeute qui va lui permettre d’aimer, "comme tout le monde".
Assistance sexuelle aux handicapés : pour le Comité d’éthique c’est non !
Aurélie Haroche | jim.fr | mercredi 13 mars 2013
Paris, le mercredi 13 mars 2013 – Le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) se montre très opposé à la création en France d’un statut d’assistant sexuel aux personnes handicapées. C’est du moins la substance d’un avis rendu public en ce début de semaine.
Alors que l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique, le Danemark, l’Italie, les Pays-Bas, la Suisse ou encore Israël ont mis en place des dispositifs permettant dans certaines conditions à des « professionnels » de délivrer une « assistance sexuelle » à certaines personnes souffrant d’un handicap, en France, le débat continue à faire rage. Du côté des partisans d’une telle reconnaissance dans notre pays figurent un grand nombre d’associations défendant les personnes handicapées, réunies notamment au sein du Collectif handicaps et sexualité (CHS). Si elles sont majoritairement unies sur ce point, les organisations peinent à trouver dans la sphère publique des relais pour porter leur message. Pour l’heure, la personnalité politique qui a le plus œuvré dans leur sens a été le député UMP Jean-François Chossy qui a remis en décembre 2011 un rapport favorable à la création d’un statut d’assistant sexuel pour les personnes handicapées. « Il faut promouvoir l’idée que toute personne doit pouvoir recevoir l’assistance humaine nécessaire à l’expression de sa sexualité » défendait notamment Jean-François Chossy.
Assistant sexuel : une profession à risque
Mais face à ce front associatif uni et à ces quelques voix politiques en faveur de l’assistance sexuelle, les opposants sont très nombreux. On se souvient ainsi comment le ministre de la Santé, Roselyne Bachelot s’était révélée très hostile à une telle idée, au nom notamment de la défense des droits des femmes. Aujourd’hui, c’est au tour du CCNE de faire part de son opposition à de tels dispositifs, reprenant, entre autres, des arguments proches de ceux de l’ancien ministre. Les sages estiment ainsi que « Délivrer un service sexuel à la personne handicapée entraîne des risques importants de dérives », risques qui pèsent non seulement sur les « bénéficiaires » en raison notamment des souffrances que pourrait entraîner un « transfert affectif », mais risques qui menacent également les aidants sexuels. « Rien ne peut assurer que l’assistant sexuel lui-même ne va pas se placer en situation de vulnérabilité par une trop grande implication personnelle dans son service » écrivent ainsi les membres du CCNE. D’une manière générale, le comité invite à ne pas apprécier cette question avec un trop plein d’angélisme. Il observe ainsi que la situation d’assistants sexuels est rarement sereine. Des témoignages recueillis, il ressortirait ainsi que « l’aidant pouvait se trouver malmené même involontairement et la relation sexuelle devenir différente de ce qui avait été prévu contractuellement. Ont été évoqués également les situations d’abus de la part des aidants comme les chantages dont ils peuvent être eux-mêmes victimes ». Ainsi, globalement, semble-t-il difficile aux yeux des sages de dissocier prostitution et assistance sexuelle « sauf à en faire une activité non rémunérée » concluent les sages qui appellent à la « vigilance ». Ils ajoutent encore de manière définitive qu’il « n’est pas possible de faire de l’aide sexuelle une situation professionnelle comme les autres en raison du principe de non utilisation marchande du corps humain ».
Aimons nous les uns les autres !
Que proposent alors le CCNE pour remédier à la solitude affective mais aussi sexuelle de nombre de personnes handicapées ? La société doit changer son regard sur les personnes handicapées, afin de favoriser les rencontres, la vie sociale et les échanges, martèlent-ils. Les professionnels de santé devraient également être davantage formés à ces questions afin d’être mieux en mesure de répondre aux questions des personnes handicapées et de pouvoir leur indiquer les « techniques » pour « faciliter les relations physiques entre personnes handicapées ou l’accès à des moyens mécaniques de satisfaction sexuelle ».
Illustration : Helen Hunt et John Hawkes dans le film The Sessions qui traite de l’assistance sexuelle aux handicapés
Aurélie Haroche
Copyright © http://www.jim.fr
Toujours pas d’assistance sexuelle pour les handicapés français
francetvinfo.fr | mardi 12 mars 2013
Certaines associations demandent la légalisation de l’assistance sexuelle pour les personnes handicapées.
(JEFF PACHOUD / AFP)
Autorisée aux Etats-Unis, en Allemagne, aux Pays-Bas ou au Danemark, l’assistance sexuelle pour les handicapés est encore loin de faire consensus en France. Le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) a rendu, mardi 12 mars, un avis défavorable à cette activité, que certaines associations souhaitent voir légalisée. Signe que l’Hexagone reste frileux sur cette question taboue.
