Merci MEDIAPART !
RAOUL MARC JENNAR | JENNAR.FR | VENDREDI 22 MARS 2013
vendredi 22 mars 2013
Merci MEDIAPART !
Raoul Marc Jennar | jennar.fr | vendredi 22 mars 2013
Bonne semaine pour la démocratie ! Grâce à un journalisme rigoureux et indépendant, devenu beaucoup trop rare en France, l’opacité dans laquelle la classe politique se protège et protège ses manquements, vient d’être quelque peu levée.
Mais qu’il est peu normal de devoir s’en réjouir ! Car cela signifie que l’indispensable travail de doute, de critique et d’investigation de la presse sans lequel la démocratie représentative n’est plus la démocratie, est devenu l’exception.
Le problème n’est certes pas nouveau. Quand je faisais mes études de journalisme, à Bruxelles début des années soixante-dix, notre cercle d’étudiants avait invité Jean Schwoebel, l’auteur d’un livre qui était devenu notre référence. Il avait publié quelques années plus tôt un ouvrage, intitulé La presse, le pouvoir et l’argent, dans lequel il posait déjà la question du rapport entre la presse et la démocratie.
Ceci m’amène à rappeler la question de fond posée en un temps où l’exigence démocratique était infiniment plus élevée qu’aujourd’hui : pendant les débats qui aboutissent à la rédaction de la Constitution de 1793, la première de la République, s’est installée la discussion de choisir entre démocratie directe et démocratie représentative. Et qu’un des arguments décisifs pour adopter le système représentatif fut de considérer comme son complément indispensable l’absolue nécessité d’une presse libre et indépendante.
Or, qu’en est-il aujourd’hui de la presse en France ? Les principaux propriétaires d’organes de presse (écrite, radiodiffusée et télévisée) sont des marchands de canons, des marchands de béton, des banquiers ou des affairistes. C’est-à-dire des gens pour qui produire une information indépendante, contradictoire, rigoureuse, libre de toute allégeance n’est absolument pas l’objectif. Leur raison de posséder des moyens médiatiques est la mise en condition, le formatage des citoyens, l’aliénation. Au service d’un système. C’est en ce 21e siècle, un des instruments sophistiqués de la nouvelle lutte des classes. Certes, la propagande, bête et méchante, a existé de tous temps et les dictatures brunes ou rouges ont excellé en la matière. Mais depuis quelques décennies, la propagande prend une forme plus sournoise : celle de l’information. Au point qu’aujourd’hui certains spots publicitaires, y compris sur le service public (qui a perdu son indépendance avec la publicité et la tyrannie de l’audimat), prennent la forme d’un communiqué de presse ou d’une information du journal parlé.
Derrière ce qu’ils appellent information, des organes de presse comme le Figaro, Libération, le Monde ou TF1, France 2, BFM TV, I Télé, LCI, RTL, Europe 1, le réseau Radio France, nous livrent une information orientée, partielle et partiale, dont la forme (les mots choisis) comme le contenu servent un seul but : nous priver de notre libre arbitre, nous convaincre qu’il n’y a qu’une vérité, qu’une réalité et que d’autres options n’existent pas. Bref, nous aliéner.
Jamais l’aspiration à la démocratie n’a été plus menacée qu’aujourd’hui du fait de la puissance de ces moyens de conditionnement, de ces capacités extraordinairement influentes de nous infliger une servitude nouvelle.
C’est pourquoi, il faut se réjouir de l’existence de Médiapart et soutenir cette initiative. Comme il faut soutenir aussi d’autres efforts de proposer à notre réflexion libre, une information différente. Je pense au Monde diplomatique, au Canard Enchaîné, à Politis, à Rue 89,…
Médiapart fournit une démonstration de portée historique. Comme l’imprimerie a provoqué l’ébranlement des idées que furent la Renaissance et ensuite le Siècle des Lumières qui ont conduit à 1789, la révolution numérique, nous offre l’outil qui peut mettre fin à la dictature du prétendu « il n’y a pas d’alternative ».
rmj
http://www.jennar.fr/?p=2835
RAOUL MARC JENNAR | JENNAR.FR | VENDREDI 22 MARS 2013
vendredi 22 mars 2013
Merci MEDIAPART !
