triomphe annoncé pour Vladimir Poutine
Pour moi, la Russie va voter pour la mise en place d'une nouvelle forme de dictature ...Par Douglas Busvine Reuters
MOSCOU (Reuters) - De Vladivostok à Kaliningrad, par une température glaciale, 109 millions d'électeurs russes votent ce dimanche pour renouveler la Douma, un scrutin aux allures de plébiscite pour Vladimir Poutine dont les conditions sont décriées par l'opposition.
Les premiers bureaux de vote ont ouvert à 8h00 (samedi 20h00 GMT) sur la côte Pacifique et les Moscovites ont pu déposer leur bulletin dans l'urne neuf heures plus tard, à 05h00 GMT.
"J'ai voté Poutine. Je l'adore", a déclaré Valentina, une femme de 42 ans, en sortant d'un bureau de vote de la capitale. "J'aime qu'il soit un président jeune et de toute façon, il n'y a pas d'autre choix."
La Russie englobant onze fuseaux horaires, les derniers des 96.000 bureaux de vote répartis sur tout le territoire fermeront dimanche à 18h00 GMT à Kaliningrad, extrémité occidentale du pays. Les résultats des sondages de sortie des urnes sont attendus peu après.
Le parti Russie unie du président est largement favori, les enquêtes d'opinion le créditant de plus de 60% des sièges, mais l'opposition accuse la formation appuyée par le Kremlin d'être largement et injustement favorisée, et se plaint de harcèlement, d'arrestations et de confiscations de tracts.
Poutine, 55 ans, a promis à plusieurs reprises qu'il démissionnerait après l'expiration en mai prochain de son second mandat présidentiel, mais il souhaite conserver pouvoir et influence et juge qu'une victoire sans appel de Russie unie aux législatives lui donnera les coudées franches pour le faire.
Le scrutin revient donc à un référendum sur l'homme politique de loin le plus populaire du pays, qui a présidé à huit années de forte croissance économique.
L'OPPOSITION PROTESTE
"Je me souviens comment nous vivions avant. Ce n'est que sous Poutine que le pays s'est redressé", déclare Tatiana, une actrice de 61 ans qui refuse de donner son nom de famille. "Je sens que la vie est devenue plus stable."
De nombreuses modifications des lois électorales ont rendu plus difficile l'élection d'opposants au Kremlin en fixant notamment à 7% des suffrages le seuil d'accès à la Douma d'Etat.
Seuls les communistes sont assurés d'être représentés au parlement aux côtés de l'écrasante formation présidentielle mais leur chef de file, Guennadi Ziouganov, a dénoncé des élections "sales et irresponsables".
"Sous (l'ancien président Boris) Elstine, il y avait peut-être deux manières d'obtenir des voix - par l'intimidation ou le truquage des résultats. Aujourd'hui, ils en ont inventé au moins 15 pour piéger et tromper les électeurs."
L'ancien champion du monde d'échecs Garry Kasparov, chef de file de la coalition démocrate L'Autre Russie, a lui aussi dénoncé quantité d'irrégularités: "Ils ne truquent pas seulement le vote, ils violent l'ensemble du système électoral."
Le résultat prévisible du scrutin et l'apathie de la campagne encouragent l'abstention, ce qui explique l'effort vigoureux des pouvoirs publics pour inciter les électeurs à faire leur devoir. Des opérateurs de téléphonie mobile envoient des messages à leurs abonnés et certaines entreprises publiques ont ordonné à leurs employés de prendre le temps d'aller voter.
FORTE PARTICIPATION
L'objectif des autorités est atteindre au moins le taux de participation des législatives de 2003, qui s'était élevé à 56%. La participation s'établissait en moyenne à 43% dans les régions à midi à Moscou (09h00 GMT).
"Les électeurs ont fait leur choix", a déclaré Poutine après avoir voté avec son épouse Lioudmila à l'Académie des sciences de Moscou. "Tout ce qu'il reste à faire, c'est voter pour le parti dont le programme est le plus convaincant et pour les personnes en qui vous avez confiance", a-t-il dit.
La fermeture des premiers bureaux de vote dans l'Extrême Orient suggère que la campagne de mobilisation des pouvoirs publics a porté ses fruits. Dans la région de la Tchoukotka, la participation a atteint 73%, un chiffre bien supérieur à 2003.
"La participation est plus forte qu'en 2003 dans toutes les régions de Russie", a déclaré le président de la Commission électorale, Vladimir Tchourov.
L'Office des institutions démocratiques et des droits de l'homme de l'OSCE, considéré par les pays occidentaux comme un outil fiable d'évaluation de la qualité démocratique d'une élection, n'a pas d'observateurs. Il a décidé de ne pas suivre le scrutin, affirmant que Moscou faisait obstruction à son travail, ce que le Kremlin a démenti.
A Ekaterinbourg, dans l'Oural, les organisateurs du vote ont créé une atmosphère de fête rappelant les scrutins de l'ère soviétique et ne sont guère regardants sur l'obligation de présenter un justificatif de domicile pour voter.
"Pour la première fois, les clochards viennent voter", constate un guichetier dans une gare routière du centre-ville où des messages diffusés par haut-parleur invitent les voyageurs à aller voter.