Qu’est-ce que l’assistance sexuelle ?
L’assistance sexuelle consiste en des massages, des caresses érotiques, voire des rapports sexuels effectués pour des personnes handicapées qui en font la demande. Dans les pays où elle est reconnue en tant qu’activité professionnelle, elle est rémunérée et fait l’objet d’une véritable formation. En Suisse par exemple, c’est l’association Sexualité et handicaps pluriels (SEHP) qui s’en charge.
Pascal, seul à exercer cette profession en France pendant quelques années (il a cessé son activité), expliquait en 2010 dans Le Parisien que les handicapés "voient défiler des dizaines de soignants qui viennent leur prodiguer des soins d’hygiène. Alors ils ont appris à abandonner toute pudeur pour se mettre nus devant ces gens qu’ils connaissent à peine." Il raconte son expérience : "Une femme de 35 ans m’a confié que, pendant des années, elle s’était comme désincarnée pour supporter ces soins. Et puis, avec moi, elle a eu envie de redécouvrir un corps qui ne soit pas juste source de souffrance, mais de plaisir."
Valentine, infirme moteur cérébrale, témoigne dans Libération : "Je me disais que je ne connaîtrais jamais le plaisir. Alors j’ai laissé tomber mes principes et j’ai payé 50 euros pour faire l’amour." Grâce à cet assistant sexuel, "pour la première fois de ma vie, je me suis sentie femme et plus uniquement une paire de jambes sur un fauteuil. (…) Cela m’a permis de découvrir le sexe mais aussi de réaliser que j’avais le droit d’exprimer mes désirs, mes envies…" confie-t-elle.
Quelle différence avec la prostitution ?
Aucune, selon le CCNE, qui avait été saisi du dossier par Roselyne Bachelot alors qu’elle était ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale. Celle-ci était "rigoureusement, formellement, totalement opposée" à la création d’un statut d’assistant sexuel. Pour justifier son avis, le Comité invoque le "principe de non-utilisation marchande du corps humain". Car, même si les associations contestent l’assimilation de l’assistance sexuelle à de la prostitution, dans les faits, des clients payent pour des relations charnelles.
"Il semble difficile d’admettre que l’aide sexuelle relève d’un droit" de prestation, estime le CCNE. Or, "si une chose est interdite pour tout le monde, pour des raisons éthiques, il semble difficile d’envisager qu’elle soit autorisée dans le cadre d’initiatives individuelles et seulement au profit de certaines personnes", ajoute-t-il. Un avis que ne partage pas l’ancien député Jean-François Chossy (UMP-PDR), rapporteur de la loi sur le handicap en 2005. "La démarche doit s’adresser à des personnes lourdement handicapées qui n’ont pas accès à leur corps. Il faut personnaliser, pas catégoriser", dit-il au magazine Causette, qui consacrait en 2011 un dossier à l’assistance sexuelle (PDF). "La politique n’a pas de devoir sexuel, mais elle doit accompagner. On réduit l’assistance sexuelle à un acte rémunéré ; or c’est un acte de la vie. Quand on ne peut pas faire sa toilette, on vous la fait ; alors pourquoi pas le reste ?"
Aujourd’hui, le Comité évoque dans son rapport des risques de dérives : "Les bénéficiaires sont des personnes vulnérables et susceptibles d’un transfert affectif envers l’assistant sexuel", relève-t-il. Il craint aussi, pour le professionnel, "une trop grande implication personnelle dans son service". Pascal, lui, rappelle dans Libération que "l’argent est nécessaire pour prévenir l’attachement et se positionner dans une relation professionnelle". Et ajoute qu’il ne l’a "jamais vécu comme un sacrifice ou un geste altruiste". Néanmoins, le CCNE préconise une formation des personnels soignants et éducatifs à la sexualité des patients, pour "par exemple faciliter les relations physiques entre personnes handicapées, ou l’accès à des moyens mécaniques de satisfaction sexuelle".
Les intéressés réclament une "exception de la loi"
Il n’existe pas, en France, d’association mettant en contact handicapés et assistants, car elle serait accusée de proxénétisme. Le collectif Handicaps & sexualité (PDF) plaide lui "pour une exception de la loi",afin de "donner aux personnes en situation de handicap la possibilité de bénéficier d’une médiation sans laquelle certaines d’entre elles ne peuvent accéder à leur propre sexualité et à sa réalisation". "Accepteriez-vous une vie sans relation sexuelle, alors que vous en avez le désir ?", interroge-t-il dans un appel lancé en 2011.
