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    Pierre Rabhi:"c'est la civilisation la plus fragile de l'Histoire"

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    Pierre Rabhi:"c'est la civilisation la plus fragile de l'Histoire" Empty Pierre Rabhi:"c'est la civilisation la plus fragile de l'Histoire"

    Message par bye Lun 26 Juil - 13:03

    Rabhi : « C'est la civilisation la plus fragile de l'Histoire »
    Par Sophie Verney-Caillat | Rue89 | 24/07/2010 | 16H17
    http://www.rue89.com/planete89/2010/07/24/rabhi-cest-la-civilisation-la-plus-fragile-de-lhistoire-159675

    Il teste et vante depuis cinquante ans la « sobriété heureuse ». Pierre Rabhi est un Gandhi à la française, version agricole.

    Pierre Rabhi:"c'est la civilisation la plus fragile de l'Histoire" 2010_07_23_Rabhi_inside02
    Pierre Rabhi chez lui (Audrey Cerdan/Rue89).

    Le grand public a un peu entendu parler de lui lors de sa pré-campagne présidentielle de 2002, ou dans le dernier film de Coline Serreau. Chez les écolos convaincus, il est un des penseurs qui comptent le plus.

    Lui n'a pas « fait le Larzac », car la communauté ce n'est pas son truc. Il n'a pas été embringué par Europe Ecologie non plus. Il a simplement cultivé son jardin, écrit des livres, et développé ce qu'il a appelé l'« agroécologie », une agriculture plus bio que bio mais sans logo. Il exporte ses techniques dans le monde entier, surtout en Afrique.

    Son « mouvement des oasis en tous lieux » a donné naissance à des oasis réelles, dont l'association Terre et humanisme est le principal fer de lance. Ce « pape » des révoltés de la société de consommation nous a reçu chez lui, en Ardèche. En le voyant déambuler dans son jardin et s'émerveiller face à la nature, on comprend mieux le personnage. (Voir la vidéo)


    Pierre Rabhi dans son jardin en Ardèche
    envoyé par rue89. -
    Rue89 : Jamais la consommation bio, le développement durable ou le vote vert ne se sont aussi bien portés. Y voyez-vous un bon signe ?

    Pierre Rabhi : Tant que l'écologie restera une question subsidiaire qu'on traite par des « Grenelle », tout cela ne sera que diversion et amusement. L'écologie devrait être transversale, la préoccupation de tout être humain, car ça concerne rien de moins que notre survie ou notre disparition.

    Les Etats ne sont pas assez honnêtes pour considérer cette question comme absolument essentielle, ils préfèrent perfectionner ce qui sert la mort (comme les armes) que ce qui sert la vie. Servir le lucre et la puissance du lucre, et pour cela piller les mers, détruire les forêts et les sols…

    Qu'appelez-vous la « toute puissance du lucre » exactement ?

    La planète est devenue le théâtre d'une pièce ambiguë qui repose sur la toute puissance du lucre, la quête du profit. Si vous n'avez plus de ressources, vous n'existez pas. Nous devons changer de paradigme : au lieu de postuler que « la Terre nous appartient », nous devons prendre conscience que « nous appartenons à la Terre ». L'être humain et la nature, donc le respect de la vie, doivent revenir au cœur nos valeurs.

    Vous prônez une insurrection des consciences. La prévoyez-vous pour bientôt ?

    L'apocalypse est déjà sur la planète, simplement nous sommes peut-être encore du bon côté de la barrière. Le système invente des stratagèmes de tranquillisation généralisée. Les supermarchés sont pleins mais les gens ne savent pas que pour cela nous transportons de l'alimentation du Sud au Nord et de l'Est à l'Ouest, au détriment de notre capacité à la produire là où nous sommes.

    Dans le Sud, je vois des gens qui n'ont pas assez pour se nourrir et qui cependant sont joyeux. Certains consomment la vie, d'autres comptent leurs milliards.

    Que vous inspire la réforme des retraites ?

    Moi je trouve qu'il n'y a rien de plus horrible que de naître pour travailler jusqu'à la fin de ses jours. Dès la maternelle et jusqu'à l'université, l'homme est enfermé dans une espèce de pénitencier, ensuite il y a des casernes, on va dans des boîtes, petites ou grandes, et pour s'amuser on va en boîte, et bien sûr on y va en caisse, et puis ensuite il y a les boîtes où on met les vieux en attendant la dernière boîte !

    Il faut ajouter à ça les logements exigus alors que le monde est vaste, l'importance des divertisseurs… On exalte les stars, idoles d'un monde qui s'ennuie. C'est triste, tragique même.

    Moi je ne veux pas vivre pour travailler, je veux travailler pour vivre. Ici, le paysage est magnifique, l'air est pur, il est gratuit, je ne veux pas renoncer à ça. Je me sens mieux qu'un milliardaire !

    Que dites-vous aux chefs d'entreprise qui vous sollicitent pour des conférences ?

    Le Medef m'invitait à réfléchir sur la question de savoir s'il existe une vie après la mort, mais je m'en fiche. Moi, ce qui m'intéresse c'est ce qui existe pendant que je suis vivant, s'il existe une vie AVANT la mort.

    Le modèle est en train de se déglinguer, on se rend compte qu'on est dans la civilisation la plus fragile de toute l'histoire de l'humanité. Aujourd'hui vous supprimez le pétrole et l'électricité et tout le système s'effondre. C'est une société inintelligente qui s'est mise elle-même dans une sorte de traquenard dont on a du mal à sortir. Le pétrole sera sans doute l'enjeu d'une déflagration généralisée.

    Que diraient des extraterrestres en regardant l'humanité ? Qu'elle est à la fois douée… et stupide. Avec Internet, nous sommes de plus en plus confinés dans un monde qui ne nous laisse plus l'espace de la vie.

    Que proposez-vous à ceux qui se sentent en insurrection intérieure mais doivent nourrir leur famille ?

    Moi, je travaillais à Paris dans une usine et j'ai dit non. Il a fallu de l'audace pour plonger dans le vide, dans l'inconnu. Je suis devenu crédible parce que je fais ce que je dis, je dis ce que je fais. J'ai rendu la terre féconde.

    Aujourd'hui, c'est structurellement plus difficile d'acheter un bout de terrain, mais moi je considère qu'avoir un morceau de terre pour se nourrir est un acte politique et de résistance.


    Vous voulez qu'on devienne tous paysans…

    Ce n'est pas ce que je préconise. Mais si tous les paysans faisaient grève, on se rendrait compte qu'ils sont importants. Si la SNCF fait grève, on attend. Si les paysans ne veulent plus nous nourrir, on fait quoi ? La chose la plus importante c'est donc la terre qui nous nourrit. Une politique intelligente est une politique qui intègre cette idée du patrimoine nourricier.

