Sur les quatre candidats arrivés en tête au soir du premier tour, avec un score dépassant l’unité : trois ont menés une campagne des plus populistes. Le gagnant, grâce à un important score et une participation tout aussi forte, a été le plus convainquant dans son usage du populisme.
Le seul, me semble-t-il, qui n’ait pas cédé à cette nouvelle donne politicienne, d’habitude l’apanage des extrémistes, a fini en troisième position et a été, depuis, abandonné par la quasi-totalité de la classe politique de droite et du centre droit.
Je vois là un signe : l’indice d’une régression complète qui coïncide avec la montée en puissance des émissions dites de « réalité » dans les médias télévisés, avec une éducation nationale défaillante, une jeunesse quasi inculte, une société qui accepte de se « smicardiser » et d’appauvrir la classe dite moyenne.
Nous avons des enseignants incompétents, du moins qui ne savent pas transmettre leur compétence à leurs élèves qui eux sont démotivés ; parce que faire des études n’est plus la garantie d’avoir un emploi, l’espérance de progresser socialement.
Il est urgent de se réveiller, de prendre notre destin en main en exigeant la réforme de notre société et de sa fonction publique. Exigeons de cette dernière des résultats en adéquation avec ce que nous déboursons pour elle. Regardons-là où les choses fonctionnent, les raisons des réussites et n’ayons pas peur d’imiter les causes des succès. Peut-être aussi faut-il redéfinir ce que nous attendons du service public, trouver les priorités. Et s’y tenir ! Leur donner les moyens financiers, humains… pour mener à bien leur mission.
Il va falloir agir rapidement si nous ne voulons pas finir par faire partie du quart-monde, avec en plus une population complètement abrutie !
Et j’en reviens à la télé-réalité qui devient incontournable, même si quelques irréductibles résistent (tel le village d’Astérix !), nos enfants et adolescents grandissent dans cette culture.
Je ne remets pas en cause le potentiel d’intelligence des électeurs de quelque parti que ce soit, même des extrêmes. Mais je pense que si on vote pour un président populiste, c’est qu’on est soi-même pour le populisme. Nous avons le pouvoir, le président, le gouvernement que nous méritons. Je m’inclus dans cette analyse, même si je n’ai pas voté Sarkozy et que j’ai voté (sans grande conviction) Royal au second tour.
L’opinion publique française est devenue populiste et a élu un président à la hauteur de ses exigences.
Les mots ayant leur importance et une mauvaise compréhension pouvant tout changer, je tiens à définir le sens du mot facho :
- Le sens historique : Un facho est un partisan du fascisme de Mussolini pratiqué entre 1922 et 1945 ou des tendances autoritaires, réactionnaires, nationalistes et racistes héritées du régime totalitaire de Mussolini et de ses continuateurs. C’est la forme abrégée de "fasciste" (partisan d’un régime politique héritier des fondements théoriques du fascisme de Mussolini et de ses continuateurs).
- Le sens banalisé : Un facho est une personne autoritaire, réactionnaire et raciste.
Je pense que Sarkozy peut être perçu comme un facho dans le sens banalisé du terme. Et parmi les électeurs, tandis qu’une partie n’a pas voté pour lui à cause de cette perception, l’autre partie (au contraire) a voté pour lui pour ça.
Moi-même, je vois en lui une personne qui aurait pu avoir cette tendance si nos Institutions le lui permettaient.
Mais je pense que Sarkozy est un populiste plus qu’un facho. Il se présente de façon démagogique comme le défenseur des intérêts du petit peuple, il se présente comme ayant une destinée quasi messianique : le sauveur.
Mais l’individu ne s’efface pas devant l’Etat. Au contraire, son populisme fait qu’il cherche chaque cas médiatique pour servir sa cause. On a l’impression qu’il va régler le problème de chaque individu.
Sarkozy veut faire croire qu’il peut tout faire pour chaque individu. Et c’est exactement ce que l’opinion publique veut entendre (c’est encore une preuve de cette génération téléréalité qui prend de plus en plus d’ampleur) : on ne demande plus à l’Etat de baisser le chômage, par exemple, on lui demande de nous trouver un emploi.
Les médias français (pour leur grande majorité, à l’exception notable de certains journaux papiers comme le canard enchaîné ou marianne) s’appliquent à participer au « culte » de sa personnalité.
Il est traité comme une star, voir un « people », plus que comme un personnage politique ou le Président de la République. évidemment, Nicolas Sarkozy en joue et l’opinion publique en redemande… Et c’est sur ça qu’il joue, même lorsqu’il veut améliorer (soi-disant) le système judiciaire. Il ne rejette pas les droits de l’homme : au contraire. Mais il s’en sert, pour sa promotion. Comme le cas des otages Bulgares en Lybie.