Pourquoi, alors, les handicapés ne se contentent-ils pas des services des prostitué(e)s ? Interrogé par Causette, Charly, atteint de la maladie des os de verre, cite leur maladresse et leur méconnaissance du corps handicapé : "J’avais déjà fait appel à des escorts, mais la plupart ne veulent pas ou n’ont pas les bons réflexes vis-à-vis de mon corps, explique-t-il. L’aidante sexuelle, elle, n’était pas désarçonnée par ma situation."
Catherine Agthe-Diserens, sexo-pédagogue spécialisée et formatrice pour adultes à la SEHP, dont elle est présidente, estime dans le quotidien suisse Le Nouvelliste (PDF) que "l’accès à la sexualité est un droit universel. Si la personne ne peut y accéder elle-même, nous nous devons de la soutenir dans ce sens comme nous le faisons pour toutes les autres dimensions de sa vie". Pascal, lui, souligne que "le but n’est pas de fidéliser la personne, mais de la rendre autonome".
"Il faut tout de même rappeler qu’il existe en France un million d’handicapés mentaux et plus de deux millions d’handicapés moteurs", écrit sur son blog Philippe Brenot, psychiatre et responsable des enseignements de sexologie à l’université Paris-Descartes, cité par Slate. "Comment entrer en contact avec les autres, partenaires potentiels, lorsqu’on ne peut se déplacer, et comment, dans ces conditions, parvient-on à l’épanouissement sexuel ? La réponse la plus hypocrite, mais trop fréquente, est qu’il faudrait aux handicapés accepter leur handicap et ne rien demander de plus", assène-t-il.
Présentation du concept d’assistance sexuelle
assistancesexuelle.ch
Présentation du concept d’assistance sexuelle
Un besoin fondamental
Chaque personne a sa manière d’exprimer sa sexualité, ce dans ses propres registres et dans les limites de la législation en vigueur.
Toutefois, à cause des handicaps, il peut être nécessaire de bénéficier d’un soutien à la réalisation de ce besoin essentiel
et légitime, et tout simplement humain.
Des situations particulières
Vie en institution ? Mobilité entravée, voire inexistante ? Exclusion, isolement ? Manque de compréhension, désorientation ? ... A situation exceptionnelle, réponse exceptionnelle.
Des réponses adaptées
La valeur du concept de l’assistance sexuelle, préconisée en Suisse romande, consiste en l’adaptation de la réponse apportée
à des besoins sexuels en tenant compte de chaque situation. Davantage qu’un catalogue de prestations définies,
il s’agit de proposer un accompagnement en phase avec les émotions et attentes sensorielles et érotiques des bénéficiaires.
Des références éthiques
Le cadre éthique général qui sous-tend cette approche rassemble les notions de respect réciproque (bénéficiaires/prestataires),
la prise de conscience du rôle des tiers dans la mise en place de ces prestations et le respect absolu de l’intimité du moment.
La mise en œuvre
L’application de ce concept s’appuie sur trois volets :
Sélection, formation et certification des assistant-e-s sexuel-le-s, gage d’aptitude.
Supervision et formation continue des assistant-e-s sexuel-le-s, gage d’adéquation.
Coordination comprenant : réception et évaluation de chaque demande pour une assistance sexuelle,
suivi et réajustement, si nécessaire, gage de fiabilité.
L’offre
Après évaluation de sa demande, la personne en situation de handicap (âgée de plus de 18 ans) bénéficie d’un premier rendez-vous de prise de contact, puis d’une ou plusieurs rencontres d’une durée d’une heure au moins, dans un lieu garantissant l’intimité, pour un prix fixe, quelles que soient ses attentes.
Si la demande concerne une personne sous tutelle, une analyse minutieuse de l’indication sera faite en partenariat avec les référent—e-s responsables et une décharge légale (fournie par le SEHP) sera signée par ce-cette responsable.
Cette suppléance professionnalisée peut-être régulière, occasionnelle ou transitoire.
Elle se situe dans un consentement libre, dans le respect des lois en vigueur, et en préservant la santé physique et mentale des protagonistes.
engagement volontaire des assistant-e-s sexuel-le-s à suivre le concept (y compris une tarification fixe)et une Charte de l’assistant-e sexuel-le, retravaillée régulièrement, est un gage de qualité.
Indépendance financière et juridique stricte des assistant-e-s sexuel-le-s.