    Le monde de l'après-crise va-t-il tendre vers la décroissance ?

    Aux élections de 2002, j'ai voulu me présenter pour ouvrir un espace de parole sur l'urgence écologique et humaine parce qu'on ne peut pas appliquer un système illimité à une planète limitée. A ce moment-là, j'ai prêché la décroissance de Nicholas Georgescu-Roegen, le seul qui mérite le prix Nobel. Aujourd'hui, ce qu'on appelle « économie » c'est le pillage, l'épuisement du capital vital. On est gonflé d'appeler ça « économie » !

    L'Afrique qui a des richesses inouïes est considérée comme pauvre parce qu'on ne mesure que le PNB. Les richesses gratuites comme de s'occuper de sa vieille mère, élever ses enfants, sont des valeurs humaines. Cette mère de famille devrait-elle envoyer sa facture à l'Etat pour avoir fabriqué un petit producteur-consommateur qui paiera des impôts ? C'est absurde.

    Le mouvement que vous avez inspiré est important tout en étant confidentiel. Vous semblez presque un demi-Dieu pour ceux qui viennent assister à vos conférences. Seriez-vous finalement une sorte de « gourou » ?

    Je suis beaucoup trop respectueux de la personne humaine pour l'amener dans mon propre camp. Rendre les gens dépendants de quelqu'un, c'est l'horreur. Chacun son destin, sa spiritualité, ses croyances… Si certains ont cette sensation c'est soit que je me suis mal expliqué, soit qu'ils n'ont pas très bien compris ce que je suis. (Voir la vidéo)



    Pierre Rabhi est-il un gourou ?
    envoyé par rue89. -

    Photos : Pierre Rabhi chez lui, puis dans son jardin en juillet 2010 (Audrey Cerdan/Rue89).
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    Pierre Rabhi:"c'est la civilisation la plus fragile de l'Histoire" Empty Re: Pierre Rabhi:"c'est la civilisation la plus fragile de l'Histoire"

    Message par bye Dim 15 Aoû - 6:24

    Les pleins pouvoirs de l’argent
    http://www.colibris-lemouvement.org/index.php/TH/Comprendre/node_1698




















    Les pleins pouvoirs de l’argent

    « Quand le dernier arbre aura été abattu, la dernière rivière
    empoisonnée, le dernier poisson pêché, alors vous découvrirez que
    l’argent ne se mange pas. » dit un proverbe indien.

    Durant des millénaires, les communautés humaines ne connaissaient pas
    l'argent et dépendaient directement des ressources naturelles de leur
    milieu. C’est encore vrai aujourd'hui mais la technlogie masque cette
    dépendance.

    D’abord inventé pour réguler les échanges et le troc, l'argent a acquis
    dans la société technico-industrielle un pouvoir totalitaire.

    D’un moyen au service des humains, l’argent n’est-il pas aujourd’hui
    devenu gangraine et simple serviteur d’un système destructeur ?

    Représente-t-il toujours des richesses véritables ou s’est-il déconnecté
    du réel et du vivant ?

    Si l’argent a acquis aujourd’hui davantage de pouvoir qu’une carte
    électorale, n’est-il pas pas envisageable de l’utiliser avec conscience et éthique pour contribuer à la construction d'un monde plus juste et plus respectueux ?

    En résumé, ne pas donner les pleins pouvoirs à l'argent c’est :

    * avoir conscience que l’argent n’est qu’un moyen au service des
    humains ;
    * ne pas oublier que la croissance du PIB peut être accompagnée
    d'une croissance de la pauvreté, des exclusions et du mal-être ;
    * consommer moins pour vivre mieux, limiter le superflu et opter pour
    une sobriété heureuse ;
    * incarner une nouvelle logique basée sur la revalorisation de l’économie
    informelle ;
    * expérimenter de nouveaux modes de vie basés sur le retour à la terre,
    la sobriété, l’échange, l’entraide et la coopération.



    De l’économie à l’économisme

    D’abord utilisé comme monnaie d’échange pour le troc, l’argent ne
    représentait alors que des biens tangibles, des richesses réelles.

    Il participait pour un groupe de personnes à l’« économie »,
    étymologiquement à la bonne gestion de la maison.

    Avec la société industrielle et la mondialisation économique, nous
    assistons à une financiarisation du monde, où tout ce qui n’a pas un prix
    n’a pas de valeur.

    Inversement, les biens vitaux – la terre, l’eau, les ressources naturelles –
    peuvent être dilapidés contre de l’argent.

    Par la spéculation, l’argent a acquis le pouvoir de se générer lui-même
    et devient virtuel.

    Sur la totalité des échanges monétaires mondiaux annuels (474,5 billions
    de dollars), moins d’1% représentent des transactions commerciales de biens et de services réels (4,3 billions).

    Le reste est attribuable à des placements financiers, en quête de profit
    maximal.


    Du bon usage de l’argent

    L’argent n’est plus aujourd’hui thésaurisé comme autrefois.

    Placé dans les banques, nous n’avons plus de contrôle sur l’usage
    auquel il est dévolu.

    A titre d’exemple, le commerce mondial de l’armement représente
    750 milliards de dollars, soit 7 500 fois le budget annuel que l’ONU
    alloue à l’environnement.

    Quatre jours de dépenses militaires des Etats-Unis équivalent au coût
    total du plan des Nations Unies pour stopper la désertification dans le
    Tiers-Monde.

    Au niveau individuel, dans nos actes quotidiens de consommation, il est
    courant de rechercher les produits les moins chers.

    Or, ceux-ci sous-entendent généralement l’exploitation des humains qui
    les ont produits et celle des ressources naturelles impliquées, le tout pour
    une qualité médiocre.

    La solution ne serait-t-elle pas de consommer moins mais mieux ?


    Perdre sa vie à la gagner ?

    La richesse est devenu le critère premier de classification des pays –
    développés, sous-développés, les moins avancés – et des individus au
    sein d’un même pays – par catégorie sociale ou niveau de revenu –.
    Celui qui n’a pas d’argent est condamné à l’exclusion et à la négation
    de ses droits fondamentaux.

    Avec le travail salarié, les individus gagnent l’argent qu’ils dépensent
    ensuite pour répondre à leurs besoins vitaux, au risque de perdre leur vie
    à la gagner.

    Le « vivre pour travailler » s’est substitué au « travailler pour vivre » et
    l’idéologie du « toujours plus » a réduit les relations sociales à un rapport
    marchand de producteur-consommateur.

    La croissance du PIB est accompagnée parallèlement d'une croissance
    de la pauvreté, des exclusions et du mal-être.


    Economies informelles

    Un nombre important de peuples au PNB insignifiant doivent leur survie
    à l’économie informelle, basée sur la résolution directe de leurs besoins
    vitaux, la mutualisation des services et des compétences, la réciprocité et
    la solidarité entre les générations.

