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    l'essence du politique

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    l'essence du politique Empty l'essence du politique

    Message par bye Jeu 6 Mar - 23:15

    J'ai choisi ce commentaire du livre de Julien Freund comme introduction à ce thème car il contient beaucoup de notions, de concepts qui agencent ou repositionnent la politique, comme activité intensément liée à l'homme vivant en société, quelques soient les liens qui l'y rattachent.

    D'autres réflexions ou affirmations sont moins évidentes, mais amorcent la discussion sur les particularismes, la patrie,.. par exemple.



    Il est des livres qui traversent les années sans bénéficier de la moindre publicité et qui acquiert pourtant une notoriété certaine. L’essence du politique est l’un d’eux. Depuis sa parution en 1965 aux Éditions Sirey dans la collection « Philosophie politique » dirigée par Raymond Polin, l’ouvrage de Julien Freund n’a pas cessé d’être consulté par des générations d’étudiants dans les bibliothèques universitaires ou publiques. Saluons les Éditions Dalloz d’avoir enfin décidé de sa réimpression.

    Julien Freund a l’ambition de démontrer le plus clairement possible ce que le politique a d’essentiel. « L’essence, écrit-il, a un caractère ontologique. Elle définit alors une des orientations et activités vitales ou catégoriques de l’existence humaine, sans lesquelles l’être humain ne serait plus lui-même ; par exemple il y a une politique parce que l’homme est immédiatement un être social, vit dans une collectivité qui constitue pour une grande part la raison de son destin. La société est donc la donnée du politique, comme le besoin est la donnée de l’économique ou la connaissance celle de la science. » Il en ressort que le conflit, loin d’être un fait exceptionnel ou une anomalie, appartient pleinement à la vie. Penser le politique signifie donc considérer l’affrontement en tant que part intégrante et fondamentale de l’humanité, et c’est la raison pour laquelle J. Freund attache une si grande importance à la paix, car « objet et théâtre de la lutte politique, la paix est un produit de l’art politique ».

    Sa démarche s’inscrit dans une perspective pragmatique qui n’accorde pas au politique une exclusivité absolue. Julien Freund est le premier à reconnaître l’existence d’autres essences (l’économique, le religieux, le scientifique, l’artistique et, plus tard, le technique remplaçant le moral). Il avait même l’intention de les étudier une à une. Malheureusement, hormis L’essence du politique, il n’a laissé que L’essence de l’économique qui parut en 1992 peu de temps après sa disparition.

    Dès les premières pages, à l’opposé du raisonnement dogmatique, il avertit que « la société [...] est une condition existentielle qui impose à l’homme, comme tout milieu, une limitation et une finitude. Vivre en société signifie donc du point de vue politique qu’il incombe à l’homme de l’organiser et de la réorganiser sans cesse en fonction de l’évolution de l’humanité, déterminée par le développement discordant des diverses activités humaines ». Ce réalisme de bon aloi, affirmé et assumé, à une époque où l’Université française suivait aveuglément divers mirages idéologiques a fait de Julien Freund un penseur à part, non-conformiste, vite rejeté par ses pairs moutonniers dans les limbes de l’institution.

    Le politique repose sur trois présupposés que J. Freund agence en couples : le commandement et l’obéissance, le privé et le public, l’ami et l’ennemi. Cet ordonnancement lui facilite l’examen par étapes successives de concepts philosophiques, politologiques et juridiques variées telles que, par exemple, la souveraineté, la puissance, la révolte, la communauté, la liberté, l’amitié, la violence... Il détermine par ailleurs pour chaque couple de présupposés une dialectique. Ainsi, l’ordre est la dialectique du commandement et de l’obéissance ; l’opinion celle du privé et du public, la lutte celle de l’ami et de l’ennemi. À de nombreuses reprises, il n’hésite pas à citer Carl Schmitt - le grief majeur que lui reprochent amèrement ses détracteurs - d’autant qu’il lui exprime publiquement sa dette en écrivant : « Toute ma reconnaissance va également à M. Carl Schmitt pour les belles journées passées en sa compagnie dans la retraite de Plettenberg - qui est devenu son San Casciano - et au cours desquelles nous avons longuement débattu du politique. » Il conclut : « J’ai deux grands maîtres », Raymond Aron et Carl Schmitt.

    Cette reconnaissance affichée à l’auteur allemand a trop longtemps pesé sur Julien Freund considéré de la sorte comme son disciple français ou l’importateur en France de théories fallacieuses, si ce n’est factieuses. Il serait trop simple de faire de L’essence du politique, à l’origine thèse de philosophie soutenue sous la direction de Raymond Aron, une adaptation française des options schmittiennes. C’est en outre méconnaître fortement le tempérament de J. Freund. Quand il entreprend ce travail considérable, il possède une solide expérience d’adulte. Faire croire qu’il aurait été un jeune étudiant à peine sorti de l’adolescence, tombant sous le charme « venimeux » du juriste allemand est à la fois ridicule et stupide. J. Freund a simplement eu l’intelligence de comprendre, parmi les premiers, la formidable perspicacité des considérations de C. Schmitt.