Si j’avais à comparer Sarkozy à un homme politique du passé, et sa vision politique avec une autre, j’aurais été de l’autre côté de l’Atlantique, du côté du continent Américain : en Argentine.
Je trouve que Sarkozy a plus de similitude avec Perón qu’avec Mussolini. Plus avec le Péronisme qu’avec le Fascisme, l’antiaméricanisme en moins (Remarquez, Perón était un admirateur de Benito Mussolini et de son régime fasciste). Même l’usage qu’il faisait (avant son divorce) Cecilia ressemble à celle de Perón avec son épouse Eva.
La doctrine de Perón, le "justicialisme", allie (entre autre) la répression, le populisme, le réformisme et le nationalisme. Ça ressemble beaucoup à la manière d’agir de Sarkozy.
Comme Perón, le style politique de Sarkozy est caractérisé par l’appel au peuple. Comme Perón, Sarkozy a une conduite opportuniste et se veut un leader charismatique (ou vu comme tel) qui met en relief ses origines plébéiennes : par son comportement, sa façon de parler, l’usage de son vocabulaire, Sarkozy tente toujours de témoigner d’une origine qu’il voudrait populaire.
Mais comme Perón, Sarkozy n’est pas un fasciste au sens strict du terme.
Autre personnage avec qui je peux le comparer, Le Maréchal. Il en est l’avatar le plus récent mais surtout le plus abouti. Contrairement à Pétain : Sarkozy n’a pas besoin d’instaurer un gouvernement « particulier ».
« Enlevons » de notre esprit la collaboration avec le régime nazi, ce n’est pas de cela qu’il s’agit dans ma comparaison. Je parle juste de la méthode politique appliquée par les deux hommes en France.
Pour moi Pétain était un républicain profondément populiste et Sarkozy est profondément républicain et populiste. L’histoire est jonchée de républicain de cette nature (Pinochet ou Perón par exemple). Mais l’histoire moderne de la France n’est pas vraiment parsemée de ce genre de républicain ayant accédé à la tête de l’Etat.
Nous avons eu Pétain et nous avons aujourd’hui Sarkozy, l’époque n’étant pas la même, il est évident que les conséquences sont et seront différentes ; n’ayons pas peur : aucune dictature ne pointe son nez ! Et c’est en cela que Sarkozy est le plus abouti des populistes.
Il est le seul qui n’aura pas besoin d’instaurer un gouvernement particulier (comme le régime de Vichy pour Pétain). Ce n’est pas le grand méchant loup, dans la bergerie, loin de là. Mais c’est l’état d’esprit, sa manière de se présenter de façon démagogique comme favorable aux intérêts du peuple, comme l’unique défenseur du peuple.
Comme l’autre homme de droite qu’était Pétain en son temps, Sarkozy :
- • est considéré comme l’homme providentiel ;
• souhaite la régénération morale de la France ;
• arrive à la tête d’une France traumatisée par une « crise » particulière ; une perte d’identité…
• a la volonté de mettre en œuvre un projet de société mûrit depuis longtemps ;
• a l’ambition de faire don à la France de sa personne pour la sortir de son malheur ;
• prépare la mise à mort de la République (pour Pétain la 3ème ; pour Sarkozy la 5ème) ;
• rassemble autour de lui, dans son gouvernement, des hommes venus de divers horizons (Pour Pétain cela allait des parlementaires classiques, comme Laval, aux syndicalistes pacifistes, comme René Belin, en passant par des technocrates, tels Yves Bouthillier ou Paul Baudouin)
• profite des très larges pouvoirs qui lui sont conférés pour mettre en œuvre une « révolution » nationale ;
• bénéficie d’un prestige médiatique et populaire, qui dépasse ses véritables mérites ;
• manie adroitement une rhétorique culpabilisante ;
• consomme un certain art de la propagande et du culte de la personnalité qui lui assure une grande popularité, avec quelques contestations marginales (surtout les « Villepinistes ») dans son propre camp à droite (pour Pétain, il n’y avait guère que le général de Gaulle).
Évidemment, il n’y a rien de mal à tout cela en soit.
Mais mis les uns avec les autres, avec certaines mesures aberrantes (comme l’amendement sur le Test ADN avant son passage au Sénat ; à l’instar de ses réactions à vifs sur chaque fait divers médiatiques pour en tirer parti en proposant une nouvelle mesure judiciaire : sans réfléchir au préalable aux conséquences de la mise en application de telles mesures…) : cela a un arrière-goût de ranci.