    Plutôt que de vouloir à tout prix leur insuffler notre modèle occidental de
    développement », peut-être devrions-nous nous inspirer de leurs
    systèmes autonomes qui ont su perdurer à travers les siècles.

    L’idéologie du « toujours plus » n’étant pas viable sur une planète aux
    ressources limitées, une nouvelle logique est à incarner, basée sur la
    revalorisation de l’économie informelle.

    De plus en plus d’individus au sein même des pays développés e
    xpérimentent déjà de nouveaux modes de vie basés sur le retour à la
    terre, la sobriété, l’échange, l’entraide et la coopération.


    Que faire ?

    L’argent ayant acquis un pouvoir totalitaire, il nous revient la
    responsabilité de savoir à quelle fin nous l’utilisons.

    En tant que consommateurs, bien plus encore qu’en tant qu’électeurs, le
    pouvoir est entre nos mains.

    L’alternative première consiste à consommer moins pour vivre mieux, à
    limiter le superflu et à opter pour la sobriété heureuse

    Il s’agit également de choisir ses achats en conscience, privilégiant,
    autant que possible, les productions respectueuses de l’humain et de la
    nature : locales, équitables, artisanales, biologiques ou écologiques.

    Il est possible de faire de la "consom'action"

    Parallèlement, s’autonomiser du règne de l’argent en répondant à ses
    besoins vitaux par soi-même et par l’échange et l’entraide fait partie des
    alternatives indispensables pour l’avenir.

    Les Systèmes d’Echanges Locaux (S.E.L.) permettent à ce sujet la
    mutualisation des savoir-faire et la création de lien social.

    Enfin, les banques solidaires et coopératives offrent l’opportunité de
    placer son argent entre de bonnes mains et à des fins positives.


    Voir aussi les propositions

    Vivre simplement, la sobriété heureuse

    Faire son potager agroécologique

    Créer du lien

    Réaliser ce qui nous épanouit

    Acheter local et favoriser l'artisanat

    Acheter bio et de saison

    Habiter autrement

    Réduire sa consommation d'énergie

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    Pierre Rabhi:"c'est la civilisation la plus fragile de l'Histoire" Empty Re: Pierre Rabhi:"c'est la civilisation la plus fragile de l'Histoire"

    Message par bye Dim 23 Jan - 8:25

    ’’Les agriculteurs sont piégés dans une spirale qui relève de la responsabilité collective’’

    Pierre Rabhi, à travers sa fondation éponyme présente au Maroc, au Burkina Faso, au Mali mais aussi en Europe, essaime l’agroécologie à travers le monde. L’auteur de "Vers la sobriété heureuse" livre à Actu-Environnement sa vision de l’agriculture et de la société.

    Actu-Environnement.com : La Commission européenne vient de présenter ses propositions pour la PAC post 2013. Qu’en pensez vous ?

    Pierre Rabhi : Je suis tellement habitué à des proclamations, à de l’eau tiède, alors qu’il y a tant d’engagements fermes à prendre que j’ai perdu l’écoute de ces choses-là. Je reste dans ma radicalité ! L’humanité a fait un choix dangereux : concentrer l’argent, la productivité dans certaines mains, à travers des macrostructures. C’est une véritable catastrophe, ce système ruine tout. Il faut revenir à des exploitations à taille humaine, passer du macro à la multiplication du micro.

    AE : Vous parlez d’ailleurs ’’d’agriculture industrielle’’…

    PR : Auparavant, en Europe, des multitudes de fermes maillaient les territoires et les approvisionnaient de manière autonome. Et puis ces fermes à taille humaine ont été transformées en exploitations agricoles. Le paysan ruiné est parti travailler à l’usine, dans les mines… Et puis la modernité a frappé dans les pays du Sud. Il y avait de nombreux villages avec leurs terres nourricières, leur bétail, leurs savoir-faire. Ils vivaient dans une forme d’autonomie, ils répondaient à leurs besoins vitaux par eux-mêmes. L’argent les a détourné de cette organisation traditionnelle. Les cultures, coton, cacao, arachides, ont été tournées vers l’exportation. Les paysans ont dû investir dans des intrants et se sont retrouvés en concurrence déloyale avec les autres pays. Ce déséquilibre des échanges a conduit les paysans à partir dans les villes chercher du travail.

    J’ai un énorme désaccord avec la modernité ! L’humanité est en train de s’éradiquer elle-même en pillant la planète pour faire du fric et du capital. Je ne me fais pas de soucis pour la planète, mais pour l’humanité qui est devenue démente. Nous nous suicidons avec ce système. C’est une question de responsabilité morale. Je ne pointe pas du doigt les agriculteurs qui, s’ils ont une part de responsabilité, sont piégés dans une spirale qui, elle, relève de la responsabilité collective. Le consommateur a par exemple une part énorme à jouer dans le changement, avec l’influence qu’il peut avoir sur le marché par ses choix. Il devrait être un modérateur. Aujourd’hui, le consommateur est responsable, soit par ignorance, soit par désintérêt.

    AE : Vous prônez une autre agriculture, appelée l’agroécologie…

    PR : Je ne prône pas mais je pratique l’agroécologie depuis une cinquantaine d’années. L’idée est simple : comment faire que nous, êtres humains, puissions nous alimenter avec une terre qui soit respectée, entretenue, améliorée de manière à lui donner un rôle pérenne. Il s’agit de se placer dans le respect des fondements même de ce qui préside à la vie : l’eau, la terre, l’air…

    AE : L’agroécologie peut-elle nourrir l’humanité ?

    PR : Bien sûr ! On nous oppose régulièrement cet argument. Pourtant, ce n’est pas quand on aura saturé les sols nourriciers de pesticides et autres produits chimiques que l’on pourra continuer à produire. L’agriculture biologique implique également une réorganisation sociale. Il s’agit d’impliquer le plus grand nombre dans un système alors que le système actuel produit de plus en plus de chômage, avec les problèmes qui s’ensuivent. C’est une question de choix : On peut produire une centaine de tonnes de céréales avec force d’intrants et de mécanisation ou avec une cinquantaine de paysans. L’objet de l’agriculture biologique est aussi social : redonner un rôle au plus grand nombre.

    AE : C’est ce que vous essayez de faire avec la fondation Pierre Rabhi, créée en 2010 ?