    L’attrait pour une pensée déjà incorrecte à l’époque, agrémenté de vigoureuses remarques, n’a fait qu’accentuer la méfiance des belles âmes et des bien-pensants. Ainsi, J. Freund note que « la politique provoque la discrimination et la division, car elle en vit. Tout homme appartient donc à une communauté déterminée et il ne peut la quitter que pour une autre. Il en résulte que la société politique est toujours société close. [...] Elle a des frontières, c’est-à-dire elle exerce une juridiction exclusive sur un territoire délimité. Qu’importe l’étendue d’un pays ! [...] Elle est l’âme des particularismes. En effet, toute société politique perdurable constitue une patrie et comporte un patrimoine. [...] Le particularisme est une condition vitale de toute société politique ». Il est dès lors évident que « le concept d’un État mondial est [...] politiquement une absurdité, car il ne serait ni un État, ni une république, ni une monarchie, ni une démocratie, mais tout au plus la cœxistence d’individus et de groupes comme les abonnés au gaz ou les occupants d’un immeuble ». Ces propos prennent une singulière résonance en ces temps de promotion de la lutte contre les discriminations et d’apologie sentencieuse en faveur d’un monde sans frontières... Parions que L’essence du politique ne sera pas le livre de chevet des animateurs de certaines associations revendicatives !

    Si l’intelligentsia a ignoré J. Freund, c’est parce qu’il décortique les mécanismes de l’idéologie qui « est une véritable machine intellectuelle distributrice de conscience : elle donne bonne conscience à ses partisans en leur fournissant les justifications, les disculpations, les prétextes et les excuses capables d’apaiser leurs éventuels remords ou scrupules, mais accable de mauvaise conscience les adversaires qu’elle dégrade en êtres collectivement coupables. Il n’y a plus de faute ni de responsabilité, mais des actes ou entièrement innocents ou entièrement inexcusables, suivant que l’on appartient à tel ou tel groupe, race ou classe. L’appartenance sociale peut ainsi devenir une espèce de péché originel. Aussi, chaque fois qu’une situation politique devient idéologique, l’éthique se trouve monopolisée, et c’est parce que de nos jours les problèmes politiques s’expriment à la fois en terme de puissance et d’idéologie que la culpabilité et surtout la culpabilité collective sont devenues des instruments politiques. La morale devient ainsi un stratagème, un pur moyen de justification et d’accusation, c’est-à-dire de dissimulation. Il ne faut pas mésestimer les capacités de séduction de cette éthique dégradée ni son efficacité politique. Elle est une véritable arme. » N’est-ce pas une appréciation visionnaire ?

    Julien Freund se défie en outre de la constitution d’une justice internationale. Avec une belle lucidité, il explique par anticipation ce qui se réalisera à la fin de la décennie 1990 dans les Balkans. « L’appel à la conscience appartient davantage au domaine de la ruse politique qu’à celui de la morale proprement dite. Avec le développement et la prospérité des polémiques idéologiques cette méthode s’est encore renforcée. En effet, le mot d’ordre n’est plus seulement d’instaurer la paix, mais encore la justice internationale. Ce qui fait que certains groupes de nations ont tendance à s’ériger en juges des autres, à trouver des coupables dans chaque conflit plutôt que d’essayer de le régler, car là où il y a des juges il faut aussi des coupables. [...] Encore faut-il que cette méthode des condamnations actuellement en honneur dans les relations internationales ne tourne pas à une parodie de justice. Il est en effet bien rare que les nations, quelles qu’elles soient, qui distribuent à discrétion la culpabilité, ne tombent pas elles-mêmes sous les mêmes chefs d’accusation dont elles accablent les autres, non seulement au regard de leur histoire passée, mais aussi présente. On peut même se demander si les nations n’ont pas besoin de vilipender les autres pour dissimuler leurs propres tares. Les crimes nazis sont inqualifiables et il faut avoir soi-même l’âme criminelle pour leur trouver un soupçon d’excuse. Mais que dire des États-Juges du procès de Nuremberg qui ont à leur actif le massacre de Katyn et celui de populations entières du Caucase ou la bombe d’Hiroshima ? »

    On l’aura compris : L’essence du politique recèle bien d’autres réflexions pertinentes, plus que jamais contemporaines. Ce traité rétablit enfin quelques vérités. La fin des idéologies modernes n’implique pas l’effacement du politique. Intimement et intrinsèquement attaché à l’homme, le politique ne peut pas disparaître. Il peut en revanche se métamorphoser, prendre de nouvelles formes, investir de nouveaux champs. Sa présence n’en est pas moins permanente. L’essence du politique est une magnifique réhabilitation de la dimension politique. Raison supplémentaire pour le (re)découvrir sans tarder.
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    Message par Rabasse du sud Dim 9 Mar - 16:25

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    Message par bye Jeu 29 Mai - 5:32

    Que peut la philosophie pour la politique ?
    Le 16 mai, à l’École normale supérieure, se tenait une rencontre publique exceptionnelle entre Alain Badiou, philosophe, dramaturge, et Slavoj Zizek, psychanalyste, philosophe. Morceaux choisis.

