Du Sénégal à Djibouti, un projet ambitieux : la Grande Muraille VerteFace à la désertification qui menace le continent
africain, une dizaine de pays d'Afrique ont décidé de créer une
ceinture végétale allant du Sénégal à Djibouti : la Grande Muraille
Verte. Le Sommet de Copenhague est l'occasion pour ces pays africains
de demander l'aide de l'hémisphère Nord.
L'avancée du Sahara, un problème majeur en AfriqueLa
désertification dans les régions sahélo-sahariennes en Afrique,
matérialisée par l'avancée inexorable du Sahara, est un problème majeur
pour le continent africain. La FAO estime que 2 millions d'hectares de
zones boisées disparaissent chaque année en Afrique. En cause, le
déficit pluviométrique récurrent depuis plusieurs années, mais aussi la
déforestation et les feux de forêts. Aujourd'hui, les deux tiers de la
surface du continent africain sont classés en zones désertiques ou très
dégradées.
Plusieurs projets ont déjà été mis sur pied dans différents pays
africains depuis les années 70 pour tenter de ralentir voire stopper ce
phénomène inquiétant, sans grand succès. Le manque de moyens
techniques, financiers et humains, voire l'absence de volonté politique
selon certains écologistes sont autant de freins. Il devenait alors
évident que seule une initiative d'envergure transcontinentale,
impliquant plusieurs pays dans une démarche collective, solidaire et
fédérative pouvait espérer obtenir des résultats.
La Grande Muraille Verte, un projet impliquant 11 pays africainsEn 2005, le Président du Nigeria a proposé aux autres pays de la
Communauté des Etats Sahelo-sahariens (CEN-SAD) de créer une ceinture
végétale s'étendant, d'Ouest en Est, du Sénégal jusqu'à Djibouti. Début
2007, la Conférence des Chefs d'Etats et des Gouvernements de l'union
africaine adoptait ce projet, sous le nom de Grande Muraille Verte.
Longue de 7600km, large de 15km, s'étendant sur 11 pays (Sénégal,
Mauritanie, Mali, Burkina, Niger, Nigeria, Tchad, Soudan, Erythrée,
Ethiopie, Djibouti), cette Grande Muraille Verte est un projet
pharaonique dont les bénéfices escomptés sont nombreux :
- Lutte contre la désertification ;
- Maintien de la production agricole et de l'élevage dans les zones concernées ;
- Création de ressources renouvelables (bois, productions
alimentaires destinées à l'homme, fourrage pour le bétail...) à gérer
de façon durable ;
- Lutte contre la pauvreté en permettant aux populations de tirer un revenu des végétaux plantés ;
- Inversion des flux migratoires (qui engorgent les villes tout en vidant les zones rurales de leurs habitants) ;
- Conservation et restauration de la biodiversité et des sols ;
- Fixation du carbone...
Des espèces adaptées au climat et économiquement rentables
Cette
ceinture de végétation devra être constituée d'espèces résistantes aux
températures élevées et à la sécheresse, mais aussi utiles aux
populations et économiquement rentables. Acacia, jujubier, dattier,
manguier devraient figurer parmi la liste des espèces à privilégier.
Des arbres, donc, mais pas seulement : arbustes et plantes de
couverture du sol devraient aussi être installés. Les particularités
locales en matière de sol et de climat devront évidemment être prises
en considération lors du choix des espèces à planter.
Cette
Muraille Verte devra en outre englober les forêts déjà présentes sur le
tracé du projet, qu'elles soient naturelles ou artificielles, et des
espaces seront dédiés à des réserves naturelles, tant pour la faune que
pour la flore. Cultures agricoles et vergers complèteront cette
diversité.
Un projet impliquant les populations locales et les pouvoirs publicsPour ce qui est des questions d'entretien des espaces, les zones
habitées pourraient être placées sous la responsabilité des villageois,
et pour les zones non habitées, elles seront prises en charge par les
services publics des pays concernés, ou encore par des organises privés
ou des collectivités locales. Des bassins de rétention d'eau sont
également prévus (environ 80 bassins par pays) afin de fournir l'eau
nécessaire à la végétation durant la saison sèche, en compensation du
déficit pluviométrique.
Des coûts élevés, un démarrage difficileEn pratique, 600 millions de dollars seraient nécessaires sur 10 ans
à la réalisation de cette Grande Muraille Verte. Or, les états
africains concernés par le projet risquent d'avoir des difficultés à
faire face, seuls, à ces coûts. Aujourd'hui (soit près de 3 ans après
la validation du projet), seulement 10.500 ha ont été plantés au
Sénégal, à ajouter aux quelques centaines d'hectares dans les autres
états. Cela ne représente que quelques kilomètres... On est loin des
7600 km prévus. Les états africains ont profité du Sommet de Copenhague
pour demander l'aide de la communauté internationale : les mois qui
viennent nous diront s'ils ont été entendus.
Clémentine
En savoir plus sur le site www.grandemurailleverte.org