    PR : Je ne renonce pas et je ne baisse pas les bras ! J’essaie de servir ce message magnifique de la vie. Nous avons déjà créé des structures de formation, d’accueil, notamment à l’international. On concrétise les choses, on les incarne afin de montrer qu’il est possible de faire autrement et que la société civile innove, se questionne, agit. C’est un formidable laboratoire où s’exercent des actions qui préparent le futur. Je suis pour une insurrection des consciences, c’est-à-dire une coalition des consciences qui veulent que les choses changent. L’urgence est à la fois écologique et humaine. Dans le Sud, les pénuries, les disettes ne cessent de croître. Nous sommes face à une insuffisance alimentaire mais aussi à une nuisance alimentaire : les denrées sont de mauvaise qualité. Les attentes sont de plus en plus grandes et avec la fondation, nous aimerions être à la hauteur de ces attentes. Il s’agit de mettre en route des processus sur l’agroécologie, la problématique de la faim, la gestion de l’eau, la souveraineté des paysans… La fondation a été créée une fois que nous avons éprouvé ces pratiques et démontré objectivement que l’agriculture biologique est efficace. Je suis impliqué depuis 1981 au Burkina Faso par exemple, et dans ces zones semi-arides, nous avons réussi à accroître la productivité. Les résultats sont encore plus flagrants dans ces zones difficiles. Il s’agit désormais d’avoir les moyens matériels pour développer ces pratiques.

    Propos recueillis par Sophie Fabrégat

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    Voir en ligne : ’’Les agriculteurs sont piégés dans une spirale qui relève de la responsabilité collective’’

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    Pierre Rabhi:"c'est la civilisation la plus fragile de l'Histoire" Empty Re: Pierre Rabhi:"c'est la civilisation la plus fragile de l'Histoire"

    Message par bye Sam 4 Juin - 11:42

    Pierre Rabhi : "Vivre sobrement, c’est une forme de libération"
    Pierre Rabhi | lemonde.fr | 2 juin 2011

    vendredi 3 juin 2011

    Dans un chat sur LeMonde.fr, Pierre Rabhi, philosophe, agriculteur, chantre de la "sobriété heureuse" et de la décroissance, explique que "nous sommes dans le toujours plus, mais jamais dans un retour réaliste à la modération".


    Béa : J’ai déjà entendu parler de vous mais n’ai lu aucun de vos ouvrages. Qu’appelez-vous "la sobriété heureuse", que défendez-vous ?

    Pierre Rabhi : Cela fait quand même une cinquantaine d’années que je suis en protestation, en quelque sorte, contre un monde et une modernité en particulier qui a cessé de donner de l’importance à la nature et à l’être humain pour donner de l’importance à l’argent, au lucre. La vision qui s’est instaurée, surtout à partir des préceptes de la modernité, a donné à l’être humain démiurge une sorte de pouvoir qui a fait qu’il a instauré un principe qui l’a de plus en plus séparé de la nature, avec une sorte de "hors-sol" appliqué à l’humain et une subordination du vivant.

    Nous sommes dans la civilisation de la combustion énergétique, de l’accélération du temps par la thermodynamique, et d’une espèce de rupture grave par rapport à la réalité vivante. Et avec un souci qui n’est pas à la hauteur où il devrait être du destin collectif.

    Ainsi, on a une planète avec une société inégalitaire, on a instauré une sorte de féodalité planétaire dans laquelle une minorité humaine accapare le maximum du bien commun au détriment d’une très grande majorité.

    Celle-ci est de ce fait dans l’indigence. Les explosions actuelles sociales et toutes les protestations qui se multiplient sont révélatrices de ce malaise global. Il y a donc nécessité de mettre l’humain et la nature au cœur de nos préoccupations. Et tous nos moyens à leur service.

    On m’avait poussé à me présenter à l’élection présidentielle de 2002, et notre manifeste mettait bien en avant la subordination du féminin, une éducation qui ne prépare pas l’enfant à avoir son équilibre propre mais à devenir un soldat de l’économie. On a concentré des êtres humains en ville au détriment de l’espace naturel, etc.

    Nathnet : La nécessité d’une décroissance est pour moi une évidence ; je ne parviens néanmoins pas à imaginer quel chemin le monde tel qu’il est pourrait emprunter pour entamer cette décroissance. Quel pourrait être ce chemin ?

    Le chemin commence déjà par soi-même. Il faut spécifier que pour ce qui me concerne, je ne suis pas seulement dans des théories générales, puisque quand nous avons décidé un retour à la terre en 1961, la question de la modération comme fondement social était l’un des paramètres complètement intégrés dans le projet. La question était : comment vivre sobrement de façon que l’être ne soit pas aliéné par l’avoir ? C’est une forme de libération.

    L’autre élément à prendre en compte, c’est que, objectivement, nous n’avons pour vivre qu’une seule planète, cette planète recèle des ressources, ces ressources ne sont pas illimitées, il est donc indispensable que l’humanité s’ajuste à cette réalité.

    Et là aussi, au lieu de voir notre planète comme une opportunité extraordinaire, belle et généreuse, nous la voyons comme un gisement de ressources qu’il faut épuiser jusqu’au dernier poisson, jusqu’au dernier arbre. C’est en quelque sorte la sacrifier à la cupidité et au lucre. C’est moralement totalement intolérable.

    Stéphane : Ne croyez-vous pas que ce que vous proposez ne peut être accepté et vécu que par une toute petite minorité ? Et que la plupart des gens ne seront pas prêts à faire de grosses concessions par rapport à leurs modes de vie ?

    Disons qu’il faut d’abord réajuster les choses. Les disparités mondiales sont considérables. Il y a à peu près un quart de la population mondiale qui est dans une forme de prospérité considérable, et les trois quarts qui sont dans l’indigence, la pauvreté ou la misère absolue.

    Donc il y a nécessité d’un réajustement qui soit se fera par l’intelligence et une détermination, une nouvelle civilisation de la modération, soit par la violence.

    Nous assistons aujourd’hui à des événements qui sont très significatifs de ce qui peut se généraliser. Et compte tenu du lien qui existe entre les nations, de l’interdépendance compétitive, on peut imaginer un drame planétaire.

    Guest : Pensez-vous, si la décroissance devait se produire, qu’elle arriverait plutôt dans un mouvement lent et continu ou au contraire soudain, dû à une catastrophe ou épidémie quelconque amenant l’homme à une prise de conscience du réel ?

    Il est temps de mettre en perspective la nécessité absolue de construire un nouveau paradigme sur la réalité que nous observons aujourd’hui. Je n’ai jamais critiqué les politiques pour ce qu’ils sont, ils sont comme tout le monde, empêtrés dans une logique d’une complexité telle qu’elle handicape même les initiatives positives.

    Mais si j’ai un reproche à leur faire, c’est de ne pas mettre en perspective, justement, la logique de la modération.

    Nous sommes dans le toujours plus, toujours plus, et nous ne sommes jamais dans un retour réaliste à la modération.

    Ladigue : Attendez-vous quelque chose de l’Etat et des élections ? Prendrez-vous position pour la primaire écologique entre Eva Joly et Nicolas Hulot ?