    L’INTERVENTION D’ALAIN BADIOU

    Il n’y a pas si longtemps, dans les journaux de ce pays, nous avons été (désignés), Slavoj Zizek et moi-même, comme incarnant le retour des « philosophes de la Terreur ». Or nous sommes extraordinairement différents, et c’est peut-être cette unité amicale dans la différence, sur certains points essentiels, qui est productive. L’enjeu crucial de la philosophie n’est pas la différence, mais plutôt le « labeur du même ». Notre différence, à un moment donné et de façon localisée, se renverse en proximité. Faisons d’abord l’inventaire de cette différence.
    Différence d’horizon philosophique

    Si je récapitule mon horizon philosophique de façon très sommaire, je dirai qu’il est constitué par une tension dialectique entre l’idée et la liberté, entre Platon et Sartre. Comment la souveraineté de l’idée, de la vérité, est-elle compatible avec la liberté ? L’horizon philosophique de Slavoj Zizek est très différent. C’est la tension entre l’idéalisme allemand (Kant, Schelling, Hegel) et Lacan. Sa dialectique est ainsi plutôt celle de la négation, dans une élaboration qui se fait du côté de Hegel, et du réel, dans un concept prélevé en définitive chez Lacan.
    Autre différence : je postule une autonomie radicale de la catégorie de sujet. Je ne crois pas à l’idée d’un terrain d’homogénéité dialectique entre l’être et le sujet. Le sujet est un processus singulier, exceptionnel, improbable, sans doute lié à des conditions mondaines tout à fait particulières, mais qui n’avait aucune espèce de nécessité. J’assume ce hiatus entre l’ordre de l’être, qui n’est représentable que dans la figure du formalisme mathématique, et l’ordre de la procédure de vérité, qui est subjective.
    Très souvent, chez Zizek, une démonstration consiste à montrer que quelque chose reste inintelligible tant que l’on n’a pas trouvé le point de réversion, c’està- dire le point où ce qui se présente comme doté d’un sens évident et écrasant peut et doit en réalité signifier l’envers de l’apparence. C’est pour cela qu’il y a un côté très démystificateur dans l’oeuvre de Slavoj Zizek. Ma propre recherche est au contraire polarisée vers quelque chose qui relève plutôt des conditions de la décision.
    Différence d’horizon politique

    Mon propre horizon politique a deux composantes généalogiques : premièrement, la séquence des luttes anticoloniales, avec en son centre la guerre d’Algérie. Puis cette étape est relevée, transformée, avec comme horizon Mai 68 et l’expérience fondamentale du maoïsme français. Avec Slavoj Zizek, on a un démêlé originel et profond avec les États socialistes, avec le stalinisme dans une double modalité : le stalinisme générique et le stalinisme abordé par le biais de cette hérésie singulière qu’a historiquement constituée la Yougoslavie de Tito.
    Différence de localisation

    Contrairement à moi, Slavoj Zizek se meut avec une parfaite aisance dans la multiplicité langagière (slovène, anglais, français…). Cette différence de localisation est toujours significative de quelque chose qui concerne le rythme de la pensée. Ce n’est pas qu’une question de références. Il y a chez lui ce cosmopolitisme, cet internationalisme de l’Europe centrale primordiale. La conséquence en est une dimension nomadique et voyageuse de sa pensée. Au contraire, il y a chez moi un enveloppement par la langue française assez prononcé, qui enracine la quasi-totalité de mes expériences primordiales en France. J’ai toujours eu conscience d’être dans un cycle national très affirmé.
    Différence d’horizon culturel

    Ce que Zizek aime, c’est la symptomatologie massive des grosses productions hollywoodiennes. Le cinéma, saisi non pas dans sa prétention singulière, mais plutôt en tant que fonction révélatrice des grands schèmes de l’imaginaire collectif, est une strate essentielle des démonstrations de Zizek. Pour ce qui me concerne, l’horizon culturel est toujours plutôt du côté de ce qui est en exception, en soustraction. Je cherche à traiter en exemple des exceptions locales ou des choses en dissidence. Cette différence n’est en fait qu’apparente, mais néanmoins, en tant qu’apparence, elle est absolument massive, évidente. C’est du côté d’une langue assertorique, qui déclare, que je situe mon articulation spontanée, tandis que, dans le cas de Zizek, on a plutôt une langue pressée, qui cherche son objet dans un certain style de volubilité conceptuelle.
    Unis dans une lutte toujours localisée

    Ni lui ni moi ne partageons la conviction selon laquelle la philosophie serait dans une étape singulière, dramatique, de son histoire, lui imposant de métamorphoser son dispositif entier. Nous avons été dressés très tôt à la réticence à l’égard des concepts de modernité, de postmodern i t é , et d e l e u r couplage. Une partie cruciale de ce qui se présente comme archimoderne, postmoderne ou contemporain est en fait de l’ordre de la répétition, voire de la restauration. Toute discontinuité (nous paraît) devoir d’abord être présentée sous sa forme locale. Toute discontinuité (rupture de temporalité – NDLR) doit être localisée. Les discontinuités globales sont possibles et pensables, mais elles sont toujours intelligibles à partir de leur première localisation.
    Que faire de ses ennemis politiques ?