Handicap : l’assistance à la sexualité en débat
Camille Hamet et Claire Rainfroy | lemonde.fr | mardi 12 mars 2013
Des personnes handicapées participent à un colloque européen sur la sexualité des handicapés organisé par l’Association des paralysés de France, l’Association française contre les myopathies et Handicap International, en 2007, au parlement européen de Strasbourg. Le thème souvent tabou des "aidants sexuels", chargés de l’"accompagnement sexuel" des handicapés, sera abordé lors du colloque qui se tient jusqu’au 28 avril en présence de plus de 200 spécialistes, professionnels et personnes | AFP/FREDERICK FLORIN
Les personnes lourdement handicapées peuvent-elles se faire aider de professionnels spécialisés pour accéder au plaisir et à leur sexualité ? Non, vient de répondre le Comité consultatif national d’éthique (CCNE), dans un avis rendu public lundi 11 mars, dans lequel l’instance se déclare défavorable à la reconnaissance du métier d’assistant sexuel pour les personnes handicapées. "Il n’est pas possible de faire de l’aide sexuelle une situation professionnelle comme les autres en raison du principe de non-utilisation marchande du corps humain", relève le CCNE, qui avait été saisi en 2011 par Roselyne Bachelot, alors ministre de la solidarité et de la cohésion sociale du gouvernement Fillon.
Reconnus aux Etats-Unis et dans plusieurs pays européens, les assistants sexuels aident les personnes handicapées - mentales et physiques - à découvrir ou à redécouvrir leur corps comme source de plaisir, le temps de quelques séances tarifées. Leur intervention peut aller du simple contact peau à peau et de la caresse à la masturbation, voire à la pénétration. En Suisse, c’est l’association Sexualité et handicaps pluriels (SEHP) qui forme des professionnels de santé spécialisés dans l’aide corporelle à l’exercice de la sexualité.
En France, la revendication de l’accès à la sexualité s’est inscrite dans le mouvement de reconnaissance des droits des personnes handicapées, engagé notamment par la loi du 11 février 2005 sur l’égalité des droits et des chances. Des pratiques d’assistance sexuelle ont aujourd’hui lieu, mais sans cadre légal. Lourdement handicapé, Marcel Nuss, qui souffre d’une amyotrophie spinale, revendique y avoir eu recours. "Cette aide redonne confiance et estime de soi, explique l’auteur de Je veux faire l’amour (Autrement, 2012). Elle m’a apporté énormément aux niveaux physique et psychologique."
INITIATIVE PRIVÉE
Le CCNE, sans nier la souffrance et la solitude de beaucoup de personnes handicapées, se refuse à envisager tout cadre légal pour l’assistance sexuelle. Il assimile ce service à de la prostitution, "sauf à en faire une activité non rémunérée". Il ne préconise pas l’exception à la loi pénalisant le proxénétisme pour les directeurs d’établissement, parents et auxiliaires de vie qui mettent en relation une personne handicapée avec un assistant sexuel, comme le réclame l’association de militants CH(s) OSE.
Tout en reconnaissant qu’il existe des droits liés à la sexualité, le CCNE estime que l’aide sexuelle aux handicapés ne relève pas de la responsabilité de l’Etat, mais d’une initiative privée : "Il semble difficile d’admettre qu’[elle] relève d’un droit-créance assuré comme une obligation de la part de la société", est-il écrit. La création d’une filière spécifique ou d’une spécialisation, et a fortiori le remboursement de cette assistance, sont donc exclus. D’autant que "le risque de dérives est très important, pour les aidants comme pour les bénéficiants", insiste Anne-Marie Dickelé, psychologue, rapporteure de l’avis. Le comité d’éthique pointe ainsi des "situations d’abus de la part des aidants comme les chantages dont ils peuvent être eux-mêmes victimes".
En revanche, le CCNE recommande aux autorités publiques de "promouvoir la formation des personnels soignants et éducatifs tant sur la question de la sexualité que sur le questionnement éthique" et de "soutenir les recherches et initiatives existantes : certains responsables d’établissement sont assez avancés dans des projets expérimentaux consistant en particulier à aider des couples formés de personnes handicapées à s’ installer en milieu ordinaire".
Déçus sans être vraiment surpris par cet avis, c’est ainsi que l’on pourrait résumer le sentiment de ceux qui militent pour l’instauration de l’assistance sexuelle. "Cet avis s’inscrit dans la droite ligne de la politique française sur la prostitution, regrette le philosophe Norbert Campagna, auteur de La Sexualité des handicapés : faut-il seulement la tolérer ou aussi l’ encourager ? (Labor et Fibes, 2012). L’accompagnement sexuel joue pourtant un rôle fondamental dans l’accès à la sexualité pour ces personnes qui n’ont pas les mêmes possibilités que tout un chacun." Chez Pascale Ribes, présidente de l’association CH(s) OSE, c’est la "colère" qui domine : "Associer la prostitution à l’assistance sexuelle est un faux débat", dit-elle. "Pourquoi tant de prudence ?", s’interroge quant à elle Sheila Warembourg, sexologue membre du Collectif handicaps et sexualités, qui assure que l’assistance sexuelle est un véritable besoin pour certains de ses patients. Elle insiste aussi sur la nécessaire formation des aidants sexuels.