    FHamy : La candidature de Nicolas Hulot vous convainc-elle ?

    Je suis très gêné de donner une réponse à ces questions, car je suis totalement convaincu que la politique, globalement, n’est pas du tout en phase avec les réalités du monde d’aujourd’hui et toutes les mutations gigantesques qui sont en train de se faire, ou ces séismes, pas seulement telluriques mais sociaux. Je ne crois vraiment pas que l’on puisse donner une réponse crédible et durable à l’Histoire sans mettre en question le paradigme de la croissance et de la puissance de l’argent.

    Je pense que le monde politique comporte des êtres humains de conscience, mais la complexité du modèle risque d’handicaper leurs aspirations.

    Je connais Nicolas Hulot, puisque nous avons écrit un ouvrage ensemble, j’ai beaucoup d’estime pour cet homme. Entre le Nicolas Hulot médiatique et le Nicolas Hulot dans l’intime, j’ai trouvé qu’il y avait une différence, et je suis touché par ce qu’il est en tant qu’être humain.

    Donc je n’aurai pas de consigne à donner, je pense que chacun jugera. Par ailleurs, nous avons nous-mêmes, pour 2012, un projet qui mettrait en évidence tout l’effort que fait la société civile pour imaginer et inventer le futur.

    Cela prendra la forme d’une sorte d’animation nationale où, avec notre organisation Colibri, nous essaierons d’inciter le maximum de groupes humains ou d’individus à mettre en évidence tout ce qu’ils font pour un changement de société.

    Sur quatre critères : il faut changer de paradigme, mettre définitivement et résolument l’humain et la nature au cœur de nos préoccupations ; pour qu’il y ait changement de société, il faut qu’il y ait changement humain, d’où une autre éducation qui ne soit pas seulement dans la compétitivité, mais dans la complémentarité ; la reconnaissance du féminin comme étant une composante très importante de l’histoire et qui ne doit plus être subordonnée ; une belle civilisation de la modération, exalter la beauté de la modération ; quatrième critère, un peu plus délicat mais qu’on ne pourra plus continuer à évacuer : reconnaître le caractère sacré de la vie. Et sur ces critères, nous essayons de faire que ce manifeste ait bien toute cette créativité.

    Nous n’entrerons pas, comme je l’ai fait en 2002, dans le rituel politique, les 500 signatures, etc., notre objectif n’étant pas de prendre une place politique, mais de donner la parole à tous ceux qui sont engagés dans la construction d’un monde différent.

    Fabrice J : Est-ce que vous prônez également une décroissance démographique, on a du mal à voir comment l’on pourrait allier une décroissance économique et l’extraordinaire boom démographique actuel. Que préconisez-vous en la matière ?

    C’est un sujet très désobligeant pour les peuples qui n’ont même pas à manger. Dire que, par exemple, la faim dans le monde est due au surnombre de la population, c’est une ineptie compte tenu qu’il y a 1 milliard d’êtres humains qui connaissent la famine, il y en a 3 milliards qui sont à peine nourris, alors que les ressources existent, alors que la nature a une capacité extraordinaire à la générosité. Je suis moi-même agroécologiste, et j’affirme que nous pouvons nourrir l’ensemble des êtres humains, à la condition que nous en ayons le souci.

    On dit parfois que l’Afrique est pauvre ; or l’Afrique représente presque dix fois la superficie de l’Inde, c’est un continent où la population est relativement jeune, qui recèle toutes les richesses possibles, y compris des richesses inutiles que sont les diamants et tout le reste, et je crois qu’elle n’atteint pas le milliard d’individus. Comparée à l’Inde ou à l’Asie, elle serait sous-peuplée.

    Donc je ne pourrai jamais admettre cette imposture, si l’on prend en compte les dépenses exorbitantes que nous faisons avec les armements, les destructions de toutes sortes, alors que nous négligeons notre devoir premier, qui est de prendre soin de la vie.

    Arnaud : N’êtes-vous pas certaines fois découragé et lassé par la tournure des choses ? Pouvez-vous comprendre certains militants comme Paul Watson (ou José Bové dans une autre mesure) qui ont décidé d’être en protestation mais sous la forme d’actions directes contre ce qu’ils critiquent ?

    Bien sûr, je ne suis qu’un être humain, avec mes humeurs, variables. Je pense que toute violence est de la violence. Je comprends aussi – évidemment je ne juge pas – qu’il puisse y avoir des états d’exaspération dans lesquels on ne voit pas d’autres expressions que celle de la réaction dite violente.

    Donc je ne juge pas. Je sais aussi que je suis un insurgé depuis déjà cinquante ans, et la meilleure façon de m’insurger a été de tenter de construire d’autres choses, avec une autre logique. Ma réaction repose sur l’engagement pour la Terre – comment nourrir les êtres humains ? – et j’utilise donc l’agroécologie comme moyen d’agir.

    Et je le fais avec toute la ferveur et l’énergie que je peux, au Nord, au Sud, et je suis dans une forme de satisfaction humble d’avoir, par exemple, permis à des milliers de paysans du Sud de se nourrir sans dépendre des engrais chimiques, des pesticides de synthèse, et donc de se libérer de l’aliénation qu’impose le système dominant aujourd’hui.

    Je ne prétends pas être Dieu, mais je crois beaucoup plus à : comment faire autrement ? et non à la protestation toute simple. Mais je répète, je ne juge pas, je pense que les actions comme celles de José Bové vont contribuer à éveiller, mais chacun là où il est fait ce qu’il peut.

    Cath26 : Je souhaite soumettre une idée : faire une proposition à tous les maires des petites communes rurales (et sous d’autres formes aux communes plus importantes) qu’ils mettent à la disposition d’un maraîcher sachant travailler en bio des terrains suffisants pour permettre de fournir les légumes à la cantine et fournir des paniers ou vendre la production sur le marché du village. Qu’en pensez-vous ?

    Je ne peux que souscrire à cette idée. Sauf que la problématique aujourd’hui, de l’alimentation mondiale comme de l’alimentation nationale, devrait être traitée comme un des grands paramètres qui influeront sur l’avenir.

    Il est absolument anormal qu’un pays vive de transferts et de transits de nourriture à coups d’énergie et sur des milliers de kilomètres, alors qu’un pays comme la France rentre dans la friche. Produire et consommer localement a toujours été pour moi une priorité.

    Je m’y suis mis moi-même, d’ailleurs, je ne fais pas que le proclamer. Et la problématique alimentaire mondiale est en train d’entrer dans une phase où une pénurie mondiale n’est absolument pas à exclure.

    Donc les initiatives locales sont les bienvenues, mais il faut un plan national qui puisse permettre de repenser de fond en comble cette problématique cruciale.