Raoul Marc Jennar | jennar.fr | vendredi 22 mars 2013
Bonne semaine pour la démocratie ! Grâce à un journalisme rigoureux et indépendant, devenu beaucoup trop rare en France, l’opacité dans laquelle la classe politique se protège et protège ses manquements, vient d’être quelque peu levée.
Mais qu’il est peu normal de devoir s’en réjouir ! Car cela signifie que l’indispensable travail de doute, de critique et d’investigation de la presse sans lequel la démocratie représentative n’est plus la démocratie, est devenu l’exception.
Le problème n’est certes pas nouveau. Quand je faisais mes études de journalisme, à Bruxelles début des années soixante-dix, notre cercle d’étudiants avait invité Jean Schwoebel, l’auteur d’un livre qui était devenu notre référence. Il avait publié quelques années plus tôt un ouvrage, intitulé La presse, le pouvoir et l’argent, dans lequel il posait déjà la question du rapport entre la presse et la démocratie.
Ceci m’amène à rappeler la question de fond posée en un temps où l’exigence démocratique était infiniment plus élevée qu’aujourd’hui : pendant les débats qui aboutissent à la rédaction de la Constitution de 1793, la première de la République, s’est installée la discussion de choisir entre démocratie directe et démocratie représentative. Et qu’un des arguments décisifs pour adopter le système représentatif fut de considérer comme son complément indispensable l’absolue nécessité d’une presse libre et indépendante.
Or, qu’en est-il aujourd’hui de la presse en France ? Les principaux propriétaires d’organes de presse (écrite, radiodiffusée et télévisée) sont des marchands de canons, des marchands de béton, des banquiers ou des affairistes. C’est-à-dire des gens pour qui produire une information indépendante, contradictoire, rigoureuse, libre de toute allégeance n’est absolument pas l’objectif. Leur raison de posséder des moyens médiatiques est la mise en condition, le formatage des citoyens, l’aliénation. Au service d’un système. C’est en ce 21e siècle, un des instruments sophistiqués de la nouvelle lutte des classes. Certes, la propagande, bête et méchante, a existé de tous temps et les dictatures brunes ou rouges ont excellé en la matière. Mais depuis quelques décennies, la propagande prend une forme plus sournoise : celle de l’information. Au point qu’aujourd’hui certains spots publicitaires, y compris sur le service public (qui a perdu son indépendance avec la publicité et la tyrannie de l’audimat), prennent la forme d’un communiqué de presse ou d’une information du journal parlé.
Derrière ce qu’ils appellent information, des organes de presse comme le Figaro, Libération, le Monde ou TF1, France 2, BFM TV, I Télé, LCI, RTL, Europe 1, le réseau Radio France, nous livrent une information orientée, partielle et partiale, dont la forme (les mots choisis) comme le contenu servent un seul but : nous priver de notre libre arbitre, nous convaincre qu’il n’y a qu’une vérité, qu’une réalité et que d’autres options n’existent pas. Bref, nous aliéner.
Jamais l’aspiration à la démocratie n’a été plus menacée qu’aujourd’hui du fait de la puissance de ces moyens de conditionnement, de ces capacités extraordinairement influentes de nous infliger une servitude nouvelle.
C’est pourquoi, il faut se réjouir de l’existence de Médiapart et soutenir cette initiative. Comme il faut soutenir aussi d’autres efforts de proposer à notre réflexion libre, une information différente. Je pense au Monde diplomatique, au Canard Enchaîné, à Politis, à Rue 89,…
Médiapart fournit une démonstration de portée historique. Comme l’imprimerie a provoqué l’ébranlement des idées que furent la Renaissance et ensuite le Siècle des Lumières qui ont conduit à 1789, la révolution numérique, nous offre l’outil qui peut mettre fin à la dictature du prétendu « il n’y a pas d’alternative ».
rmj
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