Cela ne fait pas de Nicolas Sarkozy un monstre, ni quelqu’un de particulièrement détestable. Mais inutile de dire que je ne l’apprécie pas. Cela ne m’empêchera pas de reconnaître si je pense que l’une de ses mesures est bonne ou souhaitable. Mais cela fera toujours que je resterais circonspecte à son égard.
Je ne pense pas non plus que Pétain était un monstre dans le sens où nous le comprenions - à l’instar d’un Hitler ; d’ailleurs De Gaulle devait aussi le penser ayant commué sa sentence de peine de mort à la prison.
Peut-être est-ce plus facile de s’imaginer Pétain en monstre parce que cela dédouane la France et les Français de leur responsabilité ; ou alors parce que ça nous réconforte dans l’idée que nous, n’étant pas des monstres, nous n’aurions jamais été des collaborateurs.
C’est sans doute aussi pour vous rassurer que certains prétendent que Pétain a usurpé le pouvoir, et que c'est l'occupant qui l'y a mis : mais affirmer cela est une falsification de l’histoire.
Pétain comptait parmi les artisans de la victoire française durant la Première Guerre mondiale et jouissait d’un immense prestige.
En vertu de quoi, à 81 ans, il fut rappelé en France (17 mai 1940) pour occuper la fonction de vice-président du Conseil auprès de Paul Reynaud. Le 10 juillet 1940, enfin, le maréchal Pétain reçoit de l’Assemblée nationale, par 569 voix contre 80 et 17 abstentions, « tous pouvoirs [...] à l’effet de promulguer une nouvelle Constitution de l’État français », garantissant « les droits du Travail, de la Famille et de la Patrie ». Le lendemain, les Actes constitutionnels reconnaissent le maréchal Pétain comme chef de l’État français, investi du pouvoir législatif.
Handicapé par son grand âge (certains témoins assureront qu’à la fin le maréchal n’avait plus que quelques heures de lucidité par jour), entouré par un cercle de fidèles (dont le général Laure, le docteur Méténier, le commandant de Gorostarzu) qui entrent fréquemment en conflit avec le gouvernement, le maréchal Pétain, surtout préoccupé par sa volonté de mettre en pratique le programme de la Révolution nationale et par celle d’obtenir la libération des prisonniers de guerre, se laisse convaincre de rencontrer Hitler, à Montoire, le 24 octobre 1940.
Si Pétain accepte de prononcer le mot de collaboration, il semble que, à la différence de Hitler, il lui ait donné un sens restreint, concevant cette politique comme un moyen d’éviter à la France le sort des autres pays occupés et de limiter autant que possible les prélèvements économiques qui pèsent lourdement sur la population française. Il entreprend parallèlement de nouer des contacts avec les États-Unis, par l’entremise de l’amiral Leahy, qui reste ambassadeur à Vichy pendant toute la durée de la guerre. Cette volonté de modération, de plus en plus critiquée par Laval, aboutit d’ailleurs au renvoi de ce dernier, le 13 décembre 1940.
Arrêté par les Allemands après le débarquement d’août 1944, tandis que son envoyé, l’amiral Auphan, tente vainement de négocier une passation de pouvoirs avec de Gaulle, Pétain, qui se considère désormais comme un prisonnier de guerre, est contraint de suivre les Allemands dans leur retraite à Sigmaringen, où il se refuse à cautionner les activités de la délégation française mise en place par Fernand de Brinon. Réfugié en Suisse après la chute du IIIe Reich, il se livre aux autorités françaises en avril 1945, alors que son procès s’ouvre à Paris.
Inculpé d’intelligence avec l’ennemi, jugé par la Haute Cour du 23 juillet au 15 août 1945, Pétain, qui ne prononce qu’une courte déclaration, faisant valoir que le pouvoir lui avait été confié légitimement, et qu’il en avait usé comme d’un bouclier pour protéger le peuple français, est condamné à la peine de mort, à l’indignité nationale et à la confiscation de ses biens. Gracié par de Gaulle, il est emprisonné à l’île d’Yeu où il meurt en 1951.
Philippe Pétain (né en 1856) n’était pas un monstre ; un collaborateur sénile de 85 ans en 45, certes, mais pas un monstre – ce n’était pas « un » Hitler ou « un » Staline.
Voilà. C’était ma longue analyse du jour !
Je peux très bien avoir totalement tord sur ce que je dis ici mais c’est ce que je pense.
Ce n’est pas la position du Forum, c’est-à-dire que je ne poste pas en tant qu’administratice, mais en tant que simple forumatrice.