Un texte de loi est bien en cours d'adoption en ce sens. En Birmanie ? en Arabie saoudite ? en Russie ? aux USA ? Même pas.
En Suisse, dans le canton de Genève.
Le texte concernerait tous les professionnels de santé en milieu carcéral.
Il "libérera" (sic) non seulement de l'obligation de respect du secret médical, mais plus encore, il OBLIGERA à transmettre les "informations nécessaires" à "l'appréciation du caractère dangereux"...
Un article publié dans "La Revue Médicale Suisse" du 2 avril 2014 rappelle ceci :
Extrait de l'article :
"Du secret médical, ce coeur de la médecine humaniste, le Conseil d’Etat du canton de Genève ne veut plus dans les prisons. Du moins plus qu’une version considérablement amoindrie. Il vient de décider d’obliger tous les soignants s’occupant de détenus de transmettre aux autorités le résultat de leurs thérapies. Cette décision devra encore être validée par le Grand Conseil." (...)
"Un détenu a tué une jeune thérapeute en un meurtre d’autant plus horrible qu’il semblait évitable. Qui est responsable ? De nombreux dysfonctionnements ont joué un rôle, révèle l’expertise, mais pas le secret médical. Qu’importe. Le soupçon se porte sur les médecins. Leur empathie serait exagérée. Entre eux et les détenus existerait une forme de collusion. Le droit au secret représenterait au mieux un prétexte, au pire un jeu par lequel les détenus narguent la société." (...)
"Ici surgit cependant un problème. Leur savoir, les soignants ne le reçoivent qu’au travers de la relation de confiance qu’ils nouent avec leurs patients. Soigner, en particulier les troubles psychiques, suppose que le patient-détenu se livre dans ses fragilités, expose ses fantasmes, abandonne ses défenses pour partager ce qu’il y a de plus troublant en lui. Rien de plus intime et complexe que ces informations. Leur vérité, tout en nuances, résiste à la transmission. Mais surtout, dès le moment où le patient apprend que ces informations peuvent servir à le juger, à le classer, le plus souvent à le rabaisser, il cesse de les partager. Disparaissent en même temps la possibilité de soins humanisés et celle d’un accès à l’intime. Et pas moyen de biaiser : révéler à l’avance toute restriction de la confidentialité représente pour le soignant un devoir absolu." (...)
"De même, selon la logique du projet de loi genevois, les soignants deviennent de simples agents de récolte d’une information à transmettre à l’autorité. On ne leur demande pas d’interprétation, on exige des faits. Il ne s’agit plus de soigner, c’est-à-dire d’aider le patient-détenu à renforcer sa capacité à être autonome, à dépasser ses troubles et à maîtriser son agressivité. Non : le médecin doit lister les éléments pouvant entrer dans une prédiction mécanique de la dangerosité."
Cet argumentaire rappelle étonnamment celui tenu par les professionnel du médico-social en France, lors de la lutte contre la Loi dite "Prévention de la Délinquance" de 2007 qui visait entre autre, à supprimer le secret professionnels médico-sociaux qui y étaient soumis.
Sur la santé en milieu carcéral en France, un projet serait aussi en cours par ailleurs, l'Association des Secteurs de Psychiatrie en Milieu Pénitentiaire (ASPMP) lance l'alarme sur ces 2 projets.
Elle déclare : "L’ASPMP soutient tous les collègues exerçant en Suisse en milieu pénitentiaire qui s’oppose avec force à ce projet de loi inique, improductif et dangereux."
- voir l'interview d'un membre de l'ASPMP en ligne pour la France : http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/180314/le-secret-professionnel-en-prison-et-les-bonnes-intentions
- site de l'ASPMP : www.aspmp.fr
En Suisse, dans le canton de Genève.
Le texte concernerait tous les professionnels de santé en milieu carcéral.
Il "libérera" (sic) non seulement de l'obligation de respect du secret médical, mais plus encore, il OBLIGERA à transmettre les "informations nécessaires" à "l'appréciation du caractère dangereux"...
Un article publié dans "La Revue Médicale Suisse" du 2 avril 2014 rappelle ceci :
Extrait de l'article :
"Du secret médical, ce coeur de la médecine humaniste, le Conseil d’Etat du canton de Genève ne veut plus dans les prisons. Du moins plus qu’une version considérablement amoindrie. Il vient de décider d’obliger tous les soignants s’occupant de détenus de transmettre aux autorités le résultat de leurs thérapies. Cette décision devra encore être validée par le Grand Conseil." (...)
"Un détenu a tué une jeune thérapeute en un meurtre d’autant plus horrible qu’il semblait évitable. Qui est responsable ? De nombreux dysfonctionnements ont joué un rôle, révèle l’expertise, mais pas le secret médical. Qu’importe. Le soupçon se porte sur les médecins. Leur empathie serait exagérée. Entre eux et les détenus existerait une forme de collusion. Le droit au secret représenterait au mieux un prétexte, au pire un jeu par lequel les détenus narguent la société." (...)
"Ici surgit cependant un problème. Leur savoir, les soignants ne le reçoivent qu’au travers de la relation de confiance qu’ils nouent avec leurs patients. Soigner, en particulier les troubles psychiques, suppose que le patient-détenu se livre dans ses fragilités, expose ses fantasmes, abandonne ses défenses pour partager ce qu’il y a de plus troublant en lui. Rien de plus intime et complexe que ces informations. Leur vérité, tout en nuances, résiste à la transmission. Mais surtout, dès le moment où le patient apprend que ces informations peuvent servir à le juger, à le classer, le plus souvent à le rabaisser, il cesse de les partager. Disparaissent en même temps la possibilité de soins humanisés et celle d’un accès à l’intime. Et pas moyen de biaiser : révéler à l’avance toute restriction de la confidentialité représente pour le soignant un devoir absolu." (...)
"De même, selon la logique du projet de loi genevois, les soignants deviennent de simples agents de récolte d’une information à transmettre à l’autorité. On ne leur demande pas d’interprétation, on exige des faits. Il ne s’agit plus de soigner, c’est-à-dire d’aider le patient-détenu à renforcer sa capacité à être autonome, à dépasser ses troubles et à maîtriser son agressivité. Non : le médecin doit lister les éléments pouvant entrer dans une prédiction mécanique de la dangerosité."
Cet argumentaire rappelle étonnamment celui tenu par les professionnel du médico-social en France, lors de la lutte contre la Loi dite "Prévention de la Délinquance" de 2007 qui visait entre autre, à supprimer le secret professionnels médico-sociaux qui y étaient soumis.
Sur la santé en milieu carcéral en France, un projet serait aussi en cours par ailleurs, l'Association des Secteurs de Psychiatrie en Milieu Pénitentiaire (ASPMP) lance l'alarme sur ces 2 projets.
Elle déclare : "L’ASPMP soutient tous les collègues exerçant en Suisse en milieu pénitentiaire qui s’oppose avec force à ce projet de loi inique, improductif et dangereux."
- voir l'interview d'un membre de l'ASPMP en ligne pour la France : http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/180314/le-secret-professionnel-en-prison-et-les-bonnes-intentions
- site de l'ASPMP : www.aspmp.fr