La Mafia roule sur l'or en Italie.
Découvrez les chiffres du crime
http://www.tdg.ch/actu/monde/mafia-ne-connait-crise-2008-11-12
Avec un bénéfice annuel de 70 milliards d'euros,
Cosa Nostra est de loin l'entreprise la plus rentable d'Italie.
BERNARD BRIDEL | 13.11.2008 | 00:00
Les chiffres donnent le vertige, mais n'ont rien à voir avec les plans de soutien au système bancaire en crise. Avec un chiffre d'affaires évalué à 130 milliards d'euros pour un bénéfice de plus de 70 milliards, le crime organisé a
battu tous les records de rentabilité en Italie l'an dernier. Loin devant Fiat, qui avec 56,9 milliards d'euros de chiffre d'affaires n'a dégagé «que» 2,05 milliards de bénéfice, soit 35 fois moins que les activités cumulées de cette phénoménale holding du crime qui réunit la mafia sicilienne, la Camorra napolitaine, la 'Ndrangheta calabraise et la Sacra corona unita des Pouilles.
Pour ceux qui, en Italie comme à l'étranger, minimisent encore l'importance économique de la mafia, le 11e rapport de l'association italienne
des commerçants Confesercenti sur la question devrait lever les derniers doutes*: en 2007, le poids économique de la Mafia SA a représenté
environ 7% du PIB italien.
Des flots d'argent
Publié mardi à Rome, ce rapport très détaillé se base notamment sur les observations et enquêtes menées auprès d'un échantillon des membres de la
Confesercenti qui regroupe quelque 270 000 entrepreneurs, commerçants et artisans spécialisés dans le tourisme et les services. Ses conclusions sont tout simplement renversantes.
D'abord il y a l'argent, des flots d'argent qui donnent aux différentes mafias une puissance extraordinaire qui ne connaît pas la crise. Selon le rapport, ce sont 160?000 euros qui changent de main chaque minute en Italie du fait des
activités criminelles de la mafia, soit près de 10 millions par heure.
Comme le montre le «bilan de la Mafia SA», dressé par la Confesercenti, les principales sources de revenu de Cosa Nostra sont le trafic de drogue,
le racket et l'usure. Par ailleurs, le trafic d'armes, la contrebande et la prostitution restent des activités toujours aussi lucratives pour les clans et familles mafieuses.
Enfin, le célèbre pizzo (voir ci-contre) assure toujours de confortables revenus, puisque quelque 150?000 commerçants auraient été contraints de le
payer l'an dernier pour un montant estimé à 6 milliards d'euros.
Frais et investissements
Si la mafia encaisse des fleuves d'argent, elle en dépense aussi beaucoup. En salaires, comme une entreprise normale - un chef de clan gagne entre
10 000 et 40 000 euros par mois, un petit dealer 1000 - mais aussi en frais de logistique pour aider ses membres en cavale ou en «pension» pour
les familles de ses prisonniers. Mais c'est surtout l'évaluation des investissements de la mafia - de l'ordre de 25 milliards d'euros par an
- faite par la Confesercenti qui fait peur. «La grande capacité financière dont elle dispose permet à la mafia de se tailler de nouvelles parts de marché, de profiter de la crise des liquidités, de faire des acquisitions immobilières et d'entreprises», met en garde le rapport. En d'autres termes, de blanchir toujours plus facilement ses revenus colossaux au sein d'entreprises incapables de s'en défendre.
* Retrouvez l'intégralité du rapport sur www.confesercenti.it
Découvrez les chiffres du crime
http://www.tdg.ch/actu/monde/mafia-ne-connait-crise-2008-11-12
Avec un bénéfice annuel de 70 milliards d'euros,
Cosa Nostra est de loin l'entreprise la plus rentable d'Italie.
BERNARD BRIDEL | 13.11.2008 | 00:00
Les chiffres donnent le vertige, mais n'ont rien à voir avec les plans de soutien au système bancaire en crise. Avec un chiffre d'affaires évalué à 130 milliards d'euros pour un bénéfice de plus de 70 milliards, le crime organisé a
battu tous les records de rentabilité en Italie l'an dernier. Loin devant Fiat, qui avec 56,9 milliards d'euros de chiffre d'affaires n'a dégagé «que» 2,05 milliards de bénéfice, soit 35 fois moins que les activités cumulées de cette phénoménale holding du crime qui réunit la mafia sicilienne, la Camorra napolitaine, la 'Ndrangheta calabraise et la Sacra corona unita des Pouilles.
Pour ceux qui, en Italie comme à l'étranger, minimisent encore l'importance économique de la mafia, le 11e rapport de l'association italienne
des commerçants Confesercenti sur la question devrait lever les derniers doutes*: en 2007, le poids économique de la Mafia SA a représenté
environ 7% du PIB italien.
Des flots d'argent
Publié mardi à Rome, ce rapport très détaillé se base notamment sur les observations et enquêtes menées auprès d'un échantillon des membres de la
Confesercenti qui regroupe quelque 270 000 entrepreneurs, commerçants et artisans spécialisés dans le tourisme et les services. Ses conclusions sont tout simplement renversantes.
D'abord il y a l'argent, des flots d'argent qui donnent aux différentes mafias une puissance extraordinaire qui ne connaît pas la crise. Selon le rapport, ce sont 160?000 euros qui changent de main chaque minute en Italie du fait des
activités criminelles de la mafia, soit près de 10 millions par heure.
Comme le montre le «bilan de la Mafia SA», dressé par la Confesercenti, les principales sources de revenu de Cosa Nostra sont le trafic de drogue,
le racket et l'usure. Par ailleurs, le trafic d'armes, la contrebande et la prostitution restent des activités toujours aussi lucratives pour les clans et familles mafieuses.
Enfin, le célèbre pizzo (voir ci-contre) assure toujours de confortables revenus, puisque quelque 150?000 commerçants auraient été contraints de le
payer l'an dernier pour un montant estimé à 6 milliards d'euros.
Frais et investissements
Si la mafia encaisse des fleuves d'argent, elle en dépense aussi beaucoup. En salaires, comme une entreprise normale - un chef de clan gagne entre
10 000 et 40 000 euros par mois, un petit dealer 1000 - mais aussi en frais de logistique pour aider ses membres en cavale ou en «pension» pour
les familles de ses prisonniers. Mais c'est surtout l'évaluation des investissements de la mafia - de l'ordre de 25 milliards d'euros par an
- faite par la Confesercenti qui fait peur. «La grande capacité financière dont elle dispose permet à la mafia de se tailler de nouvelles parts de marché, de profiter de la crise des liquidités, de faire des acquisitions immobilières et d'entreprises», met en garde le rapport. En d'autres termes, de blanchir toujours plus facilement ses revenus colossaux au sein d'entreprises incapables de s'en défendre.
* Retrouvez l'intégralité du rapport sur www.confesercenti.it