    Il y a un point qui, dans le contexte actuel, nous réunit : (la reconnaissance qu’) en réalité, en politique, il y a des ennemis. Et cela pose une question : celle de savoir ce qu’est la pratique politique dans un champ où il y a des ennemis réels. Que faire de ses ennemis ? Nous sommes l’un et l’autre convaincus que :
    1) cette question ne se laisse pas évacuer, c’est-àdire qu’on ne peut pas être dans la vision, fût-ce à terme, d’un espace politique angélisé, où tout se laisserait traiter au régime des simples contradictions au sein du peuple ;
    2) que les méthodes terroristes antérieures ne nous fournissent pas un paradigme utilisable directement, parce qu’elles étaient abominables, mais aussi parce qu’elles ont prouvé qu’elles échouaient. Il est déjà extrêmement difficile et compliqué d’être dans une logique de la terreur, mais si en plus ça ne sert à rien, si en plus on est vaincu, alors là, c’est véritablement quelque chose qui disqualifie le dispositif. Saint Just interrogeait : que veulent ceux qui ne veulent ni la Terreur, ni la vertu ? Il répondait : ils veulent la corruption. Et effectivement, on en est toujours là, à cette question. Tout le débat est de savoir, dans l e s conditions renouvelées de ce siècle, comment définir ou redéfinir la vertu politique.
    Le courage comme vertu

    Tout cela est lié à une conception du réel que nous partageons. Le réel, c’est toujours une césure de ce qui est. Et par conséquent, dans une situation quelconque, l’indice majeur est toujours de l’ordre de la faille, de l’ordre de l’inexistant. C’est pour cette raison que nous concluons l’un et l’autre que, pour autant qu’il y ait une éthique, pour autant que la philosophie serve à quelque chose, finalement, c’est toujours parce qu’elle délivre un impératif. Si elle n’en délivre aucun, alors elle est analytique, c’est-à-dire inactive. Donc elle délivre un impératif, et cet impératif est généralement inaccordé aux formations dominantes.
    Qu’est-ce que cet impératif qui, quoique rationnellement extirpé de la situation, ne peut pas se dire accordé à la formation dominante ou transcendantale de cette situation ? Ce questionnement nous conduit, je crois, à un partage d’une notion ou d’une vertu qui me paraît être le courage. C’est mon dernier point. Courage en quel sens ? Précisément, il faut tenir l’impératif non pas contre la rationalité de ce qui est, mais contre la législation dominante qui règle la formation de ce qui est. Et cela, c’est le point subjectif, irréductible. Ce point, on peut le nommer « courage ». Le courage, c’est aussi n’avoir pas peur de ce que l’on redoute. Cela me paraît très important dans la situation actuelle.
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    Message par bye Jeu 29 Mai - 5:32

    que peut la philosophie pour la politique ( suite ) ?

    L’INTERVENTION DE SLAVOJ ZIZEK
    Que faire de ses ennemis politiques ?

    La tendance postpolitique actuelle prétend que tout peut être négocié. Mais, au fond, le but est toujours d’annuler l’opposition radicale de l’ennemi. Cette société postidéologique, dans laquelle il n’y aurait plus d’ennemis, utilise précisément une violence redoublée contre ceux qui n’entrent pas dans ses cadres. On commence par dire que tout peut être résolu dans l’espace démocratique et on finit par légitimer l’usage de la torture à l’encontre de ceux que l’on désigne comme ennemis.
    Enthousiasme

    Il y a dans la Théorie du sujet, d’Alain Badiou, une très belle interprétation d’Antigone, qui plaide pour un retour de Sophocle à Eschyle. Le couple, chez Sophocle, est celui de la terreur et de l’angoisse, la terreur surmoïque de la loi créant l’angoisse. Badiou oppose à cela le couple courage- justice. Je crois qu’il faudrait substituer ici l’enthousiasme à la justice. Terreur-angoisse, courage-enthousiasme : tels seraient, pour moi, les quatre concepts fondamentaux de la position subjective de Badiou. Je crois comme Lyotard que l’enthousiasme, à l’instar de l’angoisse, est un affect qui ne trompe pas. Je prends cela au sens tout à fait naïf d’enthousiasme politique, contre une attitude, prédominante aujourd’hui, qui désigne le champ politique comme celui des illusions, du faux. Dans l’enthousiasme collectif, on éviterait la vérité, qui est toujours singulière. Je crois au contraire que, dans l’enthousiasme, on touche aussi le réel.
    Fidélité à l’événement

    Mon problème, comme celui de Badiou, est celui de la fidélité à l’événement. Le seul intérêt de l’événement, c’est ce qui vient après, c’est son instruction. La phase la plus tragique, celle qui concentre l’échec de la révolution d’Octobre, se situe à mon avis au début des années vingt. Après la fin de la guerre civile, une fois retombé le grand enthousiasme, que fallait-il faire ? Comment réorganiser la vie quotidienne ? Là se situe l’échec le plus tragique.
    Matérialisme démocratique

    Badiou désigne par « matérialisme démocratique » la forme prédominante de nos ennemis. Le principe structurant du matérialisme démocratique, sa thèse fondamentale, c’est qu’il n’y a que deux choses : des corps d’un côté, de la culture, du langage de l’autre. Cela correspond littéralement aux deux faces de l’idéologie dominante.
    Le « désastre obscur » du stalinisme