    Le chat : Vous avez dit dans un article publié dans Rue89 qu’"avoir un morceau de terre pour se nourrir est un acte politique et de résistance." Pensez-vous que passer sa vie à cultiver sa terre pour se nourrir est un progrès pour l’homme ?

    Non, il ne s’agit pas seulement de passer sa vie à cultiver la terre. J’ai cultivé la terre, même au plan familial, cela ne nous a pas empêchés d’être des musiciens pratiquants, d’écrire des ouvrages, et bien d’autres activités de culture générale. Par ailleurs, il faut surtout se garder de mépriser, comme on l’a trop souvent fait, le travail de la terre. C’est le métier le plus indispensable à la collectivité humaine.

    Et c’est un métier qui ouvre à des connaissances absolument extraordinaires, à condition de le faire selon les critères de la vie et pas selon les critères de la chimie et du productivisme.

    Mais je suis aujourd’hui en situation d’assumer ma vie avec d’autres activités, et je peux me passer de beaucoup d’activités, sauf celle de travailler la terre tant que je le pourrai, car c’est une source de joie absolument extraordinaire.

    Mme Lily Maie Lang : Quel regard portez-vous sur le mouvement des Indignés qui se développe en Espagne et ailleurs ?

    Je suis d’accord pour l’indignation, mais l’indignation ne peut pas rester que de l’indignation. Elle peut être source de violences. L’indignation doit être constructive, pas seulement dans la protestation. Je ne me sens pas innocent de l’organisation du monde actuel, donc je ne vois pas, d’un côté, les victimes, et de l’autre, les bourreaux. Ce n’est pas si simple.

    Parce qu’il y a nécessité, comme je le disais, d’un changement profond des êtres humains pour que cette protestation puisse véritablement contribuer au changement de la société. Je ne peux pas me contenter de m’indigner et par exemple d’opprimer ma femme, mes enfants ou ma belle-mère...

    Donc je n’ai pas de jugement particulier sur l’intention, mais il faut faire très attention à ce que cela peut induire, où finalement on instaure un ordre dans lequel il y a des victimes et des bourreaux. Je participe tous les jours à nourrir les multinationales, puisque je suis dans la consommation. Je pars plutôt du principe de responsabilité partagée que du clivage entre bourreaux et victimes.

    Fabien : Pensez-vous qu’une agriculture toute biologique soit la réponse ? N’existe-t-il pas une agriculture "intermédiaire" entre l’agriculture biologique et l’agriculture intensive, qui pourrait prendre le relais de façon plus réaliste ?

    John Foy : Comment faire pour changer la façon dont on pratique l’agriculture en France ?

    Moi, je pense – et je l’ai prouvé partout – qu’on n’a vraiment pas besoin d’une agriculture qui nécessite des intrants chimiques de synthèse ni une mécanisation trop violente.

    Tout cela procède d’une logique dans laquelle la pétrochimie internationale trouve des créneaux intéressants et lucratifs. Je pense vraiment que nous pouvons nous nourrir, nourrir l’ensemble de l’humanité, avec des méthodes écologiques.

    J’ai écrit un ouvrage sur des expériences menées dans les zones sahéliennes, qui sont agronomiquement difficiles, et avec des résultats extraordinaires grâce aux méthodes écologiques. Cela a permis de libérer les paysans les plus démunis des intrants chimiques coûteux : il faut à peu près 2 à 2,5 tonnes de pétrole pour produire 1 tonne d’engrais, le pétrole étant indexé sur le dollar, tout paysan qui a recours à ces intrants se trouve intégré à la mondialisation. J’ai donc vu des communautés paysannes pauvres produire des denrées exportables, aboutir à la ruine parce que l’investissement reste relativement invariable et ensuite les produits – arachides, cacao – subissent la loi de l’offre et de la demande du marché, et c’est ce qui a contribué aussi à ruiner un nombre considérable de paysans.

    Entre-temps, ils n’ont pas pu produire pour leur alimentation directe et ont été souvent contraints de migrer vers les villes. L’une des raisons de l’augmentation des populations urbaines est liée au fait qu’on ne les a pas aidés à se stabiliser sur leur sol. C’est pourquoi je suis absolument déterminé à poursuivre l’action que je mène depuis déjà une trentaine d’années. Nous avons pour répondre à cela créé une fondation, la fondation Pierre-Rabhi, pour la sécurité, la salubrité et l’autonomie alimentaire des populations.

    Il n’y a que de cette façon que l’on peut, avec des techniques que nous maîtrisons, redonner à tous ces êtres souffrants et indigents la dignité, la capacité de répondre à leurs besoins et à ceux de leurs familles, sans aliénation.

    Donc j’affirme encore une fois que l’agroécologie est la seule en mesure de répondre à la problématique de l’alimentation, avec des savoirs et des savoir-faire qui mettent en activité l’énergie de la vie elle-même telle qu’elle s’est organisée depuis les origines.

    Léo : J’ai le sentiment en vous lisant que vous pronez un changement individuel (comportement, sens des priorités, alimentation, rapport au travail, etc) avant le changement collectif. Vous critiquez aussi le régime des empires commerciaux (corporatocraties). Mais ces empires ont-ils une chance de relâcher leur étreinte sans mobilisation collective ? Je comprends la nécessité des deux (mobilisation individuelle et mobilisation collective), mais comment articulez-vous les deux ?


    Baptiste : Vous dites participer à nourrir les multinationales tous les jours, comme nous tous, par la consommation. Dans l’objectif du changement de paradigme que vous prônez, d’où doit venir le déclic ? Des multinationales (peu probables), des consommateurs (la consommation peut-elle être une action avec de véritables conséquences ?) ou bien du politique (vous n’y croyez apparemment pas) ?

    Je dirais qu’aujourd’hui il y a deux choses : bien entendu, l’initiative individuelle, et les directives et les options politiques. Il faut les deux, sinon l’évolution ne peut se faire au rythme où elle devrait se faire compte tenu de l’urgence.

    En fait, pour moi, tout se résume dans l’option que l’humanité a faite et qui n’est pas, comme je le disais, conforme à la réalité de la vie elle-même et des êtres humains, selon leur nature fondamentale.

    Nous ne sommes pas sur cette planète pour produire et consommer indéfiniment pour le PIB et pour le PNB, nous sommes sur cette planète pour la comprendre, en prendre soin en prenant soin de nous-mêmes, et surtout, pour enchanter, pour admirer, pour que la vie ne soit pas un cauchemar, mais un rêve magnifique, poétique et qui nous accomplisse.