"QUESTION LÉGITIME"
Du côté des opposants à l’assistance sexuelle, l’avis du CCNE a reçu un accueil bien plus chaleureux. Maudy Piot, présidente de l’association Femmes pour le dire, femmes pour agir (FDFA), se dit "ravie". "Il faut répondre à la souffrance affective et sexuelle de ces personnes, mais l’assistance sexuelle n’est pas la bonne solution, affirme-t-elle. Pour nous, cela s’apparente à de la prostitution dès lors qu’il s’agit de marchander son corps." Comme FDFA, l’association Mouvement du nid milite pour l’abolition de la prostitution. Son secrétaire général, Grégoire Thery, invoque également "la dignité de la personne handicapée", pour s’opposer à la mise en place d’une assistance sexuelle. "Elle renforce la ghettoïsation et la discrimination, avance-t-il. Les personnes handicapées ont le droit à la même vie affective et sexuelle que les autres."
"Notre propos n’était pas de prendre parti, mais de fournir un maximum d’éléments de réflexion", assure François Beaufils, professeur de pédiatrie, également rapporteur de l’avis du comité d’éthique. Cette réflexion revient toujours au gouvernement, qui pourrait finalement se saisir d’un débat promis pendant la campagne présidentielle par le candidat François Hollande, mais jusque-là soigneusement évité. "La réflexion sur la vie affective, sentimentale et sexuelle des personnes en situation de handicap doit avoir lieu, indique ainsi Marie-Arlette Carlotti, ministre déléguée chargée des personnes handicapées et de la lutte contre l’exclusion. C’est une question légitime qui doit être étudiée de façon sereine. Le débat ne doit pas se résumer à la seule question des assistants sexuels."
Camille Hamet et Claire Rainfroy
A l’étranger, une aide sexuelle légale et encadrée
Les Etats-Unis, pays précurseur C’est aux Etats-Unis que le statut d’assistant sexuel a pour la première fois été reconnu. En partie encouragées par les travaux de deux chercheurs américains, William Masters et Virginia Johnson, les sexual surrogates firent leur apparition dans les années 1980. Si la législation qui entoure leur statut y diffère selon les différents Etats du pays, leur activité est autorisée.
En Europe Les Pays-Bas sont le premier pays à permettre l’accompagnement sexuel des personnes handicapées, dans les années 1990. Dans la foulée, d’autres pays ont autorisé l’activité, à l’image du Danemark, de l’Allemagne, de l’Autriche, de la Belgique ou bien de l’Italie.
Formation C’est en Suisse que le statut d’assistant sexuel est le plus encadré. En 2008, l’association Sexualité et handicaps pluriels (SEHP) lance la première formation francophone en assistance sexuelle. Ne devient pas assistant sexuel qui veut : l’association y opère une sélection rigoureuse. Entre autres obligations, celle d’un casier judiciaire vierge, de connaissances préalables en matière de handicap ainsi qu’une forte motivation.
L’association a formé six hommes et six femmes entre 2008 et 2009. Le coût de la formation, de 2 500 euros, n’était pas remboursé par les assurances de santé suisses. Au programme, ateliers pratiques, apprentissage des techniques de massages, mais aussi cours de psychologie. Après 300 heures de formation, 10 assistants sexuels ont été certifiés par SEHP. En 2009, l’association n’a pas renouvelé cette formation.
Depuis juin 2009, 80 personnes handicapées, en très grande majorité des hommes, se sont adressées à l’association.
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Hasta la vista
Geoffrey Enthoven | hastalavista-lefilm.com | 7 mars 2012
Hasta la vista (bande-annonce) par lesfilms13
un film de Geoffrey Enthoven
Synopsis et détails
Trois jeunes d’une vingtaine d’années aiment le vin et les femmes, mais ils sont encore vierges. Sous prétexte d’une route des vins, ils embarquent pour un voyage en Espagne dans l’espoir d’avoir leur première expérience sexuelle. Rien ne les arrêtera… Pas même leurs handicaps : l’un est aveugle, l’autre est confiné sur une chaise roulante et le troisième est complètement paralysé.
http://www.handimobility.org/blog/lassistance-sexuelle-pour-personnes-handicapees-enterree-en-france/