    Ce qui est décevant, chez ceux que l’on a appelés il y a trente ans les « nouveaux philosophes », ce n’est pas leur anticommunisme en tant que tel. C’est que, dans leur haine même des communistes, ils se montrent incapables de décrire et d’analyser l’horreur véritable du stalinisme. En réalité, personne n’a tiré toutes les conséquences de la catastrophe – Badiou parle de « désastre obscur » – qu’on appelle stalinisme. Il y a là une tragédie radicale, véritable.
    Au début, et sur ce point je ne cède pas, la révolution d’Octobre fut une explosion immense d’énergie émancipatrice. Disant cela, je ne nourris aucun rêve naïf de contingence historique. Je ne crois pas que le stalinisme puisse être réductible à un simple malentendu, comme le suggèrent les trotskistes. Mais nous refusons le procédé qui consiste à projeter rétrospectivement des causes pour dire que les conditions de ce désastre étaient déjà réunies chez Lénine, chez Marx, chez Robespierre, chez Rousseau, et finalement au coeur même du projet des Lumières.
    Pas de trait d’égalité entre nazisme et communisme

    Même le stalinisme le plus dur ne saurait être identifié au nazisme. Anne Appelbaum rapporte, dans Goulag, que les prisonniers étaient rassemblés le jour de l’anniversaire de Staline pour leur faire signer un télégramme de félicitations. Une telle scène serait tout simplement inimaginable s’agissant d’Auschwitz. Voilà la différence.
    Même les grands procès publics monstrueux témoignent du fait qu’une tout autre logique que celle du nazisme était à l’oeuvre dans le stalinisme. Le procès politique, l’aveu même signifient que, formellement, on a obéi à la nécessité de démontrer la culpabilité de l’accusé. Dans le cas d’Auschwitz, les nazis n’avaient rien à démontrer. C’était assez de prouver que vous étiez juif. Vous étiez coupable non pour ce que vous aviez fait, mais pour ce que vous étiez.
    En réalité, le stalinisme fut une chose beaucoup plus énigmatique que le nazisme. C’est pour cela que c’est un désastre obscur. Durant les douze années de la terreur, de 1925 à 1937, le lieu le plus dangereux était le sommet de la nomenklatura, avec la liquidation de 80 % des membres du comité central du PCUS. On ne trouve rien de semblable dans le nazisme. C’est très énigmatique. Il s’est passé là quelque chose que les analyses simplistes en termes de « totalitarisme » ne parviennent pas à expliquer.
    L’accusation d’antisémitisme

    Tous deux nous partageons une position double. Premièrement, nous combattons l’antisémitisme par principe. Aucun compromis n’est possible avec l’antisémitisme. Aucune raison ne saurait être invoquée pour tolérer l’antisémitisme. Deuxièmement, taire ou minimiser Auschwitz au nom du soutien aux Palestiniens est une obscénité. Il faut tirer toutes les conséquences de cette proposition. Oui, l’antisémitisme est aujourd’hui partout. Il y a même un antisémitisme sioniste. Celui-ci mobilise, pour critiquer les juifs qui ne se sont pas totalement identifiés au projet d’État d’Israël, la même rhétorique que celles des antidreyfusards à la fin du XIXe siècle. Même accusation de « cosmopolitisme ». Même réquisitoire sur la « trahison de la patrie ».
    Une universalité de combat

    Un soupçon plane aujourd’hui sur l’universalité, qui serait une forme de violence infligée aux identités particulières. On a reproché à Badiou sa lecture de la formule de saint Paul selon laquelle il n’y a plus, dans la foi, « ni Grec, ni juif ». Comme si son idée était celle d’un universalisme simple effaçant toutes les différences. Or c’est l’exact contraire qu’il propose. Premier paradoxe, son universalisme est subjectif et partiel. Ce n’est pas un universalisme de ce que Hegel a nommé « universalité abstraite ». Il ne s’agit pas de dire que je suis slovène, qu’il est français, mais que nous sommes tous deux humains. L’universalisme de Badiou est un universalisme de bataille, de combat.
    La pulsion de mort et la vie humaine

    Où se situe, en une phrase, ma différence avec Badiou ? Je suis d’accord avec cette problématique de la vie humaine comme vie animale faite de survie, pour le service des biens, perturbée, de temps en temps, par des événements. Mais je crois que la thèse de la pulsion de mort est ici fondamentale. La pulsion de mort, c’est cet auto-sabotage qui perturbe la vie animale. Elle signifie précisément que la vie animale, réglée par le principe de plaisir, le service des biens, la survie, n’existe pas dans l’espace humain. Elle y est toujours déjà perturbée.
    (Réponse d’Alain Badiou. Je suis d’accord pour dire que la possibilité de l’accueil de l’événement requiert chez l’animal humain une disposition qui n’est pas homogène comme telle, en effet, au régime de la survie ou de l’animalité. La psychanalyse désigne cela sous le nom de pulsion de mort. Pour moi, il s’agit du couple terreur-angoisse désigné dans Théorie du sujet et repris dans Logique des mondes.
    De même, j’accepte la proposition, remarquable, de substituer l’enthousiasme à la justice. L’accueil de la césure événementielle se fait toujours dans un complexe où il y a un élément d’angoisse attestant du réel dans son énigme, et un élément d’enthousiasme attestant que ce réel est porteur de la vérité.)
    Réhabiliter le communisme