    Chat modéré par Emmanuelle Chevallereau

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    Pierre Rabhi:"c'est la civilisation la plus fragile de l'Histoire" Empty Re: Pierre Rabhi:"c'est la civilisation la plus fragile de l'Histoire"

    Message par bye Sam 6 Oct - 11:20



    La décroissance (et la sobriété heureuse) comme alternative à la crise

    Pierre Rabhi & Nathalie Cohen | gensol.arte.tv | mercredi 3 octobre 2012

    mercredi 3 octobre 2012





    La décroissance (et la sobriété heureuse) comme alternative à la crise
    Pierre Rabhi & Nathalie Cohen | gensol.arte.tv | mercredi 3 octobre 2012







    « Je suis né pour vivre »

    Entretien avec Pierre Rabhi.

    Agriculteur, écrivain et penseur français d’origine algérienne, Pierre Rabhi est un des pionniers de l’agriculture biologique. Depuis 1981, il transmet son savoir-faire dans les pays arides d’Afrique, en France et en Europe, cherchant à redonner leur autonomie alimentaire aux populations. Expert reconnu en matière de sécurité alimentaire, il a participé à l’élaboration de la convention des Nations-unies pour la lutte contre la désertification. Face à l’échec de la condition générale de l’humanité et les dommages considérables infligés à la Nature, il appelle à « l’insurrection des consciences » et nous invite à sortir du mythe de la croissance indéfinie, et à aller vers « sobriété heureuse ». En 1999, il créé l’association Terre & Humanisme pour promouvoir l’agro-écologie, qui consiste à développer l’agriculture tout en protégeant l’environnement. Une interview réalisée par Nathalie Cohen pour Génération Solidarité :

    Pouvez-vous nous nous expliquer le concept de décroissance ?



    Pierre Rabhi : L’idéologie moderne a organisé le monde sur le précepte, le dogme suivant : la croissance est la solution à tous nos maux et elle va produire de la prospérité pour tout le monde. Nous avons oublié de prendre en compte le fait que notre planète est limitée. Il n’y a pas d’autre planète où aller quand celle-ci sera épuisée. A l’évidence, cette croissance économique, cette course effrénée à l’avoir créée des disparités entre ceux qui sont en tête de peloton, qui ont le plus de biens, et ceux qui sont laissés pour compte, qui n’ont pas même un bol de soupe. Cette idéologie de la croissance est fallacieuse. On la présente comme étant la solution alors qu’elle est le vrai problème. C’est au nom de la croissance économique qu’on détruit les forêts, qu’on épuise les mers et qu’un entrepreneur met des gens à la porte afin d’augmenter la rentabilité de son entreprise. Nous sommes en train de nous rendre compte que si les peuples émergents adoptent ce même principe de croissance illimitée, la planète ne pourra pas y répondre.

    Dans les pays en crise du sud de l’Europe, les gouvernements prônent une forme d’austérité. Ces pays ne vont-ils pas, contraints et forcés, vers moins de croissance ?

    C’est un peu bête d’être contraint. Faire preuve d’intelligence, ce serait analyser les choses de façon factuelle et décider d’un nouveau paradigme. Nous avons toujours une analyse occidentalo-centrée comme si l’indicateur de l’évolution de notre histoire est en occident alors qu’il y a dans le monde un milliard de personnes qui ne mangent pas à leur faim et trois milliards de personnes qui souffrent de malnutrition. Cette pensée qui est uniquement ajustée au modèle dominant est très dangereuse. Il ne faut pas oublier que la première victime de ce modèle européen c’est l’Europe elle-même.
    Les voyageurs du 16 et 17esiècle rencontraient une grande mixité culturelle en Europe, une grande diversité, alors qu’aujourd’hui, la monoculture domine et elle est tragique et totalitaire. C’est d’ailleurs un totalitarisme travesti de libéralisme.

    Le nouveau gouvernement mise tout sur la croissance et l’emploi. L’écologie a quasiment disparu du débat politique. Il est encore moins question de décroissance. Qu’en pensez-vous ?

    Il n’y a pas d’intelligence. Les hommes politiques comme nous tous dépendent de la nature pour vivre. C’est elle qui assure notre survie. Mais les hommes ne voient pas que cette terre nourricière est le dénominateur commun absolu des hommes, le fondement de la vie, et c’est bien la preuve de la non intelligence de l’humanité. Ce que j’entends par intelligence, ce n’est pas sortir d’une grande école, mais c’est plutôt être lucide, réaliser ce que nous sommes en train de faire à cette planète qui est devenue un champ de bataille. L’homme affronte l’humain et l’humain affronte la nature. Je qualifierai ce chaos de démence collective. Mais elle n’apparaît pas publiquement car chaque personne analyse la situation au sein de son microcosme sans s’apercevoir que la combinaison de ces transgressions donne un système qui ne pourra pas durer.

    Comment aller vers la société de « sobriété heureuse » que vous défendez ? Faut-il agir individuellement ou au contraire privilégier les actions collectives ?

    Il y a les deux. Nous, nous avons fait un retour à la terre en 1960. Notre démarche était déjà celle de la simplicité et de la sobriété. J’ai vu tant de paysans devenir des exploitants agricoles, pris dans un système qui les a ruinés. La sobriété n’est pas une posture sociale, c’est une posture morale et libératrice. Evidemment, je dois me nourrir, nourrir ma famille, me vêtir, mais au-delà de ça, il y a tant de superflu ! Ce qui nous aliène, c’est cette volonté d’avoir toujours plus. L’être humain manipulé est constamment dans le manque. Nous sommes incapables de dire que nous avons beaucoup, comparé à ce que possèdent les gens en Afrique. Moi-même, si je fais le bilan des modestes choses que j’aie, je suis milliardaire comparé à ces gens. J’ai reçu récemment un prix décerné par Monsieur Ribou et à cette occasion j’ai dit que je vis dans un lieu très beau. La nuit, j’entends la forêt, les hiboux et puis le silence, je respire un air qui semble plus pur qu’ailleurs, ma famille va bien. Je me considère comme un milliardaire…D’ailleurs sur la couverture d’une revue on peut lire : Pierre Rabhi le milliardaire. Aucun milliardaire n’achètera la joie de vivre et nous sommes ici-bas pour être joyeux et non aliénés par l’argent. Je ne suis pas né pour le produit national brut. Je suis né pour vivre. L’aliénation dans notre société est telle que nous sommes persuadés que notre mode d’existence est le bon alors que la surabondance qu’entraîne notre mode d’existence s’accompagne de la consommation presque exponentielle d’anxiolytiques. Les gens ne sont pas heureux, alors que le but de notre existence devrait être d’être heureux. L’avoir inhibe l’être et l’être n’est pas heureux.

    Internet peut-il être un outil dans la prise de conscience que vous appelez de vos vœux ?

