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> La loi pénitentiaire, initialement promise pour l'automne 2007, a été
> repoussée à maintes reprises et serait peut-être votée à l'automne 2008.
> Curieusement, l'échéance de l'automne 2007 a pourtant été prétexte à
> précipiter les travaux du comité d'orientation restreint (COR). Le COR
> aurait-il été ainsi manipulé ?
>
> Dans l'exposé des motifs du projet, il est affirmé que "la personne
> détenue conserve l'intégralité de ses droits fondamentaux, sous réserve
> des restrictions que commandent les impératifs de sécurité des personnes
> et des établissements pénitentiaires". Autrement dit, d'emblée, il est
> question de restriction des droits fondamentaux.
>
> Le projet s'organise autour de 5 chapitres : clarifier les missions du
> service public pénitentiaire, régir la condition juridique de la personne
> détenue, améliorer la condition des personnels, renforcer la sécurité
> juridique en élevant au niveau législatif les principes fondamentaux
> relatifs aux régimes de détention et prévenir la récidive des personnes
> placées sous main de Justice.
>
> Les missions du service public pénitentiaire sont rappelées. Quelques
> modifications sont proposées dans le fonctionnement de certains modes de
> contrôle ou d'intervention extérieure. Les commissions de surveillance
> seraient supprimées et remplacées, d'une part, au niveau de chaque
> établissement, par le conseil d'évaluation, censé être plus efficace, et,
> d'autre part, au niveau départemental, par une commission de suivi des
> politiques pénitentiaires. La convention signée le 25 janvier 2007 entre
> le Médiateur de la république et l'administration pénitentiaire, ayant
> pour objectif la tenue de permanences de délégués du médiateur, dans tous
> les établissements, serait renforcée par la voie législative.
>
> Le chapitre consacré aux conditions juridiques de la personne détenue est
> l'occasion d'affirmer que les personnes conservent leurs droits aux
> prestations sociales, ce qui passe notamment par la possibilité d'être
> domicilié à l'adresse de l'établissement pénitentiaire. Cette
> domiciliation est censée favoriser l'inscription sur les listes
> électorales de la commune où se trouve la prison. Autrement dit, rien de
> très nouveau : les personnes ne pourront pas plus qu'actuellement voter de
> façon directe, sauf à bénéficier des dispositions du décret du 16 novembre
> 2007, permettant de solliciter une permission de sortir à la seule fin
> d'exercer son droit de vote.
>
> Concernant le travail, il est écrit : "les relations de travail des
> personnes incarcérées ne font pas l'objet d'un contrat de travail", ce qui
> est déjà inscrit dans l'article 717-3 du code de procédure pénal (CPP). Un
> "acte d'engagement professionnel" tiendra lieu de pseudo contrat, mais "il
> n'autorise pas à se prévaloir des dispositions du code du travail, à
> l'exception des mesures d'hygiène et de sécurité". Alors même qu'il est
> clairement dit que la personne détenue conserve l'intégralité de ses
> droits fondamentaux, elle est traitée, du point de vue de ses relations de
> travail, selon un régime totalement différent de ce qui se pratique à
> l'extérieur.
>
> Les propositions en matière de droit au maintien des liens familiaux ne
> présentent pas davantage d'avancées notoires. Il est rappelé que les
> parloirs ont lieu sous surveillance et qu'il est possible d'accéder à une
> unité de visite familiale (UVF) pour les personnes qui ne sont pas
> éligibles à une permission de sortir. Mais, à ce jour, seulement 7
> établissements sur 192 sont dotés d'UVF...
>
> L'accès au téléphone serait certes étendu aux personnes en détention
> provisoire, mais selon des modalités qui seront définies ultérieurement
> par décret en conseil d'Etat.
>
> La personne incarcérée a désormais le droit à sa propre image, sur la base
> d'un consentement éclairé, avec toutefois d'importantes restrictions.
> L'administration pénitentiaire peut en effet s'opposer à la diffusion de
> l'image en question.
>
> Il est à noter qu'aucune modification n'est apportée quant à la durée
> maximale du placement au quartier disciplinaire.
>
> Le personnel pénitentiaire serait désormais guidé dans sa pratique
> quotidienne par un code de déontologie, comportant notamment l'obligation
> du respect des droits fondamentaux de la personne. Un agent devrait
> signaler tout manquement à ces règles. L'agent pourra-t-il signaler le non
> respect par l'administration de la dignité et de l'intimité de la personne
> faute de pouvoir placer celle-ci en cellule individuelle ? La loi devrait
> en outre porter création d'une réserve civile volontaire pénitentiaire.
>
> Le principe de l'encellulement individuel n'est plus posé nettement,
> puisque l'article 716 du CPP serait ainsi rédigé :"les personnes mises en
> examen, prévenus et accusés sont placés au régime de l'emprisonnement de
> jour et de nuit, soit en cellule individuelle, soit en cellule collective
> [...]. Les personnes mises en examen, prévenus ou accusés qui en font la
> demande sont placés en cellule individuelle".
>
> Il est proposé un certain nombre de dispositions pour favoriser le recours
> aux alternatives à la détention provisoire et aux aménagements des peines
> privatives de liberté. L'assignation à résidence avec surveillance
> électronique serait possible lorsque la personne encourt une peine
> d'emprisonnement d'au moins 2 ans. Des mesures de ce type existent déjà
> (le contrôle judiciaire sous le régime du placement sous surveillance
> électronique fixe, instauré par la loi du 9 septembre 2002 d'orientation
> et de programmation pour la justice) mais sont sous utilisées, faute de
> moyens. Les alternatives à l'incarcération et les aménagements de peine
> prononcés au moment du jugement seraient possibles pour des peines allant
> jusqu'à 2 ans, au lieu d'1 an actuellement. Si cette disposition n'est pas
> elle aussi accompagnée de moyens, elle risque de rester lettre morte.
>
> Ban Public estime très insuffisantes les avancées proposées dans le cadre
> du projet de loi pénitentiaire. En outre, le texte est un véritable recul
> sur certains points, comme le droit à l'encellulement individuel. Il ne
> peut y avoir deux types de normes, selon que les personnes sont des
> citoyens incarcérés ou des citoyens libres. Les citoyens de la "société
> libre" eux-mêmes subissent des limitations à leur liberté, des
> "ingérences" selon la terminologie de la Convention européenne des droits
> de l'homme, fondées sur les nécessités de l'ordre public. Ces ingérences
> doivent être identiques pour les personnes incarcérées et pour les
> personnes libres. Le droit commun doit être appliqué dans toutes ses
> déclinaisons (droit du travail, droit de la famille par exemple), à tous.
>
> La rédaction
>
> Ban Public
>
> Juin 2007
>
> Lire le texte du projet de loi pénitentiaire au lien suivant
> http://www.prison.eu.org/ecrire/articles.php3 ?id_article=10897
>