    Pour le dire en des termes politiques, ce qui nous unit, c’est la réhabilitation, non pas du socialisme, mais du communisme. Tout le monde aujourd’hui est pour le socialisme. Cela ne fait aucun problème. Fukuyama est aujourd’hui abondamment moqué comme crétin qui a pensé que l’histoire était finie. Mais je crois que 99 % des gens de gauche sont aujourd’hui fukuyamistes. Au fond, ils acceptent, sans questions, le capitalisme. Ils se contentent de revendiquer un peu plus de « tolérance », un peu plus de « justice ». Mais est-ce que le capitalisme global à visage humain est l’horizon final de la gauche ?
    De façon très réaliste, je suis convaincu que de nombreux problèmes, comme les problèmes écologiques, les problèmes biogénétiques, les nouveaux apartheids, ne peuvent, à long terme, être résolus dans les termes du capitalisme global.
    J’ai de nombreux démêlés avec Toni Negri et Michael Hardt. Mais je crois comme eux que le problème peut être formulé en termes de privatisation de ce qui doit être le bien de tous. Le commun de la nature nous est pris. Le commun de la biogénétique est potentiellement privatisable. Même notre substance symbolique est visée au travers de cette tendance à la propriété privée intellectuelle. Le problème, ici, est précisément celui du commun. En ce sens, oui, il faut réhabiliter le communisme. Mais, comme le souligne Badiou, pas au sens d’une restauration de ce qui a échoué. La propriété privée, ça ne marche pas. Mais l’État, ça ne marche pas non plus. On nous présente comme de vieux totalitaires. En réalité, nous admettons que le problème n’est pas résolu.

    Comptes rendus réalisés par Laurent Etre et Rosa Moussaoui paru dans l’Humanité des débats du samedi 24 mai 2008
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    Message par bye Lun 9 Mar - 20:37

    J. Rancière sera à Lyon le mardi 17 mars à 19H30 Maison des Passages 44 rue ST Geoges, Lyon 4è, Métro D, arrêt Vieux Lyon, il interviendra sur son dernier livre : "Le spectateur émancipé, à l'invitation de la Maison des Passage, de la librairie "A plus d'un titre" et de "L'Archipel des Pirates"


    "Mouvements. Pourriez-vous tout d’abord préciser ce qui averse à notre avis tous vos travaux ce que vous appelez l’historicité démocratique, l’hérésie démocratique, la parole en excès...

    jacques Rancière. Parlons d’abord de l’historicité en général.
    Contrairement au courant dominant des historiens qui oppose la pratique scientifique consistant à « faire de l’histoire » au thème politico-idéologique d’un sujet qui « fait l’histoire », j’ai essayé de dire qu’il n’y a pas d’histoire en général — et en particulier pas d’histoire scientifique — sans historicité, c’est-à-dire sans l’idée de l’histoire comme un mode d’être déterminé par la parole et l’action de sujets.
    Il y a de l’historicité là où il y a un compte du temps qui le sépare de la temporalité de la simple reproduction, là où il y a un ensemble de paroles et d’actions qui sont mémorialisées, organisées en séquence autonome, arrachées à l’anonymat de la vie naturelle.

    Pendant très longtemps cette qualité « historique» a été réservée aux grands personnages, considérés comme seuls sujets d’histoire. Dn peut parler d’historicité démocratique lorsque n’importe qui est susceptible d’être sujet d’histoire. Il y ade Ï’histoire en général parce que les hommes sont des animaux littéraires, des animaux saisis par la parole, détournés par elle de la naturalfté de l’ordre productif et reproductif. On peut appeler «historicité démocratique » ce type d’historicité qui est liée au fait que n’importe qui fait de l’histoire.

    Pourquoi historicité démocratique ? Parce que la démocratie n’est pas simplement une forme de gouvernement, ni non plus un mode de vie sociale, à la manière tocquevillienne. La démocratie est un mode spécifique de structuration symbolique de l’être en commun. Elle est le mode même de subjectivation de la politique en général, ce qui fait exister la politique comme une exception par rapport àl’ordre « normal» de la domination. La démocratie, c’est ce renversement singulier de l’ordre des choses, selon lequel ceux qui ne sont pas « destinés » à s’occuper des choses communes
    se mettent à s’en occuper. Et ils s’en occupent précisément parce qu’ils sont, en tant qu’animaux littéraires, également susceptibles d’être détournés, par le pouvoir de quelques mots, de leur destination naturelle qui est de reproduire leur vie en laissant le soin de gouverner à ceux qui ont des titres à gouverner, le soin de faire l’histoire à ceux qui ont un nom et une mémoire. L’historicité démocratique est le type d’historicité qui est défini par le fait
    que n’importe qui peut être traversé par des mots comme liberté, égalité, fraternité, pour prendre l’exemple le plus simple.

    Mouvement : Le mot « dignité » aussi ? Pensons au mouvement des
    sans-papiers et plus largement à ceux que vous appelez les « sans-part » est-ce que pour vous ce genre de mouvement participe de cette historicité démocratique?