    Comme tous les outils que crée l’humanité, il y a du bon et du moins bon. La question est de savoir si les outils que nous créons sont une évolution positive de l’humanité ou s’ils nous asservissent. Que fait l’humanité de son génie créateur ? Est-il au service d’une humanité solidaire, sans violence, qui respecte la vie, où est-ce le lucre, l’argent, le profit, la finance qui dominent tout et pervertissent les âmes.

    - Le site Terre & Humanisme

    Bibliographie Pierre Rabhi :

    • Du Sahara aux Cévennes ou la reconquête du songe – Itinéraire d’un homme au service de la Terre-Mère. (Albin Michel 1983)
    • Le gardien du feu – Message de sagesse des peuples traditionnels. (Editions de Candide, Lavilledieu, 1986 Réédition Albin Michel 2003).
    • L’offrande au crépuscule. (Editions L’Harmattan, 1989, réédition 2001).
    • Le Recours à la Terre. (Editions Terre du Ciel, 1995).
    • Parole de terre – Une initiation africaine. (Editions Albin Michel, 1996).
    • Pierre Rabhi – Le chant de la Terre. De Rachel et Jean-Pierre Cartier. (Editions de la Table Ronde, 2002.)
    • Graines de Possibles, Regards croisés sur l’écologie. Pierre Rabhi et Nicolas Hulot. (Editions Calmann Levy, 2005.)
    • Conscience et environnement – La symphonie de la vie. (Editions du Relié, 2006)
    • Terre-Mère. Homicide volontaire ? Entretiens avec Jacques-Olivier Durand. (Editions le Navire, 2007).

    http://gensol.arte.tv/blog/2012/10/03/la-decroissance-et-la-sobriete-heureuse-comme-alternative-a-la-crise/
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    Pierre Rabhi:"c'est la civilisation la plus fragile de l'Histoire" Empty Re: Pierre Rabhi:"c'est la civilisation la plus fragile de l'Histoire"

    Message par bye Sam 27 Déc - 20:18

    Rencontre Vandana Shiva et Pierre Rabhi : coopérer pour le changement de société

    3 questions à… Lionel Astruc, journaliste et auteur attaché aux thèmes de l’écologie et de l’économie solidaire. Il a écrit une dizaine d’ouvrages dont Vandana Shiva. Pour une désobéissance créatrice.

    Le samedi 6 décembre 2014, La Villette et Actes Sud organisaient une rencontre entre Vandana Shiva et Pierre Rabhi sur le thème de la défense de l’agro­écologie. Lionel Astruc en était l’animateur.



    Vous avez été le témoin privilégié de la rencontre entre Vandana Shiva et Pierre Rabhi. Pensez­-vous que le changement de paradigme passera par des rencontres et des collaborations entre ce type de personnalités ? Ou, dit autrement, les intellectuels du monde entier qui prônent ce changement doivent-­ils coopérer ?

    Durant la préparation de cette conférence, j’ai pu observer que la priorité de Vandana Shiva et de Pierre Rabhi était de mieux se connaître et que, plus généralement, les réseaux se rencontrent. Pour Vandana Shiva – que je connais mieux que Pierre Rabhi, et c’est pourquoi je la prends en exemple –, le problème de l’écologie, c’est que, parmi les gens qui s’intéressent aux OGM, beaucoup ne se sentent pas concernés par les problèmes du nucléaire ou à la question du réchauffement ; par ailleurs, ceux qui s’intéressent à l’Asie ont du mal à être curieux de se qui se passe aux États­-Unis, etc. Bien sûr, il faut que chacun s’investisse d’abord localement. Mais en se cantonnant à la sphère locale, on perd de vue certains enjeux mondiaux. Il est intéressant de comprendre ce qui se passe ailleurs. Notamment, on voit actuellement que les OGM arrivent en Afrique, avec une attitude assez offensive des entreprises. Il faut regarder comment s’organise l’opposition aux OGM ailleurs pour comprendre comment on peut se défendre en Afrique. Donc, oui, la coopération des intellectuels et leurs échanges doivent servir d’exemple et il faut montrer aux mouvements l’importance de se rencontrer et de coopérer.

    Dans tous les combats que Vandana Shiva a contribué à faire gagner, c’est le regroupement de réseaux qui a permis de triompher. Dans chacune des actions qu’elle a menées, on observe qu’il y a toujours de la transversalité, et c’est ce qui fait sa force. Lors des stages qu’elle organise à Navdanya, les formateurs sont issus à la fois de disciplines très variées, mais aussi de religions et de contrées différentes.

    Comment ces intellectuels peuvent­-ils faire passer leur message au plus grand nombre, pour pousser la population, voire les dirigeants, à agir ?

    Après avoir travaillé sur cette rencontre entre Pierre et Vandana, j’ai réalisé que leur plus gros point commun, c’est qu’ils incarnent cette citation de Gandhi : « Sois le changement que tu veux voir dans le monde. [1] » Le meilleur moyen de convaincre les gens, c’est d’incarner le message que l’on veut transmettre, et je pense qu’aujourd’hui, si ces deux personnes ont un tel succès, c’est qu’elles ont mis en pratique ce qu’elles prônent en reprenant des terres et en les cultivant elles-­mêmes. Elles ont montré que l’on peut fertiliser un environnement aride ou régénérer un sol épuisé. Aujourd’hui encore, Pierre Rabhi et Vandana Shiva vivent pleinement leur engagement. On voit bien qu’ils vivent dans la simplicité et dans la sobriété, et c’est pourquoi on les écoute. Chacun peut prendre exemple sur eux – même les personnes jeunes et urbaines –, sans se rattacher à tout prix à un mouvement. Chacun est une entité autonome qui peut se prendre en main et agir, sans forcément appartenir (se soumettre?) à une grande organisation. Il faut bannir cette logique qui dit « nous pourrons agir ensemble que si tu brandis le même étendard que moi ». Agissons et pratiquons la coopération de manière plus autonome, libre et ouverte.

    Ne risquons­-nous pas de créer de nouvelles idoles attendues comme des sauveuses, alors que leur message est « soyez le changement » ?

    Même si chacun de nous doit se prendre en main, nous avons quand même besoin choses d’emblèmes qui nous stimulent. Par ailleurs, quand ces personnalités se déplacent, elles entraînent avec elles leur réseau, elles représentent des centaines ou des milliers de personnes. Cette popularité, et donc la médiatisation qui en découle permettent de toucher des personnes qui sont en dehors du réseau, mais qui peuvent y entrer très facilement. Malgré leur notoriété, Vandana Shiva ou Pierre Rabhi restent disponibles et à l’écoute. C’est à chacun de nous de prendre la décision de ne pas les idolâtrer individuellement.



    [1]« Be the change that you wish to see in the world. » en version originale.

    http://www.kaizen-magazine.com/rencontre-vandana-shiva-et-pierre-rabhi-cooperer-pour-le-changement-de-societe/

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