    J. Rancière : S’il en participe, c’est parce qu’il signifie plus que ce
    qu’on entend généralement par lutte pour la reconnaissance ou la dignité.
    Pouvoir avoir des papiers là où l’on vit et travaille, pouvoir discuter de ce droit, bref être compté dans le monde de la parole commune, cela relève de la catégorie politique de l’égalité, non de la simple catégorie éthique de la dignité. Les sans-papiers parlent volontiers le langage de la dignité. Mais ils demandent des papiers, pas de la reconnaissance. Une historicité démocratique implique l’idée d’une vie collective fondée sur quelques grands signifiants collectifs. Liberté ou égalité en sont, pas dignité. Et je me méfie d’une tendance contemporaine à donner de la considération éthique au
    lieu de droits politique."
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    Message par bye Sam 18 Avr - 7:24

    "Le capitalisme est l'organisation de l'injustice"
    Alain Badiou s'entretient avec Frédéric Taddeï. le 09/04/09
    Pour parvenir directement à l'entretien vous pouvez avancer jusqu'à la 27ième minute
    de la vidéo proposée par France 3...
    http://ce-soir-ou-jamais.france3.fr/index-fr.php?page=emission&id_rubrique=641
    un petit extrait :
    https://www.dailymotion.com/video/x8xpkw_alain-badiou-lhypothese-communiste_news

    A l'invitation des Amis de l'Humanité, Alain Badiou a donné une conférence débat
    le 7 mars 2009.
    Les propos du philosophe nous ramènent à l'actualité brulante.
    https://www.dailymotion.com/video/x4mohe_badiou-de-quoi-sarkozy-estil-le-nom_politics

    Le philosophe, auteur de l'essai «De quoi Sarkozy est-il le nom?», a passé la
    journée de lundi 26/01/09 à Libération.
    Il a répondu aux questions des internautes.
    http://www.liberation.fr/politiques/120186-dialoguez-avec-alain-badiou

    Alain Badiou : « Il y a une barbarie sarkozienne »
    Rue89 | 26/01/2008 |
    http://www.rue89.com/2008/01/26/alain-badiou-il-y-a-une-barbarie-sarkozienne

    « Ce soir ou jamais », 25/10/2007. Frédéric Taddeï face à face avec Alain
    Badiou, philosophe, normalien, auteur de « De quoi Sarkozy est-il le nom ? ».
    https://www.dailymotion.com/video/x3g4kl_csoj-alain-badiou_news

    A propos du livre d'Alain Badiou : De quoi Sarkozy est-il le nom ?
    Noël Blandin, lundi 14 janvier 2008.
    http://www.republique-des-lettres.fr/10250-alain-badiou.php


    Alain Badiou est un philosophe, romancier et dramaturge français né à Rabat (Maroc) le 17 janvier 1937.
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Alain_Badiou

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    Message par bye Mar 28 Avr - 15:56

    Imaginons une bio-Constitution pour
    servir la planète, par Dominique Bourg



    Quelle que puisse être l'issue de la crise actuelle,
    le monde où nous entrons sera profondément différent de celui que nous quittons.
    Cela est acquis pour les environnementalistes, mais pas encore pour tout le
    monde.


    L'expression "inversion des raretés" caractérise
    assez bien l'époque qui vient. A une population mondiale de 7 milliards
    d'individus - 9 au milieu du siècle - dotée d'un pouvoir d'achat et de capacités
    technologiques croissants, s'opposera une planète exsangue.


    Il est probable que nous ne parvenions jamais à
    extraire plus de 100 millions de barils de pétrole par jour. A consommation
    constante, nous aurons épuisé au début du siècle prochain la dote fossile de
    l'humanité. Les réserves d'or, d'argent et de palladium s'élèvent, à
    consommation également constante, à une quinzaine d'années ; elles se situent
    entre 15 et 30 ans pour le plomb, le cuivre ou le zinc, etc. Nous provoquons la
    disparition de nombre d'espèces, les services écologiques que nous rendent les
    écosystèmes sont pour 60 % d'entre eux dégradés.


    A quoi s'ajoute le changement climatique. Avec une
    hausse d'un degré de la température moyenne, c'est l'Ouest des Etats-Unis, du
    Texas au Dakota, qui pourrait redevenir ce qu'il fut il y a quelques millénaires
    : un immense désert de sable. Ce sont de longs épisodes de sécheresse affectant
    régulièrement l'Angleterre. Ce sont des ouragans touchant déjà l'Espagne qui
    pourraient s'étendre à la Méditerranée, etc.


    On peut toujours croire que le génie humain
    permettra non seulement de continuer à honorer les promesses de la fête
    industrielle, mais de les étendre à des centaines de millions de consommateurs
    nouveaux.


    Qu'on me permette d'en douter. Cette croyance repose
    sur un raisonnement par induction étroit. Certes, les exemples qui attestent de
    la capacité de sociétés à se sortir d'impasses ne manquent pas. Une
    déforestation précoce avait conduit la Londres du XIIIe siècle à se chauffer au
    charbon ; un ingénieur anglais avait calculé au seuil du XIXe siècle que le
    crottin de cheval devait atteindre à la fin du siècle le premier étage des
    immeubles londoniens ; les révolutions vertes successives n'ont cessé de
    contredire Malthus.


    Ces exemples ne confirment qu'une chose : qu'il en
    est allé maintes fois ainsi, ce qui ne prouve nullement qu'il en ira toujours de
    la sorte. Le croire reviendrait à omettre trois choses. La première est qu'il
    existe de nombreux contre-exemples : l'abandon par les Anasazis du Chaco Canyon,
    la ruine de la civilisation des Mayas, la chute des établissements vikings de
    l'Est et de l'Ouest en terre groenlandaise, l'effondrement de la civilisation
    pascuane, etc.
    La seconde raison est la systématique de la crise. Nous
    faisons face à la finitude sur quasiment tous les fronts. Enfin, les sociétés de
    marché modernes sont organisées pour satisfaire les désirs infinis d'un nombre
    d'hommes jamais égalé, et qui devrait encore croître.


    Le recours à des instruments économiques comme les
    "politiques carbone" ne saurait à lui seul nous sauver. Ces politiques seront le
    vecteur de bouleversements plus profonds, touchant l'organisation même de nos
    sociétés. Il y a, en effet, une contradiction frontale entre le cahier des
    charges hérité de la philosophie du contrat, selon lequel il convient de
    permettre à chacun de produire et de consommer le plus possible, et la
    sauvegarde de ces nouveaux biens publics que sont la stabilité du climat ou
    l'intégrité des services écologiques.


    C'est un nouvel équilibre entre les droits de
    l'individu et ce qui conditionne leur exercice, les biens publics, qu'il va
    falloir inventer. La démocratie à venir devra être aussi différente de la
    présente que la démocratie moderne le fut de la démocratie grecque. Ce n'est pas
    simplement le nombre des citoyens qui les séparait, mais surtout la conception
    du monde. Le cosmos antique bornait les désirs et les possibilités d'action des
    citoyens ; l'ordre hiérarchique du cosmos, divisé en monde céleste inaccessible
    et monde sublunaire, leur paraissait intangible.


    La démocratie moderne est en revanche inséparable
    des possibilités en apparence infinies de la puissance des technologies et du
    marché ; l'action humaine y est appelée à transgresser toutes limites. La
    démocratie à venir devra en revanche accorder cette même puissance à un monde
    fini, bondé et fragile, où la consommation de chacun conditionne autant les
    conditions physiques du bien-être de tous que le sens même de l'aventure
    humaine.


    Une liberté qu'aucun principe ne semble pouvoir
    borner, permet à chacun de contribuer à l'épuisement de la biosphère ; elle
    permettra demain, grâce aux anthropotechniques, de contribuer à la création
    d'espèces humaines nouvelles, voire d'un genre post-humain.


    Pour éviter ces dérives, il va nous falloir
    apprendre à borner le pouvoir des individus par un autre pouvoir, collectif, qui
    devra agir en son nom propre, sans se défausser derrière quelque mécanisme
    anonyme de marché, impuissant en l'occurrence à imposer quelque
    limite.


    Même si la préservation de la biosphère et la
    conservation du substrat biologique de l'humanité lestent de réalité un intérêt
    général tombé en déshérence, les mécanismes institutionnels propres à les
    soutenir restent à inventer. Il serait possible d'imaginer une forme de
    bicamérisme avec une chambre haute destinée à légiférer exclusivement au sujet
    des grands enjeux de cette biopolitique d'un nouveau genre.


    Il serait également imaginable de jouer sur la
    dualité de la tête de l'exécutif pour transformer le président de la République
    en garant du long terme. Les liens entre les modalités participatives de
    démocratie et le savoir pourraient ouvrir à ces dernières un nouvel espace.
    Toute la difficulté est que ces enjeux de long terme, à l'instar du climat,
    exigent des décisions quasi immédiates.


    Dominique Bourg est professeur de philosophie à
    l'université de Lausanne et membre du comité stratégique de la Fondation Nicolas
    Hulot


    source: http://www.lemonde.fr/politique/article/2009/04/28/imaginons-une-bio-constitution-pour-servir-la-planete-par-dominique-bourg_1186296_823448.html

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    l'essence du politique Empty un vrai message philosophique

    Message par Ego autem semper Mer 29 Avr - 12:50

    Excellent sujet, du moment où les philosophes prennent le temps de s'intéresser aux vraies questions de la société.

    Oh combien dommage que le citoyen lambda, en fait 65% à 70% des êtres ne s'intéresserons jamais à des tels sujets!

    Combien de francophones nous sommes? 48, 9 millions dans le monde plus 64 millions en France.

    Pour ce qui concerne le nombre potentiel de lecteurs, d'où il faut décompter le taux de pénétration de l'Internet dans les pays (tiers monde)

    Non pas que j'ai du découragement, loin de là, j'ai une envie sans commune mesure, de que ce genre de discours arrive au maximum des personnes.

    Les directement concernes déjà, les gens pauvres, mais aussi aux dirigeants par la plus part, corrompus dans les pays du tiers monde et ailleurs en anglais, espagnol et tant d'autres langues.

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